Lire, c'est bien. Partager ses coups de cœur, c'est mieux. Voici donc le top 5 de mes lectures 2022 (par ordre de découverte) :
1.
Imaginer la pluie / Santiago Pajares (2017)
Prenez
Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry et
La Route de Cormac McCarthy. Mélangez-les dans un shaker. Servez ensuite avec une écriture minimaliste et poétique. Le tour est joué.
2.
V13 / Emmanuel Carrère (2022)
Recueil des chroniques du procès des attentats du 13 novembre 2015 signées par Emmanuel Carrère pour
L'Obs. Comme pour le procès, il s'agit moins ici de comprendre les motivations des coupables (morts, pour la plupart) que de donner la parole aux victimes (les survivants bien sûr, mais pas seulement : les morts sont également convoqués via leur entourage). Un texte très, très difficile à encaisser (je dormais mal après en avoir lu quelques pages), mais nécessaire.
3.
Le Mur invisible / Marlen Haushofer (1963)
Vous reprendrez bien un peu de post-apo ? Une femme, qui séjournait avec des amis dans un chalet en forêt, se retrouve soudain coupée du monde par un mur invisible. Au-delà : rien n'a survécu. Elle doit apprendre à cultiver, à chasser et à pécher pour survivre en compagnie d'une poignée d'animaux de compagnie et de ferme. Roman longtemps oublié, récupéré par des féministes et des écolos au prix d'une lecture un brin réductrice, l'œuvre de Marlen Haushofer interroge notre rapport à la modernité et le sens de la vie (rien que ça).
4.
Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au crépuscule / Kazuo Ishiguro (2009)
Rien que pour la seconde nouvelle, intitulée "Come Rain or Come Shine" (j'ai lu le recueil en VO en vacances, j'ignore son titre français), ce recueil mérite d'être cité. L'un des textes les plus drôles que j'ai lus de ma vie. Jamais la crise de la quarantaine ne m'aura autant fait rire.
5.
L'Homme qui danse / Victor Jestin (2022)
A travers le parcours d'un clubbeur (un brin autiste ?) qui n'a jamais réussi à construire une véritable relation avec autrui, Jestin confirme les promesses de son premier roman (
La Chaleur). On pourra reprocher à l'auteur la non-évolution de son personnage, mais l'intérêt de son travail réside ailleurs : son personnage fait de surplace, mais le monde autour de lui évolue sans cesse et s'abîme, année après année, dans le culte de l'individualité au détriment du collectif. Un texte assez angoissant.