"Les supporters sont remontés dans le bus, j'ai fermé les portes, j'ai suivi les consignes. Un CRS est venu me faire signe de ré-ouvrir. Je l'ai fait, ils ont gazé et tiré à l'intérieur du car."
Dimanche soir, à l'issue du match Reims-ASSE, des incidents ont éclaté entre les forces de l'ordre et les supporters.
"Il était impossible de communiquer avec eux"
David Ginon,employé de la SRT
Deux des 4 chauffeurs de bus présent témoignent :
"Je me suis adressé aux forces de l'ordre pour les tempérer et leur expliquer que je ne pouvais pas repartir car je n’avais pas de visibilité, raconte Rachid Tamar. On m'a répondu : "On s'en fout de qui tu es". Je me suis alors retourné pour remonter dans le car, et j'ai pris un coup de matraque qui m'a pratiquement fait perdre conscience. Ce sont les supporters qui m'ont porté et allongé dans le bus."
La pilule ne passe pas non plus du côté de l'employeur, la société stéphanoise SRT. Suite à ces incidents avec les CRS, le directeur de la compagnie a déposé plainte contre X pour dégradation d'un véhicule. Rachid Tamar, conducteur, a également déposé plainte, en attendant que la vidéosurveillance détermine l'auteur du coup de matraque.
La première grenade lacrymogène aurait été lancées sur les chauffeurs seuls, alors que les supporters étaient encore dans l'enceinte du stade.
"On a pourtant l'habitude des forces de l'ordre, mais là, c'est du jamais vu, confirme David Ginon, chauffeur. Tout le monde était dans le bus, prêt à repartir. Il n'y avait pas de menaces, mais les CRS ont quand même chargé."
Les deux professionnels insistent sur l'impossibilité de communiquer avec les forces de l'ordre, communication qu'ils doivent pratiquer, en principe, en cas de problème.
"En tant que personne extérieure, je peux vous dire qu'ils ont poussé les supporters à bout. C'était provocation sur provocation. ils ont tapé sur la carrosserie du car avec leur matraque, jusqu'à ce que l'on soit hors de leur portée", poursuit David Ginon.
Les réparations du car atteindraient la somme de 2000 € selon Denis Collomb, directeur de la SRT, qui affirme : "Même à Gerland, dans le contexte le plus hostile qu'il soit, nous sommes reçus correctement et il n'y a pas de problème".
Mélanie Bourlhonne
"Une attitude policière comme celle-ci gâche tout le travail fait en amont"
Denis Collomb, directeur de la société de transport SRT
Depuis 15 ans, nous travaillons avec les Green Angels. Nous travaillons aussi avec les renseignements généraux, nous avons de bons contacts. Ce qui s'est déroulé à Reims est inacceptable. Nous envoyons deux conducteurs par bus, par respect de la législation. nous avons des consignes pour le transport et pour nos chauffeurs. Nous les avons respectées et c'est la première fois qu'il y a des heurts avec les forces de l'ordre d'une telle violence. Après s'être fait molester, mon personnel aurait pu faire valoir son droit de retrait et ne plus vouloir repartir. Qu'aurait-on fait avec une centaine de supporters voire plus, restés sur place, de surcroît matraqués et gazés juste avant ? Qui aurait accepté de les ramener à Saint-Étienne ? Heureusement, ils ont été très professionnels et ont repris la route. Mais comment fait-on pour conduire pendant 500 km après avoir pris une bombe lacrymogène dans la figure ? Et si un des bus s'était pris un poteau en rentrant ? Je salue le travail de mes employés, je tiens à dire que tout se passe bien avec les Green Angels, les responsables des groupes savent gérer leurs troupes. Seulement, avec une attitude policière comme celle-ci, tout le travail fait en amont avec la sécurité et les Green eux-mêmes qui est gâché.
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