Les Prédateurs aka
The Hunger de Tony Scott - 1983
Double challenge Sarandon/Dafoe
Voilà un film bien fascinant!
D'un côté, on est tout de suite happé par cette ambiance sexy et malsaine insufflée par les acteurs et le réalisateur. Le casting en fait des caisses, prend la pose, se lâche sur les scènes osées (enfin pour Deneuve c'est surtout sa doublure.
) et ça fonctionne très bien. La cause, c'est que Scott se lâche tout autant. C'est dingue de voir que nombre de ses motifs habituels sont déjà là, en particulier les inserts rapides et les transitions travaillées. En plus il donne un charme fou au film avec une science du cadre et du montage qui donne parfois un aspect clipesque ou publicitaire, mais dans le bon sens du terme. Il se permet aussi de jouer en permanence avec la lumière puisque tout le film ou presque se déroule dans la pénombre. Plastiquement, ça en jette, c'est indéniable.
Cependant, à l'instar de
Boogie Nights, il m'a été impossible de ne pas penser à d'autres films pendant toute la bobine. Rien que le thème, à savoir le combat contre obsolescence, crie
Blade Runner. David Bowie, Rutger Hauer, même combat! D'autant que ce n'est pas la seule similitude entre les films des deux frangins, la nuit omniprésente, l'enquêteur tiers qui ne sert pas à grand chose, les femmes fatales d'un autre âge avec des choucroutes de l'espace.
Ca fait beaucoup d'éléments qui captent l'attention et semblent parasiter le visionnage. Cependant, ce n'est pas pour autant qu'il s'agit d'un remake moins ambitieux ou d'un brouillon tardif. En effet, ça va plus loin que ça. Le ciné de Tony Scott est ultra poreux, absorbe beaucoup de choses qu'il retranscrit. Comment ne pas penser à Sautet en voyant tous les personnages fumer comme des pompiers (ok, c'est peut être une déformation gotlibienne.
). Comment ne pas penser à John Woo en voyant ces colombes. Ah, on me glisse dans l'oreillette qu'il s'en servira bien après!
Mais alors, pour
le Flic de Beverly Hills 2, ce ne serait pas un clin d'oeil? Les réalisateurs se renverraient-ils alors la balle?
Comme Ridley qui prendra fort logiquement Sarandon pour jouer dans
Thelma & Louise tellement sa prestation ici la rendait évidente pour jouer aux côtés de Geena Davis...
Du coup, je n'ai pas exactement le même sentiment que devant le Paul Thomas Anderson, qui me criait sans cesse "Scorsese". Ici il y a bien un mélange, avec des choses d'ailleurs, mais aussi beaucoup de choses de Tony Scott, qui arrive à donner une élégance folle à sa bobine. C'est ce qui est fascinant avec Scott, son cinéma est bien à lui, mais on peut y trouver un tas de choses de ses contemporains. Ce que ses derniers lui rendront bien d'ailleurs.
7,5/10