Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle
(1958)
(1958)
Dans le genre gros classique du cinéma français, ça se pose là : d’une part le film est régulièrement cité parmi les plus grands films que notre pays ait produit, d’autre part c’est probablement l’un des films français les plus cités hors de nos frontières, probablement grâce à la bande-son de Miles Davis qui a beaucoup contribué à sa grande popularité. De mon côté, j’avoue que j’avais quelques appréhensions qui ont fait que je n’ai pas tenté le visionnage ces dernières années, notamment parce que j’avais souvent lu un rattachement à ce film avec le mouvement de la Nouvelle Vague, chose qui se confirme à la découverte, mais pas forcément dans le mauvais sens. Alors clairement, à mes yeux ce n’est pas un grand film, il y a trop de défauts pour ça, mais par contre je comprends aisément l’engouement qu’il peut y avoir autour d’un métrage qui fonctionne en grande partie avec son ambiance singulière.
Le script est plutôt malin, fonctionnant avec une poignée de personnages et de lieux : un homme tue son patron pour s’enfuir avec la femme de ce dernier, pour cela il commet le crime parfait mais se retrouve bloqué dans un ascenseur toute une nuit. De ce pitch plutôt prometteur, on va avoir trois storylines à suivre sur la majorité du film : les tentatives de l’homme pour s’échapper de sa cage, la femme qui l’attend et le cherche désespérément dans un Paris nocturne, et un couple d’ado qui a volé la voiture du tueur et qui va, par la force des choses, créer une situation encore plus complexe une fois que le bonhomme sortira de l’ascenseur. Côté écriture, pas grand chose à redire, c’est plutôt efficace même si le tout début est maladroit (le mec commet un crime nickel, mais oublie un truc tellement évident que ça le rend ridicule, il y avait sans doute moyen de trouver mieux) et le seul regret que j’aurais serait que le film soit pas des plus passionnant quand on suit les ados, cet arc aurait mérité de ne pas prendre autant de temps. Un sentiment qui doit sans doute beaucoup aussi au jeu d’acteur, et là pour le coup c’est clairement un des points noirs du film, qui m’empêche d’y voir une grande œuvre : le casting a beau être plutôt bien fourni, la majorité des comédiens jouent façon Nouvelle Vague, avec ce sentiment de les voir réciter leur texte de façon théâtrale (un défaut que les non-francophones ne doivent probablement pas capter du coup). Le couple d’ado est particulièrement représentatif de ce défaut, mais je pourrais aussi citer le tout premier dialogue entre Ronet et Moreau qui m’a rappelé les pires moments de Hiroshima mon amour avec des dialogues surécrits et surjoués qui ne donnent jamais le sentiment d'être les paroles d'un amour authentique. Au final, le seul acteur qui joue très bien, c’est Lino Ventura, et manque de bol il apparaît en tout et pour tout une dizaine de minutes, exclusivement sur le dernier tiers.
Formellement, c’est plutôt solide pour un premier long de fiction de la part de Malle, à mi-chemin entre la future Nouvelle Vague et le film noir, mais je n'ai rien trouvé d’exceptionnel non plus. Les meilleures scènes sont souvent celles avec Ronet dans l’ascenseur qui tente plusieurs moyens pour s’en sortir, c’est celles qui fonctionnent le mieux en termes de tension mais aussi de narration uniquement par l’image. Sinon, impossible de ne pas mentionner la BO de Miles Davis, musique improvisée en quelques heures alors que le trompettiste avait vu le film juste avant. Pour le coup, c’est une musique qui élève le métrage, lui conférant une ambiance assez unique, notamment lorsque Moreau marche seule dans les rues de Paris, d’où ma réflexion écrite plus haut : je pense sincèrement que sans cette musique, la popularité du film aurait connue un tout autre destin, et il aurait probablement été noyé parmi les autres productions françaises de l’époque. En bref, c’est un film avec des qualités évidentes, surtout quand on le remet dans son contexte (il sort plusieurs mois avant A bout de souffle et Les quatre-cent coups), mais bien trop plombé par ses défauts d’acting pour prétendre à être un grand film.
Le script est plutôt malin, fonctionnant avec une poignée de personnages et de lieux : un homme tue son patron pour s’enfuir avec la femme de ce dernier, pour cela il commet le crime parfait mais se retrouve bloqué dans un ascenseur toute une nuit. De ce pitch plutôt prometteur, on va avoir trois storylines à suivre sur la majorité du film : les tentatives de l’homme pour s’échapper de sa cage, la femme qui l’attend et le cherche désespérément dans un Paris nocturne, et un couple d’ado qui a volé la voiture du tueur et qui va, par la force des choses, créer une situation encore plus complexe une fois que le bonhomme sortira de l’ascenseur. Côté écriture, pas grand chose à redire, c’est plutôt efficace même si le tout début est maladroit (le mec commet un crime nickel, mais oublie un truc tellement évident que ça le rend ridicule, il y avait sans doute moyen de trouver mieux) et le seul regret que j’aurais serait que le film soit pas des plus passionnant quand on suit les ados, cet arc aurait mérité de ne pas prendre autant de temps. Un sentiment qui doit sans doute beaucoup aussi au jeu d’acteur, et là pour le coup c’est clairement un des points noirs du film, qui m’empêche d’y voir une grande œuvre : le casting a beau être plutôt bien fourni, la majorité des comédiens jouent façon Nouvelle Vague, avec ce sentiment de les voir réciter leur texte de façon théâtrale (un défaut que les non-francophones ne doivent probablement pas capter du coup). Le couple d’ado est particulièrement représentatif de ce défaut, mais je pourrais aussi citer le tout premier dialogue entre Ronet et Moreau qui m’a rappelé les pires moments de Hiroshima mon amour avec des dialogues surécrits et surjoués qui ne donnent jamais le sentiment d'être les paroles d'un amour authentique. Au final, le seul acteur qui joue très bien, c’est Lino Ventura, et manque de bol il apparaît en tout et pour tout une dizaine de minutes, exclusivement sur le dernier tiers.
Formellement, c’est plutôt solide pour un premier long de fiction de la part de Malle, à mi-chemin entre la future Nouvelle Vague et le film noir, mais je n'ai rien trouvé d’exceptionnel non plus. Les meilleures scènes sont souvent celles avec Ronet dans l’ascenseur qui tente plusieurs moyens pour s’en sortir, c’est celles qui fonctionnent le mieux en termes de tension mais aussi de narration uniquement par l’image. Sinon, impossible de ne pas mentionner la BO de Miles Davis, musique improvisée en quelques heures alors que le trompettiste avait vu le film juste avant. Pour le coup, c’est une musique qui élève le métrage, lui conférant une ambiance assez unique, notamment lorsque Moreau marche seule dans les rues de Paris, d’où ma réflexion écrite plus haut : je pense sincèrement que sans cette musique, la popularité du film aurait connue un tout autre destin, et il aurait probablement été noyé parmi les autres productions françaises de l’époque. En bref, c’est un film avec des qualités évidentes, surtout quand on le remet dans son contexte (il sort plusieurs mois avant A bout de souffle et Les quatre-cent coups), mais bien trop plombé par ses défauts d’acting pour prétendre à être un grand film.
6,5/10