[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Pathfinder » Ven 08 Avr 2022, 16:07

Mark Chopper a écrit:Mais certains ici le défendent encore :chut:

yep
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Gouffre aux chimères (Le) - 8,5/10

Messagepar Alegas » Ven 08 Avr 2022, 17:43

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Ace in the hole (Le gouffre aux chimères) de Billy Wilder
(1951)


Excellent film qui mérite amplement sa réputation : c’est clairement à ranger parmi les meilleurs films de Wilder. Ace in the hole est un peu l’ancêtre d’une longue lignée de films qui vont pointer du doigt les dérives des médias : alors que la télévision commence à se faire une place dans les foyers américains, Wilder évoque le danger que peut représenter un seul homme qui veut faire d’un petit fait divers une affaire nationale, pour sa propre gloire. Le film commence simplement, avec ce petit journaliste de pacotille qui veut se faire un nom, et qui voit en un homme bloqué dans une caverne la possibilité d’un tremplin pour sa carrière. A partir de là, le film n’est qu’une longue descente aux enfers, qui n’a d’égale que la bêtise qui l’accompagne, entre les médias qui rappliquent pour avoir le moindre scoop, les touristes en manque de sensations fortes qui installent leur caravane sur le lieu du drame, ou encore les responsables politiques qui en profitent pour redorer leur blason. Difficile de ne pas sortir exténué d’un tel film, tant ça va très loin dans le délire, et surtout parce que, on s'en doute : la vérité ne serait hélas probablement pas bien différente de la fiction (le film est, en plus, inspiré de faits réels).

Au milieu de tout cela, Kirk Douglas s’avère tout simplement impérial et trouve dans ce rôle de journaliste opportuniste l’un de ses meilleurs rôles, et le film m’a permis de découvrir Jan Sterling qui est vraiment excellente dans un rôle pourtant pas facile. La grosse qualité de l’écriture de Wilder, au-delà de la critique des médias, vient clairement du travail sur les personnages, qui évoluent de façon vraiment intéressante avec toujours un mélange d’empathie et de dégoût de la part du spectateur (le meilleur exemple étant le personnage de Sterling : on la plaint de se retrouver au milieu de nulle part, mais sa façon qu’elle trouve de s’en sortir est répugnante). Et puis formellement, c’est du Wilder en très grande forme, notamment pour les moyens mis en place qui sont tout simplement dingues (ces plans au sommet de la falaise, où l’on contemple les centaines de figurants :shock: , ça donne une véritable ampleur au métrage). Malheureusement, le film sera un échec financier et n’arrivera pas à rentabiliser son budget, et c’est franchement dommage car c’est clairement le film du réal que je préfère jusqu’à présent (apparemment, c’était aussi celui que Wilder préférait de toute sa carrière) alors que c’est pas forcément ni le plus connu ni le plus réputé.


8,5/10
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Légendes vivantes - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 10 Avr 2022, 10:50

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Anchorman 2 : The legend continues (Légendes vivantes) de Adam McKay
(2013)


Le premier film ne demandait pas vraiment une suite, loin de là, mais à la limite pourquoi pas vu que les personnages ont clairement le potentiel pour être réutilisés. Le début du film a tendance, en plus, à inspirer confiance : ça se passe plusieurs années après les actions du film précédent, les personnages ont évolués, on exploite l’apparition des premières chaînes d’information sans interruption, et l’intrigue à base de “il faut recréer l’équipe d’avant” donne au métrage un petit feeling Blues Brothers vraiment pas déplaisant. Le souci, c’est qu’au-delà du fait que le film a été fait pour faire revenir à nouveau Burgundy et sa team, on sent que le métrage n’a pas été fait que pour des bonnes raisons, et du coup il y a un côté assez opportuniste au sein du projet qui se ressent pas mal. Ça se voit particulièrement dans la débauche de moyens mis en œuvre (le film a coûté deux fois plus cher que le précédent !) pour au final arriver sur quelque chose de moins inspiré.

A l’exception de quelques nouveaux personnages et situations, McKay et Ferrell ne font que reprendre ce qui existait déjà dans le premier film pour le refaire en mode bigger and louder, mais malheureusement ça a souvent tendance à en faire beaucoup trop, en témoigne la séquence de baston entre présentateurs TV qui fait beaucoup trop foire aux caméos sur-budgetée. A cela s’ajoute le fait que McKay ne semble pas être complètement en contrôle de la construction scénaristique de son film : les séquences s’enchaînent souvent sans véritable liant entre elles, et du coup ça donne l’impression de voir une grosse machine souvent improvisée, et qui aboutit sur un résultat pas des plus convaincants. Reste que ça fait toujours plaisir de revoir ces personnages, d’autant que les séquences humoristiques s’enchaînent à vive allure (l’accident du camping car, Jack Lame, le fond vert, la patronne qui cache bien son jeu, etc…), mais même si ça reste regardable c’est clairement deux crans en-dessous du premier film.


5,5/10
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Dernier train de Gun Hill (Le) - 8/10

Messagepar Alegas » Lun 11 Avr 2022, 17:31

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Last train from Gun Hill (Le dernier train de Gun Hill) de John Sturges
(1959)


Excellent western que voilà, alors clairement ça ne révolutionne pas la roue, mais le fait est que Sturges livre ici un métrage sur lequel on ne peut pas reprocher grand chose, tant tout se tient admirablement bien. C’est typiquement le genre de western que j’aime beaucoup voir, avec l’accent mis sur une dramaturgie psychologique, qui va gratter le vernis des clichés pour permettre la mise en valeur des personnages complexes, et ici c’est peu de le dire avec une situation pour le moins difficile, vu qu’on va opposer deux anciens amis qui se respectent, mais dont le fils de l’un a violé et tué la femme de l’autre, et que ce dernier demande justice. Dès le début du métrage, ça pose le ton et ça indique clairement qu’on est pas en face d’un western comme les autres, avec un viol hors-champ, puis le récit commence et ça va aller dans la simplicité la plus totale : une poignée de personnages, une ville, une journée pour résoudre l’action et prendre le dernier train qui va permettre la fin de l’intrigue.

Une simplicité qui fait clairement la force du métrage, puisque c’est elle qui va permettre non seulement un récit hyper efficace, qui va à l’essentiel, mais aussi de mettre en avant un côté plus psychologique, au détriment de l’action. Le cœur du film, c’est vraiment la relation entre les deux anciens amis, et ça, Sturges le comprend parfaitement en embrassant en partie la dimension théâtrale héritée de la tragédie (chaque personnage a son rôle à jouer dans ce qui va amener à la conclusion, on a une unité de temps, de lieu, etc…). Cela n’empêche pas le métrage d’avoir quelques fusillades à proposer, mais ça reste toujours bref pour être encore plus percutant pour le spectateur, en témoigne les ultimes minutes du film où, en l’espace de quelques secondes, on conclut les plus gros arcs en quelques coups de flingues. Sturges filme ça avec le talent qu’on lui connaît, et même si je ne trouve pas que c’est forcément l’un des plus grands réals de son époque c’est clairement un mec qui savait maîtriser sa caméra et qui pouvait magnifier un script avec ses images, le duel final par exemple est un sacré modèle de découpage, minimaliste mais ultra efficace.

Mais la grande force du film, c’est surtout le duo Douglas/Quinn qui rend le récit aussi fascinant, l’un étant l’homme qui n’a plus que la justice comme raison de vivre, pendant que l’autre essaie comme il peut d’assumer un fils dont il ne défend pourtant pas les actes. Sans surprise, Douglas est excellent, et grosse surprise de la part de Quinn qui était, jusqu’ici, pour moi surtout une gueule, mais là il maîtrise très bien un rôle pourtant assez complexe. Bref, c’est un super western, à ranger parmi les grandes réussites de l’époque, et du coup j’avoue ne pas comprendre les notes assez tièdes en ces lieux.


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Avr 2022, 17:37

Sturges en western, c'est toujours une valeur sûre. :super:

T'avais déjà maté du Budd Boetticher sinon ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Lun 11 Avr 2022, 18:40

Beaucoup aimé celui-là.

grosse surprise de la part de Quinn qui était, jusqu’ici, pour moi surtout une gueule


Tu as vu Revenge de Tony Scott ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Lun 11 Avr 2022, 19:06

Jed_Trigado a écrit:Sturges en western, c'est toujours une valeur sûre. :super:

T'avais déjà maté du Budd Boetticher sinon ?


De Sturges en western, j'ai l'intention de me faire prochainement le doublé Règlements de comptes à O.K. Corral (sérieux, Lancaster et Douglas dans le même film, je mouille déjà mon slip :bluespit: ) et 7 secondes en enfer.

Pour Boetticher, rien vu du tout. Scalp m'avait déjà conseillé d'entamer sa filmo western, mais le mec a l'air d'en avoir tellement fait que je ne sais pas trop par où commencer. :eheh:

Mark Chopper a écrit:Tu as vu Revenge de Tony Scott ?


Non c'est justement l'un des trois Scott qu'il me reste à voir.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Lun 11 Avr 2022, 19:12

Je pense que tu accrocheras.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Jed_Trigado » Lun 11 Avr 2022, 19:13

Alegas a écrit:
Jed_Trigado a écrit:Sturges en western, c'est toujours une valeur sûre. :super:

T'avais déjà maté du Budd Boetticher sinon ?


De Sturges en western, j'ai l'intention de me faire prochainement le doublé Règlements de comptes à O.K. Corral (sérieux, Lancaster et Douglas dans le même film, je mouille déjà mon slip :bluespit: ) et 7 secondes en enfer.

Pour Boetticher, rien vu du tout. Scalp m'avait déjà conseillé d'entamer sa filmo western, mais le mec a l'air d'en avoir tellement fait que je ne sais pas trop par où commencer. :eheh:

Tu sera pas déçu pour Règlements de Compte et le cycle Boetticher/Randolph Scott c'est quasi du niveau Mann/Stewart AMHA (même si j'ai pas encore tout vu).
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Dernière fanfare (La) - 5/10

Messagepar Alegas » Mar 12 Avr 2022, 14:58

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The last hurrah (La dernière fanfare) de John Ford
(1958)


Je n’avais pas spécialement d’attentes sur ce film qui n’a l’air ni d’être parmi les plus connus de John Ford, ni parmis les plus réputés, et pourtant c’est clairement la déception qui prime lors de cette découverte, notamment parce que le pitch de départ a son lot de jolies promesses. Avec ce film, Ford retourne au récit politique pour en livrer une sorte de vision crépusculaire : on y suit l’élection d’un maire plein de grandes valeurs, qui renouvelle son mandat, mais qui doit faire face à une opposition de banquiers et politiques qui vont présenter leur propre poulain, plus jeune et manipulable.

Une élection qui, malheureusement, a beaucoup de mal à être fascinante, et autant la première demi-heure avec la présentation des personnages marche bien, autant ce qui suit donne souvent l’impression de voir une succession de séquences très similaires les unes par rapport aux autres. Le candidat va assister à un enterrement (pas compris l’intérêt de faire autant durer ce passage, c’est facilement vingt minutes de film), le candidat va voir ses opposants, va discuter avec son neveu qui l’accompagne sur le terrain, autant de scènes bavardes à l’excès, sans enjeux qui ressortent, et dont Ford a du mal à donner une dynamique à l’ensemble.

Il en résulte un métrage qui donne des impressions de longueurs exagérées, et sur lequel la mise en scène ne semble jamais briller, au contraire de l’interprète principal, Spencer Tracy, qui est clairement la plus grande qualité du film. Même le retournement de situation, aux deux tiers du récit, n’arrive pas à changer la donne : j’ai espéré que le film finirait sur une note amère, mais c’était sans compter les vingt minutes restants qui enfoncent bien le clou d’un propos qu’on avait déjà saisi bien avant. C’est pas un mauvais film, mais c’est clairement une pellicule qui n’a jamais réussi à me parler (le même film par Capra, ça aurait été nettement plus mon délire je pense). Le temps m’a semblé bien long devant, seule la prestation de Tracy et quelques rares scènes m’ont intéressé, bref je peux difficilement mettre plus que la moyenne pour celui-là, malgré toute ma bonne volonté.


5/10
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Comtesse (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 13 Avr 2022, 17:42

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The Countess (La Comtesse) de Julie Delpy
(2009)


Première réalisation de Delpy que je découvre (de toutes celles qu’elle a faites, c’était bien la seule qui me tentait vraiment), et même si ça se regarde sans ennui faut avouer que c’est un peu décevant vu le sujet qui aurait pu donner lieu à quelque chose de nettement meilleur. En choisissant de porter à l’écran la vie d’une comtesse hongroise qui fut accusée d’avoir tué des dizaines de jeunes femmes pour se servir de leur sang comme eau de jouvence, Delpy prend un sujet assez passionnant et ambitieux, et à voir le film on se demande si elle avait le budget et/ou les épaules pour exploiter pleinement le potentiel de ce récit.

Encore une fois, le film ne souffre pas spécialement de défauts majeurs : la reconstitution est correcte pour un budget qu’on devine pas énorme, le casting s’en sort bien (surtout Delpy et Hurt), et le personnage est développé de façon intéressante, mais le souci c’est que ça ne dépasse jamais le correct. Aucune scène ne ressort vraiment de l’ensemble, et j’avoue que je n’aurais pas été contre que Delpy assume plus le côté film de genre de son histoire, car là ça veut être une sorte de drame romantique sanglant alors qu’il y avait matière à quelque chose de nettement plus psychologique et tordu. Bref, il y a un peu l’impression de voir Delpy passer à côté de quelque chose de nettement plus marquant, et c’est dommage car pour une fois qu’on a une réalisatrice française qui se penche sur du film historique comme ça on aurait pu espérer mieux.


6/10
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Notre-Dame brûle - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 14 Avr 2022, 19:10

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Notre-Dame brûle de Jean-Jacques Annaud
(2022)


La carrière de Jean-Jacques Annaud, depuis ses débuts, a toujours été construite à partir de projets qui, sur le papier, s’annonçaient soit difficiles, soit carrément impossibles à vendre. Une filmographie riche en diversité et en culot donc, ce que ne fait pas mentir le nouveau long-métrage du réalisateur, qui s’avère assez unique dans le paysage cinématographique français. Alors qu’on lui propose la réalisation d’un documentaire sur l’incendie de Notre-Dame de Paris, Annaud prend le contre-pied de l’offre : pourquoi, alors que le matériau s’y prête, ne pas faire plutôt un pur film catastrophe sur la tragédie, en mêlant les différents protagonistes pour obtenir l’aspect choral que l’on trouve généralement dans ce genre de films ? Une idée qui, on le remarque sur le net, a rapidement été moquée, possiblement parce qu’il est rare que le cinéma français se penche aussi vite sur des événements réels, et aussi sans doute parce que dans la tête du public français le film catastrophe se doit d’être anglo-saxon, mais le fait est qu’Annaud s’en sort avec les honneurs et aura, encore une fois, provoqué la surprise de mon côté.

Déjà, les doutes qu’avaient pu me laisser la promo marketing se sont vite évanouis : les images vendaient quelque chose d’assez cheap et soap dans l’esprit, mais il n’en est rien. Annaud livre un pur film catastrophe premier degré qui va complètement épouser son sujet, quitte à laisser de côté une partie des spectateurs qui verront dans l’aspect religieux du métrage une tendance à en faire des tonnes. Pourtant, impossible de ne pas traiter le sujet sans prendre en compte l’importance religieuse et spirituelle de l'événement, et ça, Annaud le comprend parfaitement en livrant des images fortes et lourdes de sens. Le côté pompier (sans mauvais jeu de mot) est ici complètement assumé et fait partie intégrante du projet, et à partir du moment où on l’accepte c’est vraiment un régal tant ça part dans le spectacle total où la symbolique prend le pas sur le réel (les chants dans les rues) et où l’imagerie va à fond dans le délire (la gargouille à tête satanique qui va déverser le plomb brûlant, les cloches qui sonnent à nouveau grâce à l’eau des pompiers :love: , etc…).

Un côté assumé qui se ressent jusque dans les storylines, où on donne une importance non négligeable au sauvetage de la couronne d’épines du Christ, mais ça ne prend jamais le pas sur ce qui semble intéresser au plus haut point Annaud, à savoir permettre au spectateur de revivre l'événement à travers les yeux de ceux qui étaient à l’intérieur de la cathédrale, et c’est là où le film frappe le plus fort à mon sens. En France, on a toujours peur de faire du spectaculaire au cinéma, au point qu’essayer d’en faire dans nos frontières est souvent mal vu, comme si on essayait de dépasser notre condition de petit cinéma national, et il fallait bien quelqu’un comme Annaud, qui n’a pas hésité à faire des films ailleurs pour satisfaire ses besoins d’ampleur, pour dynamiter cette idée préconçue. Son film est immersif au possible, fait de quasiment chaque étape un passage d’action ou de suspens (cette scène enfumée où le plomb commence à couler sur les casques ! :o ), et permet de rendre hommage, à travers un spectacle total, à toute la profession de pompier.

Le film a aussi ses défauts, que ce soit à travers quelques choix de casting moins inspirés que d’autres, le fait d’avoir certaines storylines qui ne servent pas à grand chose (je cherche encore à savoir à quoi sert celle avec la grand-mère dont le chat est coincé sur un toit :eheh: , et le caméo de Hidalgo n’était pas forcément obligatoire :mrgreen: ), mais à côté de ça le film arrive tellement à transformer en qualité des choses pas évidentes (je pense, par exemple, à l’utilisation d’images d’archive, qui est ici admirablement bien gérée) que je pardonne ces écarts bien volontiers. Formellement, comme sous-entendu plus haut, Annaud montre tout son savoir-faire, et la reconstitution est complètement dingue : le tournage a beau avoir eu lieu en studio et dans plusieurs églises différentes, on a toujours l’impression d’être à Notre-Dame et ça c’est vraiment un exploit. Côté musique, j’ai eu à plusieurs reprises durant la vision l’impression d’entendre du James Horner, et sans surprise c’est Simon Franglen qui signe la BO, lui qui reprend les projets d’Horner et qui fera notamment les suites d’Avatar pour Cameron. Le résultat fonctionne très bien à l’écran : ça en fait des tonnes, mais ça marche complètement avec les images d’Annaud et la note d’intention du métrage, comme chez Horner ça va à fond dans l’empathie avec le spectateur et autant dire que le projet s’y prête parfaitement. J’attendais un film au mieux passable, mais comme souvent Annaud a réussi à prendre à revers mes attentes pour mieux me surprendre, et même si ce n’est pas le film dont on se souviendra forcément de sa part, ça reste un sacré morceau de cinéma de la part d’un réalisateur qui approche bientôt des 80 balais !


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar osorojo » Jeu 14 Avr 2022, 19:44

On sera pas d'accord sur celui-là, certes il y a quelques passages sympathiques, mais alors j'ai quand même trouvé ça super cheap et, tu le dis à demi-mots en admettant quelques choix de casting moins inspirés que d’autres mais t'es indulgent, c'est pire que ça, tout le monde est aux fraises total, au point que je me suis demandé s'il y avait un acteur professionnel dans le lot. Non, vraiment, niveau direction d'acteurs c'est 0.

Comme tu as aimé le côté un peu docu-fiction du truc (images d'archive, le côté wikipédia sur le christianisme et ses reliques etc), c'est passé pour toi, mais alors de mon côté, je me suis passablement ennuyé devant l'angle d'attaque pompeux qui est celui d'Annaud dans ce film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Jeu 14 Avr 2022, 20:13

osorojo a écrit:tu le dis à demi-mots en admettant quelques choix de casting moins inspirés que d’autres mais t'es indulgent, c'est pire que ça, tout le monde est aux fraises total, au point que je me suis demandé s'il y avait un acteur professionnel dans le lot. Non, vraiment, niveau direction d'acteurs c'est 0.


Pas d'accord. Ok il n'y a aucune interprétation qui sort du lot, mais d'un autre côté le film est tellement dans une envie de retranscrire la réalité de cette journée que ça aurait fait bizarre d'avoir de "l'interprétation de cinéma" avec (je mets entre guillemets car je sais pas trop comment le dire autrement, mais c'est pas péjoratif).
Donc clairement y'a pas de la grande performance, mais j'ai trouvé quasiment tout le casting juste, sans être mémorable pour autant.

Il y en a juste certains dont j'ai trouvé le jeu un poil over the top, notamment celui qui joue le conservateur de la cathédrale (mais bon vu les merdes qui lui arrivent, difficile de jouer ça aussi :eheh: ).
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Garçu (Le) - 3/10

Messagepar Alegas » Ven 15 Avr 2022, 12:32

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Le Garçu de Maurice Pialat
(1995)


Premier film de Pialat que je découvre et le moins qu’on puisse dire est que je tombe de haut vu la réputation flatteuse de ce réalisateur. Alors peut-être que je n’ai pas commencé par le plus évident, le plus représentatif, ou même le meilleur, mais ça donne pas spécialement envie d’en voir d’autres tant c’est clairement du cinéma qui ne me cause absolument pas, notamment dans son approche réaliste héritée de la Nouvelle Vague, où on filme des tranches de vie sans réelles idées visuelles, où on enchaîne les scènes sans logique (mais ça, d’après ce que j’ai compris, ça pourrait venir d’un montage que Pialat n’appréciait pas lui-même). Ce qui m’a vraiment gêné au final, c’est le fait que cette direction formelle et narrative a complètement annihilé toute empathie que j’aurais pu avoir envers les personnages.

Car bon, un récit pareil c’est typiquement le genre d’histoire où on attends de l’émotion, et de mon côté ça a été l'encéphalogramme plat : plus le film avançait et plus je me foutais de ce qui arrivait aux personnages, et le fait d’avoir l’impression de suivre des scènes aléatoires sans véritables liant entre elles n’arrangeait pas les choses. De ce film, je ne retiens finalement qu’un Depardieu toujours aussi impliqué, quelques scènes rigolotes avec le gosse (fils du réal, donc forcément,quand il pleure, il appelle son père derrière la caméra :mrgreen: , et il y a aussi une scène où il appelle Depardieu “le gros Gégé” avant de se rappeler qu’il doit l'appeler papa :eheh: ), un passage avec du Bob Marley en soundtrack, mais sinon pour le reste c’est déjà complètement oublié. Peut-être que je tenterais d’autres collaborations Pialat/Depardieu car c’est quand même assez tentant (notamment Sous le soleil de Satan), mais je vais clairement revoir mes attentes à la baisse.


3/10
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