Les Gens de la Pluie de Francis Ford Coppola - 1969
Challenge Robert Duvall (mais toujours pas dans un premier rôle)
Petit à petit, je complète la filmo de Coppola et c'est... étonnant. Après
Peggy Sue s'est mariée, je découvre que Coppola avait déjà réalisé un film avec une femme en personnage principal. Mais contrairement à Kathleen Turner, qui se posait des questions sur son passé, ici Shirley Wright prend les choses en main pour changer son futur.
C'est un point de vue intéressant, d'autant que le film a été tourné en avril 68 et que l'élan de liberté dont est prise le perso principal sera plus réservé aux hommes, prenant la route pour un questionnement métaphysique plus ou moins douteux. Ici elle se met en chemin sans but précis et ne sera pas déçue du voyage. Le point de départ est le ras le bol de la vie de femme mariée, qui ne vit que pour son époux, et une sorte de refus de la maternité. En retour, le destin lui renverra les mêmes problèmes malgré ses désirs d'émancipation.
Sur ce point, Coppola arrive à être subtil grâce au perso de James Caan, brute-enfant, qui deviendra un boulet pour elle, comme un gosse dont elle n'aurait pas voulu. La métaphore a du sens et Caan incarne vraiment bien ce semi-demeuré, sorte de Lenny de Steinbeck, qui inspire autant le danger que la pitié. En revanche, je suis plus réservé sur Duvall, assez peu introduit et réduit à une caricature névrosée, qui devra incarner le mâle dominant et le père autoritaire (comme tous ceux du film d'ailleurs). A vrai dire, je ne sais pas si c'est un coup de maître ou un loupé, mais finalement l'arrivée de Duvall fait vraiment rentrer le film dans le rang. Jusque là, le film était sur le fil du rasoir avec des persos et situations un peu originaux, de jolis moments de cinéma (notamment la scène de la première nuit avec Caan), après, tout devient prévisible. D'ailleurs, au détour d'une conversation on nous spoile la fin...
C'est vrai que ça renforce l’inéluctabilité du sort de Shirley Wright, mais en même temps, ça sape toute finesse. Du coup, encore un film où je sors mitigé.
6/10