[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Ascenseur pour l'échafaud - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 07 Juil 2022, 13:06

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Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle
(1958)


Dans le genre gros classique du cinéma français, ça se pose là : d’une part le film est régulièrement cité parmi les plus grands films que notre pays ait produit, d’autre part c’est probablement l’un des films français les plus cités hors de nos frontières, probablement grâce à la bande-son de Miles Davis qui a beaucoup contribué à sa grande popularité. De mon côté, j’avoue que j’avais quelques appréhensions qui ont fait que je n’ai pas tenté le visionnage ces dernières années, notamment parce que j’avais souvent lu un rattachement à ce film avec le mouvement de la Nouvelle Vague, chose qui se confirme à la découverte, mais pas forcément dans le mauvais sens. Alors clairement, à mes yeux ce n’est pas un grand film, il y a trop de défauts pour ça, mais par contre je comprends aisément l’engouement qu’il peut y avoir autour d’un métrage qui fonctionne en grande partie avec son ambiance singulière.

Le script est plutôt malin, fonctionnant avec une poignée de personnages et de lieux : un homme tue son patron pour s’enfuir avec la femme de ce dernier, pour cela il commet le crime parfait mais se retrouve bloqué dans un ascenseur toute une nuit. De ce pitch plutôt prometteur, on va avoir trois storylines à suivre sur la majorité du film : les tentatives de l’homme pour s’échapper de sa cage, la femme qui l’attend et le cherche désespérément dans un Paris nocturne, et un couple d’ado qui a volé la voiture du tueur et qui va, par la force des choses, créer une situation encore plus complexe une fois que le bonhomme sortira de l’ascenseur. Côté écriture, pas grand chose à redire, c’est plutôt efficace même si le tout début est maladroit (le mec commet un crime nickel, mais oublie un truc tellement évident que ça le rend ridicule, il y avait sans doute moyen de trouver mieux) et le seul regret que j’aurais serait que le film soit pas des plus passionnant quand on suit les ados, cet arc aurait mérité de ne pas prendre autant de temps. Un sentiment qui doit sans doute beaucoup aussi au jeu d’acteur, et là pour le coup c’est clairement un des points noirs du film, qui m’empêche d’y voir une grande œuvre : le casting a beau être plutôt bien fourni, la majorité des comédiens jouent façon Nouvelle Vague, avec ce sentiment de les voir réciter leur texte de façon théâtrale (un défaut que les non-francophones ne doivent probablement pas capter du coup). Le couple d’ado est particulièrement représentatif de ce défaut, mais je pourrais aussi citer le tout premier dialogue entre Ronet et Moreau qui m’a rappelé les pires moments de Hiroshima mon amour avec des dialogues surécrits et surjoués qui ne donnent jamais le sentiment d'être les paroles d'un amour authentique. Au final, le seul acteur qui joue très bien, c’est Lino Ventura, et manque de bol il apparaît en tout et pour tout une dizaine de minutes, exclusivement sur le dernier tiers.

Formellement, c’est plutôt solide pour un premier long de fiction de la part de Malle, à mi-chemin entre la future Nouvelle Vague et le film noir, mais je n'ai rien trouvé d’exceptionnel non plus. Les meilleures scènes sont souvent celles avec Ronet dans l’ascenseur qui tente plusieurs moyens pour s’en sortir, c’est celles qui fonctionnent le mieux en termes de tension mais aussi de narration uniquement par l’image. Sinon, impossible de ne pas mentionner la BO de Miles Davis, musique improvisée en quelques heures alors que le trompettiste avait vu le film juste avant. Pour le coup, c’est une musique qui élève le métrage, lui conférant une ambiance assez unique, notamment lorsque Moreau marche seule dans les rues de Paris, d’où ma réflexion écrite plus haut : je pense sincèrement que sans cette musique, la popularité du film aurait connue un tout autre destin, et il aurait probablement été noyé parmi les autres productions françaises de l’époque. En bref, c’est un film avec des qualités évidentes, surtout quand on le remet dans son contexte (il sort plusieurs mois avant A bout de souffle et Les quatre-cent coups), mais bien trop plombé par ses défauts d’acting pour prétendre à être un grand film.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Jeu 07 Juil 2022, 15:07

Pour le coup, c’est une musique qui élève le métrag


Très bien réutilisée dans Burning d'ailleurs :oops:
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Hommes le dimanche (Les) - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 08 Juil 2022, 17:01

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Menschen am Sonntag (Les hommes le dimanche) de Edgar G. Ulmer, Fred Zinnemann & Robert Siodmak
(1930)


La perspective de découvrir, avec un seul film, la première expérience de mise en scène de trois futurs réalisateurs qui feront carrière hors de leur pays, était plutôt tentante, surtout quand l’un de ses réalisateurs a pour nom Zinnemann. Et si on ajoute à cela le fait que ce même film est l’un des premiers essais d’un certain scénariste du nom de Billy Wilder, autant dire que ça pousse clairement à la curiosité. A l’arrivée, si le film est pas spécialement ce qu’il y a de plus mémorable en ce qui me concerne, il y a eu assez de choses pour maintenir mon intérêt, notamment tout le contexte dans lequel s’inscrit le métrage, et qui le transforme en étape assez importante dans l’histoire du cinéma allemand. En effet, ce dernier est, à la fin des années 20/début des années 30, en pleine inspiration expressionniste, et c’est donc à contre-courant de la tendance que se pose ce petit film qui va plutôt se faire dans une pure tendance naturaliste. Sur un pitch tout bête (quelques hommes et femmes vont profiter de leur week-end ensoleillé pour passer du bon temps à la campagne), les trois réalisateurs vont faire un film un peu spécial, à mi-chemin entre le film de fiction, qui va développer de façon très simple quelques relations entre personnages, et le film documentaire pour saisir l’état d’esprit d’un Berlin alors en pleine mutation.

Le souci, c’est que les parties fictionnelles ne sont vraiment pas captivantes, et donnent souvent l’impression d’être une base de court-métrage qu’on aurait étirée sur un long, et du coup c’est surtout le côté documentaire du métrage qui va retenir l’attention, notamment parce qu’il permet de découvrir un paisible Berlin d’avant-guerre, qui n’existe quasiment plus aujourd’hui, lors d'un été radieux où personne ne se doute des évènements qui arriveront une décennie plus tard. Formellement, ça fait concrètement de la Nouvelle Vague avant l’heure, en filmant directement dans les rues, et souvent avec des caméras cachées pour noyer les acteurs dans la foule anonyme. Alors forcément, avec les moyens de l’époque, c’est assez limité (on a souvent des caméras qu’on devine posées dans des chambres d’hôtel pour filmer en contrebas) et c’est donc pas fou visuellement, mais il y a clairement de l’idée derrière la démarche. A l’arrivée, ça donne un film qui convainc surtout pour ses intentions formelles et le contexte social et historique qu’il filme, et c’est juste dommage qu’il n’y ait pas un script et des personnages forts qui viennent soutenir l’ensemble.


5/10
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Sauver ou périr - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 10 Juil 2022, 10:08

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Sauver ou périr de Frédéric Tellier
(2018)


J’avais eu de bons échos sur ce film suite à sa sortie en salles, et ça se confirme à la découverte vu que c’est le meilleur film de son réalisateur à ce jour. Après L’affaire SK1, Frédéric Tellier change radicalement de sujet en s’intéressant cette fois à l’histoire d’un pompier qui, après une opération incendie, va se retrouver brûlé sur une grande partie du corps, notamment le visage, et le film va donc s’intéresser à tout un processus de remise en forme, autant physique que psychologique (on notera du coup l’affiche complètement à côté de la plaque, qui donne l’impression qu’on va voir une comédie romantique). Si la première demi-heure est pas spécialement passionnante, puisqu’on va suivre le quotidien d’une caserne de pompiers, avec les répétitions que cela entraîne (ça cherche jamais le spectaculaire à la Backdraft, et heureusement), elle se révèle quand même utile pour la suite car elle va poser le mode de vie du personnage principal, qui a dédié sa vie à son métier et qui compte faire une brillante carrière dans cet environnement. A partir de l’accident, le film commence réellement, et pour le coup j’ai trouvé le métrage assez réussi dans un équilibre pourtant difficile à maîtriser, à savoir éviter de tomber dans le tire-larmes d’un côté, et éviter une froideur en prenant trop ses distances de l’autre.

Plus qu’un film sur une remise en forme physique, c’est surtout un récit où un personnage doit apprendre à faire le deuil de sa vie passée pour en commencer une nouvelle, et ça passe par plusieurs étapes intéressantes qui sont pas forcément toujours évoquées dans ce genre d’histoire (je pense notamment au rapport à la sexualité, on traite rarement de l’attirance qui peut disparaître pour l'être aimé suite à un accident, alors que c’est un problème assez évident). Le métrage fonctionne plutôt bien en termes d’émotion, c’est pas non plus parfait mais il y a pas mal de séquences assez déchirantes qui doivent beaucoup à l’interprétation. Sur ce point, Pierre Niney assure dans un rôle qui confirme son aisance dans le registre dramatique, et Anaïs Demoustier est toujours une valeur sûre, surtout qu’elle a ici un rôle pas facile à gérer puisqu’on peut facilement prendre son personnage en grippe sur le dernier tiers (alors que sa réaction est très compréhensible au fond). Formellement, Tellier confirme une absence de style évidente, avec une caméra à l’épaule impersonnelle, mais le bonhomme sait néanmoins faire du fonctionnel, on peut difficilement lui enlever ça. A l’arrivée, ça donne un film agréable à suivre, sur un sujet pas forcément évident à traiter tant c’est déprimant, c’est peut-être pas un film que je reverrais un jour, mais néanmoins ça se recommande aisément.


7/10
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Mauvaise graine - 3/10

Messagepar Alegas » Dim 10 Juil 2022, 13:16

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Mauvaise graine de Billy Wilder & Alexander Esway
(1934)


Alors que le nazisme devient de plus en plus important en Allemagne, Wilder, issu d’une famille juive, décide de quitter son pays d’origine pour rejoindre les États-Unis, où il y fera la carrière qu’on lui connaît aujourd’hui. Fait un peu moins connu : durant son exil, Wilder est passé par la France où il y a dirigé son premier long-métrage en tant que co-réalisateur (voire réalisateur tout court vu qu’il semblerait que le nom d’Esway au générique était là uniquement pour rassurer les producteurs). Une expérience alors inédite pour le scénariste, qui fût une formation pas forcément très heureuse à ses yeux (mais dont il assumait pleinement les erreurs), et lorsqu’on voit le résultat on comprend aisément pourquoi.

Selon Wilder lui-même, le projet avait été fait à la va-vite par pure nécessité financière. Un job alimentaire (quasiment fait pour pouvoir se payer son voyage à travers l'Atlantique), conçu sur la base d’un script qu’il avait écrit en Allemagne, et qu’il va tourner de la façon la plus fonctionnelle et efficace possible, lui qui n’a alors aucune expérience dans la réalisation. Il en résulte un film peu convaincant sur tous les points. Le script, qui raconte l’histoire d’un jeune bourgeois qui va rentrer dans le monde du vol de voitures après que son père lui ait coupé les vivres, n’est jamais passionnant, multiplie les personnages secondaires inutiles, et s’avère même particulièrement bâclé sur son dernier quart. Côté casting, c’est la débandade : le casting de troisième main, de plus dirigé par un réalisateur qui parle à peine leur langue natale, est une catastrophe absolue, et si on rajoute en plus les dialogues écrits n’importe comment, ça donne des séquences vraiment gênantes sur tous les points (les quelques scènes avec le père du héros, mon dieu… :shock: :evil: ). Seule Danielle Darrieux est à sauver, et encore c’est plus pour son joli minois que pour son jeu d’actrice dans ce film.

Si on veut avoir quelque chose d’intéressant, c’est plutôt du côté de la mise en scène qu’il faut se tourner : si rien n’indique que Wilder deviendra le grand réalisateur qu’il sera des années plus tard, il est étonnant de voir qu’il a repris beaucoup du film Les hommes le dimanche qu’il avait écrit quatre ans plus tôt, et il insuffle donc à Mauvaise graine un côté Nouvelle Vague avant l’heure, avec tournage à la sauvette dans les rues, et même une séquence de course-poursuite automobile nocturne où la caméra est embarquée dans les véhicules. A l’arrivée, ça donne un premier film particulièrement oubliable, qui contient plus de maladresses que de promesses pour un futur grand, mais j’imagine que c’est aussi une expérience qui aura permis à Wilder de se faire la main, et de faire des erreurs qu’il ne recommencera plus lorsque, près de dix ans plus tard, il réalisera son premier film hollywoodien.


3/10
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Et Dieu... créa la femme - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 11 Juil 2022, 17:12

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Et Dieu... créa la femme de Roger Vadim
(1956)


Le film qui aura imposé Brigitte Bardot sur la scène internationale, notamment en transformant complètement son image en la faisant passer de nunuche mignonne à sex symbol total. Vu que j’avais déjà découvert un film de la collaboration Vadim/Bardot l’année dernière avec La bride sur le cou, je savais bien qu’il ne fallait pas avoir trop d’attentes, et que ça serait sans doute un film uniquement fait pour sublimer son actrice, mais même si ce constat s’avère vrai il faut quand même avouer que c’est un bon cran au-dessus du film précédemment cité. Déjà, c’est beaucoup moins gratuit en termes d’écriture, et même si quasiment toutes les scènes avec Bardot semblent être là pour permettre à la demoiselle d’exposer ses charmes à l’écran, il y a quand même une réelle volonté de raconter une histoire avec un certain sérieux. Malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit spécialement original, à savoir que c’est un énième récit de femme fatale qui se marie en espérant se ranger, mais qui va succomber à la tentation et faire involontairement le mal autour d’elle.

Un récit avec néanmoins du potentiel, mais traité de façon trop simpliste par un Vadim qui confirme à mes yeux qu’il a surtout du talent pour mettre en valeur ses actrices, car dès qu’il s’agit de filmer et de raconter ses histoires autrement que par du fonctionnel basique, il n’y a plus personne. Du coup, si le film se laisse suivre, c’est surtout pour le charme de Bardot, sexy comme rarement (le plan où on la découvre derrière le linge étendu au soleil, la danse finale, ou la scène sur la plage :love: :bluespit: ), pour le sud de la France de l’époque, et pour le côté tragique de l’histoire d’amour même s’il aurait pu être thématiquement mieux exploité, mais aussi mieux joué (comme d’habitude, Trintignant montre vite ses limites en tant que comédien). Au final, ça donne un film pas désagréable à regarder, intéressant à replacer dans son contexte (c’est dingue de se dire qu’à l’époque, le film a provoqué un torrent de réactions haineuses vis à vis de cette vision libérée de la femme), mais qui manque clairement d’arguments formels et narratifs pour convaincre pleinement.


6/10
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Cinq secrets du désert (Les) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 12 Juil 2022, 16:10

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Five graves to Cairo (Les cinq secrets du désert) de Billy Wilder
(1943)


Troisième long-métrage de Billy Wilder en tant que réalisateur, et c’est une excellente surprise. Avec les films de guerre du début des années 40, il faut souvent se méfier tant on peut tomber sur des gros trucs patriotiques qui n’existent que pour leur portée propagandiste, mais il y a aussi des films qui, derrière l’intention de promouvoir son propre camp, arrivent à tirer leur épingle du jeu et à faire du cinéma, et Five graves to Cairo se range aisément dans la seconde catégorie. Pour le coup, ça doit beaucoup au talent de scénariste de Wilder, qui transpose ici une pièce de théâtre existante dans le conflit Africain de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui fait qu’on va avoir un film quasiment tourné dans un seul lieu (un hôtel perdu au milieu du désert égyptien) mais avec des enjeux qui ne donnent jamais l’impression de voir un truc théâtral.

Mais plus qu’un film de guerre, c’est surtout un pur film d’espionnage avec un soldat anglais qui va, par la force des choses, se faire passer pour un agent double à la botte de Rommel, et va donc jouer un triple jeu puisque son objectif final sera de contrecarrer le plan d’invasion nazi pour prendre le contrôle de l’Afrique. Un pitch plutôt cool qui penche aussi vers du Casablanca vu que l’action se déroule dans un lieu qui va devenir un microcosme de la guerre qui se déroule dehors, ce qui va donner quelques personnages marquants, comme celui de Mouche, jeune française qui prend en grippe le héros au début du film suite aux actions anglaises à Dunkerque, mais qui va devenir un personnage très important sur le dernier acte (le dernier regard entre les deux personnages, et cette scène finale ! :love: ). A ma grande surprise, le film s’avère très ludique et divertissant, c’est vraiment un métrage conçu d’un côté pour encourager l’implication au sein d’une guerre, mais sans jamais perdre de vue le plaisir du spectateur en objectif principal.

C’est en plus formellement maîtrisé : Wilder avait déjà prouvé qu’il était capable d’une mise en scène classe sur son précédent essai, mais là il passe un bon cran qualitativement, avec une photographie très travaillée signée John Seitz (qui fera une bonne partie de ses films suivants), et des séquences bien marquantes (l’introduction avec le char roulant seul dans le désert, ça veut bien le début de Sunset Boulevard comme séquence qui pose le ton en quelques secondes :shock: ). Le seul regret que j’aurais sur le film viendrait peut-être du casting, qui est très bon mais qui manque globalement de charisme pour amener le film au level suivant. Apparemment, c’était Cary Grant et Ingrid Bergman qui étaient prévus pour le duo principal à la base, et c’est clair à mon sens qu’il y aurait eu une vraie différence, même si, encore une fois, Franchot Tone et Anne Baxter s’en sortent vraiment très bien. Sinon, big up à Erich von Stroheim dans le rôle de Rommel, et j’aime bien aussi les deux acteurs qui jouent le propriétaire de l’hôtel et le sous-officier allemand qui a vite des soupçons. Au final, ça donne un excellent Wilder, trop méconnu à mon sens, et qui peut plaire à un paquet de personnes ici.


7,5/10
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Panthère Rose (La) - 7/10

Messagepar Alegas » Ven 15 Juil 2022, 10:59

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The Pink Panther (La Panthère Rose) de Blake Edwards
(1963)


En écoutant récemment le très cool thème musical d’Henry Mancini, je me suis fait la réflexion que je n’avais jamais vu un épisode de cette série de films, du coup je rattrape ce manque en découvrant le tout premier opus. A ma grande surprise, c’est loin d’être le truc vieillot que je m’étais imaginé, et même si c’est assez ancré dans son époque c’est loin d’être un défaut car il y a vraiment un charme 60’s qui se dégage de cette comédie. Côté script, au-delà du pitch de base que beaucoup connaissent, j’ai trouvé ça vraiment très bien écrit. Oui, ça prend parfois un peu trop son temps, notamment dans la première moitié, mais c’est vraiment une base pour une seconde moitié qui ne s’arrête jamais, et du coup c’est aisément pardonnable. C’est rare qu’une comédie m’éblouisse par un certain travail formel, et ici autant la réalisation de Blake Edwards est classieuse mais sans réel plus, autant on sent une sacrée maîtrise dans la mise en scène comique, le must étant évidemment la longue séquence de la chambre à coucher, où on part sur une base de quatre personnages dans un lieu confiné, puis ça va multiplier les rebondissements, les jeux sur les points de vue des protagonistes (certains sachant parfaitement qui se trouve dans la pièce, pendant que d’autres l’ignorent totalement :mrgreen: ) et les entrées de personnages secondaires, pour un résultat tout simplement bluffant.

Un climax comique qui est loin d’être isolé, car le final du film avec le vol en costume de gorille :eheh: , puis sa course-poursuite automobile à travers les yeux d’un riverain, vaut aussi son pesant de cacahuètes, autant de scènes vraiment marquantes à mes yeux qui finissent de confirmer le statut de classique de cette comédie. Le casting quatre étoiles vaut aussi beaucoup dans la qualité globale du métrage : Sellers en inspecteur Clouseau c’est définitivement culte pour peu qu’on adhère à cet humour, David Niven en voleur charismatique et souvent pris de court par les évènements est une évidence, et puis on a ce qu’il faut côté charme avec les très belles Claudia Cardinale et Capucine :bluespit: . Le générique avec la fameuse panthère rose est à ranger parmi les meilleurs title sequences jamais créées, ça met direct dans l’ambiance et c’est souvent aussi drôle que le film lui-même, et puis le score de Mancini est d’une classe assez folle, pas étonnant qu’il soit devenu instantanément culte. En bref, c’est une comédie dont le seul réel défaut est sa première heure un peu longuette, mais pour le reste c’est vraiment du tout bon, et ça donne envie de se tenter les suites.


7/10
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Film: Panthère Rose (La)
Note: 9/10
Auteur: jean-michel

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Ven 15 Juil 2022, 11:31

Les films passaient souvent à la télé quand j'étais gosse... J'aimais le générique (et j'avais la Panthère en peluche :chut: ) et je me souviens que Sellers me faisait marrer. Mais ça remonte tout ça...
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Elvis - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 16 Juil 2022, 21:07

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Elvis de Baz Luhrmann
(2022)


Baz Luhrmann étant un de mes réalisateurs contemporains favoris, et vu que son dernier film remonte à quasiment une décennie, j’avais vraiment beaucoup d’attentes envers celui-là, et ce même si le sujet me passe complètement dessus au premier abord. Des attentes qui ont sûrement provoqué la légère déception que j’ai pu avoir en découvrant Elvis, car même si ce dernier est un bon film à bien des égards, j’ai eu l’impression de voir un Luhrmann en petite forme. Entendons-nous bien : Luhrmann est ici en terrain connu, car même si le voir s’attaquer à Elvis Presley pourra en surprendre plus d’un, on se rend vite compte qu’il profite de cette histoire pour développer des thèmes qui lui sont chers. La beauté de l’art, le danger de la célébrité, la corruption qui peut découler de cette dernière, un protagoniste tiraillé entre ce qu’il veut faire et ce qu’on attends de lui, autant de thématiques déjà vues chez Luhrmann et qui sont ici développées à travers une idée intéressante, à savoir traiter le mythe Presley à travers sa relation avec son manager historique, qui l’a créé, et qui a contribué à sa chute.

On va donc avoir un film raconté à travers le point de vue du Colonel Parker, ce dernier étant à l’article de la mort, et qui tente de se persuader que c’est le public qui a fini par tuer Elvis Presley. Un pitch intéressant qui débouche sur un métrage avec une relation conflictuelle en guise de fil rouge, relation qui est justement la meilleure idée du film, puisque c’est celle qui lui permet en partie de s’éloigner des biopics habituels (par contre je serais curieux de savoir où s’arrête la vérité et où commence la dramatisation de Luhrmann, car le concert à Vegas qui dérape c’est chaud si ça a vraiment eu lieu). Malheureusement, et c’est là où je trouve que le film possède des limites, on sent aussi que le réalisateur a du mal à se détacher des codes narratifs du genre, et c’est pourtant pas faute d’essayer, en témoigne la première demi-heure qui, comme toujours chez Luhrmann, va à cent à l’heure pour imposer au spectateur un rythme trépidant qui va rarement s’arrêter. Dommage du coup que la suite, et notamment le dernier tiers du film, paraît assez classique dans la façon dont c’est raconté. Ça n’empêche pas Luhrmann de livrer quelques beaux moments, notamment quand Parker dévoile la dernière prestation d’Elvis en public, mais clairement les plus beaux morceaux de bravoure du métrage sont dans sa première moitié.

Luhrmann disait en interview qu’il existe un cut de quatre heures du film, et même si, forcément, ça me rend curieux, je suis pas certain que ça rende le film meilleur, car rien que le cut ciné se permet pas mal de répétitions dans l’évolution du personnage (tout le milieu notamment, c’est des gens qui disent à Elvis de pas faire ça sur scène, et il le fait quand même, un schéma qu’on va avoir deux-trois fois quasiment à la suite). Ceci dit, le film s’avère quand même très réussi sur la partie intimiste du personnage, et tout ce qui touche à sa famille est vraiment bien traité, avec quelques moments assez émouvants à la clé (la mort de la mère alors qu’Elvis est parti faire son service militaire). Côté prestations, Austin Butler est clairement LA révélation du film, le mec fait rapidement oublier les différences physiques qu’il peut avoir avec le véritable Elvis Presley, tout simplement parce qu’il possède une putain de présence et vampirise l’écran avec une présence totale. En face de lui, Hanks s’avère plutôt bon en personnage diabolique (qui fait parfois penser à certains qu’il a pu incarner dans Cloud Atlas), et c’est loin d’être une erreur de casting vu qu’il incarne un antagoniste qui fait son chemin avec un certain charme et une force de persuasion, autant dire que l’acteur est bien choisi. A l’arrivée, ça donne un biopic que je rangerais pas spécialement dans les meilleurs films du genre, mais ça tient tout de même super bien la route, et c’est aisément l’un des meilleurs qu’on ait pu avoir récemment sur un écran de cinéma. Maintenant, j’espère juste que Luhrmann n’attendra pas quasiment dix ans avant son prochain film, et qu’il partira sur quelque chose de plus proche de son univers habituel.


7/10
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Film: Elvis
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Auteur: caducia

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Entre la vie et la mort - 4/10

Messagepar Alegas » Lun 18 Juil 2022, 11:41

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Entre la vie et la mort de Giordano Gederlini
(2022)


Je n’avais jamais entendu parler du film jusqu’à voir la bande-annonce récemment, et j’avoue que la perspective de voir un revenge movie francophone avec Antonio de la Torre (meilleur acteur espagnol contemporain avec Luis Tosar, toujours utile de le rappeler) et Olivier Gourmet en second rôle m’a bien titillé, en tout cas assez pour tenter le film en salle. Manque de bol, le trailer s’avérait assez mensonger : déjà on est pas vraiment dans du revenge movie à proprement parler, mais surtout ça vendait très mal le ton du film, d’un trailer au rythme soutenu on passe à un métrage dont la majorité du récit constitue en une enquête qui traîne. Pour le coup, hormis le casting qui fait le job (et encore, c’est pas au service de personnages très intéressants, et Marine Vacth est un peu limite sur plusieurs passages) et quelques scènes qui font illusion (l’action, notamment, est pas mal filmée, genre le combat dans l’appart est lisible et utilise bien l’environnement), j’aurais bien du mal à dire du bien de ce film sorti de nulle part.

Le gros problème du métrage, c’est que c’est mal écrit, et ce autant dans le déroulement de l’intrigue que dans les dialogues qui font pitié. Il y a un bon paquet de moments qui font tiquer : le plan final du héros qui n’a aucun sens (pas compris pourquoi il ramène un bus pour l’utilisation qu’il en fait), les flics qui le laissent tranquille à la fin parce qu’il a été policier avant :lol: , la meuf de l’administration qui a pas le droit de donner des informations mais deux scènes plus tard elle en donne quand même :eheh: , etc… Autant dire que le film est généreux en coups de masse pour faire avancer son intrigue. Le montage aléatoire couplé à la narration pas très bien pensée n’aident pas : on passe tout le début du film à suivre un personnage qui va de lieu en lieu sans réellement savoir ce qu’il va y chercher, et c’est vraiment qu’à mi-chemin qu’on saisit le truc, mais du coup on a eu le temps de se faire chier entre temps. Côté réal, comme dit plus haut ça se défend bien, mais c’est juste dommage que ça ne soit pas au service de quelque chose de plus appréciable. Sinon, le cadre belge est pas trop mal utilisé, ça donne pas non plus une grosse plus-value au film mais ça change de ce qu’on voit d’habitude. Bref, c’est pas un très mauvais film, c’est juste un énième polar francophone avec quelques bonnes intentions, mais à l’exécution souvent foireuse, et qui en fait un métrage très oubliable.


4/10
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Film: Entre la vie et la mort
Note: 6/10
Auteur: Scalp

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Jed_Trigado » Lun 18 Juil 2022, 11:47

Un mec ayant réalisé la bouse Samouraïs il y a vingt ans qui fait un come-back, ça titillerait presque ma fibre déviante.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Lun 18 Juil 2022, 11:49

On notera que dans la BA, il seulement présenté comme "le scénariste de Les Misérables". :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar osorojo » Lun 18 Juil 2022, 12:15

Arf, il me tentait bien celui-là.
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Vérité sur Bébé Donge (La) - 5/10

Messagepar Alegas » Lun 18 Juil 2022, 18:03

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La vérité sur Bébé Donge de Henri Decoin
(1952)


Pas très convaincant ce petit drame de couple. Pourtant, tout est là pour promettre un film plus que sympathique : Decoin à la réalisation, Jean Gabin et Danielle Darrieux en leads, et une histoire tirée d’un écrit de Simenon. Le sujet est en plus intéressant sur le papier : un homme se retrouve à l’hôpital après avoir été empoisonné par sa femme, et alors qu’il survit péniblement sur son lit d’hôpital, il va se remémorer toute sa relation et ce qui a transformé une jolie idylle en vie de couple insupportable. A l’écran, malheureusement, c’est un peu pénible à suivre, et pour le coup j’aurais vraiment du mal à pointer du doigt l’élément à blâmer, car j’ai l’impression que c’est un peu tout à la fois. Déjà, c’est beaucoup trop long pour ce que ça raconte. Ça avoisine les deux heures sans jamais vraiment les justifier, et je suis à peu près certain que le même film resserré de vingt à trente minutes serait nettement plus efficace. A côté de ça, j’ai souvent eu l’impression que Decoin n’insufflait pas à son film une modernité qui lui aurait convenu, notamment avec ces nombreux allers et retours entre passé et présent, et qui donnent l’impression d’être exploités au minimum, autant en termes de montage pur que de narration. Résultat : on a la sensation d’être devant un film trop littéraire, qui adapterait au mot près son matériau d’origine sans prendre en compte son passage sur le médium cinématographique.

C’est longuet, ça parle beaucoup pour souvent pas grand chose, ça avance lentement, et ça donne un film avec des segments entiers qui paraissent n’être pas vraiment utile à l’évolution de l’intrigue. Heureusement, ça se bouge un peu plus sur la dernière demi-heure, ce qui permet au film de se terminer sur une note positive, mais on n’oublie pas que le mal a été fait : on s’est pas mal emmerdé, et on croit difficilement à la relation qui est pourtant le coeur du récit. Car qui dit film littéraire dit aussi film froid, et pour le coup autant j’aime bien Gabin et Darrieux, autant j’ai clairement eu du mal à y voir un couple passionné au début de leur relation, ce qui fait que j’ai eu encore plus de mal à ressentir quoi que ce soit devant la dégradation de leur couple. Si le film tient tout de même la route, notamment grâce à son dernier acte qui sauve en partie les meubles, je dois avouer que j’ai du mal à y voir plus qu’un film assez moyen dans la longue filmographie de Gabin, ce qui me surprend d’autant plus que j’ai toujours eu l’impression que ce film possédait une jolie réputation.


5/10
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