Train to Busan (Dernier train pour Busan) de Yeon Sang-ho
(2016)
Il y a encore peu de temps, le cinéma coréen fantastique rimait avec catastrophe. Ainsi, depuis la fameuse nouvelle vague de la fin des années 90/début des années 2000, la Corée se contentait d'aligner les productions qui ne faisaient que singer des grands succès d'autres pays, que ce soit les film de fantômes japonais ou les films d'horreurs américains, pour un résultat toujours décevant, à quelques exceptions près (notamment Save the Green Planet et The Host). En cette année 2016, il y a clairement un revirement de situation. D'abord avec The Strangers, polar fantastique qui possède une identité qui lui est propre, puis avec ce Train to Busan, film de zombie au concept pour le moins curieux. Ainsi, passée la première impression qui laisse penser à un World War Z coréen (dont il ne reprend finalement que l'imagerie de l'effet de masse sur 2-3 séquences), Train to Busan se révèle être plus un survival en quasi huit-clos dans lequel transparaît un drame efficace (la relation distante entre un père et sa jeune fille) qu'un film de zombie véritable. Certes, il y a parfois la volonté d'afficher un propos à travers les situations qu'engendre l'élément fantastique (notamment une séquence entre survivants qui pointe violemment du doigt la situation des immigrés en Corée), mais au final Train to Busan affiche plus une tendance au spectacle qui est loin d'être déplaisante, surtout quand il livre la marchandise de façon franchement correcte, à défaut d'être brillante (dommage que le film ne soit pas en scope, et surtout dommage que la mise en scène ne soit pas plus inventive, il y avait pourtant matière à faire).
La grande qualité du métrage va plutôt se trouver dans sa façon d'utiliser le train en guise d'environnement principal, avec pas mal d'idées géniales (le coup des zombies qui deviennent aveugles dès qu'ils ne voient plus leurs cibles, cela donne les meilleures scènes du film) mais aussi des éléments scénaristiques pas franchement bien gérés (les transformations parfois rapides, parfois hyper lentes, ou encore le fait qu'on puisse tuer un zombie à coup de poing), et encore une fois le film se révèle plus dans l'intime avec des sorts de personnages assez surprenants (la dernière scène de Ma Dong-seok, meilleur personnage du film). Clairement, on est loin du film brillant façon The Host, qui avait pour lui un script difficilement attaquable, mais pour un premier blockbuster de zombie, et surtout pour un premier film live, c'est franchement encourageant, surtout quand on connaît la qualité désastreuse des productions fantastiques ces dernières années en Corée. Reste à voir si la qualité sera toujours au rendez-vous dans les productions à venir, ou si 2016 sera une année d'exception.
6,5/10