La Guerre des Clans aka
Killer Clans de Chu Yuan - 1976
Il fallait bien la mort de Chu Yuan pour me faire revenir aux classiques de la Shaw Brothers. Ca fait maintenant un petit bout de temps que je l'ai découvert et c'est avec une certaine joie que je le redécouvre.
La première chose qui saute aux yeux, c'est évidemment qu'il s'agit d'une "grosse" production, où de très nombreux décors du studio sont utilisés, mais aussi de par la pléthore de figurants. Cependant, avec le même genre de moyens, Chang Cheh tournera des films plus brouillons et viscéraux. Ici ce n'est pas le cas, malgré la violence et la récurrence des morts, tout est bien plus feutré. Le scénario l'exigeait sans doute, puisqu'on va de trahison en trahison, mais on y voit clairement la patte du réalisateur, qui a un sens du cadre bien à lui et propose régulièrement de véritables tableaux qui introduisent ses scènes. C'est particulièrement criant dès que l'on s'approche de la
Forêt des Papillons.
Le soin apporté à la réalisation ne s'arrête pas là, on a droit à tout l'attirail du film d'exploitation 70s avec par exemple ces travellings en plein dialogues, les éléments au premier plans qui obstruent une partie du cadre, les zooms et dézooms, etc... Cependant, contrairement à ses nombreux collègues, leur utilisation est faite avec parcimonie, diminuant l'aspect "
dans ta face" de ces artifices et apportant ce qu'il faut de cachet à la bobine pour se démarquer du reste de la production. Ce sens du beau se retrouve aussi dans les transitions. Elles sont souvent abruptes, avec un montage au cordeau, ne laissant pas le temps au spectateur de souffler, mais par moment, on nous offre une petite respiration bienvenue avec un plan séquence où le personnage central se déplace d'un dialogue à l'autre avec une caméra qui le suit de loin pour profiter du moment et de la richesse des décors du studio. J'adore!
D'autant que les combats, qui interviennent à intervalle régulier, sont faits du même bois. Certains n'aimeront pas ces mouvements très découpés, pourtant ça fait partie du charme des films de cette époque. Ca reste assez sage en terme d'hémoglobine et de capacités des bretteurs, pourtant on compte Tang Chia qui réalisera le foufou
Shaolin Intruders et Yuen Cheung Yan, comme chorégraphes. Ces derniers proposent de belles choses, bien aidés par ce décor naturel de forêt en bord de cours d'eau, assez rare à cette époque à la Shaw Brothers.
Au final, c'est bien une redécouverte, car ces dernières années je me concentrais plutôt sur les productions plus folles des 80s qui rivalisent d'effets pyrotechniques, mais ça fait du bien de voir un film plus posé et soigné, donnant ainsi plus de force aux drames qui se déroulent sous nos yeux.
7,5/10