J'accuse de Abel Gance
(1938)
(1938)
Voilà un film que j’avais très hâte de découvrir suite à la vision l’année dernière du film qu’il reprend. On a donc ici un des premiers exemples de remake par un même réalisateur de sa propre œuvre, et pour le coup la symbolique est assez puissante derrière ce choix : J’accuse avait été réalisé en 1919 et condamnait la folie de la guerre à la sortie d’un conflit mondial, et Abel Gance décide de remettre à jour le récit alors que l’Europe s’apprête à sombrer à nouveau dans un massacre. Comme le dit un carton de fin, rajouté plusieurs années plus tard, cette seconde version se veut être la preuve que la France, jusqu’au bout, a cru qu’une solution pacifique était possible, et de ce fait le message que lance Gance se veut forcément plus puissant.
Ceci dit, il faut bien avouer que le film en lui-même est nettement moins convaincant que son aîné. C’est le premier film sonore du réalisateur que je découvre, et je pense qu’on tient là un bon exemple de metteur en scène qui n’aura pas vraiment su évoluer avec la technologie. En soi, le film se tient plutôt bien, mais pour peu qu’on ait encore en tête le film d’origine, la comparaison fait mal : d’un film virtuose aux idées de mise en scène flamboyantes pour son époque, on passe à un film très sage, comme si la réalisation de Gance n’avait pas évolué en vingt ans, et donc à un film qui semble très en retard sur son temps (quand on se dit que la même année sortait Le quai des brumes, ça la fout mal). De plus, Gance fait des choix narratifs assez curieux, sûrement par volonté de s’éloigner autant que possible du récit d’origine, mais pour au final arriver à quelque chose de vraiment pas fameux. Exit la longue partie d’exposition et de guerre du film de 1919, ici on arrive directement au passage où le meilleur ami du héros meurt, et donc la majeure partie du récit va se concentrer sur l’après-guerre, avec des storylines pas très convaincantes (tout le truc autour de Diaz qui crée le verre acier et qui sera repris à des fins militaires, gros bof). Du coup, il y a un peu l’impression de voir un film où Gance a réellement pensé son début et sa fin, mais qu’il a brodé comme il pouvait au milieu, et c’est chaud de constater que le film de 1938 a de sérieux coups de mou alors que le film original, pourtant deux fois plus long, se tenait bien mieux sur ce point.
Le final rattrape un peu ça, même s’il en fait beaucoup trop autant dans son traitement (Francen qui hurle dans toutes les langues à plusieurs reprises, ça fait plus sourire qu’autre chose) que dans sa finalité (il suffit que les morts reviennent et hop c’est la paix dans le monde), mais il a le mérite de délivrer quelques images très fortes, à l’image de ce défilé de gueules cassées. Mais là encore, je me demande vraiment si je ne préfère pas la version de 1919, qui avait ses défauts de longueur mais qui me paraissait plus équilibrée. Au final, ça donne un film intéressant sur bien des points, et à la note d’intention particulièrement louable, mais qui est nettement inférieur au modèle qu’il tente de renouveler.
Ceci dit, il faut bien avouer que le film en lui-même est nettement moins convaincant que son aîné. C’est le premier film sonore du réalisateur que je découvre, et je pense qu’on tient là un bon exemple de metteur en scène qui n’aura pas vraiment su évoluer avec la technologie. En soi, le film se tient plutôt bien, mais pour peu qu’on ait encore en tête le film d’origine, la comparaison fait mal : d’un film virtuose aux idées de mise en scène flamboyantes pour son époque, on passe à un film très sage, comme si la réalisation de Gance n’avait pas évolué en vingt ans, et donc à un film qui semble très en retard sur son temps (quand on se dit que la même année sortait Le quai des brumes, ça la fout mal). De plus, Gance fait des choix narratifs assez curieux, sûrement par volonté de s’éloigner autant que possible du récit d’origine, mais pour au final arriver à quelque chose de vraiment pas fameux. Exit la longue partie d’exposition et de guerre du film de 1919, ici on arrive directement au passage où le meilleur ami du héros meurt, et donc la majeure partie du récit va se concentrer sur l’après-guerre, avec des storylines pas très convaincantes (tout le truc autour de Diaz qui crée le verre acier et qui sera repris à des fins militaires, gros bof). Du coup, il y a un peu l’impression de voir un film où Gance a réellement pensé son début et sa fin, mais qu’il a brodé comme il pouvait au milieu, et c’est chaud de constater que le film de 1938 a de sérieux coups de mou alors que le film original, pourtant deux fois plus long, se tenait bien mieux sur ce point.
Le final rattrape un peu ça, même s’il en fait beaucoup trop autant dans son traitement (Francen qui hurle dans toutes les langues à plusieurs reprises, ça fait plus sourire qu’autre chose) que dans sa finalité (il suffit que les morts reviennent et hop c’est la paix dans le monde), mais il a le mérite de délivrer quelques images très fortes, à l’image de ce défilé de gueules cassées. Mais là encore, je me demande vraiment si je ne préfère pas la version de 1919, qui avait ses défauts de longueur mais qui me paraissait plus équilibrée. Au final, ça donne un film intéressant sur bien des points, et à la note d’intention particulièrement louable, mais qui est nettement inférieur au modèle qu’il tente de renouveler.
5,5/10