[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Des gens sans importance - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 23 Avr 2022, 11:31

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Des gens sans importance de Henri Verneuil
(1956)


Dernier film issu de la collaboration entre Verneuil et Gabin qu’il me restait à voir, et sans surprise c’est du tout bon. Alors déjà, je suis plutôt surpris de constater que Gabin y incarne à peu de choses près le même personnage qu’il campait dans son film précédent, à savoir le Gas-oil de Gilles Grangier : comme dans ce dernier, Gabin y est un camionneur de son métier, qui va être entraîné dans une histoire qui va le dépasser. Mais la comparaison s’arrête là, car autant le Grangier cherchait à être surtout un divertissement, ici on est plus dans du drame amoureux comme Verneuil l‘avait fait l’année précédente sur Les amants du Tage. On va donc être devant une utilisation assez classique de Gabin, dans la grande lignée de certains de ses rôles des années 30, en élément de la classe populaire qui va tomber follement amoureux d’une femme, ce qui va créer une relation qui ne peut que mal finir (et ça, on le devine dès le début vu que le film est construit en flash-back, on sait direct que c’est une tragédie même s’il faut encore deviner le pourquoi du comment).

Le fait est que la formule est efficace, Gabin étant toujours à l’aise dans ce genre de rôle, et faut avouer que le script s’avère plutôt pas mal, autant dans la love-story convaincante que dans la description d’un monde des camionneurs différents de celui du film de Grangier. Chez ce dernier, les camionneurs faisaient la loi dans la campagne, ici ils sont de simples exécutants dont les patrons peuvent se débarrasser à tout moment, on leur oblige à faire des heures dans des conditions pas possibles pour amener la marchandise à l’heure (quitte à les empêcher de dormir pendant plus de 24 heures), on les empêche d’avoir une vie de famille correcte (le héros se faisant engueuler chez lui dès qu’il arrive parce qu’il n’est pas assez présent :eheh: ), et en plus on surveille avec un mouchard pour vérifier s’ils font des pauses en cours de route. Comme souvent avec ce genre de films, la représentation d’une France révolue, en pleine mutation vers le monde moderne que l’on connaît aujourd’hui, joue beaucoup dans le charme que peut avoir un tel métrage.

Gabin vole le film, comme souvent, mais il ne faudrait pas oublier le belle Françoise Arnoul qui continue sa collaboration avec Verneuil et qui s’avère aussi convaincante que dans Les amants du Tage, on a aussi Paul Frankeur dans le rôle du propriétaire de l’hôtel où va se passer une bonne partie de l’action, et le petit bonus qui fait toujours plaisir aux yeux : Dany Carrel :love: dans un petit rôle (mais important lors d’une scène bien tendue), celui de la fille de Gabin. Comme toujours avec Verneuil, c’est formellement solide même si c’est clairement pas le film où on voit le plus son talent à l’écran, disons qu’il donne l’impression ici de faire le simple faiseur, mais qu’il le fait particulièrement bien. Un Gabin dans la lignée qualitative d’une grande partie des films qu’il a tourné à l’époque, et donc forcément, pour les fans de l’acteur, c’est recommandable.


7/10
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Père Noël Origines - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 24 Avr 2022, 08:46

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Rare exports (Père Noël Origines) de Jalmari Helander
(2010)


Cela faisait déjà quelques années que j’entendais du bien autour du film, et même si c’est pas spécialement une bobine que je reverrais fréquemment faut avouer que ça fait bien le taff. Alors déjà, j’ai l’impression que le film a été souvent vendu comme une production horrifique, et même s’il y a effectivement quelques passages qui renvoient à de l’épouvante, ça reste extrêmement minime et c’est au final bien plus proche d’une production Amblin qu’autre chose, avec un mystère surnaturel à dévoiler et des gosses qui ont une longueur d’avance sur les adultes vu qu’ils ne sont pas réfractaires à l’imaginaire. Du coup, le film est bien plus un conte moderne qui renvoie au mythe du Père Noël tel qu’il était imaginé il y a plusieurs siècles dans les pays nordiques, et sur ce point il faut avouer que le film est assez surprenant car allant toujours à l’inverse des attentes du spectateur, notamment avec un twist bien senti sur le dernier acte (et qu’on voit pas venir pour le coup). Pour un premier long, c’est plutôt bien foutu, l’ambiance est réussie, la progression en crescendo marche bien, les acteurs sont bons, et même si certains effets visuels trahissent le budget modeste de la production c’est tout de même largement pardonnable, d’autant que c’est vraiment dérangeant uniquement sur une scène (celle en hélico où ça aurait peut-être mérité de se calmer sur les mouvements de caméra compliqués pour avoir quelque chose de plus simple et de plus potable visuellement). Un petit film très cool donc, sur lequel il vaut mieux en savoir le moins possible avant de le lancer.


6,5/10
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Caché - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 24 Avr 2022, 19:43

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Caché de Michael Haneke
(2005)


J’ai beau ne pas être un amateur du cinéma d’Haneke en général, j’arrive tout de même à en apprécier certains de temps en temps, entre Funny Games (pas sûr que ça supporte une revision ceci dit) ou Le ruban blanc, et désormais, dans une moindre mesure, ce Caché. Alors bon, c’est pas non plus à la hauteur de sa réputation, et quand je lis parfois le termes de grand film utilisé dans ce cas, j’ai pas l’impression qu’on a vu la même chose, mais cependant il y a tout de même un métrage intéressant, notamment sur les sujets qu’il aborde comme le voyeurisme, le fait de voir sa vie tranquille menacée par un mal anonyme, la paranoïa qui s’en découle, ou le retour de vieux souvenirs enfouis.

Des thèmes qui, toutefois, m’ont toujours donnés l’impression d’être traités par un réalisateur persuadé de faire quelque chose d’original, alors que ce genre de film où de simples images créent la peur chez un mec lambda existent depuis les années 70, et au final la seule chose de neuf qu’apporte Haneke est son style, visuel et narratif, même si c’est pas forcément que pour arriver sur des bonnes choses. Car oui, comme sur La Pianiste ou Amour, la forme ne m’a clairement pas convaincu avec son côté drame parisien filmé dans trois décors différents et avec une image qui se contente du strict minimum en termes de photographie (sérieux, le prix de la mise en scène à Cannes à l’époque alors qu’il y avait Trois enterrements, Election et A history of violence en face, c’est chaud :evil: ). Un choix d’épure que je peux comprendre dans un sens, mais qui n’aide pas le film à s’enlever ce côté téléfilm qu’il a dès les premières images, et au final c’est plus dans la façon dont Haneke traite ses rares rebondissements que j’ai apprécié ses choix de réalisation, notamment une scène de suicide impossible à prévoir et qui laisse bouche bée.

Le fait que le script n’apporte jamais de réelle réponse au mystère (même si le plan final donne un début de piste) sert plutôt bien le film, mais j’ai surtout l’impression que Haneke démontre avec ça que c’est pas la résolution du mystère qui importe, mais plutôt les conséquences qui découlent d’une combinaison d'événements et choix malheureux (tout ce qui touche au passé des personnages, qui reste, là aussi, assez trouble). Par contre, pas fan de la volonté de brouiller encore plus les pistes en incorporant des storylines inutiles, tout le truc autour de l’infidélité de la femme ça sert vraiment à que dalle. Côté casting, j’ai pas trouvé ça dingue. Auteuil fait le job mais montre parfois ses limites quand son personnage est le plus à cran, mais ceci dit il reste de loin l’un des meilleurs acteurs du film, car bon que Binoche ou Podalydès en stéréotypes bobos c’est pas la joie. Au final, y’a pas de quoi sauter au plafond mais le film a assez de choses pertinentes à proposer pour être dans le haut du panier des films de son réal (mais bon le haut du panier ne dépassant jamais le stade du sympa sans plus, entendons-nous bien :mrgreen: ).


6/10
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Re: Des gens sans importance - 7/10

Messagepar Mark Chopper » Dim 24 Avr 2022, 19:59

Alegas a écrit:
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Des gens sans importance de Henri Verneuil
(1956)


Dernier film issu de la collaboration entre Verneuil et Gabin qu’il me restait à voir, et sans surprise c’est du tout bon. Alors déjà, je suis plutôt surpris de constater que Gabin y incarne à peu de choses près le même personnage qu’il campait dans son film précédent, à savoir le Gas-oil de Gilles Grangier : comme dans ce dernier, Gabin y est un camionneur de son métier, qui va être entraîné dans une histoire qui va le dépasser. Mais la comparaison s’arrête là, car autant le Grangier cherchait à être surtout un divertissement, ici on est plus dans du drame amoureux comme Verneuil l‘avait fait l’année précédente sur Les amants du Tage. On va donc être devant une utilisation assez classique de Gabin, dans la grande lignée de certains de ses rôles des années 30, en élément de la classe populaire qui va tomber follement amoureux d’une femme, ce qui va créer une relation qui ne peut que mal finir (et ça, on le devine dès le début vu que le film est construit en flash-back, on sait direct que c’est une tragédie même s’il faut encore deviner le pourquoi du comment).

Le fait est que la formule est efficace, Gabin étant toujours à l’aise dans ce genre de rôle, et faut avouer que le script s’avère plutôt pas mal, autant dans la love-story convaincante que dans la description d’un monde des camionneurs différents de celui du film de Grangier. Chez ce dernier, les camionneurs faisaient la loi dans la campagne, ici ils sont de simples exécutants dont les patrons peuvent se débarrasser à tout moment, on leur oblige à faire des heures dans des conditions pas possibles pour amener la marchandise à l’heure (quitte à les empêcher de dormir pendant plus de 24 heures), on les empêche d’avoir une vie de famille correcte (le héros se faisant engueuler chez lui dès qu’il arrive parce qu’il n’est pas assez présent :eheh: ), et en plus on surveille avec un mouchard pour vérifier s’ils font des pauses en cours de route. Comme souvent avec ce genre de films, la représentation d’une France révolue, en pleine mutation vers le monde moderne que l’on connaît aujourd’hui, joue beaucoup dans le charme que peut avoir un tel métrage.

Gabin vole le film, comme souvent, mais il ne faudrait pas oublier le belle Françoise Arnoul qui continue sa collaboration avec Verneuil et qui s’avère aussi convaincante que dans Les amants du Tage, on a aussi Paul Frankeur dans le rôle du propriétaire de l’hôtel où va se passer une bonne partie de l’action, et le petit bonus qui fait toujours plaisir aux yeux : Dany Carrel :love: dans un petit rôle (mais important lors d’une scène bien tendue), celui de la fille de Gabin. Comme toujours avec Verneuil, c’est formellement solide même si c’est clairement pas le film où on voit le plus son talent à l’écran, disons qu’il donne l’impression ici de faire le simple faiseur, mais qu’il le fait particulièrement bien. Un Gabin dans la lignée qualitative d’une grande partie des films qu’il a tourné à l’époque, et donc forcément, pour les fans de l’acteur, c’est recommandable.


7/10


Je vais tenter. Sinon le Haneke... C'est le même pitch que Lost Highway.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Lun 25 Avr 2022, 10:53

Mark Chopper a écrit:Je vais tenter. Sinon le Haneke... C'est le même pitch que Lost Highway.


Le Verneuil ça devrait être ta came, entre Gabin, Carrel et la représentation de la France de l'époque, tu devrais largement y trouver ton compte je pense.

Pour le parallèle entre le Haneke et le Lynch, pas con, mais ça va vraiment pas dans les mêmes directions ensuite, cela va de soi. :mrgreen:
D'ailleurs je me referais bien le Lynch à l'occasion pour vérifier si je le revois à la hausse (il y a aussi Sailor et Lula et Blue Velvet qu'il faut que je remate).
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Mon oncle - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 25 Avr 2022, 11:30

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Mon oncle de Jacques Tati
(1958)


Second film que je découvre de Tati après Les vacances de monsieur Hulot, et pour le coup je suis bien plus séduit par la proposition que fait Mon oncle. Pourtant, formellement, c’est plus ou moins la même came que le film précédent de Tati, car même si on passe à la couleur, l’acteur/réalisateur semble tenir à tout un héritage venu du muet, que ce soit avec la mise en scène qui va être très visuelle, ou encore de travail sur le son totalement irréaliste où tout est post-synchronisé. Mais le fait est que Tati semble trouver un sujet nettement plus inspirant avec ce film, puisque dès les premières images il est question de saisir à l’écran une France en pleine mutation, passant de la période d’après-guerre à celle contemporaine marquée par les avancées technologiques, les changements de mœurs ou encore l’architecture des villes qui passe d’un extrême à l’autre. Alors clairement, j’aurais quelques reproches à faire, notamment au fait que j’ai l’impression, comme toujours avec Tati, de voir une idée de moyen-métrage étirée au-delà du raisonnable pour faire un long.

Cela donne un film dont on comprend vite la finalité du propos, mais qui s’évertue tout de même à multiplier les scènes comiques autour des mêmes éléments, quitte à tomber dans la répétition. Ceci dit, c’est une répétitivité que j’accepte bien plus que dans Les vacances de monsieur Hulot, d’une part parce que le film s’avère plus drôle, mais d’autre part parce qu’il y a toute une poésie qui en découle, poésie qui ne marche pas toujours mais qui, quand elle fait effet, fonctionne à merveille. Le film est aussi un joli tour de force visuel où on sent que Tati met tous les moyens à sa disposition pour effectuer des gags que seul le cinéma peut produire, des gags qui font souvent penser à de la BD dans le principe (la maison de Tati où ce dernier monte les marches et que l’on voit au fil des fenêtres) mais que le réal s’approprie complètement pour des idées plutôt cools (mention spéciale à la maison de la frangine la nuit, avec les fenêtres qui deviennent des yeux).

L’humour fonctionne peut-être moins bien quand ça tombe dans le pur burlesque, souvent parce que ça traîne en longueur (tout le délire autour de la fontaine en forme de poisson), mais il y a quand même quelques gags vraiment excellents, genre la cruche rebondissante suivi du verre cassé ça a été un bon fou rire inattendu. Concept extrême oblige, c’est forcément un film qui met de côté une certaine idée classique de la narration et de l’écriture de personnage, ici tout cet aspect est épuré à l’extrême, et le film n’a pas vocation à créer de l’émotion (enfin j’ai l’impression) ou de l’empathie, d’où le fait que ça peut avoir un côté froid, contrebalancé par la poésie ambiante citée plus haut. Même si ça m’a pas complètement convaincu, c’est clairement un film très intéressant, autant dans sa proposition que dans sa fabrication, et c’est dommage que ce genre de comédies conceptuelles grand public ait désormais disparu aujourd’hui dans le cinéma populaire (et dire que ça faisait plus de quatre millions d’entrées à sa sortie, c’était vraiment une autre époque et un autre public).


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mr Jack » Lun 25 Avr 2022, 19:13

Le film n’a pas vocation à créer de l’émotion (enfin j’ai l’impression) ou de l’empathie


C'est pourtant un film qui parle de l'importance presque vitale de garder son âme d'enfant. De la transmission et de la paternité, aussi. J'ai vu le film pas mal de fois, et quand tu te concentres sur le gamin, ça change tout. Hulot est une sorte de curseur, légèrement disruptif, mais dont la candeur maladroite mais profondément sincère va aider un père et son fils à se retrouver. Et en plus de ça c'est un film qui réussit l'exploit d'être à la fois moderne tout en critiquant la modernité. Il est post-moderne, peut-être. Et Tati est complètement visionnaire sous bien des aspects. Playtime étant l'apogée de tout ce qu'il a pu proposer, tant visuellement que narrativement.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar osorojo » Lun 25 Avr 2022, 20:05

Je m'étais tellement ennuyé devant celui là que je n'ai tenté aucun autre Tati par la suite :/
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Lun 25 Avr 2022, 21:49

Mr Jack a écrit:Hulot est une sorte de curseur, légèrement disruptif, mais dont la candeur maladroite mais profondément sincère va aider un père et son fils à se retrouver.


Ok avec ça mais le truc c'est qu'on te présente pendant les 3/4 du film le père comme un mec complètement déconnecté de sa famille, et ça ne change finalement radicalement que dans les dernières minutes du métrage. J'aurais préféré un truc un peu plus dilué pour le coup, quitte à sacrifier des séquences longuettes et qui n'apporte pas grand chose comme celle à l'usine.

Mr Jack a écrit:Et Tati est complètement visionnaire sous bien des aspects. Playtime étant l'apogée de tout ce qu'il a pu proposer, tant visuellement que narrativement.


Alors je détaillerais plus dans ma critique à venir, mais j'ai moins accroché à Playtime. C'est typiquement le genre de film que j'aimerais aimer, ne serait-ce que pour l'énorme travail visuel qu'il ta balance à la tronche, mais ça m'a fait l'effet d'un joli film particulièrement froid où les défauts que je pointe dans Mon oncle sont multipliés par 10 (mais il en est de même pour les qualités).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Jed_Trigado » Lun 25 Avr 2022, 21:52

Pareil pour Playtime, le seul Tati que j'ai vu, je m'étais bien ennuyé perso. Je salue l'audace du truc, mais il y a pas de consensus possible, ça passe ou ça casse.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mr Jack » Mar 26 Avr 2022, 19:40

Alegas a écrit:
Mr Jack a écrit:Hulot est une sorte de curseur, légèrement disruptif, mais dont la candeur maladroite mais profondément sincère va aider un père et son fils à se retrouver.


Ok avec ça mais le truc c'est qu'on te présente pendant les 3/4 du film le père comme un mec complètement déconnecté de sa famille, et ça ne change finalement radicalement que dans les dernières minutes du métrage. J'aurais préféré un truc un peu plus dilué pour le coup, quitte à sacrifier des séquences longuettes et qui n'apporte pas grand chose comme celle à l'usine.


Il est plus que déconnecté. Il est complètement enfermé dans un cadre, un mode de vie uniforme et aseptisé et il est bouffé par son travail. On le voit beaucoup juger Hulot mais passer totalement à côté de son fils. C'est ça qui se passe tout le long du film. Tati nous montre les ravages du corporatisme dans toute sa verticalité. Et il raconte à quel point les foyers sont absorbés par la valeur travail si chère à une société capitaliste en plein essor ou en plein âge d'or, au choix. Et Tati le montre par sa DA, si tu regardes bien (et tout le génie de Tati réside là dedans : l'art de bien regarder) il y a des meubles et des objets de décors que l'on voit au travail et qui réapparaissent à la maison. Les fauteuils, surtout, et ça Tati vire presque au fétichisme quand on pense à ceux de Playtime, on les voit quand le père est au taff en face du boss, ces chaises inconfortables qui servent de fauteuils pour regarder le JT le soir ("comme tous les soirs, à la même heure..."). Et les éléments du décors parlent dans les Tati. Et Hulot en fait toujours quelque chose, et leur donne du sens. Il les triture avec son neveu et les parents eux se sont fait enfermés dans une boite qu'ils ont conçu. Et à la fin du film, c'est la première fois que le père observe les objets détournés de leurs usages, et pour la première fois il voit le monde à travers les yeux de son fils. Et quand il lui prend la main, il comprend qu'il peut aussi jouer, avec la boite. Perso je trouve ça très beau.

Et Playtime est LE film d'observateur. C'est un régal si tu prends le temps. Parce que tout fait sens dans chaque centimètre du cadre. Dans le champ, hors champ. Y'a une telle maitrise formelle et une telle compréhension de ce que peut apporter la mise en scène au récit, moi je trouve ça prodigieux, vraiment. Ca ressemble à rien d'autre, mais c'est justement ça son charme.
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Animaux fantastiques : Les secrets de Dumbledore (Les) - 4,5/10

Messagepar Alegas » Mer 27 Avr 2022, 16:18

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Fantastic Beasts : The secrets of Dumbledore (Les animaux fantastiques : Les secrets de Dumbledore) de David Yates
(2022)


Je suis assez étonné que, quand il s’agit d’évoquer des récentes tentatives désastreuses de faire des sagas cinématographiques complètement improvisées, on a souvent tendance à citer la postlogie Star Wars alors que pourtant, dans le genre, c’est clairement Fantastic Beasts qui remporte la palme du plus beau loupé. Car bon, produire une saga de cinq films sur la base d’une petite encyclopédie de créatures fantastiques, mixer ça avec une intrigue politique dont seule la résolution est connue, et improviser chaque script à chaque film selon la réception du précédent, c’est quand même pas l’idée du siècle, malgré quelques bonnes intentions comme le fait d’avoir quasiment toujours la même équipe technique d’épisode en épisode pour garder une certaine homogénéité. Si le premier film avait l’excuse de lancer l’histoire et de poser les personnages, et que le second avait celle d’embrasser l’aspect géo-politique et historique, ce troisième opus confirme bien que la Warner, Yates et Rowling naviguent à vue avec cette saga.

Ici donc, on a un épisode qui donne l’impression que toute son intrigue aurait pu être contenue dans le précédent, tant ça raconte la même chose : c’est Grindelwald qui essaye de prendre le contrôle du monde des sorciers, Dumbledore et son équipe de sorciers qui vont chercher à l’en empêcher, les plans de Grindelwald tombent à l’eau et on se retrouve avec quasiment la même situation finale que celle du second film, donnant l’impression d’avoir assisté à un pur film inutile :eheh: . Surtout qu’à côté de ça, la saga, à mesure qu’elle avance, justifie de plus en plus mal son concept : la présence et l’importance des animaux dans l’intrigue devient de plus en plus poussive, et surtout les personnages présents depuis le premier film mériteraient sérieusement d’être relégués au second plan. Car là, on sent que le vrai héros, c’est Dumbledore, on sent que l’intrigue la plus importante, c’est sa relation avec Grindelwald, et tout ce qui touche au casting du premier film donne l’impression d’être là juste pour assurer une continuité, car bon Dumbledore qui recrute une équipe de bras cassés pour combattre le plus grand sorcier existant ça passe sur un film, mais pas sur deux, surtout quand les enjeux deviennent de plus en plus importants.

Surtout qu’à côté de ça, l’écriture ne suit absolument pas, le plan de Dumbledore est complètement foireux et ça essaye de le justifier via des dialogues, les règles de l’univers établies depuis Harry Potter se contredisent de plus en plus (exemple parmis tant d’autres : Poudlard est censé être protégé par un sort qui fait qu’aucun Moldu ne peut le voir et y entrer, et là pour les besoins du script on invite un Moldu dedans sans aucun problème :roll: ), les storylines établies depuis deux films n’aboutissent sur rien (la découverte d’un Dumbledore à la fin du second film était un twist, et là tu l’enlèves du film c’est pareil :eheh: ), et la plus grosse déception de mon côté vient du fait que ce film ne fait absolument rien de son contexte historique pourtant intéressant. On est quand même censé être à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, avec un bad-guy qui est littéralement le Hitler des sorciers, l’action se passe en partie dans une Allemagne où, côté moldus, des choses graves sont en train de se passer, et le film n’en fait absolument rien, pour le coup je trouve que c’est un gros gâchis.

Autre problème : le très haut budget a beau être de la partie, jamais l’univers n’a semblé aussi fake. C’était déjà plus ou moins le cas dans les deux précédents films avec l’overdose de numérique, mais là c’est même pas bien fait et même quand on revient à Poudlard il n’y a pas un seul plan qui fasse aussi authentique que ceux des premiers Harry Potter réalisés il y a vingt ans. Autant dire du coup qu’en plus de raconter pas très bien une histoire pas passionnante, on a jamais l’émerveillement qu’est censé susciter l’univers, et même les séquences d’action donnent toujours l’impression d’être des pâles copies des Harry Potter, autant dire que la déception est de mise et qu’il serait peut-être temps, après sept films, de changer de réalisateur pour offrir une nouvelle vision et traitement.

Concernant le changement de casting de Grindelwald, j’avais pensé que passer de Johnny Depp à Mads Mikkelsen serait pour le mieux, mais au final je me demande sérieusement si je ne préférais pas Depp, qui apportait une exubérance bienvenue au personnage, alors que là Mikkelsen se repose juste sur son charisme naturel et livre le minimum syndical. Le reste du casting fait le job, mais à part Dumbledore on sent que quasiment personne n’est bien servi par son personnage, en témoigne Redmayne dont l’écriture du personnage fait du surplace. Au final, la seule chose inattaquable que je retiens du film, c’est la musique de James Newton Howard qui est jolie, mais c’est bien la seule chose que je peux défendre dans cet aveu d’échec d’une saga très opportuniste malgré ses bonnes intentions.


4,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Mer 27 Avr 2022, 18:18

Le premier ne racontait rien. Du coup, je n'ai pas insisté.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar lvri » Mer 27 Avr 2022, 19:54

J'ai lu en travers pour éviter de trop me spoiler. Mais deux trucs me posent questions :

Alegas a écrit:Poudlard est censé être protégé par un sort qui fait qu’aucun Moldu ne peut le voir et y entrer, et là pour les besoins du script on invite un Moldu dedans sans aucun problème


Sauf erreur, que les moldus ne puissent pas le voir, ok. Mais qu'ils ne puissent pas entrer, c'est autre chose. À partir du moment où un sort peut empêcher quelque chose, l'inverse est tout aussi faisable.

Alegas a écrit:Concernant le changement de casting de Grindelwald, j’avais pensé que passer de Johnny Depp à Mads Mikkelsen serait pour le mieux, mais au final je me demande sérieusement si je ne préférais pas Depp, qui apportait une exubérance bienvenue au personnage,


Pour une fois que Depp offrait un perso sans exubérance... :mrgreen:

J'y jetterais un coup d'oeil à sa sortie en bluray (premier film de la saga HP que je n'irais pas voir au ciné). Je sais que l'ambiance me fera oublier les défauts, mais clairement, cette saga accumule les problèmes à tous niveaux... Et il y a encore deux films prévus !
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Mer 27 Avr 2022, 20:57

lvri a écrit:J'ai lu en travers pour éviter de trop me spoiler. Mais deux trucs me posent questions :

Alegas a écrit:Poudlard est censé être protégé par un sort qui fait qu’aucun Moldu ne peut le voir et y entrer, et là pour les besoins du script on invite un Moldu dedans sans aucun problème


Sauf erreur, que les moldus ne puissent pas le voir, ok. Mais qu'ils ne puissent pas entrer, c'est autre chose. À partir du moment où un sort peut empêcher quelque chose, l'inverse est tout aussi faisable.


Non non, dans le bouquin (La coupe de feu peut-être ?) c'est bien spécifié que si un moldu approche de Poudlard il est censé voir des ruines, et le sort est censé le pousser à s'éloigner sans qu'il en ait conscience.
Je veux bien que les conséquences des sorts soient malléables, mais à un moment si tu dis que tel endroit peut pas être visité par une catégorie de personnes dans ton univers tu assumes jusqu'au bout. ^^ Ou alors on tombe dans la facilité d'écriture.

Sinon pour Depp : c'est pas de l'exubérance façon POTC ou comme chez Burton mais ça en est tout de même. Rien que son look quoi (look probablement choisi par Depp vu qu'il a été totalement abandonné par Mikkelsen).
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