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Bullitt - 9/10

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 01:59
par Mr Jack
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⌲ BULLITT (1968)
de Peter Yates avec Steve McQueen, Jacqueline Bisset, Don Gordon.

Histoire: Bullitt, un lieutenant de police, est chargé par un politicien ambitieux de protéger Johnny Ross, un gangster dont le témoignage est capital dans un procès où est impliqué l'homme politique. Malgré les précautions prises par Bullitt et ses hommes, Ross est grièvement blessé, puis achevé sur son lit d'hôpital. Bullitt s'aperçoit alors que la victime n'était pas le vrai Ross...


Unique, vibrant, parfait.

Précurseur du film policier urbain contemporain, Bullitt est avant tout un condensé de pudeur, de maitrise muette, qui à l’image de Steve McQueen, brille par son aspect posé et réfléchi mais surtout passionne par sa brutalité impromptue, comme l’éruption soudaine d’un volcan brulant des vies par la visqueuse violence émanant de ses pores. Porté par un scénario brillant de Alan R. Trustman se reposant lui-même sur le roman de Robert Fish, Mute Witness, Bullitt impose tout de suite sa patte et forge son originalité dans la lenteur voulue de cette intrigue au coeur ardent qui bat à son rythme mais dont les tissus s’étendent le long de séquences mythiques pour au final raisonner au sein de la figure centrale du film: le détective Bullit, sorte de grand renard aux yeux bleus au caractère tempéré mais aux principes bien forgés. En quête de justice, ce personnage passionnant, uniquement relié au monde par sa petite amie, va tourner le dos à ses principes de vie et se confronter à l’injustice d’un univers qui le dépasse pour au final faire face à son propre reflet, celui d’un homme perdu entre son intégrité de flic et sa nature humaine. Autant le dire tout de suite: sans Bullit, il n’y aurait sûrement pas les plus grands policiers de ces quarante dernières années. Que ce soit Dirty Harry bien sur mais plus récemment Heat (par sa science du cadre et par la variété folle de ses prises de vue), Drive (pour le côté volcanique du personnage principal et du récit minimaliste cachant sa richesse) ou même le James Bond de Daniel Craig (le regard de félin et la malice de cet homme qui ne tombe jamais dans le cynisme ou la noirceur), il faut simplement contempler le film pour percevoir ses innombrables influences.

Car s’il faut commencer à expliquer la singularité de Bullitt, il faudrait démarrer par sa quête du réel. Nous sommes dans le vrai (décors extérieurs, sons naturels), pas dans un univers fantasmé faits de faux raccord en carton et où les méchants meurent sans une goutte de sang. Non, ici l’impact de balle est visible et le sang gicle, l’arme fait du bruit et des dégâts. Après l’attaque, le blessé ne meurt pas en plissant le cou mais sur la table d’opération d’un hôpital pendant deux bonnes heures. Il y a de vrais séquences de vérité troublantes où nous, spectateurs, sommes expulsés du monde diégétique, emprisonnés dans cette réalité quotidienne, celle d’un médecin tentant de réanimer un flic blessé par un fusil à pompe, cloitré derrière une fenêtre et sourd d’une discussion qui ne nous est pas accessible, ou bloqués entre les musiciens d’un restaurant couvrant l’action des personnages principaux. Car Bullitt n’a pas peur du vrai, et donc du silence, voir de la perte d’un de ses sens. Surement car le récit a confiance en sa capacité à laisser s’égarer le spectateur pour ensuite mieux le saisir lorsque la deuxième vitesse est passée. Exemple parfait avant cette scène de filature au bout d’une heure de film qui se transforme en une séquence magistrale de course poursuite en voiture, à ras le bitume et tellement près des moteurs qu’on croirait assister à la course entre deux guépards rugissants après une proie invisible. Là encore, la grande force visuelle repose sur la multiplication des points de vue. Nous sommes partout à la fois, mais nous ne sommes pas le détective qui lui est doté de sa propre identité capable d’influer sur les autres sans besoin de notre complicité. En bref, Bullitt est un film de deux heures passionnant de bout à l’autre, en symbiose parfaite avec le personnage éponyme qui puise sa force dans l’interprétation sublime de McQueen, mais pas que. C’est tellement plus qu’un simple film, c’est un mythe.

9/10

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 02:14
par Dunandan
Bon je lis pas car je ne l'ai pas vu (ou alors je ne m'en rappelle plus), mais tu as l'air d'avoir apprécié :mrgreen: :super:

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 02:22
par Mr Jack
Juste un poil :eheh:

(Bizarre ces notes un peu frileuses dans la BoMbase :| )

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 02:24
par angel.heart
J'aime bien, mais on a quand-même fait mieux dans le genre.

De mémoire je suis entre 7 et 8/10.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 02:27
par Mr Jack
Ce que j'aime aussi c'est le côté très humain, très nuancé de Bullitt. Et puis quelle mise en scène...

Je peux pas comparer j'ai pas vu French Connection, mais j'ai préféré ça à Dirty Harry (que j'aime quand même beaucoup) :super:

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 08:14
par puta madre
Je lui mets la mets note qu'angel: Bullitt, tu lui retires Steve McQueen et la poursuite en voitures, il reste juste un film sympa.

EDIT: Mr Jack, tu viens de briser la belle chaîne de 7/10 pour ce film :nono:

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 08:39
par pabelbaba
C'est à dire qu'ici on aime surtout la testostérone et de se point de vue Bullitt n'est clairement pas assez burné, contrairement à ses illustres successeurs. Le rythme est trop plan-plan, l'intrigue pas hyper passionnante et la réalisation, hormis la fameuse scène, n'a rien d'extraordinaire. D'où cette foultitude de 7 mollassons.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 08:58
par osorojo
Ue voilà, gestion du rythme un peu chaotique quand même qui fait qu'on s'ennuie presque par moment et puis l'enquête, enfin l'intrigue en elle même, reste assez peu exploitée.

Mais faut lire nos avis aussi pour comprendre notre frilosité :mrgreen:

En tout cas, la tienne est sympa, ça fait toujours du bien d'apprécier autant un film que l'on avait, jusque là, manqué :chinese:

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:22
par Mr Jack
C'est sur que c'est moins bourrin que tous les autres films qui vont suivre. Par exemple Point Blank avec Lee Marvin qui sort en même temps, ça se veut dans la même veine mais c'est dix fois moins subtile. Ca reste très bon mais ça developpe pas autant d'aspects que Bullitt et le perso est moins nuancé.

Je comprends qu'on soit gêné par le rythme mais justement je le trouve vraiment planant et contrairement à vous je ne vois pas du vide pendant ce que j'ai appelé les "moments de vérité" quu sont là pour casser l'illusion de la diegese et imposer cet aspect réel qui fait justement que le film est précurseur. Et puis le placement de Bullitt au milieu de tout ça, c'est passionnant à regarder.

Et puis ça pose la question de la nature du flic aussi bien que dans Dirty Harry, de facon moins directe et plus implicite (mais rien que le plan final veut en dire beaucoup)

Oso, justement j'ai lu vos avis et je suis surpris que vous n'ayez pas vu la même chose que moi. ^^

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:29
par Mark Chopper
Chiant à mourir ce film. Tu vires McQueen et la poursuite en voiture et je mets 1/10. L'histoire, on en a tout simplement rien à carrer.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:37
par Mr Jack
Ouais bon, Dirty Harry tu vires Eastwood et son flingue et ça perd aussi un peu. On peut en faire beaucoup, comme ça. :mrgreen:

Il n'y a pas que la poursuite en voiture qui deboite, celle de l'aéroport est prenante également.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:38
par Mark Chopper
Non, Dirty Harry, l'intrigue est prenante, les dialogues claquent et Siegel fait un bon job. On n'est pas dans la même ligue là.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:40
par Mr Jack
On est dans la même ligue, le traitement du sujet est juste différent. Parce que McQueen vaut Eastwood et le réal fait aussi le boulot.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:43
par Mark Chopper
Tu surnotes parce que tu veux une Ford Mustang, je peux comprendre.

Moi aussi.

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

MessagePosté: Mer 26 Fév 2014, 10:45
par Mr Jack
Le permis, d'abord. :mrgreen: