Quai des orfèvres, de Henri-Georges Clouzot (1947)![Image](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/50/QuaiDesOrfevres.jpg)
L'histoire : L'époux d'une chanteuse, en proie à la jalousie, menace un vieil homme influent qui s'intéresse à celle-ci. Peu de temps après, ce dernier est retrouvé mort à son domicile...Interdit à vie de mise en scène pour avoir réalisé
Le Corbeau, Henri-Georges Clouzot voit finalement sa peine réduite à deux ans grâce à de nombreux soutiens. Il revient donc, sans chercher à faire profil bas, avec
Quai des orfèvres : il s'agit d'une histoire de meurtre (assez banale) et d'une enquête dont la résolution importe moins que la manière dont le cinéaste traite ses personnages. Dans
L'Assassin habite au 21, son premier long-métrage, une enquête ludique figurait au premier plan et l'on pouvait deviner, à travers elle, une vision assez sombre de l'humanité. Ici, bien au contraire, la noirceur s'affiche au premier plan et l'on distingue, en filigrane, toute la compassion dont Clouzot, contrairement à sa réputation de misanthrope, semble capable : toutes les saillies verbales de l'inspecteur interprété par l'excellent Louis Jouvet, jamais avare de répliques misogynes et toujours prêt à remettre un importun à sa place, cachent à peine un père aimant et si l'enquête malmène le couple Bernard Blier/ Suzy Delaire (pas toujours très justes...), l'amour, l'amitié et la solidarité finissent par l'emporter. Ainsi, avec ce troisième long-métrage, le cinéma de Clouzot apparaît moins pessimiste que profondément humaniste... En dépit de ses qualités,
Quai des orfèvres souffre toutefois d'une enquête sans surprise, pas toujours passionnante sur la longueur, malgré le soin apporté à la forme, l'excellence des dialogues et le ton parfois osé pour l'époque (voir comment le cinéaste traduit le désir et évoque l'homosexualité féminine). Une légère déception pour un film moins ludique que ses deux prédécesseurs, mais qui n'en demeure pas moins intéressant.
Note : 6,5/10