Le Meurtre du Commandeur (Livre 1 & Livre 2) / Haruki Murakami (2017)
Ce n'est pas un secret : j'adore les romans de Murakami écrits dans les années 1980 et 1990, en particulier La Course au mouton sauvage, La Ballade de l'impossible et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. J'apprécie moins en revanche ceux publiés depuis vingt ans. Chez Murakami, comme chez de nombreux auteurs, tout n'est que développements, répétitions et variations autour des mêmes thèmes et j'ai depuis quelques années la désagréable impression de le voir en mode "pilote automatique" : comme il a du métier et sait emballer son produit, beaucoup s'en contentent, mais pour ma part je n'ai rien retenu de Kafka sur le rivage et de L'Incolore Tsukuru Tazaki... Pire encore : j'ai souffert de la longueur insensée de 1Q84 (dont le succès démentiel restera, à jamais, un mystère à mes yeux).
Par conséquent, dire que je partais défaitiste avec les 1100 pages du Meurtre du Commandeur, et ce malgré les retours flatteurs de lecteurs estimables (Logan, Olrik et ma meilleure amie), reste un doux euphémisme.
Mais voilà : j'ai aimé cette lecture de longue haleine. J'ai apprécié le fait de retrouver, chaque soir après le travail, en cette période de couvre-feu interminable, ce personnage de peintre qui s'isole dans une maison à l'écart de tous (ou presque) et...
Ah, comment résumer cette histoire ? C'est bien simple : il suffit de cocher les cases d'un bingo Murakami.
Voilà. Hormis l'absence de chat et le fait de se retrouver loin de Tokyo, nous sommes en terrain connu. Pas de surprise de ce côté-là : Murakami continue de faire du Murakami. Mais cette fois-ci, il le fait bien. Oh, j'ai senti passer quelques longueurs dans le tome 2, mais globalement je ne me suis pas ennuyé. J'ai aimé suivre ce personnage solitaire, j'ai apprécié le fait de le voir à l'œuvre en tant que peintre (avec de très belles pages sur la création à la clé) et j'ai senti avec plaisir le mystère s'installer et tout emporter avec lui...
Je n'en dirai pas plus. L'amateur de Murakami devrait, comme moi et comme d'autres, y trouver son bonheur (ce roman se situe dans la moyenne haute de son œuvre). Quant à celui qui ne le connaît pas encore, il ferait mieux, tout de même, de privilégier ses romans plus anciens et plus courts.