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Mission to Mars - 7/10

MessagePosté: Mer 13 Avr 2016, 20:58
par Jed_Trigado
Mission to Mars - Brian De Palma (2000)


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Seconde vision de ce film qui a visiblement un statut d'oeuvre mal-aimée dans la filmo de Brian De Palma, une révision salvatrice qui ne réhabilite pas le film dans sa totalité a cause de son dernier acte que je trouve foiré mais consolide le bien que je pensais du long métrage : la SF étant l'un des genres les plus visuels qui soient, le talent formel du barbu new yorkais ne pouvait y trouver qu'un écrin de choix en s'offrant en prime, un script intéressant dans sa manière de poser ses personnages et de les humaniser a fond. Le film démarre sur Terre avec un plan séquence qui introduit la plupart des personnages en montrant leurs liens affectifs et le fait qu'ils ne sont pas juste collègues de boulot (seul le perso de Jerry O'Connell est inconsistant), mais soit des amis ou bien des couples, en moins de dix minutes De Palma pose une piste étonnante sur la trajectoire de son récit, qui tiendra moins sur le spectaculaire (même si les CGI ont, a quelques exceptions près, pas trop vieillis) que sur ses personnages qui vont devoir tour a tour se poser la question du sacrifice et de la dévotion a chaque situation tendue, ainsi que de devoir accepter de perdre l'être cher, idée qui trouvera son point d'orgue lors du climax central majestueux où on retrouve un De Palma au sommet de sa forme grâce a son sens de la tension dramatique qui s'étale sur pratiquement 20 minutes où le groupe d'astronautes doit subir une pelletée de revers qui vont rendre leur atterrissage plus difficile que prévu avant de s'achever sur une note funèbre (prédite tout le long par le score étrange d'Ennio Morricone qui lorgne plus sur The Thing que le film de SF mastoc ricain) et comble du luxe, il arrive même a se faire plaisir en plaçant une courte séquence giallesque sans que cela fasse hors sujet. Mais là où Mission to Mars marque aussi des points, c'est dans sa manière de rendre crédible a l'écran le principe de gravité uniquement grâce a la caméra, elle semble flotter en même temps que les acteurs et certains plans me font autant frissonner que ceux du Graal du genre, 2001 L'Odyssée de l'Espace pour ne pas le citer.

Si j'évoque le Kubrick, c'est surtout pour mettre le vrai point noir du film en avant avec sa volonté mal placée de vouloir le tutoyer dans son dernier acte, faisant de ce film de SF maitrisé, un pseudo-pensum qui essaye de se prendre pour plus intelligent et métaphysique qu'il n'en a l'air jurant complètement avec l'approche très franche et a hauteur d'homme qu'avait opté jusque là De Palma. D'ailleurs, en revoyant Mission To Mars, je n'ai pas cessé de penser au Interstellar de Nolan qui partage en plus de la même vision intime des personnages, un scénario aux constructions et aux défauts similaires (deux actes parfaits et un troisième bancal), si j'extrapolais un peu, on pourrait presque parler de remake déguisé (troll inside). Dommage donc d'avoir eu la prétention de vouloir se frotter a plus grand que soit, même si les emprunts a 2001 avant cette partie gênante sont vraiment bien ( ce plan de fou :love:), je ne trouve pas le film détestable pour autant, d'ailleurs je pensais que le délire autour des extraterrestres prenait une part beaucoup plus substantielle dans le récit.

7/10

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mer 13 Avr 2016, 21:48
par Val
:super: Merci de réhabiliter ce film, qui est loin d'être honteux contrairement à ce que la légende laisse croire.

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mer 13 Avr 2016, 21:58
par Jed_Trigado
Je viens de relire certaines critiques, un truc me turlupine vraiment, ceux qui disent que les SFX sont dégueus ont-ils revu le film en HD (j'avais le souvenir que le dvd était pas top) ? Parce que c'est clairement pas le cas, en dehors de la scène avec les ET qui là accuse bien le poids des ans. C'est pas le climax de Mission Impossible étalé sur 1h50 quoi.

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mer 13 Avr 2016, 22:56
par osorojo
Rassuré de lire ça, parce que j'en ai toujours gardé un souvenir sympa de ce Mission to Mars, même s'il est un peu flou désormais ^^

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mer 13 Avr 2016, 23:06
par Val
Personnellement, je ne l'ai vu qu'une fois dans le DVD StudioCanal qui ne doit plus être tout jeune, et je n'avais pas été spécialement choqué par les SFX. Non, franchement, la haine que subit le film m'a toujours paru incompréhensible.

Matalo ! - 5/10

MessagePosté: Lun 18 Avr 2016, 20:04
par Jed_Trigado
Matalo - Cesare Canevari (1970)


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C'est de loin le western le plus atypique édité pour l'heure dans la collection Artus, Matalo est considéré par une poignée de puristes hardcore comme une perle cachée du genre, la preuve je ne savais même pas que ce film existait avant sa sortie dvd et Giré n'en parle pas une seule fois dans sa bible non plus. Autant vous dire qu'il faut s'attendre a tout et surtout au pire, pourtant en moins de dix minutes, Cesare Canevari parvient a proposer quelque chose de différent en prolongeant les délires qu'avait gentiment abordé Le Spécialiste de Corbucci en insérant des personnages de hippies et en adoptant une forme ouvertement psychédélique : montage elliptique, travellings baladeurs soignés, focales triturées, narration explosée et musique rock progressive servent a illustrer une scène incroyable d'évasion où un hippie sur le point de se faire pendre met a feu et a sang tout un village avant de s'enfuir. Une séquence jamais vue ailleurs et le reste du premier tiers du film est dans cette même veine expérimentale totale (Matalo est d'ailleurs quasi-dénué de dialogues, ça doit causer bout a bout seulement 10 minutes sur 90 de film) où la narration est uniquement dictée par le découpage et fait de ses personnages des entités fantomatiques, vraiment là dessus on peut vraiment dire qu'il est le petit frère de Tire Encore si Tu Peux.

Pourtant, j'ai ressenti une certaine lassitude sur la durée, malgré les bonnes idées parsemées tout au long de la bobine (l'idée de l'habitant caché uniquement caractérisée par l'entrée de champ du canon de sa Winchester ou la caméra qui tourne a 360° sur Lou Castel attaché et assoiffé), notamment a cause d'un choix du huis-clos dans un village fantôme qui peine réellement a renouveler l'action et surtout a réussir de créer une quelconque tension autour des différents personnages, là dessus le film de Giulio Questi s'assumait jusqu'au bout dans son trip et pire, j'ai trouvé le climax final totalement ridicule : reprendre l'idée de faire de Lou Castel comme Requesicant, un personnage qui est incapable de se défendre aurait pu fonctionner, mais là pourquoi lui donner des boomerangs en guise d'arme ? A la limite, ça aurait pu être des tranchants mais non même pas, il balance des boomerangs tout bidons qui ne blessent même pas ses assaillants ! Et le film continue a partir dans le n'importe quoi jusqu’à la fin, laissant dans la bouche un goût amer d'avoir vu un spectacle qui avait tout pour se démarquer et réussir mais qui s'est dégonflé comme une vieille baudruche.
Néanmoins, je salue le fait d'avoir tenté de se défaire des canons du genre alors qu'on tournait encore ces films a la chaine (c'est bien l'un des rares westerns italiens dont l'usage du format panoramique ne m'a pas dérangé), d'offrir une première demi-heure incroyable et le score demeure assez travaillé, loin de l'école Morricone avec des accents progressifs et jazz.

5/10

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Lun 18 Avr 2016, 20:37
par pabelbaba
Pas très emballant tout ça...

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 08:52
par Hannibal
Il a les yeux couleur Matalo... :chut:

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 09:01
par Jack Spret
2/10 :mrgreen:

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 09:08
par Mark Chopper
Nan, ça mérite la moyenne.

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 11:06
par Jed_Trigado
Ça mérite la bulle. Si même Jack approuve pas, faut se remettre en question sur le terrain de l'humour. :chut:

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 11:42
par Mark Chopper
Le radar de Jack est tout pété, ça ne veut rien dire.

Re: Année du dragon (L') - 10/10

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 12:18
par Jimmy Two Times
Jed_Trigado a écrit:
L'Année du Dragon - Michael Cimino (1985)


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"This not the Bronx, or Brooklyn. Not even New York. Chinatown White can be very easy or very hard."


10/10[/justify]


Amen

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques en 2016

MessagePosté: Mar 19 Avr 2016, 13:37
par Hannibal
Jed_Trigado a écrit:Ça mérite la bulle. Si même Jack approuve pas, faut se remettre en question sur le terrain de l'humour. :chut:


Il a mis 2 je te prie et pour moi ça veut déjà dire beaucoup! :cry:

American Pimp - 9/10

MessagePosté: Sam 23 Avr 2016, 12:33
par Jed_Trigado
American Pimp - Allen & Albert Hughes (1999)


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Dernier volet de la trilogie centré sur la condition de la communauté afro-américaine chez les Hughes, American Pimp se distingue sur deux choses, déjà par le choix du documentaire et aussi par le fait qu'il se pose comme l'antithèse de Menace 2 Society et Dead Presidents en brossant cette fois un portrait peu élogieux d'une certaine frange noire américaine qui se montre toute aussi crue, vaniteuse et vulgaire que peut l'être une partie de l'Amérique WASP, juste pour le plaisir d'amasser le plus de cash. Mais le point de vue choisi par les frangins peut être vraiment mal perçu s'il est pris au premier degré, puisqu'ils prennent le parti de précher le faux pour avoir le vrai en démarrant de la façon la plus "élogieuse" qui soit, avec extraits de films blax et BO hyper cool a l'appui, bref l'image du mac telle qu'elle est représentée dans les médias, mais très vite on comprend vite que ce procédé est trompeur et s'avère malaisant sur le long terme : les maquereaux qui sont montrés comme des exemples de réussite sociale, s'avèrent surtout d'authentiques manipulateurs qui savent comment percer a jour les faiblesses de jeunes femmes paumées et des êtres de mauvaise foi totale (le nombre de fois où des intervenants essayent de se justifier ou de minimiser certains actes comme la violence ou la drogue, c'est collector), l'image cool s'efface et laisse place a la cruauté profonde de ces minables qui jouissent clairement de leur statut.

Le doc se permet parfois quelques moments impayables, qu'il faut voir pour le croire : comme la convention annuelle des macs où ils se réunissent tous et organisent des remises de prix comme s'ils étaient aux Oscars, ou pire, le mac qui se rend chez sa mère (qui est au courant de sa profession d'ailleurs) et qui arbore fièrement ses photos sans ça choque personne. Mais finalement, la plus grande ironie de American Pimp et ce qui lui donne une saveur particulière, c'est d'avoir osé montrer un exemple de mac réglo et il se trouve que c'est le seul qui soit blanc, preuve s'il en est que les frangins ne sont pas des communautaires acharnés (n'est ce pas Spike Lee ?). Ce portrait d'un profession peu reluisante dans un pays bigger than life, fascine autant qu'il dérange de par les trognes qu'ils l'incarnent et leur propos d'une misogynie sans filet, un film courageux qui mérite d'être au panthéon des meilleurs documentaires jamais réalisés aux côtés d'un Général Idi Amin Dada : Autoportrait.

9/10