BE KIND, REVIEW!

J'ai du mal à imaginer l'académie des Oscars refuser la statuette suprême à ce type de projet, très ambitieux sur le papier (filmer l'enfance puis l'adolescence d'un jeune garçon sur 12 ans de tournage), qui plus est avec un pape de l'indé derrière la caméra (Richard Linklater). Le résultat est réussi, tendre et suscite fréquemment l'empathie. Mais on est aussi en droit d'être légèrement déçu, pour la simple raison que le réalisateur est coutumier des histoires étalées dans le temps (l'excellente trilogie Before).

Prouesse filmique peut être, mais au service d'un récit relativement linéaire. Il y a du coeur à l'ouvrage, c'est indéniable, de la justesse dans les propos et un refus de la sur-dramatisation à outrance. Autant de bons points qui peinent cependant à ôter ce sentiment prégnant de "tout ça pour ça". Il faut se raccrocher à quelques très belles branches comme toutes les scènes en commun entre le jeune Ellar Coltrane et Ethan Hawke, ce dernier étant définitivement comme un poisson dans l'eau dans l'univers de Linklater. Cette belle relation père-fils est le plus beau cadeau de Boyhood, l'alchimie entre les acteurs opère totalement et l'émotion saisit, sans artifice aucun.

On ne peut cependant pas en dire autant du personnage de Patricia Arquette, mère courage peut être, mais qui fait tout de travers dans ses choix conjugaux. En découle un défilé de beaux papas tous plus clichés les uns que les autres, et des scènes parfois bien lourdingues. Des contrepoints masculins qui vont certes forger le caractère de Mason, mais un peu plus de subtilité eut été la bienvenue. Boyhood demande à chacun d'aller piocher ce qui l'intéresse. Une belle histoire, contée par un humaniste hors pair, mais qui n'exploite pas complètement sa formidable audace conceptuelle.

Sacré concept ce Annabelle... C'est encore moins flippant qu'une parodie de Chucky. Je me demande encore quel cheminement sinueux m'a amené à envisager la vision de ce film que j'imaginais mauvais par avance. Mes vieux os fatigués après une harassante journée de taf ont sûrement eu raison de moi. La télé devait être allumée sur une chaîne diffusant le film et la télécommande devait sûrement être à plus d'un mètre de moi. Une raison suffisante pour m'avouer vaincu.

Bon, sinon Annabelle a fait la pseudo une de l'actualité parce que des chiards ont foutu le souk dans les salles de ciné à l'époque de sa sortie. Je comprends un peu mieux maintenant, le résultat est tellement indigent qu'il y a de quoi avoir envie d'arracher les accoudoirs de son fauteuil et de les fourrer dans le cul du patron des lieux. Demander 10 à 12 euros pour un tel affront, ça rend vénère!

La campagne marketing du film était forcément efficace en diable. Conjuring avait fait son petit effet un an plus tôt, ce spin-off a été pensé en amont (cf l'intro du film de Wan) mais le tout est écrit, produit, joué et réalisé sans passion. En même temps, faut être sacrément teubé pour penser qu'une histoire de poupée tueuse puisse encore faire un bon film en 2015... Un point parce que c'est inoffensif et un autre parce que même s'il n'y a aucune idée de mise en scène, on échappe au found footage de gueule intégral.

Le premier épisode était un sombre navet, et n'aurait jamais du m'amener à voir cette suite. Mais comme il me fallait un film pour faire la sieste un dimanche après midi pluvieux, que j'avais déjà le cul vissé dans le canapé, que je refusais de me lever pour aller chercher un Blu-ray dans mon placard et que seule la télécommande de ma box TV était à portée de main, il ne me restait plus qu'à consulter la liste des films en replay sur Canal + à la demande (note pour moi-même, penser à résilier mon abonnement avant sa reconduction automatique - l'année ciné 2015 encore plus mauvaise que 2014 promet une prog' de haute volée dans les mois à venir sur la chaîne cryptée...). Il était prévu que je m'endorme au bout de 5/10 minutes mais comme Frank Grillo s'improvise en ange exterminateur et pète des tronches et head-shoote à tout bon de champ, je suis finalement resté éveillé, ce que je regrettai plus tard dans la journée (mais ça tout le monde s'en branle).

Je vais te péter les ratiches, enculé.

Il y a toujours le même tâcheron avec un nom de gâteau apéritif/boisson pour gonzesse/paradis fiscal (rayez la mention inutile) derrière la caméra, donc pas de grandes inspirations en terme de mise en scène, mais c'est filmé assez simplement et ça tâche bien comme il faut. J'aurai presque pu mettre la moyenne sans ce climax complètement foiré et bien trop ambitieux pour le réalisateur (une partie de cache-cache dans un entrepôt roumain et dans le noir). Le huis clos du premier opus laisse ici la place à une chasse à l'homme à ciel ouvert. Le propos lourdingue du film est nettement moins appuyé et n'est qu'une simple toile de fond qui permet de justifier les échanges de coups et de bastos. A part Frank Grillo, à l'aise quand ça pète, les autres acteurs incarnent des caricatures insipides. Si 3ème volet il y a, faudrait d’ailleurs l'appeller The Purge 3 : Frank Grillo fucks the world. Enfin je dis ça, mais la vision du film remonte à quelques semaines et je ne me souviens plus si son personnage survit Film oubliable mais qui permet de laisser ses neurones au repos le temps de 90 minutes. Dommage que les personnages soient si nazes et la fin toute perrave, ça aurait presque pu être un plaisir coupable.