[Criminale] Ma Critique de 2022

[Alegas]

D'ailleurs Criminale, tu comptes écrire sur Le prisonnier d'Alcatraz ? Ne crois pas que ton log Letterboxd est passé inaperçu.

[Criminale]

Yes, c'est ce que je disais sur le topic Covid (mais faut attendre que je sois en télétravail pour ça )

[Alegas]

Le prisonnier d'Alcatraz de John Frankenheimer - 1962

Énorme prestation de Burt Lancaster dans le récit autobiographique de Robert Franklin Stroud connu sous le nom de Birdman of Alcatraz après avoir trouvé un jour dans la cour un moineau blessé, le recueilli, le soigna et l'apprivoisa.

Rare sont les films de prison qui capturent aussi bien la sensation oppressante de l'incarcération que celui là. Le super noir et blanc de John Frankenheimer y est pour beaucoup et parvient à mettre sans difficulté le spectateur dans la peau de Stroud. Les plans sont très resserrés et les angles de prise de vue et les mouvements de caméra donnent l'impression que l'on est dans cette cellule, notamment les plans qui mettent en scène Burt Lancaster derrière les barreaux dont les ombres se reflètent sur son visage. Une métaphore soignée pour faire comprendre qu'il n'y pas que les oiseaux qui sont en cage.

Lancaster, que l'on voit 95% du temps à l'écran, est parfaitement juste dans son interprétation d'individu incapable de s'adapter au monde qui l'entoure, ni aux règles et contraintes de la société qui le dépassent. Il arrive à être à la fois sobre et touchant lors qu'il s'occupe des oiseaux et menaçant le reste du temps que ce soit envers les détenus ou les prisonniers, il donne toujours l'impression d'être à deux doigts de craquer (ce qui arrivera parfois d'ailleurs). Toutes les scènes où l'on voit Lancaster prenant soin de ses oiseaux sont d'un réalisme saisissant.

Le film dure 2h30 mais on arrive à ne pas s'ennuyer du tout malgré tout (parce que je dois avouer que le synopsis donne pas méga envie) grâce à tous les thèmes sous-jacents imbriqués dans l'histoire que ce soit la valeur d'un homme, la peine de mort, le rôle des prisons, de leurs gardiens et la possibilité d'un lien humain même en isolement.

On sent bien par contre que l’histoire est un peu trop enjolivée et arrive à faire de cet homme qui est un meurtrier quelqu'un de respectable pour qui certains demanderont même une remise en liberté. Il n'en reste pas moins que l'on adhère assez facilement à ce film doté d'un souffle optimiste en arrivant à filmer une vie presque accomplie dans cet espace minuscule. C'est la "victoire" de l'individu sur un système répressif.

[Alegas]

[Mark Chopper]

Tu peux encore participer au challenge Nick Cage de manière rétroactive

[Criminale]

C'était une bonne idée de faire revivre ces challenges franchement et c'est sympa aussi de voir le recap avec toutes les critiques.

Ca permet de motiver à voir des films que je n'aurai peut être pas voulu voir à l'instant t.

@Mark, il y a encore quelques Burt sur Canal que je dois pouvoir mater.

[osorojo]

Que se passe-t-il sur ce topic ??
Je voulais le voir celui-là, mais je n'aurai pas grand chose d'autre à dire, je ne te remercie pas.

[Alegas]

The Lighthouse de Robert Eggers - 2019

Right on time

Histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890. J

Il y a du très très bon :
- Willem Dafoe et Robert Pattinson nous offre des prestations aussi impressionnantes qu'ahurissantes (mention spéciale aux goélands).
- L'ambiance maritime et poisseuse évoquant la photographie des pionniers du XIXe siècle est hyper bien retranscrite avec ce superbe noir et blanc au format carré qui accentue ce sentiment d'isolement et d'étouffement sur l'île. On a vraiment l'impression de voir un film des années 20.
- Au niveau du son, on est proche d'une expérience sensorielle avec ce son de sirène enivrant.
- C'est très fort de pouvoir être enthousiasmé et effrayé en même temps.

Mais à coté de ça, j'ai parfois eu l'impression que ça virait à l'exercice du style. Pas mal de scènes inutiles à mon sens (on voit Pattinson se masturber un paquet de fois, bon quand on représente le phare comme objet phallique ya plus rien qui ne m'étonne). L'impression de revivre les mêmes passages à chaque fois (ils s’engueulent, se racontent des histoires puis finissent bourrés).

Je sors de la séance avec un sentiment assez particulier puisqu'il s'agit vraiment d'un trip dans lequel j'ai eu un peu de mal à rentrer comme souvent avec ce genre de pellicule (on est pas loin du film d'horreur). Je ne saurai même pas dire si j'ai aimé ou non mais à la fin j'étais comme ces gardiens j'avais hâte que ça s'arrête.

[osorojo]

J'en ai pensé la même chose. C'est formellement dingue, les acteurs sont habités, mais sur la distance ça tourne clairement à l'exercice de style un peu lourd, bien d'accord avec toi.

[Mark Chopper]

j'ai parfois eu l'impression que ça virait à l'exercice du style

Comme son dernier film donc.

[Alegas]

Apocalypse Now de Francis Ford Coppola - 1979

Quelle incroyable découverte! 40 ans après sa sortie il n'a pas pris une ride, la réalisation est grandiose et la copie en blu-ray lui rend parfaitement hommage.

Tout a déjà été dit 100 fois sur film donc je vais juste me concentrer sur ce que j'ai préféré et pas essayer d'analyser le film :

Pour le challenge Robert Duvall, c'était le film parfait. Il apparaît peu mais marque le film de son empreinte dans le rôle du lieutenant-colonel Kilgore, fan absolu de surf, qui ordonne la fameuse attaque du village et sous le son de « La Chevauchée des Walkyries », je me suis même remis le passage à la fin tellement c'est juste anthologique,. Il fait de la guerre un style de vie et s'en nourrit même, c'est-à-dire qu'il la glorifie. Pour lui, la guerre n'est qu'un jour comme les autres, alors pourquoi ne pas aller surfer ? Il dote le film de plusieurs répliques cultes en particulier: « Vous sentez cette odeur ? Vous sentez cette odeur ? Le napalm fils. Il n'a rien d’autre au monde qui ai cette odeur là. J’adore respirer l’odeur du napalm le matin.»

Coppola a dit « Mon film n’est pas un film. Mon film ne traite pas du Vietnam. Il EST le Vietnam. Exactement comme il l’était.». C'est exactement l'impression que j'en ai eu. Un voyage onirique et poétique qui au fil de l'eau et à mesure que l'on s'enfonce avec le bateau au plus profond de la jungle devient un cauchemar psychédélique comme cette guerre. Chaque arrêt effectué sur le fleuve est une nouvelle épreuve à surmonter pour pouvoir s'enfoncer un peu plus dans la folie. L'horreur y est célébrée tantôt avec une mélancolie tragique, tantôt avec panache et folie.

Martin Sheen est parfait dans le rôle du capitaine qui incarne le calme au milieu de la tempête. On le voit essayer de tenir bon malgré la folie de cette guerre qui à l'air de s'emparer de tout le monde autour de lui.

Une oeuvre sur laquelle le temps n'a aucun impact et qui me donne vraiment envie de me plonger dans le docu portant sur le tournage du film.

[Alegas]

Un voyage onirique et poétique qui au fil de l'eau et à mesure que l'on s'enfonce avec le bateau au plus profond de la jungle devient un cauchemar psychédélique comme cette guerre. Chaque arrêt effectué sur le fleuve est une nouvelle épreuve à surmonter pour pouvoir s'enfoncer un peu plus dans la folie.

Le jour où tu veux le revoir, je te conseille vraiment de tenter la version Redux, qui pousse encore plus loin cet aspect du film en le faisant parfois rentrer dans un trip fantastique (le fameuse scène de la plantation française, où les occupants sont visuellement traités comme des fantômes). Peut-être que, comme certains, tu n'y trouveras pas ton compte, mais dans le cas contraire ce sera un gros kiff pour toi.

[Criminale]

Yes c’est ce que je m’étais dit.

[Alegas]

114) La Colline des hommes perdus 8/10

[Dunandan]

Il est aussi sur ma liste, en tous cas les avis sont unanimes.