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Le trainFilm de John Frankenheimer · 2 h 13 min · 1964 - 6.5/10
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Un sympathique film sur la résistance française qui choisit de traiter les actions des cheminots par l'intermédiaire d'un fait d'armes aussi farfelu qu'intrépide. Les allemands tentent de piquer un bon paquet de tableaux de maîtres français jusqu'alors exposés au musée du Jeu de Paume en les acheminant jusqu'en Allemagne à bord d'un train particulièrement convoité. La résistance se mobilise alors pour dérouter ce dernier, lui faisant emprunter un itinéraire bis à travers la France, tout en faisant croire aux officiers à bord qu'ils se rapprochent comme prévu de leur mère patrie. C'est cocasse, ça fonctionne, et c'est sacrément bien rendu à l'écran.
A ce niveau, on ne peut d'ailleurs rien reprocher au film de
Frankenheimer, c'est solide à tous les niveaux : la photo est dingue, les placements de caméra bien sentis, et son sens du spectacle fait mouche. Sa capacité à filmer la machinerie diabolique qui trace sur les rails est impressionnante et n'a pas été sans me rappeler
La bête humaine de
Renoir. L'ambiance sonore est également aux petits oignons, vraiment niveau mise en scène, c'est ambitieux et bien foutu.
Là où le bas blesse en revanche, et pour être honnête ça m'a bien gâché la séance, c'est que tout est tourné en anglais, même quand les situations induisent un changement de langue (les sentinelles françaises qui sont censées ne pas comprendre un allemand qui leur parle... en anglais). Apparemment, il faut se fier aux accents : ils sont suffisamment prononcés pour ne pas se planter... quand un allemand parle anglais avec un akzent bien prononzé alors il faut considérer qu'il parle allemand... perso je trouve ça bien couillon et ça me flingue l'immersion. Et puis
Michel Simon qui baragouine anglais, ça m'a flingué.
Et pour ne rien arranger, le bougre
Lancaster — qui s'investit hein, ça j'dis pas... (d'ailleurs, vu l'origine du film et de l'arrivée de
Frankenheimer à sa demande pour remplacer
Arthur Penn, on peut même dire qu'il est aux commandes)— est bien décidé à ne faire aucun effort pour prendre un accent français (il joue un mec qui s'appelle Labiche, alors c'est sûr qu'il prend déjà sur lui à la base), donc on se retrouve avec un pot pourri americano franco allemand qui baragouine un anglais parfait mais plus ou moins bien prononcé, c'est spécial.
J'en fais peut-être trop, j'aurais du m'en accommoder et apprécier l'aventure. Mais pour être tout à fait honnête, je crois que cette histoire de petits trains qu'on déroute, au bout de plus de 2 plombes, a commencé à sacrément me lasser.
Disons que je comprends l'intention de départ, et bien évidemment ces hommes qu'on met en scène ici sont sacrément respectables (même si personnellement, dès le début du film, j'ai eu un peu de mal à justifier la mort de dizaine de résistants juste pour des peintures.... je sais, je sais sacrilège, m'enfin bon ça reste matériel...), mais ça m'a pas passionné des masses d'assister à ce jeu du chat et de la souris entre
Lancaster le fier à bras et sieur
Scofield, l'archétype du nazi cultivé prêt à tout pour l'Art avec un très grand A.
Du coup, je garderai du film un souvenir mitigé. Si je reconnais à
Frankenheimer un sacré sens du spectacle ainsi qu'un savoir-faire cinématographique de haute voltige, je reste sur la réserve concernant le sujet et le temps d'antenne : tout aurait pu être dit aussi bien en bien moins de 2h.