8 mm |
De Joel Schumacher |
7.25/10 |
Synopsis
"Privé" à Harrisburg, Pennsylvanie, Tom Welles mène une vie banale avec sa femme Amy et leur petite fille. Entre deux filatures pour adultère, il rêve de l'affaire exceptionnelle qui fera de lui un grand parmi les grands. Lorsqu'une richissime veuve lui demande d'enquêter sur le film 8 mm qu'elle a découvert dans le coffre de son défunt mari, Tom bascule dans un univers dont il ne soupçonnait pas l'existence. Les sévices et le meurtre de la jeune inconnue filmés sur la bobine sont-ils seulement une perverse mise en scène ou bien une terrifiante réalité ?
Clairement déconseillé aux plus jeunes, même s'ils peuvent trouver plus choquant en l'espace de quelques secondes.
Joel Schumacher nous livre au départ un film de style policier qui se mute en revenge movie.
A la fois réaliste et fantasmé, une plongée dans le milieu de la pornographie à la fois via les rayons des sexshops accessibles à tous et les réseaux de trafics en tous genres pour avoir accès aux chefs d'œuvre plus glauques.
La mise en scène bien dark, montre la facette moins glamour d'Hollywood où les ados rêvant de l'American dream se retrouvent à faire des casting bien peu reluisants. Schumacher pose sa caméra sur les marginaux qui arpentent les trottoirs de LA, loin du cliché de la cité des anges et de ses villas luxueuses. Des plans suggestifs plutôt que du vrai voyeurisme appuyé , une ambiance poisseuse underground.
Beaucoup de sonorités qui fonctionnent et qui peuvent agacer, détourner l'attention du spectateur pour souligner ou faire durer le suspense.
Le coté marché noir clandestin des films porno manque un peu de crédibilité avec des stands selon les origines ethniques, qui ressemblent plus aux stands pays du monde de la foire de paris.
Coté action, les rares affrontements sont réalistes contrairement aux œuvres contemporaines, ce qui souligne le coté humain des personnages à la fois du coté du héros que du coté des pornographes. Nous n'avons pas des combats où les adversaires se prennent 15 coups de couteaux sans bronche, ce qui permet une respiration entre deux frappes.
L'enquête est aussi à l'ancienne avec le début du numérique et des téléphones portables. On se rend compte de la difficulté de l'époque de recouper les données, se creuser la tète pour avoir une nouvelle piste, éplucher les fiches papiers des disparu(e)s pendant des heures alors que de nos jours, tout ça se règle en quelques clics.
Cage livre une bonne interprétation, et comme le film ne peut pas tout montrer, l'horreur des images doit se voir et se ressentir sur le visage de son héros, c'est plutôt réussi (pas de surjeu à l'horizon)
De bons seconds rôles dont James Gandolfini, Peter Stormare qui endossent les rôles de bad guys avec brio sans en faire trop.
La seule lourdeur de 8 mm, pour nous faire des piqures de rappel comme quoi l'investigateur est un bon père de famille, ce sont les appels téléphoniques quotidien à sa femme et à son bébé qui n'apportent vraiment rien au script.
Schumacher nous dépeint une triste réalité, et se demande à plusieurs reprises le but de ces vidéos extrêmes faites de violences gratuites et les réponses sont souvent pas très inspirées ou tragiques malheureusement. On aurait pu creuser et trouver des motivations plus convaincantes.
Il nous questionne aussi sur nos propres déviances et perversions, où est la limite entre le bien et le mal. A quel moment, Cage bascule dans l'illégalité et en fait une affaire personnelle., Est-ce mieux de régler ça par ses propres moyens ou d'impliquer le système judiciaire sans être sur du résultat final. Par exemple, Cage voit passer des vidéos pédopornographiques mais ne fait rien pour contrer cela, préférant se focaliser sur la victime dans le cadre de son enquête.
Un sous texte religieux avec les noms de personnages ou leur entourage, les thématiques de la culpabilité, de la rédemption, en gros de 7 péchés capitaux.
Malgré sa durée, très peu de temps morts, rythme plutôt soutenu.
De nos jours, ces réseaux sociaux qui sont pour certains des machines à fric à la recherche du buzz montre que le curseur se déplace de jour en jour pour plus de nudité, violences, provocations, bêtises en tous genre car c'est le nerf de la guerre.