BE KIND, REVIEW!

Iron Sky, Timo Vuorensola (2012)

Avec un pitch bien rigolo (un black qui découvre que les nazis préparent une invasion à partir de la face cachée de la lune), si on est pas trop difficile, on tient là un film bien marrant et assumé jusqu'au bout, avec des scènes plus débiles les unes que les autres (putain, le coup du Ipod à trouver sur Terre pour activer l'arme de la mort qui tue), jouant à fond la carte des stéréotypes humains (le black cool, la nazi blonde qui pense défendre l'amour en enseignant sa doctrine, le nazi machiavélique jusqu'au bout) ou des superpuissances (les américains qui se servent des allemands pour relancer leur campagne). Avec en bonus la petite morale au bout contre les apparences qui ne nique même pas le sujet. Mais bon je comprends si on déteste ce film, mais je le classe de suite dans la catégorie "concept de malade" plutôt bien exploité.

Tucker & Dale fightent le mal, Eli Craig (2010)

Dans ce film on sent l'amour des réalisateurs pour le genre du slasher/survival movie (notamment Massacre à la tronçonneuse et Détour mortel). En inversant simplement (mais il fallait y penser) le principe habituel (les bouseux qui deviennent les victimes des apparences, et se font pourchasser par des étudiants complètement débiles), on tient ici une comédie bien jouissive et sanglante. C'est vrai que le principe est un peu redondant, mais on se demande sans cesse "non ils ne peuvent pas être si cons" (avec de belles gueules de vainqueur : la blonde, le black, l'intello, le gros balèze), ben si. Et puis c'est quand même bien écrit cette façon dont on devient l'ennemi de l'autre par un jeu du regard, et pour l'affectif, les deux bouseux sont bien attachants (en plus on gâche leurs vacances, les pauvres). Bref, à voir entre potes pour une soirée décontractée (et je déconseille de voir le trailer qui montre presque tous les meilleurs moments du film).

Un flic, Jean-Pierre Melville (1972)

Que dire de ce film, sinon que c'est le plus mauvais de J-P Melville, et de loin. Pour commencer avec son plus gros défaut, à savoir l'enquête policière, vraiment bancale avec des sauts de scénario assez impressionnants. C'est dommage car l'une des premières scènes, celle du braquage de banque, augurait quelque chose de correct avec une atmosphère moribonde des plus réussies (le bruit des vagues, le brouillard naturel). Une autre séquence vaudra le détour avec la scène de casse du train (par contre l'effet spécial de la maquette est parfaitement ridicule). Entre ces deux morceaux de bravoure rythmés de façon méticuleuse, presque rien ne fonctionne, hormis une mise en scène stylisée (des journées et des nuits qui se ressemblent, des personnages "froids" dont les jeux de regard en disent long) qui tournent cette fois-ci à vide, avec des gimmicks qui virent parfois à l'auto-parodie par l'emphase mise dessus.

Pourtant l'intention laissée en introduction par l'habituelle citation était louable, illustrant le duel entre ce voyou qui maîtrise tout, et ce flic qui ne parvient pas à faire son boulot correctement. Mais au lieu de développer les relations entre les personnages (particulièrement le trio amoureux Delon/Deneuve/Crenna) et de combler les trous de son scénario (on ne comprend pas bien comment l'enquête avance), Melville s'ingénie à multiplier les références littéraires ou à la tragédie humaine qui sonnent fausses dans la bouche des acteurs (le phrasé théâtral fait partie du style du réalisateur, mais le ton paraît cette fois-ci caricatural, peu aidé par des dialogues pas très bien écrits et simplistes), à part Crenna qui vole la vedette à Delon (enfermé dans son personnage, inexpressif et froid, sans trop de nuances). Une marque de fabrique qui était bien plus équilibrée dans ses films précédents.

Bref, une coquille vide à oublier, et il vaut mieux se mater Le cercle rouge, Le samouraï, ou encore Le deuxième souffle, pour se rappeler quel grand pouvait être Melville dans le paysage du polar français.