Mr. Deeds goes to town (L'extravagant Mr. Deeds) de Frank Capra
(1936)
Encore un très bon film de la part de Capra, ça commence à devenir une habitude. Décidément, autant je ne suis pas fan du bonhomme quand il part dans la comédie pure, mais dès qu’il part vers du drame un peu léger avec comme note d’intention de prôner l’humanisme et les valeurs de son pays, ça donne d’excellents films et ce Mr. Deeds goes to town le prouve à nouveau. Ce sera d’ailleurs le premier film de ce genre pour le réalisateur, qui en fera par la suite sa marque de fabrique (notamment la fameuse formule du standing man que Spielberg explicitera plus tard dans un de ses films), et ce sera aussi le film qui viendra asseoir son indépendance artistique, notamment en étant l’un des premiers réalisateur de l’histoire à avoir son nom constamment sur l’affiche et ce, spécifié par contrat. Sur un pitch simple et efficace (un nobody naïf de la campagne devient du jour au lendemain, par un héritage, l’une des plus grosses fortunes du pays, provoquant l’intérêt des médias et des profiteurs en tous genre), Capra crée une grande fable sur le caractère finalement très artificiel de ce qu’est devenu l’Amérique, au point de prendre la moindre décision pour l’argent, quitte à couler volontairement un homme intègre.
Pour le coup, comme beaucoup d’autres Capra, c’est clairement pas un film pour les cyniques : oui, on peut trouver des ficelles assez grosses, à l’image de ces ultimes minutes où le bien triomphe juste parce que l’on fait appel à l’humanisme des personnages, mais c’est aussi ce qui fait le sel de ce genre de productions à mon sens, car c’est réellement une image fantasmée par son réalisateur, mais aussi par le spectateur (le monde serait clairement un meilleur endroit si on se comportait tous comme dans un film de Capra). La grosse réussite du métrage tient dans son script et son ambiance à la fois légère et grave quand c’est nécessaire, mais aussi par son casting qui dégage énormément de sympathie : Gary Cooper en homme simple et brave est une évidence, Jean Arthur dans son premier grand rôle populaire pose déjà le niveau des futurs très bons personnages qu’elle incarnera par la suite (chez Capra évidemment, mais aussi chez Hawks), et j’aime beaucoup le personnage de Lionel Stander qu’on prend pour un cynique au début mais qui évolue pour devenir l’une des rares personnes à soutenir le héros. Un film à conseiller chaudement pour ceux qui aiment un film comme Mr. Smith goes to Washington, car c’est vraiment la même came à peu de choses près.
8/10