Je ne comprends pas la sympathie encore intacte que procure ce show sur le grand public. Vraiment pas. Alors certes, Stranger Things est une série très facile à apprécier. Elle déclenche une nostalgie avec sa DA, sa reconstitution d'une époque chérie. Elle donne à manger à tout le monde. Aux ados elle donne de l'identification en dressant une palette de jeunes tous différents mais aussi chacun doté d'un bon fond. Aux parents une figure à laquelle se rattacher quoi qu'il arrive, surtout si vous êtes un parent peu sûr de vous, flippé par votre ado en rébellion, on va vous rassurer en vous disant que si, vous aussi, vous pouvez être un héros. Aux losers, aux incompris, aux mal aimés, aux fragiles, aux défoncés, on va vous prendre par la main et vous dire que si, vous pouvez vous aussi être un héros. On prend un baton et on crée une ligne avec les méchants d'un côté, et les gentils de l'autre. Ca, c'est Stranger Things, depuis le début. Un générateur de vibes et d'esthétique, un produit marketing parfait. Et la saison 1 se suffisait à elle-même, aurait pu se ranger dans le lot des productions Amblin des 80's à qui elle doit tant. Elle crachait des références appréciées des cinéphiles pour montrer que si, on sait de quoi on parle. On sait à qui on a volé les airs de synthé. Et l'essai était réussi parce que court dans le temps. A peine 10 épisodes. Ca aurait pu faire un film. Et basta. Mais non, la saison 2 était une tentative de duplication assez pathétique de la recette de la première saison. Et la troisième tenait avant tout sur l'intégration de nouveaux personnages et le resserrement du récit sur un lieu bien défini (le centre commercial).
La saison 4 est une catastrophe. Pourquoi ? Parce qu'elle se Marvelise. C'est simple, on prend tout ce qui a déjà marché et on met dans un mixeur. On crée un graaaaand méchant, on étend l'univers, et on fragmente les storylines pour donner de l'épaisseur au récit. Problème : la recette était déjà moisie au premier réchauffage. Deuxième problème : le méchant est mal écrit. Très mal écrit. Tellement mal écrit qu'au bout de la moitié, on sait déjà plus quoi en faire. On l'humanise ? On le déshumanise ? C'est un sérial killer psychopathe qui se sert des traumas des gens pour les vampiriser ou c'est le mal incarné qui va créer l'apocalypse ? Dur de choisir. Troisième problème : aucun personnage n'existe. N'existe vraiment, j'entends. Il y a trois catégories de personnages : les récurrents, increvables (quand un de tes persos est à 30cm d'une explosion qui éradique une lignée de méchants pourtant plus loin mais s'en sort intact, ça traduit la volonté de ne surtout rien mettre en danger dans l'exploitation potentielle des personnages rentables en vibe et en émotions diverses et variées) ; les secondaires insupportables mais trop "cool" pour mourir (Murray, le dude défoncé aka Jar Jar Binks, WILL...etc etc) et la chair à paté (des personnages qui ne sont qu'esquissés que pour mourir, si possible vite et dans d'atroces souffrances). Même les personnages principaux increvables n'existent jamais. Ils ne sont que des pions dénués de background, de psychologie et donc d'enjeux. Qui est 11 si ce n'est une enfant soldat avec des pouvoirs ? D'où vient-elle ? Comment a-t-elle eu ses pouvoirs ? Est-elle seulement humaine ? Qui est Hopper, vraiment ? N'est-il résumé que par ses traumas et son sale caractère ? Pourquoi faudrait-il s'en faire pour lui, au juste ? Qui sont tous ces jeunes ? A quoi pensent-ils ? Quelles sont leurs préoccupations ? Qu'est-ce qu'ils aiment ? Lucas est le fil d'une bonne famille qui se met à roder avec des jocks, prêt à trahir tous ses amis pour quoi au juste ? Une bande de connards ? Robin, qui était une des seules réussites de la saison 3, ne parait résumée que par sa sexualité sans jamais soulever le moindre questionnement sur son identité propre. Pourquoi ? Parce qu'elle n'en a pas. On ne sait pas qui elle est, d'où elle vient, ce qu'elle aime dans la vie à part les filles et les vestes masculines. Et la liste est longue. Et honteuse. Mais il y en a une pire...
(SPOILERS : je vais m'énerver)
Celle des facilités scénaristiques. Non parce que...on en parle des facilités ? Des plot holes ? Du catalogue INSENSE de clichés scénaristiques : du méchant qui raconte sa LIFE pendant MILLE HEURES en expliquant qu'il va TUER DANS D'ATROCES SOUFFRANCES la personne au bout de ses ongles avant de laisser le temps à WHOEVERTHEFUCK de se sauver le cul. Des deus ex machina de SA RACE (à côté Dark Knight Rises c'est L'Armée des ombres). Des ellipses miraculeuses. Des explications PETEES DU CUL sur la mythologie foireuse d'un méchant en BOIS. Donc le gars se fait exploser la gueule par une gamine de 10 ans et ça crée une faille dans sa gueule (COMMENT ?) mais aussi dans le mur, mais aussi dans la REALITE (ah bon ? ok) et il tombe dans une sorte de limbes du mordor de TA MERE avec des bêtes qui rôdent mais d'un coup, comme ça, il devient ce monstre beau comme un cul pelé après la canicule et il CONTROLE le sable géant dans le ciel. Hmm hmm. Et donc il agglomère par un mouvement de doigt un conglomérat de puissances inconnues et de bestioles cheloues, les connectant à lui de manière spirituelle et profonde comme une ruche d'abeilles, donc (ah bon ?), tout ça pour se faire marave par une gamine qui crie très fort et saigne du nez mais gagnée par la puissance de l'amour d'un pauvre puceau qui lui crie qu'elle est son super-héros favori mais QUOI ? Je veux bien que pour faire avancer un récit, surtout dans l'univers du fantastique, on fait passer un contrat avec le spectateur qui va accepter une ou plusieurs situations inconcevables dans ce qu'il perçoit être le réel mais là...c'est plus une situation ce sont des couleuvres qu'il faut avaler et ce ne sont pas 2/3 couleuvres mais un ANACONDA qu'il faut insérer de son propre plein gré dans son...Bon. J'ai pas aimé. Mais vraiment pas. J'ai souffert le martyre. Et la seule explication pour que les gens veulent s'insérer des anacondas c'est qu'ils sont conditionnés. Comme celui qui regarde un soap sait que c'est nul. Mais ça donne ce qu'on attend que ça donne. Comme on regarde de la télé réalité. Ou des vidéos de chat. C'est efficace. Ca fait le job. Ca divertit. Et bah moi, ça me dégoute. Pas parce que je suis mieux que tout le monde. Non, je suis plus con. J'ai gardé en tête les promesses des débuts. J'ai toujours en moi la promesse d'un hommage naif mais sincère à Amblin, à Carpenter, à des univers qui m'ont bercé. Parce que moi aussi, comme tout le monde, je suis nostalgique. Mais par contre non, j'aime ni les couleuvres, ni les anacondas. Mais ce que j'aime surtout pas, c'est qu'on me prenne pour un abruti. Qu'on me fasse croire que c'est ok que suivre un truc nul du moment qu'on en a conscience. Non, ça passe pas. Sinon je peux aussi aller regarder Touche pas à mon poste pour paraitre intelligent, ou le Tour de France pour rattraper mon manque de sommeil. Non. Si c'est nul, c'est nul. Donc, en résumé, la saison 5, ils savent où ils peuvent se la mettre. 0/10