BE KIND, REVIEW!

On est prévenus dès l'apparition du logo détourné de la Columbia, Cat Ballou est un western mais aussi une comédie. Par contre je ne le considère pas comme une parodie, les codes ne sont pas vraiment détournés à des fins humoristiques, ils sont justes traités avec une certaine légèreté.

Le film est réalisé par Elliot Silverstein en 1965, et on sent de la part du réal une volonté de proposer quelque chose qui sorte des sentiers battus, le western traditionnel ricain étant sur la pente descendante à cette époque. On a donc droit à un mélange de genres qui personnellement m'a plus que convaincu puisque j'ai passé un très bon moment! Le film rend un hommage rigolard et assez émouvant au genre, et s'il n'évite pas un côté alignement de poncifs, son ton particulier le sauve de la banalité. On y retrouve des figures familières, des personnages de voyous au grand cœur, de méchants très méchants (la preuve: ils sont balafrés ), et de vieilles légendes sur le retour. Et tout ce beau monde se croise dans une intrigue pleine d'énergie (même si finalement assez classique) dans laquelle on suit la quête de vengeance d'une charmante Catherine Ballou, jeune femme innocente qui après le meurtre de son père va plonger dans l'univers des hors-la-loi pour prendre sa revanche.

Campée à la perfection par une Jane Fonda belle à croquer (ses yeux méritent un 10/10 direct ), Miss Ballou est une héroïne attachante qui se forge un sacré caractère au fil de ses aventures. Et si la douce Catherine se transforme doucement en redoutable Cat, celle-ci nous réserve tout de même quelques scènes bien cocasses, même si le principal argument comique du métrage reste Lee Marvin dans un rôle de vieux pistolero accro à la bibine. Complètement bourré pendant les 3/4 du métrage, le bonhomme enchaine les situations à la limite d'un épisode de Tex Avery et ça m'a bien fait marrer. Détail important, c'est surtout un humour qui a oublié d'être lourdingue (non, je ne vise pas du tout les Pétroleuses ) puisque ce n'est pas non plus LE moteur du film. Ici aucun genre n'a été traité par dessus la jambe, au-delà de l'ambiance bon enfant on a surtout droit à un univers western qui se tient, qui s'avère très généreux en rebondissements et nous offre même quelques plans magnifiques! Le réal a su trouver le bon équilibre et c'est payant. Petite frustration quand même, on dirait que les personnages de Fonda et Marvin on eu droit à toute l'attention, si bien que les second rôles gravitant autour ne servent pas à grand chose, c'est plutôt dommage. Cependant cette déception s'efface de temps en temps, lorsque deux joueurs de banjo venant chanter le récit de l'héroïne apparaissent, parfois au moment même où l'action se déroule. Comme si l'histoire qui défilait sous nos yeux faisait déjà partie intégrante de la légende de l'Ouest. Une bonne idée qui achève de rendre le film hautement sympathique!

TERRORE NELLO SPAZIO (La Planète des Vampires), de Mario Bava (1965): 9/10

Quel plaisir de revoir ce film! La planète des Vampires a beau se faire un peu discret dans la filmo de Mario Bava, je le classe facilement parmi ses réussites. Et vu que je ne suis absolument pas objectif avec ce réalisateur, j'ajoute aussi que le bonhomme fait partie de cette petit poignée de grands artisans qui avaient toujours une petite coudée d'avance sur les autres. Car pour moi ce film (adapté d'une nouvelle de Renato Pestriniero) c'est un peu le Alien des années 60. Quand on résume l'histoire dans les grandes lignes ça parait presque évident: On a un vaisseau spatial qui reçoit des signaux étranges provenant d'une planète inconnue. Celle-ci semble au départ déserte, mais l'équipage va vite faire la connaissance d'une créature capable de prendre possession de leurs corps pour mieux les décimer. On est pas très loin du Ridley Scott sorti presque 15 ans plus tard franchement ! On trouve un autre point commun entre les deux films, ce talent pour distiller un réel suspens tout du long, pour créer une ambiance angoissante et mettre en place une mythologie vraiment intrigante: voir pour cela la découverte par nos héros des squelettes d'une espèce disparue, dont on adorerait connaitre les origines! En fait en regardant bien il n'y a pas beaucoup d'action, pas des tonnes de dialogues non plus. On est plutôt dans la contemplation, on accompagne l'équipage dans son exploration et on passe avec lui de découvertes en surprises. Pour ma part je trouve que c'est une bonne manière de contrecarrer le côté légèrement insipide de certains personnages pas très travaillés puisqu'on se retrouve dans le même bain qu'eux, sans informations aucunes, incapables de savoir ce qu'il va se passer, ça nous rapproche un peu des héros.



Bava joue avec les nerfs de tout le monde, prend du plaisir à créer le doute (est-il sous l'emprise d'un alien ou non? Et lui? Et elle?), et se permet même de clore le métrage avec un final jouissif qui n'aurait pas fait tâche dans un épisode de la Quatrième Dimension! Ensuite oui, visuellement La planète des Vampires est totalement ancré dans les sixties, et le commun des mortels risque vite d'avoir l'impression de se noyer dans un océan de kitsch. Les costumes futuristes peuvent paraitre aujourd'hui bien tocs et la fameuse planète baigne souvent dans des lumières assez criardes (bon c'est pas non plus Flash Gordon hein). Mais bon moi c'est tout ce que j'aime! Et quand je vois ce que Luigi Cozzi fait avec Hercule ou Starcrash, je trouve même Bava très sobre de ce côté là. Pas de fluo dans tous les sens, pas de monstres en peluches, le réal raconte son histoire avec les moyens du bord mais surtout un sérieux impérial et une sincérité évidente. Non la seule fausse note du film à mon sens c'est le jeu des acteurs, pas mauvais mais un peu mous du genou. Ça manque un peu de conviction, ils n'ont jamais vraiment l'air de se sentir en réel danger. M'enfin c'était juste histoire de trouver un élément négatif, histoire de ne pas passer pour une groupie devant un film qui laissera sans doute de marbre bon nombre de spectateurs, pour ne pas dire qu'il les fera gentiment ronfler . Personnellement je reste toujours conquis par ce p'tit morceau de SF hautement réjouissant, au charme rétro inaltérable. Par contre, joie des retitrages improbables de l'époque, il n'y a évidemment aucun vampire à l'horizon.