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Bronson - 5,5/10

MessagePosté: Ven 07 Juin 2013, 19:15
par Jack Spret
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Adoptant un humour noir et une mise en scène sous forme de one-man show dont les souvenirs de l'artiste seraient mis en image, Bronson reste tout de même très ancré dans le monde de Refn. Un monde fait de violence, de remises en question et de quête de popularité constante. Si certains l'assimilent à Orange Mécanique, c'est avant tout du au côté stylisée de la violence, combinant cadrages soignés et musiques classique. Mais il n'est jamais question de critique sociale, d'arrêt sur image sur une époque troublée. Refn cherche juste à dresser le portrait d'un homme complètement marginal, toujours dans l'expectative d'une renommée mondiale par ses affronts lancés à la face de l'état. Il errera constamment de prisons en prisons, d'établissements spécialisés en hospices d'aliénés, faisant SA propre tournée artistique avec autant d’insuccès. Si le sujet du film ne me parle pas du tout, je ne peux pas nier que Tom Hardy est ici magnétique, accrochant le regard au moindre geste et l'attention à la moindre parole.

5,5/10


Only God Forgives - 7/10

MessagePosté: Dim 09 Juin 2013, 20:20
par Jack Spret
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Telle une âme condamnée à revivre plusieurs fois le même tourment, Refn filme la violence d'une manière toujours plus sensationnelle et personnelle. Ses expérimentations visuelles et auditives aidant, il s'est construit une réputation de perfectionniste à la limite de l'autisme, où le bon goût de l'image flirte sans cesse avec l'hermétisme propre aux films contemplatifs. Si Valhalla Rising poussait l'expérience très loin, il brassait tout de même de larges thèmes comme la religion, l'attachement à sa terre ou la liberté. Only God Forgives se veut plus centré sur un scénario qui, dépouillé de tous dialogues superflus, contamine le récit par des jeux d'acteurs mono-expressifs. Cette galerie d'archétypes montre que Refn cherche à être le plus simple possible, tout en gardant des connotations existentielles et universelles dans les destins de ses personnages.

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Par l'intermédiaire de ses âmes torturées, Refn remet au goût du jour la descente aux enfers de Dante. Si le modernisme du film clairement affiché (musiques électro, Bangkok contemporain), l'écho dans le passé et le futur ne doit pas nous échapper. Il y aura toujours une victime et un bourreau. Un coupable et un juge. Julian, mutique et terriblement effacé (une contre-performance qui casse l'image de Gosling et, par contrecoup, celle du Driver), oppressé par une difficile relation avec sa mère, cherche un but à sa vie et aux obstacles qu'elle lui soumet en travers de son chemin. Constamment dans l'ombre de son frère, il devra faire des choix et devenir responsable de ses actes. Et son innocence et sa naïveté sont telles que chaque décision qu'il entreprendra sera mauvaise, le rapprochant peu à peu de l'expiation de son péché (un complexe d'Oedipe refoulé jusqu'au bout).

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Si certains spectateurs ont découvert Refn avec Drive et n'ont pas eu la volonté de se confronter aux précédentes œuvres du cinéaste, ils vont rester sur leurs faims et vont comprendre leur douleur. Totalement hermétique pour celui qui cherche à obtenir facilement toutes les clés du film, Only God Forgives est un film trip qui prend à la gorge et distille son atmosphère poisseuse et violente, contrastant avec la beauté des plans, dans des scènes ultra contemplatives. Le tout étant ralenti à outrance pour créer une impression d'éternité et montrer qu'on ne peut jamais faire demi-tour, le pardon étant la seule issue du pêcheur, le dernier film de Refn a divisé autant qu'il a subjugué. Hué à Cannes, il a réellement créé le buzz autour de lui et a permis au réalisateur d'avoir une exposition médiatique encore plus large que celle de Drive. Pour certains, une sortie salles d'un tel film expérimental pourrait surprendre et déranger, pour d'autres, c'est du pain béni et un coup de pied dans la fourmilière de la bienséance et du formatage qui gangrène le cinéma.

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Un second visionnage sera nécessaire pour saisir toutes les subtilités du montage, toute l'importance des personnages et toute la maestria visuelle ainsi que la créativité artistique de Refn. Only God Forgives est une oeuvre sombre et pessimiste. La notion d'espoir disparaît au moment même où le flic incarné par Vithaya Pansringarm apparaît à l'écran, symbole d'un Dieu vengeur mais juste. Une plongée en enfer dont Ryan Gosling, surfant sur sa côte de popularité, ne ressortira pas indemne.

7/10


Chèvres du Pentagone (Les) - 2,5/10

MessagePosté: Lun 10 Juin 2013, 17:03
par Jack Spret
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J'ai rien compris au film (ou alors j'étais mal luné). A quoi sert ce road trip bidon à travers l'Irak ? Pourquoi on a droit à un étalage de stars qui sont toutes sous-exploitées ? Pourquoi j'ai jamais ri alors que c'est censé être une comédie ? A vouloir trop imiter le style des frères Coen, Eslov se retrouve le cul entre deux chaises et accouche d'un film poussif sur la création d'une cellule militaire maîtrisant le paranormal ainsi que ses applications sur l'espionnage. J'étais perdu dans un flux d'informations dont je me foutais royalement, au milieu de personnages qui m'ont semblé si creux que je me suis étonné de voir de grands acteurs les incarner. C'est risible de bout en bout et ça a failli me rendre totalement chèvre. Alors qu'il y avait de quoi faire une comédie hilarante ou une sorte de faux biopic sur le créateur de la vague new age, Les chèvres du Pentagone se contente d'effleurer son sujet avec de longs dialogues inintéressants au possible. Grosse déception !

2,5/10


12 hommes en colère - 10/10

MessagePosté: Lun 10 Juin 2013, 18:24
par Jack Spret
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Pour un premier film, Sidney Lumet frappe très fort avec un huis-clos étouffant et magistral. La grande force du film est de traverser les âges sans encombres, ce miracle étant du au simple fait que la délibération des jurés n'a pas évolué depuis l'époque de tournage. En ayant une base narrative intemporelle et solide, le scénario simple mais puissant a pu ainsi être transposé à la télévision et au théâtre, avant de faire son trou dans les salles obscures. Grand amateur de théâtre au point de jouer dans des pièces à Broadway, le script de Douze hommes en colère est du pain béni pour son entrée dans le monde du cinéma. Unités de lieu, d'action et de temps rendent le travail de retranscription plus facile pour quelqu'un ayant déjà foulé les planches.

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Mais Lumet ne se contente pas de filmer son groupe d'acteurs sans dynamiser l'ensemble. Il fait preuve de beaucoup d'inventivité et occupe l'intégralité de son espace restreint, baladant sa caméra un peu partout comme un voyeur invisible de la délibération. Et si le spectateur est flatté avec des travellings et des plans séquences ingénieux, il est également mis à mal par la tension qui s'installe au fur et à mesure, rendant plus ou moins nerveux les hommes assis autour de la table, leur personnalité éclatant au grand jour sous la chaleur torride d'un après midi d'été orageux. Chaque personnage a son caractère propre, aucun d'eux n'est délaissé et comme dans la vie de tous les jours, de fortes têtes vont se mettre en avant à coups d'interventions charismatiques ou de répliques cinglantes et arrogantes.

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Les répliques sont intelligemment écrites et le suspense est omniprésent, chacun y allant de son argumentation pour amener le reste du groupe à partager son point de vue. Lee J. Cobb, Jack Warden et Henry Fonda reste le trio le plus impressionnant, les autres se contentant de rester au second plan malgré l'importance de leurs interventions. Catalysant à eux seuls l'attention par leurs jeux d'acteurs et leur présences, ils arrivent à donner vie à leurs personnages au delà des espérances de Lumet qui enregistre leurs performances sans en rater une seule miette. Ce qui fait la puissance du film, c'est avant tout ce groupe hétérogène, où chaque défenseur de la culpabilité de l'accusé devra être convaincu par un Fonda frondeur d'une manière toujours plus subtile, l'épuisement et la tension rendant de plus en plus difficile l'argumentaire en sa faveur.

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Cette première incursion dans le septième art n'a pas volé son statut d'oeuvre culte tant elle reste, après 56 ans d'existence, une pièce maîtresse du cinéma américain et un incontournable du huis-clos dont le concept, réutilisé à maintes reprises, n'a pas fini d'épater par sa subtilité allié à sa simplicité.

10/10


Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Lun 10 Juin 2013, 19:39
par maltese
2,5 pour Les Chèvres du Pentagone? Mais bordel, we need the Jedi!!! 8)

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Lun 10 Juin 2013, 21:51
par Jack Spret
L'idée est clairement excellente mais il fallait la mettre entre les mains des frères Coen, ça aurait fait un tabac !

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Mar 11 Juin 2013, 12:14
par maltese
J'aurais tendance à penser pareil, mais quelques mois avant la sortie des Chèvres du Pentagone, les Coen avaient sorti Burn After Reading. Malgré toute mon admiration pour les Coen, entre les deux films, je choisis le premier sans hésiter.

Ce film est assez bordélique, c'est vrai, mais il y a une douce folie euphorisante qui s'en dégage je trouve. Et puis More than a Feeling de Boston quoi :love:

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Mar 11 Juin 2013, 13:18
par Jack Spret
C'est vrai que j'en ai pas parlé mais la BO déchire grave par contre.
Seul point positif avec le faux cabotinage de Bridges.

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Mar 11 Juin 2013, 23:58
par zen
Tu aurai peut-être du faire ta critique aprés avoir vendu le Blu-ray :mrgreen:

En tout cas, j'adore ta critique sur 12 hommes en colère, il faudra que je me le procure.

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Mer 12 Juin 2013, 22:08
par Jack Spret
Merci :D
Je m'en fais pas trop pour le Blu Ray, il partira.
Y'a toujours des mangeurs de merde :eheh:

Star Trek Into Darkness - 6,5/10

MessagePosté: Ven 14 Juin 2013, 17:35
par Jack Spret
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Après le lifting opéré sur la saga par Abrams, les producteurs ont décidé d'élever leur poule aux œufs d'or au rang d'icône, le gratifiant d'un statut de geek suprême, ayant compris toutes les qualités de Star Trek en gommant tous les défauts. Mais c'était sans compter le rajout des siens qui, même s'ils ne gâchent pas tellement le spectacle, empêchent ses films de gagner de l'intensité émotionnellement parlant. Car ses personnages sont lisses et creux. Même s'ils ont bel et bien une personnalité qui leur est propre, ils agissent avec tellement d'insouciance et d'immaturité qu'on se demande comment Star Fleet peut filer à cet équipage le meilleur vaisseau de leur flotte et leur accorder leur confiance absolue.

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Et si les défauts s'arrêtaient là, ça ne serait pas trop grave. Mais il faut encore ajouter les multiples incohérences scénaristiques qui plombent le récit. Cependant, si le script reste morcelé de bêtises à l'innocence prodigieuse (un mec est coincé dans un volcan en éruption !), il est bien traité et permet à chaque personnage de se révéler et d'apporter sa pierre à l'édifice. Le problème, c'est que si les interactions entre eux sont plutôt bien écrites, les personnages n'évoluent jamais, ce qui donne un aspect serial à la saga, au lieu de la transformer en fresque space opératique qui aurait pu enterrer la prélogie de Lucas.

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Le Duo Quinto/Pine fonctionne toujours et c'est agréable de retrouver l'équipage au grand complet, face à un bad guy aussi redoutable que ridicule. Car si son potentiel de dangerosité est élevé, son charisme frôle le zéro absolu, aidé par un cabotinage excessivement chiant de Cumberbatch qui joue les Ryan Gosling futuristes (à savoir qu'il maîtrise la mono-expression). Heureusement que les scènes d'actions sont très bien torchées et que l'image flatte l’œil, avec des effets spéciaux très réussis, malgré l'utilisation toujours trop intensive des lens-flares. Mais ça en devient amusant tant cette marque de fabrique, aussi appréciée que controversée, devient une sorte de signature et permet de rendre reconnaissable l'oeuvre d'Abrams parmi les autres.

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Un bon divertissement, même s'il n'est pas le blockbuster tant attendu et qu'il reste trop ancré dans une norme hollywoodienne consistant à puiser dans une idée jusqu'à l'assécher complètement. Pas assez sombre et formaté pour un public bien trop jeune, on y retrouve tout de même ce qui nous a fait apprécier la première tentative d'Abrams de ressusciter la saga. Et c'est déjà un bon point.

6,5/10


Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Dim 16 Juin 2013, 08:51
par francesco34
Jack Spret a écrit:Même s'ils ont bel et bien une personnalité qui leur est propre, ils agissent avec tellement d'insouciance et d'immaturité qu'on se demande comment Star Fleet peut filer à cet équipage le meilleur vaisseau de leur flotte et leur accorder leur confiance absolue.

Et si les défauts s'arrêtaient là, ça ne serait pas trop grave. Mais il faut encore ajouter les multiples incohérences scénaristiques qui plombent le récit.



Euh je comprends pas cette première remarque... tu te demandes comment on peut leur filer un vaisseau? Tout le début du film justement Starfleet fait exactement cette remarque que Kirk est insouciant et pas encore prêt et on lui retire son commandement... :|
Et pour les incohérences, moi qui suis tatillon sur ce genre de trucs, y'a rien qui m'a dérangé dans le déroulement du film... j'aimerais bien que tu me cite cette multitude d'incohérences, à t-entendre y'en a toutes les 5 minutes...

Sinon niveau réal, certains ont beau cracher leur venin sur Abrams, le mec il sait y faire quand même. Ses scènes d'action sont nickels, y'a de grands morceaux de bravoure (le saut en combinaison d'un vaisseau à l'autre au milieu des débris, ou la scène quand l'Enterprise tombe dans l'atmosphère et que le vaisseau fait des roulis).
Après tu dis que le personnages restent lisses, globalement c'est vrai, les seconds rôles surtout font office de figurants. Mais la relation Kirk/Spock est bien approfondie je trouve, et poursuit ce qui a été amorcée avec le premier film (dans le 1 ils passent de franche hostilité à respect mutuel), et dans le 2 ils se découvrent finalement une vrai amitié (et dans le 3 ils disent merci à Hollande pour la loi sur la mariage pour tous).

En plus y'a un ptit message politique amusant, dans lequel le héros refuse d'executer un terroriste avéré mais préfère le capturer pour qu'il soit entendu et jugé... Salut Ben Laden...

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Dim 16 Juin 2013, 08:55
par Scalp
Pfff c'est de l'action série TV qu'il nous fait Abrams, moi dans le film j'ai vu AUCUN morceau de bravoure.

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Dim 16 Juin 2013, 20:29
par Jack Spret
francesco34 a écrit:
Jack Spret a écrit:Et si les défauts s'arrêtaient là, ça ne serait pas trop grave. Mais il faut encore ajouter les multiples incohérences scénaristiques qui plombent le récit.


Et pour les incohérences, moi qui suis tatillon sur ce genre de trucs, y'a rien qui m'a dérangé dans le déroulement du film... j'aimerais bien que tu me cite cette multitude d'incohérences, à t-entendre y'en a toutes les 5 minutes...


1) Y'a un mec dans un volcan !
2) Le bad guy est tellement intelligent qu'il se fait avoir de manière tellement bidon que ça me fait doucement sourire.
3) Kirk balance des patates au bad guy mais aucune marque n'est visible sur son visage.
4) Le directeur de Star Fleet téléporte sa fille dans son vaisseau alors que juste avant, ils disent que les boucliers les protègent de toute intrusion et de toute tentative de téléportation.
5) J'en passe et des meilleures...

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2013

MessagePosté: Dim 16 Juin 2013, 20:51
par caducia
Meme si le script n'est pas super intelligent, de tous les points que tu soulèves on a les explications j'ai vu des scénar plus débiles que ça. C'est juste que dans cet opus les persos sont peu attachants.