[oso] Bafouilles confuses, 2022

[osorojo]

Allez, répertorions ici quelques avis express pour partager coups de coeur ou bonnes surprises.

[osorojo]

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Ce cher Victor,

film de Robin Davis, 1975 - 1h42

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Vraiment surprenant ce petit film dont je n'avais jamais entendu parler et qui pourtant peut se targuer de faire jouer deux grosses tronches du cinéma français.
On pourra reprocher à Robin Davis de faire un peu trop traîner les échanges, quitte à se laisser dépasser par les deux monstres de la tirade qui s'écharpent devant ses objectifs; néanmoins quel plaisir d'assister aux joutes opposant un apathique et bonhomme Blier à la tornade Dufilho, ex cadre autoritaire aigri de ne plus pouvoir exercer son pouvoir de petit chef alors que sa faible retraite l'oblige à partager son loyer avec ami qu'il se complait à martyriser.

Dommage qu'autour des deux bougres, tout le monde ne soit pas au diapason — Alida Valli est un peu à la traîne notamment — et que Davis, peut être la faute à un budget limité, je n'en sais rien, ne varie pas davantage les lieux des duels qu'il met en scène : en découle un sentiment, certes furtif mais bel et bien là, de tourner un peu en rond.

C'est regrettable parce que cette histoire on ne peut plus singulière de domination qui joue l'inversion des rôles de belle manière s'autorise un final mémorable. Il ne lui manquait pas grand chose pour devenir un incontournable.

Toutefois, malgré ses défauts, Ce cher Victor est à mon sens une curiosité peu banale qui devrait intéresser les amateurs des seventies à la française; et si par le plus grand des hasards, vous nourrissez, comme moi, une tendresse particulière pour Bernard Blier, alors c'est un passage presque obligé... il ne faudra juste pas s'attendre à une pépite oubliée et être prêt à regarder un peu sa montre dans la partie centrale du métrage.

[osorojo]

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The dead center,

film de Billy Senese, 2018- 1h33 - 6/10

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Ben dis donc, en voilà une curiosité qui a su me cueillir. Alors, c'est dommage parce qu'on sent que les ambitions de Billy Senese, dont c'est le deuxième film, sont limitées par un budget non extensible. Du coup niveau mise en scène c'est parfois un peu limite, on se dit que ça mériterait un peu plus de patate, notamment quand le mal s'invite à la fête.

Mais en y repensant, c'est sans doute l'économie de moyen à l'origine du film, son ambiance pesante de pseudo huis clos filmé de très près, qui font qu'on se laisse dévorer par un script peu banal, jugez plutôt : un homme vient de se donner la mort, il est entreposé à côté d'autres dépouilles dans la morgue d'un petit hôpital. La petite subtilité, c'est que le bonhomme se réveille, les veines qu'il avait pris soin de taillader parfaitement cicatrisées et si l'on excepte un état catatonique passager, le bougre semble particulièrement désireux de sociabiliser avec son entourage à coups de je te fais trépasser

Là dessus, on introduit dans le paysage un psychologue au zèle farouche bien décidé à lui venir en aide et ma foi on se retrouve avec un film original qui fait de l'effet. Pas une pépite à proprement parler, mais une petite bobine qui mérite un petit coup d'oeil si vous aimez les films qui ne payent pas de mine, qui ne se travestissent jamais en ce qu'ils ne sont pas et tentent leur petit truc, dans leur coin. Le final a un petit côté téléfilm m6 en revanche, c'est dommage parce qu'il a le cran d'être très très noir. Niveau bons points, les acteurs sont dans l'ensemble assez convaincants.

[osorojo]

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La conspiration des belettes,

film de Juan José Campanella, 2021- 2h09 - 7/10

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Ah et bien j'ai passé une bonne séance, j'ai trouvé ça fort sympathique, clairement pas inoubliable, ni incontournable, mais en l'état, et même si c'est trop long — il va vraiment falloir que cette mode qui consiste à dépasser systématiquement les 2h de film alors que le script ne s'y prête pas cesse... —, je me suis bien amusé dans l'ensemble.
Il faut dire que des pitchs à base de vieux acariâtres dont les neurones ne se touchent pas encore me permettent de me projeter sans problème; tu me fous un vieux bien désabusé par nos chiennes de vie qui percute encore et ça me va, je suis du voyage (la méthode Kominsky ).
Alors quand en plus il peut y avoir un brin d'esprit derrière, que les acteurs sont au diapason, que les punchlines fleuries s'enchaînent, que le sérieux n'est finalement jamais de rigueur et que, cerise sur le gâteau, le final est plutôt réussi, alors je n'ai pas envie de chercher la petite bête et je me vautre dans la rigolade gentillette, en ces temps moroses elle est même salutaire.

En somme, cette conspiration des belettes, à l'image de son titre qui fait sourire est un petit film bonne humeur qui file la banane, alors personnellement je passe sur ses défauts, je m'en fous qu'il ne réinvente rien, et j'en reprends même une dose dès demain soir si possible avec une autre péloche du même acabit. Dégraissé de ses, allez disons 20 minutes de trop, j'aurais même plaqué un 8.

[osorojo]

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Red Rocket

Film de Sean Baker, 2022 - 2h08 - 7.5/10

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Un petit mot vite fait parce que j'ai passé un bon moment devant cette petite tranche de vie qui part tout de même d'un pitch assez amusant à savoir qu'une ancienne star du Porno complètement à la ramasse va se retrouver à prendre un bus directement vers son village d'origine en espérant que son ex, qui vit avec sa mère dans un vieux mobilhome, sera d'accord pour l'héberger le temps qu'il se refasse.

On est dans la tranche de vie typique, il ne se passe pas grand chose et pourtant on se sent vite concerné tout simplement parce que tous les acteurs sont suffisamment touchants pour qu'on les prennent en sympathie. Si vous avez déjà été en contact avec le cinoche de Sean Baker, vous savez à peu près à quoi vous attendre, sinon pour la faire courte c'est le minimum syndical niveau caméra et mise en scène mais un coup d'oeil résolument assuré et une facilité à écrire des personnages qui savent tour à tour provoquer le rire ou l'émotion. Dans Red Rocket, il récidive, ce mec au bout du rouleau qui a fait sa carrière à la force de sa trompe pourrait facilement être décrit comme un salopard fini mais non, bien loin s'en faut, ses maladresses semblent plausibles et la manière dont il est écrit, sans jugement, nous invite à observer tout ce petit monde qui s'agite en restant dans ce même état d'esprit.

Enfin, ce qui est agréable dans cette petite comédie dramatique douce amère, c'est que sa tonalité est plus amusante que misérabiliste ce qui permet à la séance d'être rigolote même si Baker n'oublie clairement pas de rappeler qu'il est bien difficile de sortir la tête de l'eau quand on est décidément du mauvais côté d'une Amérique à deux vitesses.

[Criminale]

J'ai pensé tout pareil.

Tu l'avais vu The Florida Project ?
(Edit : bon je viens de voir que tu as mis 6 sur SC), les 2 ont vraiment la même thématique même si Red Rocket est quand même plus axé comédie que Florida.

[pabelbaba]

Ca a l'air sympa. Dommage d'avoir une affiche défigurée par toutes ces citations en carton.

[osorojo]

@Criminale : j'ai bien aimé aussi The Florida Project, mais c'est une genre de ciné (que j'adore) qui ne fonctionne à mon sens que si les acteurs sont au diapason. Et dans The Florida Project, la gamine, j'y crois pas...

J'ai préféré Tangerine. Mais de manière générale, j'aime beaucoup le cinoche de Baker. Et je pense que ce Red Rocket est son plus "accessible", disons qu'il rebutera moins les allergiques au ciné ricain indé dépouillé.

@pabel : ue, comme souvent, l'affiche est naze.

[Alegas]

Pour quelqu'un qui a absolument détesté Tangerine, ça se tente ce Red Rocket ?

[osorojo]

J'aurais tendance à dire oui.

Mais est-ce que tu trouves ton compte dans le ciné indé typé Sundance ? Parce qu'on est clairement dans cette mouvance (à la little miss sunshine).

[Alegas]

C'est pas un ciné vers lequel je me tourne naturellement, car parfois agacé justement par le côté "faire du Sundance pour être sélectionné à Sundance", mais ouais y'a quelques films qui arrivent à beaucoup me surprendre (Little miss sunshine évidemment, mais aussi Leave no trace et Minari pour prendre des exemples plus récents).

[Criminale]

Je conseille aussi le American Honey (dispo sur OCS) même s'il n'a pas été sélectionné à Sundance on est clairement dans la même thématique et il pourrait te plaire Oso si tu ne l'a pas vu.

[osorojo]

@Alegas, tente le alors, le film n'est pas du tout misérabiliste, il y a une bonne énergie qui s'en dégage, on est pas dans le même créneau ravagé que Tangerine.

@Criminale : je voulais le voir, mais 2 h 43 min, faut pas déconner

[Criminale]

Oui c'est aussi ça qui m'a fait attendre pas mal de temps pour le voir mais ça les vaut franchement

[osorojo]

Je note, mais il va me falloir une grosse dose de motiv' ^^
Je suis plutôt en mode il me faut des films courts en ce moment, j'ai fait une exception pour le Baker, mais passé 1h45, j'ai du mal à lancer en ce moment :/