DES HOMMES SANS LOI-------------------------------------------
John Hillcoat (2012) |
8.5/10Des hommes sans loi squatte de nombreux tops concernant les films sortis au ciné cette année et on le comprend aisément en sortie de salle. Pendant près de deux heures, on est plongé dans l'intimité d'une famille de trafiquants d'alcool au temps de la prohibition, entre scènes de famille traitées avec justesse et courses poursuites teintées de gunfight qui ne tombent jamais dans l'excès. C'est d'ailleurs à mon sens ce qui fait tout le charme de ce Lawless, ce choix de ne jamais tomber dans la fresque ambitieuse comme avait pu le faire en son temps (avec réussite) les incorruptibles par exemple. Ici, il n'est jamais question de banditisme à grande échelle, l'action ne prend pas place à Chicago mais dans une petite bourgade avoisinante, où tout le monde se connaît et est finalement complice avec le sourire d'un trafic d'alcool qui est juste suffisant pour alimenter un marché local.
Ainsi Hillcoat peut pendant toute la première partie de son film se concentrer sur la cellule familiale de la fraterie Bondurant. Entre un frère aîné mutique auquel une vie routinière suffit et un cadet ambitieux dont le but est de trouver grâce aux yeux de son grand frère, naviguent des personnages qui essayent de trouver leur place entre eux deux. Hillcoat soigne ses personnages, on les prend quasiment tous en sympathie, du coup lorsque le film bascule, on s'implique totalement dans ce qui se passe à l'écran. Malheureusement, où il réussit à trouver la sobriété et le ton juste pour traiter de la prohibition, il tombe dans l'excès et la grandiloquence avec le personnage de Pearce. Ce dernier surjoue en permanence et inflige au flic zélé qu'il incarne un côté excessif qui ne lui sied guère, estompant l'impact de certaines séquences clés de la dramaturgie de l'histoire.
Cela étant dit, le reste est d'un tel niveau qu'on ne saurait faire la fine bouche. La réalisation est impeccable, en retenue mais inspirée d'un point de vue photographique, l'ambiance musicale est très réussie, on reste accroché jusqu'au bout du générique, complètement sous le charme de sonorités bien marquées. Et puis surtout, hormis Pearce, le casting est au top. Hardy est époustouflant et bouffe littéralement l'écran. Son charisme naturel et sa présence animale suffisent à lui donner une présence intense. Chastain est pour sa part touchante et complémentaire avec la brute qu'elle tente de rendre plus sentimentale. Même Labeouf tire son épingle du jeu et sait se montrer à la hauteur si l'on excepte quelques séquences où il tente de se donner un côté badass, il n'a pas la gueule de l'emploi, malheureusement pour lui.
Au final, Lawless se présente comme un incontournable du genre, un film subtil et intelligent qui traite davantage de la famille que la prohibition mais tire habilement partie de l'omniprésene de ce sous thème pour sublimer une histoire fraternelle très touchante.