[Alegas] Mes Critiques en 2022

Modérateur: Dunandan

Hauts de Hurlevent (Les) (1939) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 28 Fév 2022, 19:44

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Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent) de William Wyler
(1939)


Bien sympa ce film de Wyler, c’est pas non plus à la hauteur des films que je préfère du bonhomme mais on reste dans du drame romantique de bonne facture. Adaptation d’un classique de la littérature que je n’ai pas lu, apparemment seule une moitié de l’ouvrage serait transposée à l’écran, mais jamais ça ne se ressent pour le coup, et on a bien une histoire d’amour de ses origines jusqu’à sa très jolie conclusion. Je vais pas rentrer dans les détails de l’intrigue, mais en gros on va suivre l’histoire d’un couple de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, et dont l’amour mutuel ne va jamais être possible, la faute à des différences sociales (la femme est fille de noble, le garçon est un vagabond recueilli et a qui on a donné une belle éducation) mais aussi à des envies pas forcément compatibles (la femme notamment, malgré son attachement amoureux, a l’ambition d’être marié à quelqu’un promis à un grand avenir). Une romance troublée donc, qui va connaître un destin des plus tragiques (bouleversant dernier acte), et rythmé avec des “je t’aime, moi non plus”, autant dire que c’est pas forcément la proposition scénaristique la plus bandante du monde, mais le fait est que les personnages se tiennent tellement bien que ça se suit avec intérêt.

Si le film n’a pas forcément un rythme idéal (je ne sais pas comment est construit le bouquin, mais la partie enfance/adolescence aurait pu être un poil écourtée), ce défaut est rapidement oublié face à la qualité de l’écriture des personnages, mais aussi avec les interprétations de premier ordre, Laurence Olivier en tête puisqu’il incarne un Heathcliff tour à tour attachant et détestable. Merle Oberon est un poil moins marquante, mais ne démérite pas pour autant puisqu’elle apporte ce qu’il faut pour jouer un personnage complexe, prisonnière de ses propres frustrations. Et puis il y a David Niven qui incarne très bien ce qu’on pourrait rapprocher le plus d’un antagoniste (sans qu’il le soit vraiment, chaque personnage a ses raisons louables et ses parts d’ombre). Dommage que le personnage du frère semble être laissé de côté au bout d'une demi-heure de film, pour le coup c'est un arc qui aurait pu être mieux géré à mon sens. Wyler filme ça avec beaucoup d’académisme, peut-être même un peu trop, j’aurais pas craché sur un film avec plus d’envolées mystiques/fantastiques car dès qu’il y en a ça marche très bien (le final). Très jolie photographie du futur chef opérateur de Citizen Kane, autant dire que l’Oscar n’était pas volé à l’époque. Pas un grand film, ni même forcément un classique, mais une jolie adaptation pleine de charmes mais un peu trop sage pour être vraiment plus. très curieux du coup de voir l’adaptation du même livre par Andrea Arnold.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Mar 01 Mar 2022, 10:10

BILAN FÉVRIER 2022


Films vus :

42 : Animal crackers, Victor Heerman, 1930, DVD VOST : 6/10
43 : Birdman of Alcatraz, John Frankenheimer, 1962, Ciné VOST : 8,5/10
44 : The Post, Steven Spielberg, 2017, Blu-Ray VOST : 8/10
45 : L'Âge d'Or, Luis Buñuel, 1930, DVD VF : 5,5/10
46 : Nightmare Alley, Guillermo Del Toro, 2021, Ciné VOST : 7,5/10
47 : Ready Player One, Steven Spielberg, 2018, Blu-Ray VOST : 8/10
48 : La Cérémonie, Claude Chabrol, 1995, TV VF : 4,5/10
49 : Pépé le Moko, Julien Duvivier, 1937, TV VF : 8/10
50 : Lethal Weapon, Richard Donner, 1987, Blu-Ray VOST : 8/10
51 : Les vedettes, Jonathan Barré, 2022, Ciné VF : 6/10
52 : Narc, Joe Carnahan, 2002, DVD VOST : 8/10
53 : Une affaire de femmes, Claude Chabrol, 1988, TV VF : 5/10
54 : Bigbug, Jean-Pierre Jeunet, 2022, TV VF : 4/10
55 : En guerre, Stéphane Brizé, 2018, DVD VF : 7/10
56 : Michael Cimino, un mirage américain, Jean-Baptiste Thoret, 2022, Ciné VOST : 6,5/10
57 : Das Testament des Dr. Mabuse, Fritz Lang, 1933, Ciné VOST : 5,5/10
58 : The Gauntlet, Clint Eastwood, 1977, TV VOST : 7/10
59 : Un autre monde, Stéphane Brizé, 2022, Ciné VF : 6/10
60 : Vals Im Bashir, Ari Folman, 2008, Blu-Ray VOST : 10/10
61 : Maigret voit rouge, Gilles Grangier, 1963, Truc VF : 4/10
62 : Wuthering Heights, William Wyler, 1939, DVD VOST : 6,5/10
63 : The adventures of André and Wally B., Alvy Ray Smith, 1984, TV VO : 5/10
64 : Red's dream, John Lasseter, 1987, TV VO : 6,5/10
65 : The Grey, Joe Carnahan, 2011, Blu-Ray VOST : 8,5/10
66 : Letter from an unknown woman, Max Ophüls, 1948, Ciné VOST : 7/10
67 : Tin toy, John Lasseter, 1988, TV VO : 6/10
68 : Geri's game, Jan Pinkava, 1997, TV VO : 7/10
69 : The night of the generals, Anatole Litvak, 1967, TV VOST : 6/10
70 : To have and have not, Howard Hawks, 1944, DVD VOST : 7,5/10
71 : Luxo Jr., John Lasseter, 1986, TV VO : 7/10
72 : For the birds, Ralph Eggleston, 2000, TV VO : 8/10
73 : Mike's new car, Pete Docter & Roger Gould, 2002, TV VOST : 6/10
74 : I wanna hold your hand, Robert Zemeckis, 1978, Blu-Ray VOST : 7/10
75 : Adieu poulet, Pierre Granier-Deferre, 1975, Ciné VF : 6/10
76 : Maigret, Patrice Leconte, 2022, Ciné VF : 5,5/10
77 : Knick Knack, John Lasseter, 1989, TV VO : 7/10
78 : Boundin', Bud Luckey, 2003, TV VOST : 6/10
79 : The Godfather, Francis Ford Coppola, 1972, Ciné VOST : 10/10
80 : Coup de torchon, Bertrand Tavernier, 1981, TV VF : 6,5/10
81 : Knock Off, Tsui Hark, 1998, TV VOST : 6,5/10
82 : Jack-Jack attack, Brad Bird, 2005, TV VOST : 7,5/10
83 : One man band, Andrew Jimenez & Mark Andrews, 2005, TV VO : 8/10
84 : The wonderful country, Robert Parrish, 1959, TV VOST : 4,5/10
85 : Les aventuriers, Robert Enrico, 1967, TV VF : 7,5/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Lettre d'une inconnue - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 01 Mar 2022, 18:16

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Letter from an unknown woman (Lettre d'une inconnue) de Max Ophüls
(1948)


Le cinéma de Max Ophüls, bien que très réputé, m’est encore en grande partie inconnu, et du coup c’est avec grand plaisir que j’ai profité de la ressortie de ce film pour découvrir l’une des œuvres les plus réputées du cinéaste. A l’arrivée, pas un chef d’oeuvre, mais indéniablement un très beau film au pitch pour le moins intriguant : la veille d’un duel à mort, un aristocrate du début du 20ème siècle reçoit une lettre d’une inconnue qui l’a aimé depuis la première fois qu’elle l’a vu, et de ce point de départ on va revenir des années en arrière pour avoir le point de vue de la jeune femme qui aura toujours vécu dans l’espoir d’être aimé de cet homme. De cette histoire touchante découle un beau portrait de femme, qui essaye tant bien que mal de vivre avec le désespoir de ne pas être remarqué par l’être aimé, et qui n’arrivera finalement jamais à vivre pour elle-même. Une malédiction qui se retrouve des deux côtés puisque l’homme, à la lecture de la lettre, va peu à peu se rendre compte à quels points ses choix de vie ont toujours été faits avec un certain égoïsme, et que son mode de vie fait d’alcool et d’aventures d’un soir lui ont fait finalement passer à côté de l’essentiel.

Une romance tragique donc, dont l’originalité vient du fait que le couple ne se forme jamais vraiment (au mieux le temps d’un soir), et qui permet à Ophüls de livrer un métrage à la fois très prude et tout en beaux sentiments, sans jamais tomber dans la niaiserie ou le tire-larmes. Surtout que Ophüls filme ça de très belle façon, avec les beaux mouvements de caméra fluides qui ont fait sa renommée, et je retiens notamment un sublime plan en contre-plongé sur un escalier, que Ophüls fait à deux reprises avec la première fois l’héroïne qui regarde l’amour de sa vie emmener une femme chez lui, et la seconde fois l’héroïne qui devient l’une des rencontres qui rejoint sa couche. Joan Fontaine porte le film sur ses épaules, d’autant qu’elle joue son personnage à plusieurs stades de sa vie, et le moins qu’on puisse dire est que ça marche totalement. Louis Jourdan est plus transparent mais c’est aussi le rôle qui veut ça : belle gueule, mais finalement très superficiel. Un beau film, qui est pour le moment le meilleur que j’ai pu voir de son auteur.


7/10
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Port de l'angoisse (Le) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Ven 04 Mar 2022, 16:25

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To have and have not (Le port de l'angoisse) de Howard Hawks
(1944)


Et encore un bon film de la part d’Howard Hawks, ça commence à devenir une habitude. Pour le coup, celui-là est assez surprenant à découvrir quand on a déjà vu avant Only angels have wings, tant on a l’impression d’y voir une relecture (une femme arrive dans un pays exotique, y rencontre un homme qui roule sa bosse depuis des années dans le coin, et vont développer une amitié qui va peu à peu se transformer en romance), couplé à une grosse influence de Casablanca sorti un peu avant (le contexte de guerre, sauf qu’ici on remplace les nazis par les partisans de Vichy). Un mélange qui pourrait donner un très grand film, mais je dois avouer être assez surpris par le fait que le métrage donne l’impression de garder uniquement le squelette de Only angels have wings, et de s’en contenter, et du coup tout ce qui faisait la force du film précédent de Hawks est ici enlevé au profit de quelque chose de plus épuré mais de moins marquant à mon sens. On va donc avoir un film quasiment complètement centré sur le relation entre Bogart et Bacall, le tout avec le fait que Bogart veut garder un statut neutre alors que des résistants implorent son aide pour utiliser ses talents de navigateur, et en l’état ça fonctionne plutôt bien.

On se rend juste vite compte que toute la partie guerre/résistance n’est pas forcément le point fort du métrage, et Hawks semble même n’en avoir pas grand chose à faire : hormis la séquence de fusillade devant le bar (qui rappelle les meilleurs moments de Scarface) et le passage nocturne sur une mer embrumée, le film déjoue les attentes, ne propose que peu d’action et de suspens, et se concentre donc sur la love-story qui se révèle être le moteur du film (à mesure que les sentiments évoluent, le rapport entre Bogart et sa neutralité aussi). Une romance qui marche principalement pour deux raisons : l’alchimie évidente entre les comédiens dont c’est pourtant la première collaboration (et loin d’être la dernière), mais aussi l’écriture avec plein de répliques qui font mouche. Toutes les scènes avec les flics de Vichy sont sympathiques mais c’est dommage que Hawks n’en tire pas un potentiel plus fort : pendant une bonne partie du récit le gros inspecteur, vendu comme la menace principale, est totalement absent, et j’avoue que la fin m’a déconcerté tellement elle est amenée facilement, genre dès que Bogart a un flingue en main tout est réglé, j’aurais largement préféré quelque chose à la Casablanca pour le coup, plus noir et nuancé. Un très bon film donc, mais qui est clairement un cran en-dessous des deux gros modèles qu’il tente de suivre et de marier, ce qui ne l’empêche pas d’être très recommandable.


7,5/10
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Crazy day - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Mar 2022, 15:09

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I wanna hold your hand (Crazy day) de Robert Zemeckis
(1978)


Premier long-métrage de Robert Zemeckis, et le moins qu’on puisse dire c’est que le bonhomme commençait plutôt bien sa carrière. Car même on est clairement pas au niveau de ses meilleurs films, il y a dans ce premier essai une maîtrise certaine, un sens de la comédie, de la direction d’acteurs, bref on sent déjà un mec très pro derrière la caméra, et si on rajoute à ça le fait qu’on a Bob Gale pour supporter l’écriture et Steven Spielberg en producteur exécutif (c’est d’ailleurs le premier film où il officie en tant que producteur, comme quoi il devait sérieusement croire au talent de Zemeckis depuis le début) ça donne un petit film solide et très agréable à regarder. Le métrage vaut aussi beaucoup pour son pitch original : une bande de jeunes amis se rendent à New York le jour de la première visite des Beatles sur le sol américain, et chacun d’entre eux, pour des raisons différentes (du fanboyisme à la simple photo à prendre pour un journal local, en passant par la volonté de créer un happening médiatique) va chercher à s’approcher le plus possible du groupe qui, évidemment, est sous très haute protection.

Une plongée dans la beatlemania donc, avec beaucoup d’humour (on retrouve notamment pas mal l’esprit Amblin et le futur humour de Back to the future), mais qui se veut être aussi , à sa façon, une sorte de coming of age où chacun des protagonistes apprendra quelque chose au cours de son périple. Si Zemeckis fait bien le job, bien que sans doute limité par un petit budget (moins de trois millions), c’est davantage du côté du script et de la direction d’acteurs que le film s’avère être le plus réussi. Le rythme ne faiblit que rarement, Zemeckis et Gale arrivant toujours à trouver un moyen de relancer l’intrigue, et gèrent particulièrement bien les différentes storylines (très vite, les personnages sont séparés les uns des autres). Au casting, beaucoup de noms qui n’auront pas une carrière digne de ce nom par la suite, mais ceci dit on trouve l’un des premiers rôles de Nancy Allen (qui a une scène très drôle dans la chambre d’hôtel du groupe :mrgreen: et qui annonce d'ailleurs le personnage qu'elle incarnera dans 1941) et Wendie Jo Sperber qui aura quelques petits rôles dans les années 80, notamment dans les films suivants de Zemeckis. Forcément, l’ambiance du métrage est rythmé au son des chansons des Beatles, ce qui est plutôt cool, et sinon on notera déjà quelque chose qui se retrouvera beaucoup chez Zemeckis par la suite, à savoir cette volonté d’ancrer ses histoires dans des évènements historiques connus, et de jouer avec les images d’archive et la mise en scène pour donner l’impression d’y être (le concert final, en ce sens, est une vraie réussite formelle qui préfigure pas mal certaines scènes de Forrest Gump). Une bonne petite comédie qui vaut autant pour son sujet que pour son efficacité.


7/10
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Adieu poulet - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Mar 2022, 20:15

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Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre
(1975)


Sympathique polar que voilà, même s’il ne faut clairement pas y attendre un modèle d’écriture car c’est très loin d’être la priorité du film. Pourtant, il y avait de quoi faire avec ce duo de flics qui vont essayer d’enquêter sur un meurtre avec une possible implication politique, mais dont la hiérarchie va faire en sorte qu’ils ne puissent pas avancer, le truc c’est qu’on sent bien que c’est plus un film de personnages qu’un film d’intrigue, et quand on voit que c’est Francis Veber au script, on comprend tout de suite mieux le résultat. L’histoire est pas nulle, mais c’est juste assez anecdotique, et même si la première demi-heure laisse entrevoir des trucs sympas c’est vite mis de côté pour partir sur d’autres choses, je pense notamment à tout le milieu du film où les deux héros vont faire en sorte de magouiller pour garder leur enquête.

Pour le reste, on est en terrain très connu avec des indics, des passages à tabac, des engueulades par le commissaire, il ne faut clairement pas y chercher de l’originalité, même si le final va me faire mentir car pour le coup c’est de loin la scène la plus surprenante du film. Du coup, si le film reste agréable à suivre, c’est surtout grâce à son duo d’acteurs qui regroupe deux des plus grands talents de l’époque : Ventura en flic vieillissant à qui on ne la fait pas et qui se fout complètement de sa réputation, et Dewaere en jeune chien fou (forcément, il assure, dès le début avec le lit vibrant et le coup de la clope dans la bagnole ça pose le niveau :mrgreen: ) mais qui a beaucoup de respect pour son partenaire. Formellement, c’est du polar pas très inspiré, et c’est donc dans la moyenne de ce que fait Granier-Deferre : c’est fonctionnel, mais c’est tout, comme toujours avec ses films on sent que c’est pas le travail de l’image qui est sa priorité. Le film a aussi la particularité d’être entièrement tourné à Rouen, et même si la ville n’est pas forcément mise en valeur de la meilleure des façons, ça fait quand même plaisir de voir une ville un peu différente des habituelles de ce genre de films. Bref, c’est sympa, mais sans Ventura, Dewaere et quelques dialogues, ça serait probablement un film complètement tombé dans l’oubli.


6/10
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Maigret - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Mar 2022, 19:37

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Maigret de Patrice Leconte
(2022)


Vu les noms des personnes impliquées sur le projet, j’avoue que je m’attendais à mieux. Alors bon, c’est le cinquième film estampillé Maigret que je découvre, donc forcément je m’attendais pas à autre chose qu’une petite enquête avec Maigret qui trimballe sa bedaine d’un endroit à l’autre pour entendre des gens parler (c’est d’ailleurs dit explicitement dans une réplique du film où on demande à Maigret comment il fait parler les suspects, il répond qu’il ne fait que les écouter). Néanmoins, avec Leconte derrière la caméra, j’avoue que j’attendais une petite touche de modernité, un truc qui justifie réellement le projet. A la vue de la bande-annonce, je me disais même que Leconte, n’ayant pas pu signer le dernier film de la carrière d’Alain Delon comme c’était prévu, en profitait pour faire une sorte de film-testament pour Gérard Depardieu (qui succède donc à Harry Baur, Michel Simon et Jean Gabin, autant dire que c’est un rôle qui définit un certain niveau de consécration).

C’est d’ailleurs un aspect qui existe bel et bien dans le film, où on suit un Maigret qui a sa carrière derrière lui et qu’on devine proche de la retraite, qui n’interagit pas vraiment ses collègues et qui préfère la jouer solo, qui perd l’appétit, qu’on force à arrêter de fumer pour des raisons de santé, bref il y a vraiment la sensation de voir Leconte transposer une certaine vision de Depardieu dans ce Maigret, et c’est d’autant plus flagrant à travers certaines répliques du métrage (le passage avec le vieil homme qui dit à Maigret qu’il ne sait pas ce qu’on ressent lorsqu’on perd un enfant, et Depardieu qui lui répond, le regard très grave, qu’il connaît parfaitement ce ressenti, forcément ça pince un peu le cœur :( ). Malheureusement, ce n’est pas tant poussé que ça, et du coup il y a un peu l’impression de voir Leconte passer à côté d’une belle opportunité, et de signer à la place un Maigret assez moyen et ce, malgré le côtés crépusculaire qui traverse le récit (le dernier plan en est probablement le meilleur exemple). Et c’est dommage car en dehors de la prestation de Depardieu, le film n’a pas vraiment grand chose à proposer : le reste du casting s’avère assez fade (la famille de bourgeois en particulier, où on dépasse souvent la limite du surjeu :evil: ), la mise en scène de Leconte est pépère au possible et bourrées de gimmicks insupportables (les petits zooms incessants à chaque dialogue, je ne voyais que ça et ça me sortait du film :x ), et puis surtout l’enquête est vraiment pas des plus passionnantes.

Car autant toute la storyline avec la jeune fille que Maigret va prendre sous son aile marche bien, autant tout ce qui touche à l’aspect criminel est assez loupé, la faute à un défaut de taille : on sait direct qui sont les coupables, c’est écrit sur leur front, et du coup on recolle assez vite les morceaux tout en soupçonnant parfois des idées sympa qui finalement n’arrivent jamais (j’espérais un truc hitchcockien entre la mère et le fils, et finalement c’est zappé). Si on ajoute à cela l’impression de voir un film qui manque sévèrement de budget, avec notamment sa reconstitution du Paris des années 50 qui livre le minimum syndicale (en gros, on filme en gros plan le plus possible, et on filme uniquement des coins de rues qui font vieillot :? ), c’est pas spécialement la joie. Après, ça se suit sans trop de problème, même si l’ennui vis à vis de l’enquête pointe parfois le bout de son nez. C’est pas le pire Maigret qui existe, mais c’est pas non plus au niveau des Delannoy, il y avait vraiment matière à faire mieux selon moi.


5,5/10
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Coup de torchon - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 07 Mar 2022, 17:44

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Coup de torchon de Bertrand Tavernier
(1981)


J’avoue que je m’attendais à mieux, notamment parce que c’est l’un des Tavernier les plus appréciés en ces lieux, mais pour le coup je trouve que c’est juste sympathique et que ça reste assez loin des meilleurs films du réalisateur à mon sens. Pourtant, j’ai bien aimé la proposition scénaristique, avec ce flic perdu dans le trou du cul de l’Afrique coloniale et dont la spécialité est de s’écraser dès que quelqu’un commet un délit ou chercher à humilier le bonhomme, mais qui va changer du jour au lendemain et se mettre à rendre la justice de manière assez extrême. Surtout que le film a beau démarrer comme une comédie, on se rend vite compte que Tavernier cherche à faire quelque chose de bien plus ambiguë : plus le film avance et plus on se rend compte que le personnage joué par Noiret n’agit pas forcément qu’à l’instinct, mais prépare bien ses coups à l’avance, et puis surtout les victimes des conséquences de ses actes font réellement demander sur les dernières scènes si le mec n’est pas devenu complètement fou, avec aucune possibilité de discerner encore le bien du mal.

Le truc, c’est que je ne suis pas spécialement convaincu par le traitement, où on retrouve pas mal la lenteur, la longueur et le côté sur-dialogué qui faisait déjà, selon moi, la faiblesse des premiers Tavernier, et du coup même si j’ai été séduit par l’histoire, l'humour et les personnages, il y a eu toujours quelque chose qui me donnait l’impression de suivre ça avec beaucoup de distance, avec zéro empathie pour les protagonistes. En plus, vu l’affiche, je m’attendais à un film qui fasse la part belle au duo gagnant Noiret/Marielle, mais finalement ce dernier a en tout et pour tout une quinzaine de minutes de présence à l’écran, du coup je n’ai pas pu m’empêcher d’être déçu sur ce point, alors qu’au niveau distribution le film n’a pas grand chose à se reprocher (Noiret est excellent, et on a même Huppert et Mitchell qui jouent bien, c’est dire à quel point Tavernier fait des merveilles). Formellement, c’est du Tavernier fidèle à lui-même, ça s’efface derrière l’histoire avec, parfois, quelques envies de faire quelque chose de visuellement travaillé (certains plans à la steadycam notamment), mais rien de bien mémorable non plus. Un Tavernier sympa donc, mais faut pas déconner c’est loin d’être le meilleur film du mec.


6,5/10
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Aventurier du Rio Grande (L') - 4,5/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Mar 2022, 15:45

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The wonderful country (L'aventurier du Rio Grande) de Robert Parrish
(1959)


Je partais plutôt confiant sur ce film qui ne jouit pas forcément d’une grosse réputation, mais qui est tout de même un métrage qui était l’un des préférés de Robert Mitchum. A l’arrivée, il y a effectivement un film intéressant, qui cherche avant tout une analyse de personnage, et c’est peut-être là d’ailleurs que le film peut décontenancer (ça a été mon cas) puisqu’il n’y a jamais la volonté de faire un film d’aventure, seulement l’histoire d’un mec partagé entre vivre au Mexique (synonyme de liberté, mais où la situation politique empire) ou aux Etats-Unis (où il se sent plus chez lui, mais où il est recherché pour meurtre) et évidemment avec une love-story qui va compliquer le tout. Et autant la première demi-heure fonctionne avec ce retour au pays sous la contrainte, autant le reste du film a vraiment du mal à fonctionner à mon sens, ça manque singulièrement de rythme, et surtout ça peine à captiver le spectateur dès qu’on rentre dans quelque chose de plus politique (tout ce qui touche à la prise de pouvoir au Mexique, j’ai trouvé ça chiantissime).

Au final, le film n’est jamais aussi bon que quand il se concentre pleinement sur son personnage, incarné par un Mitchum qui correspond parfaitement au profil, mais ça n’arrive jamais vraiment à compenser les défauts qui accompagnent. Et puis formellement j’ai trouvé ça vraiment pas ouf, le Technicolor n’est jamais vraiment exploité, l’absence de scope, bien que compréhensible vu la note d’intention, empêche de mettre en valeur les paysages à leur juste valeur, et quand l’action arrive c’est assez anecdotique (je ne retiens que le final). Parrish n’a pas l’air d’être un foudre de guerre en termes de mise en scène, et ça se ressent malheureusement beaucoup. Un western que je qualifierais volontiers de mineur, et que je ne conseillerais qu’à des cinéphiles amateurs du genre qui crèvent la dalle.


4,5/10
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Aventuriers (Les) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 10 Mar 2022, 18:40

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Les aventuriers de Robert Enrico
(1967)


Très bon film que voilà, et c’est même peut-être le film d’Enrico que je préfère, un poil devant Le vieux fusil. Pourtant, avec un titre pareil, je peux comprendre le fait que le film puisse décevoir quelqu’un qui s’attend à un pur film d’aventure : ici, on est devant un film sur une amitié plus qu’autre chose, avec une femme au milieu qui va apporter une certaine dynamique, le tout sur une histoire de chasse au trésor qui prend finalement une part assez mineure sur le récit global. Mais j’ai justement beaucoup apprécié le film pour ça: parce qu’il joue sans cesse avec les attentes du spectateur, non seulement au niveau de l’histoire elle-même (le côté aventure pas si présent, la longue introduction pour présenter le trio, les liaisons amoureuses qui prend une direction surprenante avec notamment le refus de faire de la femme celle qui va briser une amitié comme on le voit souvent) mais aussi au niveau du jeu de l’image des acteurs (la femme qui va notamment préférer Ventura à Delon, alors que ce dernier est au top de sa popularité en tant que sex icon).

Du coup, sans rien savoir du métrage, c’est vraiment une succession de surprises aussi bonnes les unes que les autres (même des choses décevantes au premier abord comme la longue séquence où le trio s’amuse sur le bateau s’avèrent justifiées par la suite), ça touche fort là où on ne s’y attend pas (je ne m’attendais vraiment pas à une amitié aussi bien traitée) et puis le climax à Fort Boyard c’est vraiment la cerise sur le gâteau (je savais que le fort avait été abandonné pendant des décennies, mais j’ignorais complètement qu’un tournage de film avait eu lieu là-bas). C’est très bien réalisé, et même si formellement ce n’est pas ce qu’il y a de plus travaillé Enrico arrive à donner beaucoup de puissance à certaines scènes, je pense notamment à l’enterrement sous-marin :| et les ultimes minutes assez déchirantes si l’attachement aux personnages a fonctionné.

Mais c’est clairement le trio d’acteurs qui fait le film à mon sens, Delon, Ventura et Joanna Shimkus sont excellents, et l’écriture de leur personnage n’est pas en reste avec notamment un beau retour au pays qui s’avère plus amer que prévu. Scénaristiquement, on sent bien la patte de Giovanni avec beaucoup de thèmes habituels chez lui : l’importance d’une amitié solide, les regrets, l’amour tragique (super scène où Ventura cache la vérité à Delon), la volonté de dépasser sa condition, bref on est en terrain connu mais ça marche très bien. Et pour faire plaisir à Pabel, un petit mot sur la musique de François de Roubaix qui est bien cool et qui apporte juste ce qu’il faut de légèreté au film. Une excellente surprise à la hauteur de son duo principal, que j'ai déjà envie de revoir.


7,5/10
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Free solo - 7,5/10

Messagepar Alegas » Ven 11 Mar 2022, 19:55

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Free solo de Elizabeth Chai Vasarhelyi & Jimmy Chin
(2018)


Sans surprise, c’est très bien, peut-être pas forcément aussi bien que j’avais pu le lire à l’époque de sa sortie (il avait même remporté l’Oscar à l’époque), mais dans les documentaires récents c’est clairement une bonne pioche. Film sur un sujet particulièrement intéressant, à savoir l’obsession de Alex Honnold, spécialiste de l’escalade en solo intégral (sans aucune sécurité donc), pour El Capitan, formation rocheuse sacrément intimidante et réputée impossible à faire sans cordes. A ma grande surprise, le film ne traite pas que de la performance du bonhomme, car même si elle est particulièrement impressionnante (quasiment quatre heures !), on se doute que le mec va y arriver, et du coup les réalisateurs ont la bonne idée d’axer leur film sur la personnalité un peu hors-normes d’Alex, mais aussi sur les répercussions que peuvent avoir ses ambitions sur ses proches, notamment sa petite amie qui peut devenir veuve du jour au lendemain à cause d’une prise qui lâche, d’un coup de vent trop puissant ou d’un mauvais calcul.

C’est clairement sur ce point que le documentaire trouve ses meilleures scènes, et analyser le mec s’avère vraiment passionnant, lui qui a vraiment un rapport particulier avec la mort, l’adrénaline, mais aussi avec les contacts humains où on devine qu’il tente de les minimiser autant que possible pour éviter des distractions durant ses escalades. La préparation de l’ascension est, elle aussi, captivante à plus d’un titre, et voir le bonhomme apprendre par cœur chacune des prises sur environ un kilomètre de grimpette a de quoi mettre sur le cul. En plus, c’est servi par de belles images qui essayent d’être autant que possible près du grimpeur sans toutefois le distraire, mais du coup ça provoque aussi le fait qu’en termes de réal c’est assez limité, y’a pas vraiment d’idées et tout est très fonctionnel, même niveau montage où il y avait pourtant moyen d’avoir des séquences très tendues. Plus qu’un film sur l’exploit d’un homme, c’est surtout un film sur un mec qui risque sa vie constamment, et qui doit vivre avec le fait que sa passion fait subir une grosse pression sur ses proches, et sur ce point y’a pas à dire c’est vraiment réussi.


7,5/10
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Batman (The) - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 12 Mar 2022, 13:58

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The Batman de Matt Reeves
(2022)


Un peu déçu vu que j’avais de gros espoirs sur le film avec notamment le fait qu’il soit dirigé par Matt Reeves (AKA l’un des meilleurs faiseurs américains apparus en ce début de siècle), et même si c’est clairement un bon film à l’arrivée j’ai eu quand même souvent l’impression de voir une tentative de blockbuster osé dans lequel on chercherait à lui mettre des éléments indésirables pour le faire ressembler au film de super-héros lambda. Alors déjà, big up à la vision de Reeves qui livre ici une version qu’on a pas l’impression d’avoir déjà vu (en tout cas au cinéma). Oui on retrouve un peu le rapport contemporain qui rappelle forcément la trilogie de Nolan, mais à côté de ça il y a une vraie volonté d’avoir un Gotham tel qu’on avait toujours voulu le voir, très proche de l’imagerie d’un New York des années 80, tout en verticalité, et où on a jamais envie d’y vivre, même en plein jour. En plus, c’est visuellement très bien foutu, et à plusieurs reprises dans le film je me suis surpris à me demander où s’arrêtait le décor en dur et où commençaient les extensions en CGI, autant dire qu’on croit complètement à ce Gotham.

Et puis il y a la vision du héros lui-même, et autant on pouvait se demander si le discours en mode “on va privilégier le détective plus qu’autre chose” n’était pas juste un argument marketing, autant à l’arrivée c’est effectivement le cas. Pendant quasiment deux heures de métrage, c’est vraiment un film d’investigation, avec Fincher en influence évidente (l’imagerie globale rappelle beaucoup Seven, et le Riddler est clairement un dérivé du Zodiac killer, mixé avec du John Doe), beaucoup de dialogues, de passage d’un endroit à l’autre pour démêler le vrai du faux, et peu d’action à proprement parler. Même si ça ne débouche pas sur le propos le plus inventif du monde (les riches sont corrompus, quelle surprise :? ), c’est vraiment plaisant de voir un film pareil, une vision adulte et qui ne tombe pas dans les travers du blockbuster hollywoodien contemporain, mais ça, malheureusement, c’est beaucoup moins vrai dans la dernière heure. Volonté du studio d’assurer un succès auprès du grand public ? Peut-être. Toujours est-il que ce Batman se transforme, avec la volonté de rendre l’enquête plus personnelle pour Bruce Wayne, en quelque chose de nettement plus prévisible et de moins intéressant. Alors certes, il y a toujours des bonnes choses, entre l’évolution de Batman pertinente (qui doit comprendre que d’un symbole de peur, il doit se transformer en symbole d’espoir), les scènes de combat bien foutues et la relation entre le héros et Catwoman, mais à côté de ça faut se taper des storylines génériques au possible, les musts étant le Riddler avec son plan façon Joker dans The Dark Knight et le coup des bombes dans la ville, mais aussi des teasings inutiles pour la suite, à l’image d’une scène de dialogue qu’on pourrait très bien avoir en post-générique chez Marvel (mais au moins on évite le cross-over avec le Joker de Joaquin Phoenix, c’est déjà ça).

C’est pas aidé par ce qui est probablement le plus gros défaut du film : sa durée. Quasiment trois heures pour ce que ça raconte, c’est clairement bien trop long, et c’est dommage car j’ai vraiment l’impression qu’on passe à côté d’un film Batman nettement meilleur qui durerait au moins trente minutes en moins. A côté de ça, je serais bien en peine de pointer du doigt des séquences à enlever de façon évidente, le film se tient dans sa globalité, et il y a même des éléments que j’aurais nettement aimé voir plus approfondies, à l’image de la relation entre Bruce et Alfred (excellent Andy Serkis). Globalement, c’est un film avec beaucoup d’ambitions, et qui arrive à maintenir pendant une grosse partie un équilibre qualitatif, mais on sent aussi le film qui cherche à trop en faire et qui aurait mieux fait de revoir un peu à la baisse ses envies, surtout si l’idée d’une suite était déjà prévue à la base.

Sinon, le film est formellement très réussi. Reeves ne sera probablement jamais un auteur, mais c’est clairement un mec qui sait donner corps aux histoires qu’il adapte à l’écran. C’était déjà quelque chose de visible avec ses suites de Planet of the Apes, et ça se confirme à nouveau là avec un paquet de scènes qui marquent les esprits (le montage du début avec le bat-sign et les réactions, la première apparition de Batman, l’enterrement du maire, l’arrivée chez Falcone, le fight contre les sbires de Riddler, Gotham inondé, etc…). Ça ne manque pas de défauts, entre une voix-off un peu trop présente et surexplicative et la poursuite en Batmobile qui abuse des caméras embarquées, mais c’est finalement bien peu de choses par rapport à ce que Reeves arrive à faire globalement. Dommage que le film n’assume pas pleinement sa vision violente, le PG-13 se fait vraiment ressentir pour le coup alors que tout le métrage se veut dans une optique assez malsaine (genre le piège avec les rats ça en montre clairement pas assez pour que ça devienne malaisant), et pire encore ça rend la compréhension de certaines séquences un peu gênantes (le coup de shotgun où Batman n’arrive plus à se relever, on pige pas trop pourquoi vu qu’on ne voit absolument aucune goutte de sang). Pour le coup, j’espère vraiment qu’un cut plus violent existe car ça serait vraiment plus raccord avec la note d’intention.

Sans surprise, n’en déplaise aux rageux qui le condamnaient dès l’annonce de casting, Pattinson campe un excellent Batman qui se cherche encore (le film se déroule dans sa seconde année d’activité), par contre il est nettement moins convaincant en Bruce Wayne même si je comprend l’idée qu’il y a derrière le traitement (on est pas encore face au millionnaire qu’on a l’habitude de voir, là c’est juste un jeune riche qui n’assume pas sa célébrité et qui se laisse donc aller), à voir comment il sera traité par la suite mais heureusement pour le coup que le film montre plus de Batman que de Wayne. Le reste du casting marche bien, en particulier Jeffrey Wright en Gordon et Kravitz en Selina Kyle. Dano en Riddler c’est une bonne idée mais moins convaincant quand le masque tombe à mon sens, et sinon je ne comprend pas trop l’idée de prendre Farrell en Cobblepot si c’est pour qu’on ne le reconnaisse plus derrière son maquillage (après, le mec est bon, pas de souci là-dessus). Le score de Giacchino est cool, sans être parmi ce qu’il a pu faire de mieux, mais au moins on évite la bouillie de Junkie XL pour quelque chose de nettement mieux pensé. Un bon Batman, à la note d’intention intéressante et à la forme très appliquée, mais dont le dernier tiers est vraiment en deçà de ce qui a précédé, la faute notamment au fait que le film est aussi conçu pour développer d'autres choses derrière (la suite évidemment, mais aussi la série sur Cobblepot).


7/10
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Vraie famille (La) - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 13 Mar 2022, 11:44

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La vraie famille de Fabien Gorgeart
(2022)


Joli petit film que voilà, dont la bande-annonce m’avait attiré et qui, à l’arrivée, est à peu près tout ce que j’en espérais. Alors clairement, c’est pas un film qui a pour volonté de révolutionner quoi que ce soit, on peut même dire que c’est souvent attendu au niveau des directions que ça va prendre, mais clairement parmi les drames français récents c’est clairement le genre de métrage que j’affectionne. Le sujet est en plus très intéressant, et autant le cinéma a souvent tendance à évoquer les parents séparés de leurs enfants, autant on porte rarement le regard sur les familles d’accueil, et donc là on suit un couple qui a gardé un enfant pendant des années, mais où on leur dit du jour au lendemain que le père biologique est de nouveau apte à assurer la garde, chose que la mère adoptive va très mal vivre et va, inconsciemment, tout faire pour garder le gosse. Comme je l’ai dit plus haut, ça ne révolutionne rien, mais à côté de ça le film a la qualité d’avoir un regard très juste sur les choses, et de poser un traitement loin d’être manichéen. On a beau être du côté du personnage de Mélanie Thierry, il y a un moment où on va capter qu’elle commence à aller beaucoup trop loin, et à côté de ça le personnage du père biologique pourrait facilement être traité comme un antagoniste, mais au lieu de ça le film montre bien qu’il a beau ne pas être doué en tant que père, il cherche vraiment à joindre les deux bouts et à faire plaisir à son gamin qu’il retrouve peu à peu.

Je m’en doutais à la vue de la bande-annonce, mais le film marche particulièrement bien au niveau de l’émotion, avec quelques scènes déchirantes (difficile de rester insensible devant les quinze dernières minutes :( ) et pour le coup ça doit beaucoup à la performance de Mélanie Thierry, actrice que je trouvais juste bien jusqu’ici mais qui trouve ici à mon sens son meilleur rôle, elle est excellente d’un bout à l’autre du métrage. Le reste du casting est bon lui aussi, mention spéciale à Lyes Salem et aux gamins. Formellement, on est très loin du drame français habituel qui pose sa caméra et qui laisse faire les acteurs, ici on a une caméra quasiment toujours en mouvement, même dans les séquences intimistes, sans que ça en fasse trop, et c’est assez appréciable. Petit bonus au fait que le film soit tourné en Bretagne, notamment à Rennes avec notamment une scène dans le cinéma où j’ai passé des après-midi entiers à regarder des films :mrgreen: . Bref, ça sera pas le film de l’année, mais c’est clairement le genre de petit film noyé dans la masse que je recommande chaudement, ça se regarde sans problème et ça fait du bien.


7/10
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Parrain, 2ème partie (Le) - 9,5/10

Messagepar Alegas » Dim 13 Mar 2022, 20:11

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The Godfather : Part II (Le Parrain, 2ème partie) de Francis Ford Coppola
(1974)


Contrairement au premier film que j’avais revu il y a quelques années, je n’avais pas revisionné cette suite depuis le lycée, autant dire que j’en gardais assez peu de souvenirs, si ce n’est évidemment la construction et les moments forts du métrage. Sans surprise, c’est toujours aussi bien, et ce même si cette revision me confirme que le premier opus est un chouilla meilleur, pour des raisons que j'évoquerai par la suite. Coppola, un peu forcé par la Paramount mais bénéficiant cette fois d’une liberté artistique quasi-totale, accepte donc de donner suite à son chef-d'œuvre, suite pourtant pas facile sur le papier car contrairement au premier film il n’y a cette fois aucun roman sur lequel se baser. De cette difficulté, Coppola en tire l’une des plus grandes forces du métrage, à savoir sa construction en deux storylines distinctes et qui s'entremêlent via le montage alterné : celle de Vito Corleone, de son enfance jusqu’à la mise en place des bases de son empire (qu’on trouvait dans le roman de Puzo), et celle de Michael Corleone qui va continuer la descente aux enfers qu’on pouvait imaginer avec la fin du premier opus (storyline complètement originale donc).

Une force certes, mais à double tranchant car c’est justement là que, à mon sens, on trouve ce qui empêche le film d’être aussi fort que son prédécesseur. D’une part, l’arc de Vito Corleone est tellement bon, tellement passionnant (on a même envie d’en voir bien plus), que je ne peux pas m’empêcher de trouver celle de Michael moins percutante, et parfois un poil longuette. A cela s’ajoute le fait que la construction en parallèle est là dans le seul but de servir un propos, celui de confronter l’ascension du père et la déchéance du fils, et vu qu’on pige assez vite ce que Coppola veut faire, on se doute bien vers où va se diriger le destin de Michael. Si on ajoute à cela un possible manque de confiance de Coppola envers son public concernant les repères temporels et géographiques (on a des cartons qui ne servent à rien), on a fait le tour des petits défauts de cette suite.

Mais ça, c’était vraiment pour chipoter, car pour le reste le film est quasiment aussi monstrueux que le film original, et comme le premier film il y a une pure gestion de la durée qui ne donne jamais l’impression de voir un film de plus de trois heures, ainsi qu’une excellente narration qui fait qu’on garde une vue claire des évènements alors qu’il y a énormément de personnages et qu’il se passe beaucoup de choses. J’ai en plus redécouvert le film en grande partie, puisque je ne me souvenais quasiment que de ce qui se passe avant l’entracte, et du coup j’ai été surpris à nouveau par la direction que prend la relation entre Michael et Fredo (j’avais souvenir de la trahison, mais pas de ce lent pardon qui, finalement, ne sera qu’une façade). Toute la partie avec Vito est clairement la meilleure du film, entre l’interprétation de De Niro (casse-gueule sur le papier, mais au final ça marche complètement), la reconstitution du New York de l’époque (Ellis Island, Little Italy) et la mise en scène (toute la séquence de l’assassinat du mafieux local), c’est vraiment du pur cinéma comme je l’aime.

Les séquences avec Michael sont très bien elles aussi, mais dans un tout autre style, c’est moins flamboyant et c’est surtout une sorte de jeu d’échecs où Michael place peu à peu ses pièces pour se venger en plantant un couteau dans le dos à tout le monde (mais au final il se retrouvera seul et craint de tous). Formellement, c’est objectivement un cran au-dessus du premier film, ne serait-ce que pour le budget nettement plus confortable. Et puis Coppola a de pures idées de mise en scène, notamment en termes de montage et d’ambiance, et ça donne des séquences fortes comme la finalité de Fredo, le flashback avec Michael qui se retrouve seul à table ou encore ces superbes transitions d’une époque à l’autre avec des fondus enchaînés qui font sens. Sans surprise, côté casting c’est le top du top, tout le monde est bon, Pacino est d’une froideur implacable et Cazale a probablement le personnage le plus ambiguë de la trilogie (c’est à la fois un pleutre, un salopard, un mec qui n’a jamais eu de chance, et un grand frère aimant mais frustré constamment dans l’ombre de quelqu’un d’autre). The Godfather : Part II, c’est l’exemple même de la suite réussie, un film constamment dans la lignée du film précédent, mais qui se renouvelle entièrement, pour le plus grand plaisir du spectateur.


9,5/10
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Belfast - 3,5/10

Messagepar Alegas » Mar 15 Mar 2022, 09:33

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Belfast de Kenneth Branagh
(2021)


Je n’avais pas de grands espoirs vu le tâcheron qu’est Branagh en tant que réalisateur, mais tout de même : le voir délaisser les blockbusters insipides et autres adaptations pour un projet autobiographique avait de quoi créer un minimum de curiosité et, qui sait, peut-être révéler une sensibilité absente de ses autres films. Manque de bol, Belfast s’avère à peu près aussi inintéressant que les autres films du réalisateur, et même si la dimension personnelle rend le métrage un poil plus authentique, le fait est que Branagh rappelle à chaque scène en quoi il est un piètre metteur en scène, doublé d’un très mauvais narrateur. Déjà, le film commence mal avec les successions de plans en drone pour illustrer Belfast à coup d’images cartes postales, puis vient le passage en noir et blanc et le début de l’histoire et là ça fait mal. Ce serait peu dire que la reconstitution du Belfast de l’époque est ratée, entre le fait que la ville semble constituée en tout et pour tout de deux rues, d’une école et d’un magasin, mais si on ajoute à cela des extensions CG affreuses (dès le début, on a un panoramique où le tracking du background est complètement loupé, du coup on capte direct que la rue est un décor entouré de fonds verts) et une ampleur qui ne se ressent jamais (les manifestations à vingt personnes, et c’est pas avec des hélicoptères en CG que Branagh va rappeler la présence des forces anglaises), c’est vraiment un film qui ne fonctionne absolument pas de ce côté là, et le noir et blanc donne plus l'impression d'être un cache-misère qu'autre chose.

Le pire, c’est tout de même la narration : on aurait pu avoir un petit récit touchant, il y en avait clairement le potentiel, mais le fait est que c’est écrit n’importe comment en termes de construction, les storylines semblent avancer sans réel but derrière, et niveau montage c’est juste complètement naze avec des scènes touchantes qu’on va te couper d’un coup pour passer à autre chose ou des dialogues qui vont être interrompus par des inserts inutiles, ça donne l’impression que Branagh a noté une succession de souvenirs et qu’il en a fait un film sans chercher à faire un ordre cohérent. Du coup, il ressort de ce film un côté Irlande du Nord pour les nuls, qui n’est sauvé que par l’interprétation des acteurs où, pour le coup, quasiment tout le monde est bon, même les gamins (je mettrais juste une exception sur le mec qui joue le simili bad-guy qui ne donne jamais l’impression d’être une réelle menace et dont chaque apparition est ratée). Sinon, Branagh s’amuse à glisser des clins d’œil à sa propre filmo, notamment une scène où il lit un comic de Thor, mais forcément ça donne quelque chose de très gratuit et ça fait plus narcissique qu’autre chose. Un film fade, chiant et vite oublié, et qui ne mérite absolument pas ses nombreuses nominations un peu partout.


3,5/10
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