[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Crash - 5/10

Messagepar Alegas » Mer 04 Mai 2022, 16:05

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Crash de David Cronenberg
(1996)


J’avais découvert le film sur ma première année d’université, à une période où j’essayais de découvrir les Cronenberg réputés que j’avais loupé jusqu’ici, ce qui m’avait valu pas mal de déceptions à la suite (je me souviens notamment avoir vu Crash et The Naked Lunch à quelques jours d’intervalle, ça m’avait pas mal décontenancé). Ceci dit, j’étais tout de même prêt à donner une seconde chance à ce film, maintenant que j’ai encore plus exploré la carrière de Cronenberg et que l’occasion se présentait de le découvrir en salle dans sa récente version restaurée, mais malheureusement, si je revois le film un poil à la hausse, ça reste quand même un des Cronenberg qui me laisse le plus dans le caniveau. Déjà, j’avoue que le concept même du métrage m’échappe complètement.

Car autant le délire sexuel à base de bagnoles détruites, d’accidents meurtriers, et de corps meurtris pour créer l’excitation a quelque chose de logique dans la carrière du cinéaste, autant je suis incapable de résumer ce que film raconte réellement, autant dans son intrigue que dans son propos. Résultat : malgré quelques séquences hypnotisantes (de tous les films de Cronenberg, c'est, je trouve, celui qui ressemble le plus à du Lynch en termes de mood), j’ai souvent l’impression de voir un film trop long pour ce qu’il a à dire, et qui provoque donc l’ennui plus qu’autre chose. Ce n’est pourtant pas les qualités qui manquent, entre les comédiens impliqués, la plastique de Deborah Kara Unger, la musique de James Horner, la mise en scène souvent élégante ou les personnages plus timbrés les uns que les autres, mais ça ne rattrape pas à mes yeux l’aspect trop inégal de l’ensemble et l’impression que Cronenberg n’a pas grand chose à dire derrière l’aspect sulfureux de son sujet. La revision aura eu au moins le mérite de constater que ce n’est pas un mauvais film, mais seulement une bobine qui ne me parle absolument pas.


5/10
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Spider-Man : No way home - 5/10

Messagepar Alegas » Jeu 05 Mai 2022, 16:09

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Spider-Man : No way home de Jon Watts
(2021)


Alors c’est ça le film qui a excité une bonne partie de la planète cinéma, au point de battre des records de fréquentation post-COVID et de demander des nominations aux Oscars ? :shock: Bah sérieux, on est pas dans la merde car même si on est clairement un cran au-dessus des deux premiers volets, ça reste quand même loin d’être remarquable, et pour un paquet de raisons. Alors déjà, faut quand même avouer que le film partait sur de bonnes bases, avec notamment ce pitch intriguant où, dès le début du film, le monde entier sait que Peter Parker est Spider-Man. Le problème, c’est qu’avant d’être un film Spider-Man, c’est un film du MCU, et MCU oblige on transforme les bonnes idées en concepts à peine exploités, et du coup au bout d’une demi-heure le film devient plus ou moins ça : Parker et ses amis ne peuvent pas entrer au MIT à cause de la révélation, et du coup Parker demande à Doctor Strange d’utiliser un sort pour que tout le monde oublie, sort qui va évidemment mal tourner. Donc voilà, l’enjeu qui lance tout le film, c’est comment Parker et ses amis vont aller dans l’université de leur rêve, paye ton niveau tout pourrave :eheh: .

Heureusement, ça se rattrape par la suite avec l’inclusion des univers des deux précédentes itérations cinéma de Spider-Man et le récit qui commence à prendre de la vitesse, mais là encore c’est de la bonne idée passée dans le mixeur du MCU. Déjà, il faut accepter le fait que chaque personnage ramené des précédents films est ridiculisé avec des blagues comme le blockbuster d’aujourd’hui en propose à la pelle (Tobey Maguire a mal au dos parce qu’il est le plus vieux, Sandman salit le canapé de l’appartement parce qu’il s’assied dessus :roll: , etc…). On joue vite fait sur la nostalgie de retrouver ces vieux personnages, mais après on comprend vite qu’ils sont là pour servir un film typique de notre époque, où on troque l’effet de menace par quelques gags, où on désacralise les protagonistes et antagonistes, où on ose même faire du relooking pour certains personnages au design jugé probablement trop vieillot (au revoir l’armure du Bouffon Vert, maintenant Willem Dafoe ressemble à un clodo sur un planeur :evil: , Electro a lui aussi un changement de look) et où l'enjeu est de ne pas tuer les méchants, mais de les soigner (véridique, en gros le Spidey Holland est mieux que les deux autres parce que lui, au moins, ne tue personne :lol: ).

Mais ce qui me choque le plus au fond, c’est vraiment cette capacité à faire constamment de l’anti-film de cinéma, au point d’avoir souvent l’impression de voir un gros épisode de série de luxe. Déjà, le film n’est jamais spectaculaire, surtout quand on compare avec les climax des films de Sam Raimi, mais surtout on voit sur des petites scènes qu’il n’y a aucune notion de comment faire une scène marquante. Exemple parmi tant d’autres : la découverte des autres Spider-Man avait été super bien traitée dans l’animé Into the Spider-Verse (film largement meilleur que celui critiqué dans ces lignes, cela va de soi), ici c’est juste complètement plat, même pas merdique, juste plat et insignifiant. Et globalement tout le film est comme ça, au point d’avoir des moments où on se dit qu’il y a enfin de la dramaturgie (le destin de May, le Spidey version Raimi qui se fait poignarder) pour que ce soit finalement zappé dans les cinq minutes suivantes :evil: .

Reste le fait de retrouver des personnages aimés (le perso de Maguire a beau être traité n’importe comment, ça m’a fait plaisir de le revoir à l’écran), et le final qui marche plutôt bien pour le coup, mais sérieusement le reste, malgré le fait que ça se suive sans ennui, ne donne jamais l’impression de regarder un grand spectacle à plusieurs centaines de millions. La mise en scène n’aide pas vraiment à ça, c’est du travail de yes-man dans toute sa splendeur, avec zéro idée de mise en scène et une gestion de la photographie que je qualifierais d’assez catastrophique. Comme les deux premiers volets de la trilogie, et malgré le fait que l’intrigue soit plus resserrée sur l’univers Spider-Man, on reste encore dans quelque chose qui a besoin du MCU pour exister, entre citations aux films précédents et Strange sans qui l’intrigue entière ne peut plus exister, ce qui n’aide pas à l’impression de regarder un énième épisode friqué de série TV. Il y a du mieux donc, mais pas de quoi grimper aux rideaux, et quand je vois la réception complètement abusée pour ce truc (101ème meilleur film ever selon le top IMDB à l’heure où j’écris ces lignes :roll: ) je commence à perdre sérieusement espoir pour le public qui trouve réellement que c’est parmi ce qui peut se faire de mieux en matière de grand spectacle.


5/10
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CODA - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 05 Mai 2022, 21:28

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CODA de Siân Heder
(2021)


C’était un film dont je n’avais absolument rien à faire avant qu’il ne gagne l’Oscar du meilleur film il y a quelques semaines, du coup, venant d’un projet qu’on résume en France comme le remake de La Famille Bélier, ça interroge forcément un peu. Alors clairement, ça ne mérite pas la statuette, surtout quand tu as en face du Spielberg, du Del Toro, ou du PTA, mais c’est tout de même mieux que ce à quoi je m’attendais. N’ayant jamais vu le film français d’origine, je ne connaissais que le pitch de base, et m’attendais donc à un truc grossier bien dégoulinant, et le fait est qu’à la vue du film je me suis en partie trompé. Loin de moi l’envie de vendre un film qu’il faut absolument voir, car ce n’en est pas un, c’est même plutôt un film à ranger dans l’énorme liste de petites comédies dramatiques où l’on côtoie des handicapés qui doivent se faire accepter par leur entourage, des jeunes avec des rêves plein la tête qui doivent dépasser leur condition sociale, des love-story adolescentes dont on connaît très bien la finalité, etc… Mais le fait est que ça marche bien.

Déjà ça n’en fait pas des tonnes sur l’aspect handicap, et j’ai même trouvé qu’avoir cette famille qui tente de se débrouiller dans un milieu compétitif, et qui va réussir à se faire accepter en apportant un modèle d’entraide, plutôt bien vu étant donné que ça épouse le propos du métrage. Autre qualité : le fait d’avoir au casting de réels sourds-muets. Je suis pourtant du genre à penser qu’on a pas besoin d’avoir tel handicap pour pouvoir le jouer à l’écran, mais le fait est que ça apporte une authenticité évidente, notamment dans la communication entre personnages où on sent que ce sont des personnes ayant utilisé toute leur vie le langage des signes, et qui s’expriment donc aussi beaucoup par le visage, parfois bien plus qu’une personne lambda. Et puis il y a une vraie alchimie au sein du casting, et si je suis moins convaincu par les personnages secondaires qui sont souvent des clichés ambulants (le petit copain, le prof latino, etc…), la famille héroïne a clairement un gros capital sympathie, en particulier les parents (le père, pour le coup, mérite complètement son Oscar).

Pour le reste, c’est archi classique, entre la trame où tout est attendu, la mise en scène en mode téléfilm, l’écriture faite pour contenter tout le monde avec ce qu'il faut de drama et de moments comiques, mais en contrepartie il y a le côté feel-good qui joue beaucoup, idem pour l’émotion plutôt bien gérée si on s’attache un minimum à ces personnages. En bref, jamais ça ne mérite son prix tant convoité, mais ça ne l’empêche pas d’être un petit film mignon qui fout le smile le temps d’une séance.


6,5/10
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Monnaie de singe - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 06 Mai 2022, 13:49

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Monkey business (Monnaie de singe) de Norman Z. McLeod
(1931)


Plutôt déçu à la découverte de ce troisième film des Marx Brothers, où j’ai l’impression de voir un pas en arrière par rapport au précédent qui m’avait plus sur plein d’aspects. Je suis d’ailleurs assez surpris que ce film soit souvent cité parmi les meilleures réussites des frangins, car de mon côté j’ai trouvé ça trop long (malgré une courte durée ne dépassant pas les 1H15) et avec un potentiel pas très bien exploité. La meilleure partie du métrage est clairement celle qui se passe sur le bateau, tant ça s’avère riche en course-poursuites délirantes et en gags, malheureusement le bât blesse dès que le rythme se repose. Tout ce qui touche à l’intrigue est pas ce qu’il y a de mieux dans le film pour le coup, et même si on sent un potentiel en ayant les frères séparés par groupe de deux, tous étant impliqués dans une rixe qui les dépasse, mais chaque duo étant engagé dans un camp différent, ça n’aboutit finalement sur pas grand chose puisque la conclusion de tout ça se fait en l’espace de quelques rapides minutes à la toute fin du métrage, alors qu’il y aurait eu, à mon sens, quelque chose à creuser dans l’opposition entre les frangins.

Du coup, le film n’est jamais aussi bon que quand il va à cent à l’heure, et c’est quelque chose qui tend à disparaître une fois le paquebot arrivé à destination, où on commence à avoir des gags étirés plus que de raison (toute la séquence avec l’imitation de Maurice Chevalier c’est sympa deux minutes mais après c’est lourd). Le film aurait été écrit par un gros nombre de scénaristes (12 !) qui se sont succédé, et j’ai envie de dire que ça se ressent tant c’est très déconstruit et qu’on a l’impression de passer du coq à l’âne d’une scène à l’autre. Et puis j’ai l’impression de voir déjà sur ce film les limites de l’humour des Marx, qui fonctionne soit par du burlesque simpliste (c’est pas du Keaton en termes d’inventivité quoi), soit qui va se jouer énormément par le les mots et les accents, et pour quelqu’un comme moi qui aime surtout l’humour très visuel j’y trouve rapidement mes limites. Ceci dit, j’ai quand même bien envie de tenter leur filmo jusqu’à Duck Soup, ne serait-ce que pour voir leur évolution, car malgré lé côté inégal de Monkey Business on ne peut pas enlever au film le fait que les Marx tentent des choses pour faire évoluer leur formule (en témoigne notamment le fait qu’il y ait de moins en moins de morceaux musicaux injustifiés de film en film).


5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mr Jack » Ven 06 Mai 2022, 15:04

Et puis j’ai l’impression de voir déjà sur ce film les limites de l’humour des Marx, qui fonctionne soit par du burlesque simpliste (c’est pas du Keaton en termes d’inventivité quoi), soit qui va se jouer énormément par le les mots et les accents, et pour quelqu’un comme moi qui aime surtout l’humour très visuel j’y trouve rapidement mes limites.


C'est sûr que si tu attendais de l'humour visuel, tu vas être déçu très vite. On a du slapstick, certes, mais c'est surtout de l'humour verbal. Des traits d'esprit. Après moi je trouve justement qu'il y a un bel équilibre. On a à la fois du slapstick, ça joue sur le corps et sur le verbe et sur les situations. On est en effet très loin du monde de Keaton, je dirais même plus qu'il n'y a rien à voir. :mrgreen: Passe direct à Duck Soup, qui est le plus ambitieux des Marx niveau visuel et DA.
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Monsieur Klein - 5,5/10

Messagepar Alegas » Sam 07 Mai 2022, 10:19

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Monsieur Klein de Joseph Losey
(1976)


Sacrément déçu vu la réputation du film, souvent cité comme le meilleur de son réalisateur et l’un des meilleurs rôles de la carrière de Delon. Alors bon, je vais pas cacher que ma déception vient en partie du fait que c’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Naïvement, je pensais voir une histoire assez classique sur fond de Seconde Guerre Mondiale dans la France occupée, et au final je me suis retrouvé avec un récit kafkaïen où identité, morale et enjeux deviennent de plus en plus troubles à mesure que le film avance. On va avoir Delon qui joue un profiteur de guerre, le mec est marchand d’œuvres d’art et profite du fait que les juifs quittent peu à peu le territoire français pour les escroquer, mais du jour au lendemain il découvre qu’un homme ayant le même nom que lui, et possiblement la même apparence, le met en danger en laissant penser qu’il est d’origine judaïque. Du coup, passée une super introduction où le personnage de Delon est moralement introduit en l’espace de quelques minutes, on plonge dans une enquête à mi-chemin entre dédale sans fin et cauchemar éveillé.

Le truc, c’est que j’ai pas trouvé ça bien passionnant, je vois bien ce que Losey veut faire comme parabole, avec cet anti héros qui, parce qu’il a profité du mal, va aussi en subir les conséquences, mais il n’y a jamais eu un truc en cours de film qui m’a permis de rentrer dedans complètement, j’ai regardé ça avec beaucoup de distance. Dans le même genre de récit kafkaïen, j’ai largement préféré Le Procès d’Orson Welles. A part l’introduction et le final plutôt marquant, je ne retiens finalement pas grand chose du film, si ce n’est peut-être la performance de Delon qui change un peu de son registre habituel, mais c’est quand même loin d’être l’un de ses meilleurs rôles à mon sens. Formellement, j’ai pas trouvé ça ouf non plus, pourtant en termes de photographie on a quelque chose ressemblant beaucoup à L’armée des ombres, mais la comparaison s’arrête là. Par contre, beau boulot sur la reconstitution du Paris de l’époque, signée Alexandre Trauner, et c’est pas un Paris reluisant, le film se déroule souvent dans des rues ou appartements dégradés. Au final, c’est un film que je n’apprécie pas autant que je l’aurais voulu, mais peut-être qu’une seconde vision dans quelques années lui sera bénéfique.


5,5/10
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Âmes libres - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 08 Mai 2022, 12:34

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A free soul (Âmes libres) de Clarence Brown
(1931)


Petit film sympathique que voilà, c’est pas le genre de bobine qui va me laisser un souvenir impérissable mais ça fait le taff le temps de la séance. Période pré-Code oblige, A free soul vaut beaucoup pour le regard qu’il porte sur l’Amérique de son époque, où les valeurs illusoires du cinéma hollywoodien ne sont pas encore là pour faire croire que le pays est sans défauts. Ici donc, on a, au choix, un avocat alcoolique qui défend sans problème des criminels, un beau parleur qui gère un casino bar clandestin en pleine Prohibition, une jeune femme qui se donne au premier homme capable de mettre du piment dans sa vie, ou encore un mec bien sous tout rapports qui va finalement commettre un crime. Bref, on est loin du film tout mignon auquel Hollywood va nous habituer quelques années plus tard, et ça se voit jusque dans la représentation visuelle avec notamment un meurtre plein cadre ou une héroïne à la robe qui ne laisse planer aucun doute sur ses formes.

La première demi-heure est la plus intéressante du métrage, avec notamment cette représentation plutôt moderne d’une femme libre de faire ce qu’elle veut de sa vie et de son corps, encouragé par son père. Autre aspect pertinent du récit : cette confrontation de deux classes sociales qui se méfient l’une de l’autre, et qui donne lieu à une super scène où Clark Gable se voit rejeté par une famille aisée, alors l’un des membres de cette même famille vient de l’innocenter en tant qu’avocat. Le souci, c’est que le film donne l’impression de développer tout ça sur son premier tiers avant de passer à autre chose ensuite, et dès que le pacte entre père et fille se met en place, on part vraiment dans une autre direction. Même s’il reste des aspects intéressants (j’ai pas souvenir d’avoir vu une représentation pareille de l’alcoolisme dans un film aussi vieux, où c’est vraiment traité comme une maladie), le fait que le récit se dirige peu à peu vers quelque chose de moralisant m’a un peu déçu, et en ce sens les dernières minutes du métrage en font beaucoup trop à mon sens. Ceci dit, ça reste un film sympathique à regarder, pour son traitement évidemment, mais aussi pour les prestations de Norma Shearer, Lionel Barrymore et Clark Gable.


6/10
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Goliath - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 08 Mai 2022, 13:12

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Goliath de Frédéric Tellier
(2022)


J’étais pas spécialement convaincu par la bande-annonce à la base, mais la perspective de voir comment Frédéric Tellier, qui avait fait un boulot plutôt sympa sur L’affaire SK1, a pris le dessus. Sur ce point, c’est une petite déception car Tellier livre finalement un boulot formellement et narrativement très proche de son premier long, et qui ne donne donc pas spécialement l’impression de voir une évolution notable (c’est fonctionnel et point barre). C’est donc plutôt du côté du récit qu’il faut se tourner, et sur ce point j’avoue avoir été agréablement surpris. Alors clairement, c’est pas le script du siècle, et comme le laissait présager la promo c’est quelque chose de très manichéen avec les gentils agriculteurs d’un côté et les méchantes grosses corporations de l’autre, mais ça a au moins le mérite d’être assumée très tôt dans le film, pour aller vers un propos écologique où on tire la sonnette d’alarme. Sur ce point, Goliath s’avère assez efficace, montrant avec implacabilité la vitesse avec laquelle on va droit dans le mur en mettant en avant les rendements avant la qualité du produit, et difficile d’avoir autre chose que le moral à zéro une fois le générique de fin apparu.

J’aime bien aussi le fait que le film aborde frontalement le monde des lobbyistes, aspect finalement peu traité au cinéma, et qui met en lumière des choses assez révoltantes, notamment via le personnage de Niney qui fait le mal en connaissance de cause et qui se justifie avec sincérité (tout son dialogue sur les pourcentages et sur le besoin de rassurer les gens, c’est assez glaçant). Le casting est plutôt bon dans l’ensemble, sans jamais aller dans le remarquable, mais on notera tout de même le dernier rôle de Jacques Perrin. Dommage que le film ne fasse pas preuve de plus de finesse, entre ses personnages qui sont souvent des clichés ambulants (mais qui ont le mérite de fonctionner), son montage grossier (l’attaque de Marie Gillain en pleine rue il a fallu qu’il y ait la scène suivante pour que je comprenne ce qui venait de se passer) et ses ficelles qu’on voit venir de loin, car il y avait probablement matière à un film plus percutant et nuancé. C’est typiquement le genre de film sympa sans plus, mais qui par son traitement simple et son sujet, a le potentiel de plaire au grand public : à la fin de la séance, j’entendais une spectatrice dire à son amie que c’était un grand film important et qu’il fallait absolument le montrer à tout le monde :mrgreen: , et j’imagine qu’une bonne partie de la salle devait être plus ou moins dans le même état d’esprit.


6/10
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Talent en or massif (Un) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 09 Mai 2022, 16:18

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The unbearable weight of massive talent (Un talent en or massif) de Tom Gormican
(2022)


Voilà un projet que j’attendais avec curiosité, d’une part pour son pitch improbable, mais aussi parce que ce dernier pouvait permettre un certain rebond dans la carrière de Nicolas Cage, dont les films recommandables se comptent sur les doigts d’une main récemment. A l’arrivée, c’est moins bien que ce que j’espérais, mais ça reste tout de même un sympathique divertissement sur le moment, et dont le plus gros défaut est finalement de ne jamais pleinement exploiter son potentiel. Pour le coup, c’est un film en forme de lettre d’amour à Nicolas Cage, ça multiplie les références cools (on sent bien que le réal est fan de Face/Off, un mec bien quoi 8) ), ça épouse bien ce que semble être Cage au quotidien (notamment dans ses références cinéphiliques pointues, genre tout le délire autour du Cabinet du docteur Caligari :eheh: ) et puis ça se permet de gros délires genre les discussions entre le Cage d’aujourd’hui et celui du début des années 90 (joli boulot en CG d’ailleurs pour un film qui doit pas avoir le budget d’un blockbuster).

Avec ça, le film se tient très bien dans sa première demi-heure, très orientée comédie, et les premières scènes avec Pedro Pascal en fan absolu sont souvent savoureuses (la découverte de la salle de collection, c’est quelque chose :eheh: ), mais malheureusement, à mi-chemin, le métrage prend une orientation méta avec l’écriture d’un scénario dans le récit qui devient le film lui-même. A partir de là, l’histoire prend un virage actioner qui ne lui va pas trop, et qui résume assez bien le souci général du film, à savoir celui de vouloir être trop de choses à la fois en même temps, et c’est quelque chose qui devient de plus en plus évident au fur et à mesure que le film avance. C’est dommage car le film aurait sûrement gagné à rester une simple comédie centré sur quelque chose d’assez intime, mais à vouloir en faire trop ça perd clairement en intérêt, d’autant que la réal a du mal à suivre et que le script accumule les facilités sans que ça ne semble réellement assumé. Ceci dit, ça reste un petit film agréable à regarder, souvent drôle (la scène du mur, les références, le délire sur Paddington 2 :mrgreen: ) et qui doit forcément beaucoup à Nicolas Cage qui semble être plus impliqué et sincère que sur la majorité de ses films récents.


6/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Lun 09 Mai 2022, 17:58

Nicolas Cage qui semble être plus impliqué et sincère que sur la majorité de ses films récents.


Pas fan de cette réflexion. Je trouve que Cage est toujours à fond dans ses films... Et ce même dans la pire des bousasses. Genre, c'est le seul à y croire parfois.

En tout cas, le film lui accorde un vrai retour de hype.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Lun 09 Mai 2022, 20:26

Je peux pas affirmer avoir tout vu donc ma réflexion vaut ce qu'elle vaut, mais des souvenirs que j'ai de films comme Next, y'a quand même pas spécialement l'impression de voir le bonhomme présent pour autre chose qu'un chèque. Et les quelques trailers de films sortis ces dernières années, souvent en DTV chez nous, donnaient la même impression.

Après j'aime beaucoup le bonhomme et il restera toujours un créateur d'intérêt envers un film à mes yeux, mais comme plein d'acteurs il a clairement eu un passage à vide. Et le revoir sur des films originaux et taillés pour lui, ça fait du bien.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Lun 09 Mai 2022, 20:45

C'est un challenge critiques Nick Cage qu'il faudrait lancer :chut:
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#Chef - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Mai 2022, 11:10

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Chef (#Chef) de Jon Favreau
(2014)


Film plutôt sympathique que voilà, ça casse pas trois pattes à un canard, Jon Favreau oblige, mais ça fait plutôt bien le taff dans le genre feel-good movie culinaire. Pour le coup, autant Favreau sur les blockbusters ou licences ça m’en touche une sans bouger l’autre, autant sur un petit projet comme ça j’ai vraiment l’impression de le trouver nettement plus sincère, et ce que ce soit devant ou derrière la caméra. Le script, pas révolutionnaire pour un sou dans son écriture, a le mérite de mélanger pas mal de choses qui fonctionnent bien ensemble : un chef cuisinier qui a besoin de retourner à ses premiers amours de cuisine pour se retrouver, une relation père/fils qui va se renouer par les biais de la gastronomie et de la technologie, l’impact des réseaux sociaux sur le quotidien et la réputation, des relations secondaires qui ont besoin de s’affirmer, etc…

Le film est pas exempt de défauts, entre une situation de départ qui traîne en longueur (c’est peut-être moi, mais j’ai eu l’impression que le food-truck n’arrive qu’après une bonne moitié de métrage), des personnages parfois fonctionnels (Scarlett Johansson qui ne sert à rien, sinon montrer son joli minois :oops: , Robert Downey Jr et Dustin Hoffman sont là juste pour apporter des gros noms sur l’affiche) ou une réal qui cumule les gimmicks visuels pour se donner une identité alors que ça fait finalement plus petit malin sans idées qu’autre chose (le coup des oiseaux qui s’envolent à chaque tweet envoyé, please… :roll: ). Mais à côté de ça, l’honnêteté et simplicité du projet fait que ça marche bien, et si en plus on a un peu faim en lançant le visionnage ça peut clairement jouer car faut voir les plats que prépare les mecs pendant deux heures (et là ça me fait marrer car Caducia dans sa critique dit que tout ce qui se fait dans le food truck a l’air naze par rapport aux plats plus “cuisinés” alors que c’est les trucs qui m’ont foutu le plus la bave aux lèvres :mrgreen: ). Bref, c’est sympatoche, et ça fait une bonne petite séance si on en attends pas trop.


6/10
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Film: #Chef
Note: 5/10
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Horizons perdus (Les) - 5/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Mai 2022, 13:45

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Lost horizon (Les horizons perdus) de Frank Capra
(1937)


Si les grandes comédies sociales ont fait la renommée de Capra, ce dernier avait aussi tenté à quelques reprises de s’orienter vers un cinéma plus exotique, en particulier avec ce Lost Horizon, adaptation de l’ouvrage de James Hilton qui avait donné naissance au mythe de Shangri-La. Comme le roman, on suit un crash d’avion en plein Tibet, et dont les survivants vont être recueillis au sein de la vallée de Shangri-La, sorte de paradis perdu où les habitants possèdent une espérance de vie rallongée, et où plusieurs mystères demeurent. Un récit plutôt solide sur le papier, mais qui peine à trouver une dynamique chez Capra, qui en livre une adaptation assez molle. Dès le début, avec ces personnages qui acceptent le détournement de leur avion sans broncher, ça pose le niveau de ce qui va suivre, car concrètement tous les protagonistes du métrage ne font que subir les évènements, et il faut attendre le dernier acte pour avoir vraiment quelque chose qui bouge de ce côté-là. Faut avouer aussi que la longueur du film n’arrange pas les choses : dès qu’on arrive à Shangri-La, ça prend vraiment son temps, beaucoup trop, et là où on aurait pu probablement avoir un solide film de une heure et demie, il faut faire avec un métrage qui dépasse inutilement les deux heures.

Et puis globalement, j’ai l’impression que Capra a du mal à s’investir dans un récit pareil, mais ça doit aussi sans doute au fait que le casting, hormis quelques personnages secondaires, a du mal à déclencher la moindre sympathie. Le personnage principal est un parfait exemple : on nous le présente sans cesse comme un homme exceptionnel, et le mec ne fait quasiment jamais de faux pas ou ne prend de mauvaises décisions, et même si c’est justifié par un twist en cours de route c’est quand même dommage d’avoir un protagoniste aussi fade et lisse en guise de héros (pas aidé par un Ronald Colman pas charismatique pour un sou). Idem pour la love-story qui ne fonctionne pas, l’écriture niaise prend trop le pas sur l’émotion et du coup ça ne provoque absolument rien. Au final, les deux personnages qui s’en sortent le mieux sont les deux passagers qui ne se supportent pas au début mais qui finissent par créer un lien d’amitié : c’est le seuls personnages qui ont une véritable évolution, et les seuls qui déclenchent de la sympathie. Formellement, j’ai pas trouvé ça dingue, je reconnais un joli savoir-faire dans la reconstitution globale (à part peut-être l’extérieur du palais de Shangri-La qui pue le décor en studio) mais la mise en scène elle-même semble très désincarnée, et il n’y a bien que les vingt dernières minutes qui ont provoqué un peu de surprise de ce côté-là (la découverte du corps qui a vieilli d’un coup, et le suicide qui suit). Bref, c’est une déception de la part de Capra, je pense tenter quand même dans le même genre The bitter tea of General Yen, mais j’ai pas l’impression que ce soit la partie de carrière du réal la plus passionnante au final.


5/10
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Ogre - 3/10

Messagepar Alegas » Jeu 12 Mai 2022, 15:21

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Ogre de Arnaud Malherbe
(2022)


Allez voir un film fantastique français, c’est toujours un peu comme jouer à la roulette ruse avec cinq balles dans le barillet, autant parfois on peut tomber sur de vraies surprises comme Teddy l’année dernière, autant on tombe généralement sur des trucs plus ou moins foirés, et malheureusement ce Ogre rentre dans la seconde catégorie, et pas qu’un peu. Le fait est que c’est un premier long-métrage, et qu’à la vue du métrage on se doute que ça doit faire avec un budget qui doit être très limité, du coup ma première réaction serait d’être indulgent, mais là pour le coup le film ne nous donne pas vraiment de quoi lui pardonner, et on peut facilement parler de film raté à ce stade, pas complètement détestable, mais indéniablement raté. Sur le papier, pourtant, c’était assez intriguant : une mère divorcée de son mari violent tente avec son fils de se refaire une nouvelle vie dans un petit village paumé de la campagne française, sauf que le gosse se rend compte peu à peu que quelque chose cloche et qu’ils sont potentiellement dans un lieu où des enfants se font bouffer par une créature rôdant dans les bois.

Le truc, c’est que le film n’assume clairement pas son statut de récit de genre, et concrètement sur toute la durée du métrage on doit avoir en tout et pour tout une dizaine de minutes de fantastique ou épouvante, le reste étant consacré à l’acceptation difficile des deux nouveaux habitants au sein du village, entrecoupés de plans contemplatifs sur la forêt pour faire mystérieux. En vérité, il n’y a pas grand chose à sauver du film tant tout donne l’impression d’être fait pour ennuyer son spectateur. Pourtant, le monstre final est pas trop mal, et le film a quelques séquences qui fonctionnent (les apparitions de la créature à la fenêtre la nuit, le corps qui remonte à la surface du lac), mais à côté de ça faut se taper tout l’arc du docteur qui devient l’amant de la mère, et là, le film se plante dans les grandes largeurs. Le pire étant le final qui repousse les limites du ridicule : déjà que les séquences avec les oiseaux et le gamin n’étaient pas ce qu’il y avait de mieux, ici ça débouche sur un anti-climax complètement injustifié, où un gosse mime des poses de Dragon Ball pour tuer un monstre, bref du grand n’importe quoi qui m’aurais presque fait rire si ce n’était pas aussi gênant. Au final, c’est un film loupé sur son écriture, complètement oubliable du côté des prestations d’acteur (et ce, malgré la présence de la jolie Ana Girardot), qui n’est ni un bon drame ni un bon film de genre, et dont la réal parfois intéressante ne fait jamais oublier le désastre qu’il y a autour. A éviter donc.


3/10
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