Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda - 1962
Challenge Burt Lancaster
C'est un film qui m'a toujours intrigué sans pourtant savoir de quoi il s'agissait jusqu'il y a très peu de temps.
Sur la forme, j'ai été très agréablement surpris par les choix vraiment modernes de Varda, on est en pleine nouvelle vague et ça se voit : elle tente tout. Passage symbolique de la couleur au noir et blanc, répétitions, une majorité des scènes se passent en extérieur... ça ne sent pas le rance! Côté acteurs, on a affaire à des pros. Pourtant certains viennent du théâtre, mais la diction paraît naturelle et on est à mille lieux des jeux irréels de certains zozos de l'époque. Même l'introduction d'amateurs dans des petits rôles fonctionne parfaitement. Ceci dit, Michel Legrand joue presque son propre rôle et Godard est muet.
Résultat, Varda peut dérouler son road movie parisien en toute décontraction. En effet, on va déambuler au contact de Cléo qui va partager (ou pas) son grave souci avec diverses personnes pour des résultats très divers. Rien de vraiment révolutionnaire, entre la femme de compagnie, l'amant, les relations de travail, l'amie et l'inconnu, on n'a rien de bien original, cependant le cheminement est bien pensé et les échanges vraiment naturels malgré les changements de ton réguliers. J'ai peu de souvenirs des prestations de Corinne Marchand, mais ici elle arrive à ne pas simplement jouer la simple ingénue sur laquelle une calamité s'abat. J'ai vraiment le sentiment que le film aurait été très différent avec Seberg, Darc ou Bardot à sa place et pas en mieux.
Du coup, j'ai été conquis par le film, sa fausse simplicité et son naturel malgré un thème grave. Et puis les très nombreuses vues de Paris ont fait chavirer mon cœur.
8/10