BE KIND, REVIEW!

Après avoir signé le deuxième opus de Tron pour Disney, Joseph Kosinski, ancien protégé de David Fincher, fait preuve d'une ambition assez étonnante alors qu'on aurait pu le cataloguer rapidement comme un yes-man. Ainsi, il tente d'adapter sur grand écran son propre roman graphique Oblivion et décide de quitter l'écurie Disney après que la proposition de la compagnie de faire du film un divertissement familial. Cela pouvait déjà se voir plus ou moins dans Tron Legacy, mais Kosinski est un véritable amoureux de la SF et des mythologies qui en découlent, et cela se voit encore plus avec Oblivion qui, malgré ses nombreux défauts, est une entreprise aux intentions vraiment louables et où l'on sent une réelle sincérité de conter un récit bien plus ambitieux que la moyenne. Certes, le film en fait parfois trop au point de sa casser la gueule, mais là encore ça nous change tellement des divertissements sans prise de risques que ça fait plaisir de voir ce genre de film, aussi imparfait soit-il. Parmi les défauts, on notera un univers beaucoup trop référentiel (entre Matrix, I am Legend et 2001 notamment), un manque flagrant d'émotion, un script qui se voit un peu trop venir à l'avance, une bande-son qui en fait des tonnes et surtout un final bidon qui détruit totalement la mythologie qu'elle avait construite jusque là (avec notamment une référence biblique au couple qui doit s'unir pour permettre la vie sur Terre) mais à côté de ça Oblivion possède des qualités évidentes, comme une mise en scène qui ne cède jamais aux modes actuelles du cinéma d'action, un Tom Cruise qui croit à l'entreprise qu'il porte à bout de bras sur le plan marketing, mais aussi un univers qui fascine visuellement (là où le genre post-apocalyptique donne souvent les mêmes idées reprises inlassablement, ici on a réellement la sensation de voir quelque chose d'inédit sur le plan visuel). Clairement un film imparfait, qui a tendance à sacrifier la maîtrise globale du récit au profit d'une générosité où l'on sent réellement l'implication personnelle du réalisateur. Reste que le film étonne de la part de quelqu'un comme Kosinski qui, avec un peu de chance, pourrait nous livrer un très bon film dans les années à suivre.

Film totalement inédit en France à cause de son flop financier total aux États-Unis, et vu le résultat final, il faut bien avouer qu'on ne perd pas grand chose. Sur le papier, Red Tails a vraiment de quoi faire envie puisque l'on y évoque la condition des pilotes afro-américains pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui va conduire à toute une mythologie autour d'une escouade qui va s'imposer parmi les meilleurs escorteurs de bombardements aériens. Le film est surtout la dernière production Lucasfilm avant le rachat par Disney, et la production aurait été tellement houleuse que le réalisateur aurait été remercié par George Lucas qui se serait chargé de faire de nombreux reshoots. Le résultat final ne permet pas hélas de savoir qui est la cause des nombreux problèmes du métrage, mais le fait est qu'on est face à un film très peu subtil et qui livre le strict minimum au vu de son sujet.

Le gros problème est évidemment son écriture, au point que l'on a l'impression d'être devant une production de Spike Lee tant on dépeint les afro-américains sans aucun défaut, pendant que les blancs sont tous à 90% des racistes (et deviennent ensuite reconnaissants quand on leur sauve la vie), ce qui donne des rôles pitoyables, à l'instar de Bryan Cranston qui fait vraiment de la peine pendant ces cinq minutes d'apparition (encore qu'il joue bien, contrairement à d'autres). Idem pour les allemands, qui sont forcément des méchants très méchants. A côté de ça, aucun attachement envers les personnages, les deux protagonistes les plus intéressants sont clairement ceux qui sont les mieux joués (à savoir Terrence Howard et Cuba Gooding Jr, dommage qu'ils ne jouent que des officiers qui sont absents des séquences de combat). Le récit est sans surprise, les rebondissements et morts se voient venir à l'avance, et je ne parlerais même pas de la storyline du couple sans aucune émotion. Enfin, les séquences de combat sont plutôt correctes, lisibles avant quelques petits moments épiques, mais ça reste beaucoup trop répétitif, sans saveur et surtout le fait que tout soit du CGI empêche vraiment d'y croire, autant revoir Pearl Harbor ou les séquences d'action de Sky Crawlers. Pas une daube de compétition, mais un film très vite oublié.