J'ai la flemme d'écrire un truc sur Blonde Crazy (7) et La Belle de Saigon (7.5/10) mais j’ai bien envie de faire un petit état des lieux après 4 films vus parce que je suis en train de tomber sous le charme de la période pré-code (et ses actrices de classe <3)
Pour faire vite concernant les deux derniers films vus…
Blonde Crazy est assez didactique dans le genre, comme un brouillon de l'Arnaque un peu sage mais néanmoins intéressant dans sa manière de mettre en lumière les arnaqueurs dans tous leurs états. Il ne manque au film qu'un brin d'ingéniosité, disons que les arnaques manquent un peu d'ambition, on est pas suspendu à la timeline dans l'espoir de savoir comment les escrocs s'y sont pris : le pot aux roses est vite découvert vu que le principe des arnaques est souvent limité. Le dernier acte est sans doute le plus intéressant, même s'il vient s'y greffer un triangle amoureux pas spécialement intéressant dans le sens où un seul de ses côtés est esquissé, même si son dénouement n'est pas sans rappeler celui d'Âmes libres, en un peu moins noir.
Pour La belle de Saigon, c'est sans doute mon préféré de ce que j'ai vu jusqu'ici. Déjà l'action se situe ailleurs qu'aux États-Unis, dans une plantation en pleine jungle en Indochine, loin du confort et de l’American way of life, on vivote à la dure et on s'exprime vocalement sans faire de détour. Après Blonde Crazy tout en paillettes qui était tout l'inverse, c'est rafraichissant et ça laisse espérer d'autres films dans cette période pré-code un peu différents, en tout ça je l'espère parce que je commence à bien accrocher à cette période, le combo Amérique vache et film de 90 minutes me parlent bien : aucun temps mort, ça file à toute allure, on sent que les cinéastes dégraissent leur intrigue pour aller à l'essentiel, ce qui est appréciable.
Il y a une certaine tendance qui commence à se dessiner et qui me plait pas mal après les 4 films que je viens d'enquiller, à savoir celle de construire des personnages qui ne sont moralement pas tous irréprochables. Alors, je nuancerais quand même en disant que souvent dans le dernier acte, on rétablit l'équilibre mais dans La Belle de Saigon par exemple, le protagoniste est un sacré salaud qui ne pense qu'à sa poire pendant les 85% du film. Un pseudo esclavagiste d'ailleurs qui hurle sur ses employés, prend les femmes pour des objets et n'hésite pas à mettre ses meilleurs amis dans la panade pour servir ses propres intérêts.
Autre petit détail, et d'importance, j'aime beaucoup pour le moment les personnages féminins des films que j'ai pu voir de cette ère pré-code. Toujours des femmes fortes, que ce soit Barbara Stanwyck en infirmière aux principes inflexibles dans L’Ange Blanc, Norma Shearer en aguicheuse délicieuse dans Âmes libres, Joan Blondell, inaccessible charmeuse pour laquelle on se damnerait dans Blonde Crazy, le duo Mary Astor ou l'incarnation d'une certaine classe à l'américaine pas si respectable finalement / Jean Harlow, franche du collier à la langue bien pendue mais aussi transparente qu'un livre ouvert, toutes ont une belle dimension et ne sont jamais accessoires : elles sont même oserai-je écrire, en tout cas pour ces quatre films, les éléments clés de chaque histoire. Et pour ne rien gâcher, elles ont toutes clairement un petit truc qui ne laisse pas indifférent… de quoi avoir envie de poursuivre cette incursion dans le cinéma américain pré-code.
Je m’arrête là, en espérant motiver les 2 et demi qui me survolent encore : il y a vraiment quelque chose d'intéressant dans cette période. Pour le moment, le seul vrai reproche que je fais à ces quatre films, c'est que ça papote non stop. On sent que le dialogue est au centre de la création, ils sont d'ailleurs souvent très bien écrits et l'occasion pour les auteurs de livrer des traits d'esprits particulièrement bien sentis, mais j’avoue avoir espéré par moment que les films se construisent un peu plus par leurs images et un peu moins par le verbe.
Peut-être dans les prochains