BE KIND, REVIEW!

L'ARMÉE DES MORTS

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Zack Snyder (2004) | 8/10
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L'armée des morts est un bel hommage à la trilogie de Romero. En reprenant les mêmes ingrédients que mêlait habilement le maître des zombies, Snyder propose sa propre mixture, faite d'effusion généreuses de tripailles, de persos bien burnés et de séquences punchy in your face qui n'y vont pas par quatre chemin. Exit la critique sociale qui était de mise dans la trilogie d'origine, et place au divertissement pur à base de shotgun bien nerveux et de zomblards inquiétants qui infectent même les nouveaux nés. Snyder oblige, le film est très marqué par un visuel agressif, fait de couleurs saturées à outrance, parfois jusqu'à l'overdose. L'effet est voulu et permet à l'atmosphère que dépeint le réalisateur d'osciller entre surréalisme et héroïsme.

En bon entertainer, le cinéaste se focalise sur l'action, en nous délivrant des séquences nerveuses qui ne laissent aucune place à l'ennui. Et même lorsqu'une impression d'immobilité envahit ses marionnettes dans un centre commercial d'apparence paisible, c'est pour mieux mettre en place la partie la plus glauque du film, qui pour le coup est elle bien originale. Résultat, les 2h de bobine filent à la vitesse de la lumière et on se retrouve devant une conclusion bien pessimiste à cette invasion des morts vivants.

Burné, efficace et sanguinolant, l'Armée des morts livre bien plus que la marchandise et redonne aux films de zomblards un petit souffle nouveau qui fait plaisir. Et si l'on peut lui reprocher un certain manque de finesse dans l'esquisse qu'il propose de ses différentes personnages, les exécutions sommaires qu'il délivre suffisent à faire passer sa minceur narrative au second plan tant on s'amuse comme des fous avec ce sens inné du spectacle qui bouillonne dans les artères du réalisateur.

COOL HAND LUKE

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Stuart Rosenberg (1967) | 7.5/10
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Film de prison à l'ancienne, ou le manichéisme primaire est d'usage pour séparer prisonniers insouciants et gardiens sadiques représentants d'un système carcéral qui ne veut pas perdre la face. Mais dans Cool Luke hand, un élément vient faire la différence pour hisser le film parmi ceux qu'on oublie pas, c'est Paul Newman. Par sa présence hypnotique, il habite littéralement l'écran et fait vivre son personnage avec naturel et conviction. Comme ses compagnons de cellule, on se laisse charmer par cet homme singulier dès ses premières petites provocations pour devenir son pote de galère, partagé entre admiration et jalousie. C'est cette facette très humaine du film qui le rend si attachant. La relation qui se noue entre Luke et l'ancien leader de la taule est très touchante.

Par ailleurs, Cool Luke Hand est porté par une réalisation très inspirée qui propose sans cesse de belles ambiances visuelles. La caméra est généralement placée avec justesse et permet au film d'acquérir une dynamique dans son image qui met en valeur chaque séquence. Que ce soit les scènes de vie dans la prison, les passages de travaux forcés en extérieur, ou toute la superbe partie finale qui couvre les évasions de Luke, Stuart Rosenberg fait du bon boulot.

Du coup, on ne se focalise pas trop sur les petites facilités du script, très manichéen et peu nuancé dans sa problématique carcérale. Cool hand Luke est plus un film d'homme et d'acteur que de prison à proprement parler, et en tant que tel propose vraiment de jolies choses. Et bien sur, rien que pour la superbe performance de Paul Newman, il serait dommage de passer à côté de cette chouette bobine à l'ancienne.

STOKER

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Park Chan Wook (2013) | 8.5/10
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Quand Park Chan Wook s'accoquine avec les états unis pour un essai outre atlantique, il n'y va pas avec le dos de la cuillère et ne se laisse pas aller à affadir ses thématiques pour faire du consensuel. Le coréen possède son panache et l'insuffle en grandes pompes à son nouveau film, n'en déplaise aux âmes sensibles qui ne le connaîtraient pas. En s'appropriant un script tortueux d'un auteur inattendu, il permet à ses premiers pas ricains de frapper fort, de frapper en tout cas comme il tente de le faire depuis ses premiers films, avec vigueur et audace, que ce soit par sa mise en scène ou ses histoires peu communes.

Stoker rappelle d'autres films qui dérangent par leur analyse de la nature humaine qui n'est pas commune. On pense par exemple à Pasolini qui s'amusait lui aussi à faire éclater la cellule familiale en y insérant une tierce personne dans théorème par exemple. On pense aussi à la récente série Dexter qui s'intéressait à la domestication des envies de meurtres d'un tueur en série, thème central du film qui nous intéresse. Mais s'il convainc autant, c'est avant tout grâce à la fougue dont fait preuve Park Chan Wook dans sa mise en scène. En plus de mettre sur pied des ambiances lumineuses à tomber, l'homme tente, en permanence, d'apporter à l'image une valeur ajoutée par des placements caméra subtiles. Certes l'image peut par moment sembler too much, mais elle contribue par son côté très créatif à développer le personnage presque fantastique incarné avec beaucoup d’aplomb par la jeune Mia Wasikowska. Associée à l'excellent Matthew Goode, ils tirent littéralement le film vers le haut.

En bref, Stoker porte la marque des grands films, d'une part parce que son sujet peu commun ne sombre jamais dans un déroulement uniquement fait pour choquer, d'autre part parce qu'il est servi par une palette d'acteurs dirigés avec précision et mis en scène avec beaucoup d'inspiration et de savoir faire. Park Chan Wook prouve une nouvelle fois qu'il est homme à suivre sa voie, n'en déplaise à ses détracteurs. En tout cas, saluons le pour avoir réussi à imprimer aux états unis sa marque de fabrique sans se faire bouffer intégralement par des enjeux financiers qui anéantissent généralement les esprits trop marqués par leur univers.

SPRINGBREAKERS

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Harmony Korine (2012) | 5/10
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A la vue de la promo du nouveau Harmony Korine, co-scénariste d'un de mes films fétiches, un seul objectif m'habitait, aller voir son dernier film en salle. Manque de pot, je n'ai pas pu le voir sur grand écran, mon cinoche ne l'ayant jamais programmé. J'ai donc attendu patiemment une sortie blu ray pour pouvoir me faire mon propre avis sur cette bobine souvent massacrée par des critiques négatives. Et si je pensais, en lançant le film, rétablir l'équilibre parce qu'il était impensable que je n'aime pas, c'est avec tristesse que je vais rejoindre le rang des grands déçus par ce concentré esthétique de vide que nous propose Springbreakers.

C'est bien simple, à part la boulot hallucinant qui a été fait sur l'esthétisme du film, à l'aide d'une photographie jouissant de lumières divines terriblement maîtrisées, j'ai eu l'impression que tout tombait à plat dans cette satire moderne de la jeunesse américaine puritaine ou non. A l'aide de codes visuels propres à notre époque, issus des médias de masse subversifs qui guident les modes et la jeunesse, Korine se moque pendant plus de 90 minutes de son époque, ses artifices et sa superficialité. L'intention est louable et des plus intéressante, mais quand on tente ce genre d'exercice, vient un moment où il faut doser ce que l'on propose. Surfer en permanence sur une exagération surréaliste, en espérant que parce qu'elle est réussie formellement, tout va passer, c'est se fourvoyer assez fortement. Et quand je vois qu'on compare ce springbreakers aux films de Larry Clark, je tombe de haut tant tout y est différent, tant tout y est en opposition totale. Là où le réalisateur de Kids choisit l'authenticité et le réalisme, c'est le bling bling sauvage maquillé en farce intelligente que tente de nous faire avaler Korine.

Malheureusement, j'y suis resté hermétique, tant rien ne m'a paru sincère. Que ce soit la mise en valeur des actrices qui ne va jamais au bout de son intention, l'absurdité avec laquelle le rôle de Franco est poussé à son paroxysme alors qu'il aurait pu être le début d'une nuance bienvenue, ou encore la piètre tentative d'aborder le phénomène du springbreak sous un angle social avec une voix off pooooooompeuse, tout semble factice et vain, d'autant plus que les acteurs sont totalement perdus et compensent par un non jeu qui manque indéniablement de chien. Même les tentatives d'érotisation de l'image tombent complètement à plat (faut le faire avec 4 belles pépettes devant son objectif quand même), le film est froid et immobile, jamais moteur de quoique ce soit. On finit la projection où on l'avait commencée, à bonne distance d'un écran qui nous a proposé un méli mélo laborieux rappelant les émissions de télé câblées contemporaines, entre MTV et Zone interdite. De quoi frustrer celui qui aurait souhaité un peu de créativité au service d'un film différent. Pour le coup, c'est l'inverse et c'est bien dommage.

4 MOUCHES DE VELOUR GRIS

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Dario Argento (1971) | 6/10
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Film laborieux dans lequel on sent un Dario Argento qui se cherche, qui se laisse aller en tout cas à l'expérimentation. Parfois il fait mouche (ho ho ho) : lorsque l'homme joue avec ses cadres pour proposer des compositions de plan atypiques, il touche souvent en plein coeur de la cible, parfois il balbutie, notamment dans toutes ses tentatives pour apporter à 4 mouches de velour gris une narration éclatée, influencée par les codes de nombreux autres genres cinématographiques que le giallo pur. Pour le coup, c'est un peu trop maladroit, et on finit par se lasser du manque de tenue de l'ensemble.

C'est dommage, certaines séquences fonctionnent, notamment toute l'intro, ou bien encore la trame impliquant le croustillant Jean Pierre Marielle, tordant en détective efféminé mais efficace. Mais d'autres propulsent le film sous un déluge d'improbabilités un peu trop poussives qui peinent à convaincre. Du trauma prévisible motivant le tueur à certains comportements imbéciles des personnages, on soupire un peu trop souvent.

Heureusement, Quatre mouches de velours gris a pour lui toute l'inspiration visuelle d'Argento, et jouit d'un travail sonore de haute volée; ce qui lui permet de combler ses lacunes narratives; suffisamment en tout cas pour nous amener sans trop de regret jusqu'au générique final. Un petit giallo atypique qui se laisse regarder, mais il ne faudra pas en attendre plus et être un minimum fan du cinéaste pour se contenter d'apprécier sa fougue visuelle.

LE MIEL DU DIABLE

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Lucio Fulci (1986) | 3/10
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Je suis généralement friand de l'oeuvre de Lucio Fulci, j'aime cette personnalité qu'il insuffle à ses films ainsi que son sens évident de l'image. Ses oeuvres sont souvent empreintes d'un véritable savoir faire graphique qui leur confère une ambiance visuelle très marquée, de quoi se rassasier les mirettes si l'on n'accroche pas totalement à ses scripts. Mais avec ce miel du diable, difficile de trouver cette singularité qui caractérise habituellement son travail tant il est si peu inspiré.
Il y a bien quelques séquences qui semblent se démarquer un petit peu, mais l'ensemble est si faible, aussi bien au niveau de l'histoire que visuellement, qu'il est difficile d'aller au bout de cette oeuvre tristement impersonnelle. A cela s'ajoute des acteurs totalement à côté de leurs rôles respectifs, à l'image de l'atout charme du film, Corinne Cléry, qui se dévêtit généreusement mais semble totalement absente. On ne saurait lui en vouloir, son personnage est écrit au burin et si peu nuancé qu'il en devient ridicule.

En bref, Le miel du diable est pour l'instant le pire film que j'ai pu voir de son auteur, désincarné et exempt de toute inspiration, ce qui fait pourtant d'habitude la force du réalisateur transalpin. A réserver uniquement à ceux qui souhaitent avoir une vue d'ensemble de l'oeuvre de Fulci, les autres arrêteront après un quart d'heure de film.