Jordan et Amy, couple d’adolescents un peu paumé, va faire la rencontre de Xavier. Suite à cette rencontre, le film va nous propulser dans un road movie sanglant où va se mêler quête de liberté sexuelle et tribulation punk .
Deuxième volet d’une trilogie intitulée “Teenage Apocalypse”, The Doom Generation permet à Gregg Araki d’affirmer encore plus les contours de son cinéma. A la limite de la caricature et de la parodie, Araki grossit les traits de ses personnages mais garde une vraie fascination pour ces derniers. Mise en scène comblée de gimmick publicitaire, bande son saturée, univers coloré et psychédélique, le cinéma d’Araki ne laisse pas de marbre. Le côté « fait à l’arrache » rend le film authentique.
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The Doom Generation est une sorte d’hommage à cette jeunesse décomplexée, éduquée par MTV et nourrie au « junk food ». Sous l’aspect d’un cinéma revendicateur fait de militantisme, Araki nous balance un road trip violent et sexuel. L’une des grandes qualités de Gregg Araki est d’être en empathie avec ses personnages. Ils ne les jugent jamais, ne moralise jamais leurs actes, permettant à son film d’atteindre une réelle dimension onirique, aidé en cela par une BO shoegaze/indé de grandes qualités (Slowdive…).
Jordan, joué par James Duval (acteur fétiche d’Araki), est naïf et plane à des kilomètres. Il est innocent et presque inconscient de la noirceur de la société qui l’entoure. Amy, jouée par l’hypnotique Rose McGowan, s’énerve tout le temps, se pose beaucoup de questions sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle fait. Malgré leurs immenses différences, ce couple est terriblement amoureux et terriblement attachant.
Xavier est une sorte de mi ange mi démon qui va les sauver plusieurs fois de la mort mais qui d’un autre coté va éveiller en eux de nouvelles aspirations. Cette escapade va leur permettre d’appendre de nombreuses choses sur eux-mêmes (sexe) et de voir le monde d’un autre angle(amour).
L’innocence et l’insolence de ce road trip fait singulièrement penser à des œuvres telles que « Sailor and Lula » ou même « la ballade sauvage ». Araki mélange moments intimistes contemplatifs et moments de pures débouches psychédéliques. Au fil des kilomètres, ce trio va apprendre à se connaitre, à s’aimer, à se baiser, à jouir ensemble.
Comme indiqué, ce road-movie sera sanglant et à la limite du surréalisme (une tête décapitée qui continue à parler et à crier). Durant cette escapade, le trio fera la rencontre d’une multitude de psychopathes croyant être l’âme sœur d’Amy.
Ces personnages, un peu tarés et hauts en couleurs, sont le symbole d’une Amérique bienveillante voulant délimiter l’épanouissement et la liberté des individus. Mais rien ou presque rien, ne les empêchera de continuer cette virée sanglante. Le fin du film sera à l’image du long métrage : une boule sanglante et psychédélique, non dénuée d’une grande pureté émotionnelle.
Comblé de surenchères et de facilités, The Doom Generation reste néanoins, un road trip mêlant mort et jouissance. Une expérience jouissive, attachante et littéralement décomplexée