BE KIND, REVIEW!

Un film que je revois sérieusement à la baisse. Alors autant à sa sortie ciné il y avait forcément l'effet de surprise de voir Danny Boyle livrer un tel film, autant le revoir aujourd'hui en le comparant avec le reste de sa filmographie relativise forcément les choses. La participation de Boyle à ce film reste quand même un grand mystère, car on se doute que le réalisateur a sûrement été attiré par cette histoire de gros sous (thème qui vampirise tout de même une grande partie de son œuvre) mais le reste, et notamment la love story, laisse vraiment songeur tant on a du mal à y retrouver l'effet Boyle. Du coup, on est face à un film beaucoup trop gentil sur l'écriture là où il y avait moyen d'avoir une réflexion sur la place de l'argent dans notre société avec un gamin parti de rien qui va finalement être au bord de la fortune instantanée. Le film préfère jouer à fond la carte de la facilité avec un final ultra prévisible et des flashbacks trop portés sur l'histoire d'amour au lieu de capter correctement les situations dans une vision de l'Inde très loin de ce que l'on peut en voir d'habitude. Limite j'aurais préféré découvrir que toute l'histoire était un mensonge, que le bonhomme avait triché ou tout simplement qu'il perde, ça aurait même pu servir le propos de l'histoire d'amour, mais non, le final est tout gentil, sans aucune surprise et l'argent n'a aucune conséquence. Du coup, on a véritablement que la forme pour se rabattre, car sur ce point Boyle prouve encore qu'il n'est pas un manchot derrière la caméra et même si on ne retrouve pas les expérimentations de 28 Days Later ou la maîtrise de Sunshine, on a quand même un mélange des deux qui permet d'avoir des très beaux plans et une mise en scène assez stylée pour un film à Oscars. Clairement pas un film majeur pour son auteur, et Oscar ou pas il sera très vite oublié, c'est certain.

Encore une fois avec les productions Del Toro c'est terriblement anecdotique et répétitif. On en vient finalement à se dire que si Bayona s'en était sorti à l'époque, c'était parce qu'il y avait le talent derrière. Dans le cas de Mama, le film avait vraiment de quoi intriguer vu le court-métrage d'origine en plan-séquence qui était très bien foutu et efficace. Mais au final, on se retrouve avec un énième film de la vague hispanique qui joue sur un trauma familial et c'est à la fois tellement dénué d'émotions et de frayeur efficace que ça en devient rapidement ennuyeux. Pas grand chose à sauver donc si ce n'est une mise en scène pas dégueulasse mais qui ne se distingue jamais, un boogeywoman en tout CGI qui ridiculise ses scènes d'apparitions (les meilleures idées du film sont clairement quand la menace est hors-champ) et une Jessica Chastain qui joue toujours bien malgré un personnage à la ramasse. Un film déjà oublié pour ma part.

De loin l'un des meilleurs films de Stone que j'ai pu voir à ce jour, et même si je suis clairement pas un grand fan du réalisateur c'est typiquement le genre de films qui prouve qu'il a un certain talent de touche à tout. Moi et le football américain, ça fait deux, je ne comprend absolument rien aux règles et même si c'est toujours plus intéressant que de regarder des chochottes courir après un ballon rond, le fait est que le sujet n'avait pas vraiment de quoi me séduire au premier abord. Mais Any Given Sunday se révèle être bien plus qu'un simple film de sport, puisqu'il est avant tout un film sur une équipe et sur les différentes échelles de rang social, ce qui donne une œuvre qui ressemble étrangement à un film choral. Les meilleures parties du film sont clairement celles qui traite des personnages d'Al Pacino et de Cameron Diaz, deux personnes que tout opposent mais qui vont devoir s'entraider pour mener à bien l'équipe dont ils s'occupent. Pour le reste, soit les personnages sont trop vite éclipsés (celui de James Woods notamment, ou même celui de Dennis Quaid) soit on tombe dans de l'histoire clairement pas originale (Jamie Foxx en jeune premier qui va voir le succès lui monter à la tête).

Néanmoins, et c'est bien là la grande force du film, le film n'est jamais ennuyeux malgré une durée qui peut paraître un poil excessive. Le fait que le récit tient bien la route et que Stone est tout simplement génial lorsqu'il filme les matchs. Alors oui, ce n'est pas toujours lisible, mais chaque match possède sa propre force visuelle (celui sous la pluie est magnifique) et émotionnelle et on en vient à être totalement immergé dans l'action, notamment dans le climax final qui prend bien aux tripes. Le casting est énorme et même si chaque acteur n'est pas forcément autant utilisé qu'on voudrait le voir, on a quand même quelques grandes interprétations qui ressortent, en particulier celle de Pacino tout simplement énorme dans son discours de motivation final, et Cameron Diaz trouve là le plus grand rôle de sa carrière.