[Pabelbaba] Mes Absolom 2022

[pabelbaba]

Babe ou le Doberman?

[Dunandan]

Le Doberman. Babe va y passer du coup.

[pabelbaba]

Le Petit Soldat de Jean-Luc Godard - 1963

Le film est sorti en 63, mais tourné en 60, juste après A Bout de Souffle. La raison étant bien sûr la censure, qui a empêché la sortie du film avant la signature des accords d'Evian. On a donc un film qui traite de la guerre d'Algérie, pendant le déroulé de celle-ci.

Et bien c'est assez déroutant. D'un côté, le traitement général du film rappelle énormément A Bout de Souffle, avec ces jeunes gens qui semblent aussi inconséquents que réfléchis, agissent sur un coup de tête, mais partent dans des monologues ou des conversations profondes assez complexes. Certaines scènes se répondent, notamment les amants au lit. On a toujours des soucis de post synchro, qui perturbent pas mal, mais permettent d'avoir l'ensemble des acteurs qui jouent d'un ton le plus neutre possible. Aucune émotion ne passe par la voix. C'est là qu'il commence à s'éloigner de sa première bobine : il n'y a quasiment plus aucun "naturel" qui se dégage des acteurs. Et ce n'est pas la froideur d'Anna Karina qui va arranger les choses.

De l'autre côté, on a un thème bien plus sérieux que pour son premier film, on s'enlève, se torture, s'assassine, il y a vraiment une volonté de montrer ce qu'il se passe à cette époque. On se rapproche alors plus de Made in USA ou de Pierrot le Fou, où Godard torturait aussi son personnage. Cependant, ici, avec un ton clinique, malgré des envolées littéraires, cela donne une impression d'inéluctabilité et de renvoi des parties dos à dos, tant on ne peut pas vraiment s'attacher aux personnages. C'est une façon de faire très intéressante et originale, surtout si on tente de regarder le conflit de façon objective. Mais en même temps, le spectateur reste alors détaché des images devant cette absence d'implication...

Difficile de noter ce genre de film, mais clairement pour le culot et le mode opératoire, je dois bien avouer que Godard a réussi son coup.

7/10

[pabelbaba]

Les Carabiniers de Jean-Luc Godard - 1963

On profite de cet hommage pour faire le ménage sur les étagères.

Là on passe à la farce militaire... et... c'est... moins bien on va dire. Tournage en trois semaines, un casting pas dingue (l'un des deux "héros" est joué par un musicien frère de Luc Moullet, sévissant sous pseudo.), un montage expérimental, ça va pas concurrencer Le Jour le Plus Long. Cependant, il faut bien avouer que Godard se sert d'artifices aussi absurdes que réussis pour nous faire croire à ce conflit mondial qui prend place en banlieue. Le mélange avec des images d'archives, c'est à la fois rigolo et bien vu. La puissance des bruitages est particulièrement mise en avant et c'est dingue de s'apercevoir qu'un gars avec un fusil qui traverse le cadre pour se mettre à couvert sous un bruit de rafales de mitrailleuses, ben ça fait le taf!

Il nous présente d'ailleurs assez bien les horreurs d'un conflit, mais ça part tellement dans tous les sens qu'il est difficile de prendre le propos au sérieux. Le "mec si con" je ne m'en suis pas remis. Sans parler de la scène bien trop longue de présentation des prises de guerre en cartes postales, ça va trop loin pour moi.

Du coup, je me suis laissé porter, sans trop réfléchir, mais l'expérience n'est pas très concluante.

3/10

[Alegas]

On profite de cet hommage pour faire le ménage sur les étagères.

Tu as tant de Godard que ça ?

[pabelbaba]

C'étaient les deux derniers en DVD. Ca date de l'époque où ils étaient à 1-2€ sur Cdiscount, du coup ça doit faire plus de 15 ans et 4 déménagements que je les traîne.

[pabelbaba]

Renegade d'Enzo Barboni - 1987

Séance doudou, nostalgie débile, devant ce film vu il y a fort bien longtemps...

L'adulte que je suis à présent aurait dû trouver cela navrant. Entre le scénario pas bien compliqué, typique de l'époque, et qui traîne pourtant son lot d'incohérences, les scènes de remplissage (2/3 du film! ) avec un humour Hillien bien spécifique et pas plus novateur qu'une relecture de mythe par Jean-Jacques Abrams, un climax bien pantouflard avec Robert Vaughn qui ne sait pas ce qu'il fout là... c'est objectivement à peine mieux qu'un Bud Spencer/Terence Hill aux US.

Mais voilà, maintenant il y a 50 détails qui me parlent : même si elles sont en boucle tout le film, Simple Man et la reprise de Call me the Breeze par Lynyrd Skynyrd, ça fait une bonne BO! Hill dirigé par Barboni avec des voisins mormons sympas, c'est un clin d’œil rigolo. Maintenant je sais que Ross Hill, ben c'est le gosse de Terence! Et il n'est pas plus mauvais qu'un Shia Labouf au même âge. Et puis avec de jolis plans sur la route, ça le goût des bobines pas dingues, mais sympathiques comme Le Convoi ou Over the Top.

Du coup difficile d'en dire du mal. Y'a bien des coups de mou, des gags enfantins, des retournements de situations en carton, mais la bonne humeur prend l'avantage.

4,5/10

[pabelbaba]

P.R.O.F.S de Patrick Schulmann - 1985

Enfin...

Je vais pas tourner autour du pot, ce film est un putain de chef d'œuvre. Faire une comédie sur les profs et le personnel d'éducation en n'ayant rien à foutre des gamins, c'était un fucking concept. Du coup on se moque de leurs travers et ils y passent tous : casse-couilles, mal-baisés, sadiques, artiste raté, inconscient, dans la Lune, cynique... et le pire, c'est que même les persos principaux y passent!

La force du scénario, finalement assez simple, c'est d'avoir mis en place un jeu de massacre ludique avec des pièges absurdes qui montent crescendo. Le coup du lit ça va trop loin, mais c'est suffisamment bien amené pour qu'on se marre quand même. D'autant que le casting n'est pas 5 étoiles. Y'a Guy Montagné et Isabelle Mergault quand même! Chacun est utilisé à bon escient, Luchini en tête. C'est dingue de voir Camille de Casabianca ici, mais ça marche! Le meilleur étant Laurent Gamelon, pourtant loin d'être un cador, mais dont les cours de sport sont de vrais sketchs.

Voilà donc une comédie française bien foutue, fun et avec un propos malgré tout!

7,5/10

[Mark Chopper]

"Il pense que Hong Kong est un gorille géant "

Je surkiffe ce film

[angel.heart]

Il est cool, celui-là.

La belle époque où on pouvait voir du cul, des boobs et d'la touffe dans la comédie française.

[pabelbaba]

La belle époque où on pouvait voir du cul, des boobs et d'la touffe dans la comédie française.

En effet, un oubli de ma part dans la critique.

D'ailleurs, il faut noter que les demoiselles n'ont pas été oubliées puisque Gamelon lâche un full frontal!

[Dunandan]

Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson - 2002

Quasi 20 ans après, je retente cette comédie romantique.

Pas sûr que mon avis ait tellement changé. A vrai dire, j'aime beaucoup le perso de Sandler. Pourtant les cassos ce n'est pas ma tasse de thé. Mais là, le fait que sa famille l'étouffe et lui provoque des crises d'angoisse au point de tout péter, ça me parle. A côté de ça, l'histoire avec l'arnaque au téléphone rose me plaît aussi beaucoup, avec de bons moments d'acting ou de retournement de situation. On ressent vraiment sa panique et Sandler s'en sort à merveille. D'autant que les clashs avec Philip Seymour Hoffman sont vraiment réussis et que la baston fait son petit effet.

Cependant, tout le reste me laisse bien plus perplexe. En premier lieu le perso d'Emily Watson, tellement fonctionnel que la romance peine à convaincre. Alors on a de jolies images, notamment la scène de l'affiche ou les points de vue de Sandler qui la regarde partir à plusieurs reprises. Mais ça ne peut pas suffire à créer du lien entre eux. D'ailleurs, en parlant d'images, comme pour Boogie Nights, je trouve la réalisation bien trop voyante. Raccords dans l'axe, plans séquences vue de derrière le perso, cadrages "symboliques" (la chaise vide pendant le coup de fil... c'est trop), ça ne fait jamais naturel. J'ai du mal à comprendre pourquoi c'est le cas, mais le fait est que je n'arrive pas à m'enlever de la tête le mode "analyse cinéma" devant un PTA. Ca n'arrive que très rarement avec les autres réalisateurs. Peut être à cause de certains loupés, comme la scène où Sandler remonte à l'appartement de Watson et que la confusion fonctionne difficilement. Enfin c'est assez désagréable et l'immersion s'en trouve flinguée.

Du coup je reste mitigé sur le film même si Sandler fait bien plus que le taf.

6/10

[Mark Chopper]

Tu as maté ce film au lieu de Crazy Dad... Si ce n'est pas la preuve que tu vieillis

Plus sérieusement :

je trouve la réalisation bien trop voyante.

J'ai parfois ce souci avec Wes Anderson.

[pabelbaba]

Tu as maté ce film au lieu de Crazy Dad... Si ce n'est pas la preuve que tu vieillis

J'ai une excuse, il part de France TV Slash à la fin du mois.

J'ai parfois ce souci avec Wes Anderson.

Pareil, mais vu l'angle choisi par lui, c'est cohérent avec ce qu'il montre.

[Alegas]

Au coeur des volcans: Requiem pour Katia et Maurice Krafft de Werner Herzog - 2022

Je profite de cette actu pour regarder mon premier documentaire d'Herzog ( Ennemis Intimes ne compte pas vraiment, c'est plus un making of multiple avec commentaire audio intégré ). Le thème attisait ma curiosité dans la mesure où j'ai toujours entendu parler de ce couple sans jamais vraiment rien savoir sur eux.

Herzog avait déjà réalisé un documentaire sur les volcans, par conséquent ici il va surtout mettre en avant le couple et leurs images. En effet, hormis quelques rares passages sur la campagne alsacienne, toutes les scènes sont constituées des archives du couple. Herzog les a donc "simplement" montées et commentées. Difficile de savoir au final la plus-value apportée par lui, tellement les images sont effectivement incroyables. Parfois, il n'a qu'à laisser les séquences s'étirer sur fond de musiques diverses et on en prend plein les yeux. Ce couple était dingue et ça se voit.

Il tente malgré tout de remonter à la source et de montrer les changements opérés dans leur façon de faire et d'être, mais c'est fugace. Finalement Herzog se rend compte qu'on ne peut pas vraiment expliquer ce goût de l'exploration qui ira de paire avec le goût du risque. Pour nous rendre compte de cela, il faut passer par des images impressionnantes, mais aussi tragiques. Certains passages sont vraiment durs, les cadavres d'animaux, ça va, mais ceux en train de mourir et certains restes humains plein cadre, c'est hard... Ceci dit, c'est nécessaire pour se rendre compte des risques encourus et de ce qu'ils finiront par subir. Ca peut paraître voyeuriste, surtout les moments s’appesantissant sur leurs derniers jours, néanmoins ça fait éclater leur façon de vivre et leur passion sans avoir à développer des arguments pendant des plombes.

Du coup, les choix d'Herzog sont vraiment payants, on est autant émerveillé qu'effrayé, tout en comprenant aisément la passion et la folie qui les animait.

8/10