The Grand Budapest Hotelde Wes Anderson (2014)
****** ze challenge critiques septembre: Willem Dafoe ******
Poursuivant sur sa lancée stylistique principalement initiée depuis
La vie aquatique (même si on avait déjà des similitudes dans ses oeuvre antérieures), Wes Anderson atteint avec ce
Grand Budapest Hotel la quintessence de son style visuel et sonore, qui n'aura d'ailleurs plus autant de panache dans ses sorties ultérieures (tout au moins jusqu'à aujourd'hui).
Avec un prodigieux sens du cadre, très porté sur la géométrie, des changements de format (pour marquer chaque époque) et des mouvements de caméra rectilignes (mais aussi des zooms rapides bien sentis) toujours à propos (rien n'est gratuit, c'est pas Michael Bay le type), la mise en scène d'Anderson séduit ou irrite, mais sa touche reconnaissable entre mille en font décidément un réalisateur dans ce que la définition a de plus noble.
Il nous projette ici dans un récit romanesque, parfois cartoonesque dans son déroulé, assez palpitant, et n'hésite pas à parsemer le parcours de ses héros d'un nombre foisonnant d'embuches et rebondissements. Il nous concocte tout de même une intrigue sur le meurtre d'une vieille riche veuve et d'une conspiration autour de son héritage, avec un tueur à gages psychopathe (excellent Willem Dafoe), une course poursuite en ski mémorable, une géniale évasion de prison, une société secrète de concierges et même une fusillade, le tout sur fond de montée de guerre et de nazisme (sans jamais les nommer, le pays étant imaginaire): un programme assez riche en péripéties donc!
On retrouve au casting 5 étoiles tous ses habitués, parfois pour un simple cameo rapide (Bill Murray, Jason Schwartzman, Owen Wilson, Tilda Swinton) ou dans des rôles un peu plus conséquents (Ed Norton, Harvey Keitel, Willem Dafoe, ou même Mathieu Amalric, voix française de Mr.Fox), quelques nouveaux aussi, et pas des moindres (Ralph Fiennes, Jude Law, F.Murray Abraham...), certains qu'il retrouvera ensuite dans
The French Dispatch (Saoirse Ronan, Léa Seydoux)... Pourtant malgré ce défilé de gueules connues la chose ne parait pas forcée ni artificielle, tant on colle aux basques des 2 héros, monsieur Gustave et Zero Mustafa.
Evidemment le son ainsi que la musique sont très travaillés, la partition de Desplat épousant parfaitement le ton du film (Anderson a bien trouvé le compositeur qu'il lui faut) et qui sera gratifiée d'un Oscar au passage. De même que les décors (géniaux) et les costumes, distinctions amplement méritées.
Derrière son maniérisme qui pourra éventuellement finir par lasser par la suite (
The french dispatch s'essoufle rapidement, ne reposant que sur son dispositif), Anderson trouve avec le
Grand Budapest Hotel, le juste équilibre entre son style particulier et un récit d'aventure rythmé et souvent drôle.
Un de ses trois meilleurs films, aux côtés de
Fantastic Mr.Fox et
Moonrise Kingdom (et juste devant
La vie aquatique pour qui j'ai une grande affection).