ll était une fois en Chine, Tsui Hark (1991)
J’ai toujours autant plaisir avec cet indispensable du Kung Fu Pian, l’ayant vu et revu dans pratiquement toutes les éditions possibles, de la VHS au Blu-Ray. Le Criterion, que j’ai vu aujourd’hui, offre d’ailleurs le meilleur écrin à ce jour, les couleurs et les contrastes pètent comme jamais à l'écran.
On ne présente plus Wong Fei Wong qui est au cœur de OUATIC, héros populaire par excellence chinois, un artiste martial protégeant les plus faibles. Mais le traitement qu’offre Tsui Hark est particulièrement intéressant, en mettant en avant les tensions locales et internationales à l'œuvre en cette fin du XIXème siècle, et la crainte qu’ont les locaux de perdre leur identité au sein de tout ce bordel. Ce qui reflète bien d’ailleurs la situation du genre du film d'arts martiaux, lui-même en pente descendante en termes de popularité, et cela Tsui Hark l'a bien compris, en nous pondant une œuvre quand même bien crépusculaire (même si Blade poussera évidemment le curseur bien plus loin).
Jet Li y incarne ici l’un de ses rôles les plus emblématiques, bien droit dans ses bottes, mais contraint pour notre plus grande joie à se battre quand il aura fait le tour de tous les moyens pacifiques sous la main (il tape même sur ses disciples pour qu'ils arrêtent). On y retrouve aussi parmi ses plus beaux combats (avec OUATIC 2, Le maître d'armes, et Fist of Legend), chorégraphiés à la perfection sous la direction du fameux Yuen Woo Ping (je pense surtout aux combats sous la pluie qui sont une pure merveille, celui avec les échelles qui a dû être bien galère à tourner, sans oublier le petit intermède avec le parapluie qui est bien classe).
On l’aura compris, je n’ai pas beaucoup de reproches à faire (d'autant plus que ce film a façonné une grosse partie de mon amour pour le genre), peut-être juste au niveau du rythme car le début est quand même une longue introduction, mais nécessaire quelque part pour poser le contexte et le background, et vu la qualité de cette édition, je me suis bien régalé à suivre cette reconstitution pas mal foutue.
Et le personnage de Jet Li n’est pas le seul progatoniste intéressant du lot, mais il y a aussi Foon, interprété par Yuen Biao (qui formait l’un des Lucky Seven avec Jackie Chan et Sammo Hung), qui se retrouve souvent dans des situations pas possibles et constituant un peu le liant entre les principales intrigues, et évidemment le deuxième maître qui offre un superbe contre-point au quasi inébranlable monstre de vertu qu’est Wong Fei Hung. Je ne vais pas faire la liste de tous les personnages secondaires car il y en a un paquet, mais ils parviennent tous à exister (petit regret par contre pour le fight avorté entre l'américain et Wong Fei Hung). Un petit mot quand même sur la charmante Rosamund Kwan qui parvient à ébranler les sens du maître (pas que d'ailleurs) sans trop encombrer le récit avec des petits moments cocasses et plein de tendresse (j'adore la séquence des ombres chinoises), et qui a même une certaine importance dramatiquement parlant (le rapport à l'Occident).
Bref, pour qui aime le genre, difficile de faire la fine bouche. De mémoire, le deuxième opus est plus efficace (et pis on retrouve Donnie Yen, excusez du peu), mais je pense que je préfère celui-ci à cause de son background un peu plus étoffé, ce qui en fait un peu plus qu'un simple film d'arts-martiaux avec ses enjeux géopolitiques (certes, les passages avec les étrangers ne sont pas les meilleurs, en gros tous des gros bâtards - à part le prêtre - mais j'ai vu bien pire dans le genre).
Note : 9/10