Firefoxde Clint Eastwood (1982)
Opus guerrier et patriotique, ce Firefox permet surtout à Clint de se la jouer héros ricain face au grand méchant Soviet. Rien d'extraordinaire en cette période toujours de Guerre froide, où le cinéma US a souvent jouer d'auto-propagande au patriotisme exacerbé (Rocky 4, l'aube rouge, etc...).
Dès le début on est très vite dans le bain, avec ce personnage vétéran du Vietnam, dont le trauma est exposé après même pas 3 minutes (crash, prisonnier torturé, petite fille brûlée vive), sacré entrée en matière (et non ce n'est pas Rambo qui est sorti un peu plus tard).
Le voilà donc recruté de force par ses anciens collègues militaires afin d'aller chez l'ennemi dérober un avion furtif dont la technologie dépasse la leur de beaucoup. Ce fantasme de l'époque comme quoi les Russes avaient une technologie supérieure (ça entretient bien la peur et donne prétexte à la course aux armements) sera d'ailleurs aussi au coeur d'A la poursuite d'Octobre Rouge quelques années plus tard.
Le film prend le temps d'installer un climat opressant dès l'arrivée de Clint en URSS sous une fausse identité. La traque qui s'ensuit avec le KGB donne lieu a une suite de scène tendues plutôt bien maitrisées et qui rendent parfaitement l'atmosphère opressante dans laquelle vivent les gens sous dictature. A ce titre une longue séquence de fuite dans le métro, puis le jeu de cache-cache dans la gare qui s'ensuit, sont d'une belle efficacité.
On remarquera les facilités scénaristiques avec de gros sabots, comme par exemple le fait que tous les scientifiques Russes qui ont conçu le Firefox sont forcément des Juifs, opressés, et qui oeuvrent en secret pour livrer l'avion aux Américains... Vu le nombre d'infos qu'ils ont fait fuiter pour organiser le vol, ils auraient directement pu balancer les plans...
La scène du vol de l'avion est également pas mal amenée avec une tension croissante, le colonel russe responsable comprenant au fur et à mesure ce qui est en train de se passer jusqu'au moment inexorable (pour l'anecdote c'était amusant de retrouver dans ce rôle Kenneth Colley, un habitué des uniformes d'Empire du mal puisqu'il jouait l'Amiral Piett dans Star Wars!).
S'ensuit tout le final avec Clint aux commande du super-avion, et là quand on a vu Top Gun Maverick récemment ça fait un peu de peine... Les SFX sont assez médiocres sur les scènes de vol il faut bien l'avouer, même pour l'époque je trouve. On ne ressent jamais les effets de la vitesse sur les pilotes. Et influence Star Wars, Clint duplique même la scène de la tranchée de l'étoile noire!
Le fin du fin est que l'armement du Firefox est supposé répondre à la pensée du pilote, et donc par simple télépathie instantanée pouvoir balancer sa puissance de feu, ce qui en fait l'arme absolue du sous-titre français du film. Mais pour retranscrire ça à l'écran, Clint fait articuler cette pensée à son personnage, de sorte que la commande répond à sa voix et non plus à sa pensée. Et le temps de réaction supposé être imbatable devient sous nos yeux encore plus long que si il devait presser la gachette... Vu que c'est le clou du film, c'est dommage de se louper là-dessus.
Enfin, le film se termine de manière très abrupte, dès la destruction du second Firefox lancé à ses trousses, piloté par l'unique Russe capable de le faire, celui dont Clint a piqué la place dans le premier avion, et qu'il a gentiment laissé en vie précédemment pour faciliter cette pirouette scénaristique (pourtant tuer l'agent du KGB dans la gare ne l'avait pas gêné).
Clint a gagné, le monde libre est sauf, The End.