[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Illusions perdues (2021) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 25 Nov 2021, 11:30

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Illusions perdues de Xavier Giannoli
(2021)


Vu que j’avais apprécié A l’origine à sa sortie cinéma, je m’attendais à quelque chose de correct, mais je n’espérais pas un film aussi réussi. Pour le coup, je trouve que la promo marketing vend assez mal le sujet du métrage en le simplifiant à l’extrême (en gros si on se base sur la bande-annonce on peut penser que ça va être un film sur le milieu de la presse) alors que ça se révèle être une fresque dense analysant la France à un moment charnière de son histoire. Il y a la volonté de raconter en quelque sorte les coulisses d’un pays en pleine mutation, et c’est là que le film frappe fort en parlant des inégalités sociales, d’une bourgeoisie qui tente de se persuader qu’elle survivra éternellement, du rapport entre la culture et l’argent, et globalement d’un milieu où tout se joue sur les apparences et où la moindre erreur se fait payer très cher.

N’ayant pas le matériau d’origine je ne pourrais pas dire à quel point Giannoli apporte de la qualité supplémentaire, mais ce qui frappe c’est la modernité du récit qui fait qu’à travers une histoire écrite au milieu du 19ème siècle, on parle finalement de la France d’aujourd’hui, de façon souvent subtile, parfois moins (la petite pique à Macron où on évoque qu’un jour, peut-être, un banquier sera à la tête du gouvernement). Au milieu de tout ça, on assiste autant à des histoires déchirantes que des destins pathétiques, avec notamment un rise and fall avec ce poète provincial qui va tout faire pour rentrer dans un monde qui ne l’accepte qu’à partir du moment où il le divertit, et autant dire que la durée généreuse du film (2H30) contribue à donner ce qu’il faut d’épaisseur aux nombreux personnages tout en développant correctement les intrigues. Ma seule réelle réserve concernant Illusions perdues viendrait de l’utilisation de la voix-off, omniprésente lors des premières scènes à Paris, mais d’un autre côté je vois mal comment le film pourrait s’en passer sans perdre son côté film populaire, tant elle sert à expliciter tout un mode de fonctionnement qui ne parlera peut-être pas assez à ceux pas habitués aux films d’époque.

Pour le reste, Giannoli confirme qu’il sait vraiment bien emballer ses films, la reconstitution a de la classe et ça fait vraiment film de cinéma. Quand au casting, Benjamin Voisin (qui était déjà une super révélation dans La dernière vie de Simon) porte le film sur ses épaules, et tout le reste de la distribution, que ce soit Dolan, Cécile de France, Depardieu ou Salomé Dewals) donne le meilleur de lui-même (à la limite, si je devais pinailler, je pourrais critiquer Lacoste où je vois plus l’acteur que le personnage, mais franchement ça passe). Vraiment un excellent film, qui rappelle parfois la réussite du Ridicule de Patrice Leconte en plus dramatique, et qui donne envie de creuser un peu plus la filmographie de Giannoli.


7,5/10
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Lincoln - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 25 Nov 2021, 16:27

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Lincoln de Steven Spielberg
(2012)


Ancienne critique.

A relire ma première critique, j’ai vraiment l’impression que la déception provoquée par Lincoln m’a vraiment poussé à prendre le film en grippe à l’époque. Je souhaitais un Spielberg dense et épique qui attaque de plein fouet le sujet de la guerre de Sécession, et je me retrouvais avec quasiment 2H30 de discussions politiques pour promouvoir un amendement : forcément, je tombais de haut. A la revision, avec les attentes mises de côté et le fait que j’accepte désormais bien plus ce genre de proposition filmique, je revois clairement le film à la hausse, sans toutefois succomber pour autant à l’engouement critique qu’il y avait eu à l’époque, notamment outre-Atlantique.

Oui, Lincoln est un bon film, et intéressant à bien des égards, mais ça n’en fait pas pour autant un Spielberg majeur, loin de là. Du coup, j’ai toujours quelques réserves sur quelques points, notamment le traitement du personnage-titre, à la fois par le script et son interprète prestigieux, qui me donne l’impression de voir un personnage à demi-gâteux. Pour le reste, j’ai vraiment adhéré à la proposition, notamment tout cet aspect assez étonnant qui consiste à traiter non pas du président lui-même, mais du 13ème amendement et tout le combat qu’il aura fallu pour le faire passer dans la Constitution américaine. Un choix plutôt osé qui débouche sur un film qui n’est pas à mettre entre les mains de tout le monde : si on n’aime pas le jargon politique, les débats sans fin, les punchlines qui fusent pour déstabiliser le parti adverse, ou encore les stratégies de lobbying, on risque clairement de passer à côté du récit. Il y a un petit côté Sorkin dans ce script qui n’hésite pas à aller à fond dans le flux presque ininterrompu de dialogues, mais avec à côté l’humanisme spielbergien habituel, ici représenté par le trauma de Lincoln avec son fils décédé, ou quelques à côtés comme la storyline de Joseph Gordon-Levitt ou celle de Tommy Lee Jones.

Formellement, c’est à la fois un film très appliqué (super travail de montage sur certaines séquences, et superbe photographie), mais aussi un peu trop sage à mon goût : on sent que Spielberg est en mode académique, de la même façon qu’il l’avait été sur Amistad. Plus que pour sa mise en scène, le film vaut surtout pour son casting quatre étoiles où tout le monde est bon, jusque dans les troisièmes rôles où on remarque plein de têtes désormais connues (j’avais complètement zappé que Adam Driver jouait dans ce film !). Une revision salutaire pour un Spielberg pas désagréable à regarder, mais à ranger tout de même dans les films mineurs du réal.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Jeu 25 Nov 2021, 16:45

Cool que tu lui aies redonné sa chance :super:
Je te trouve tout de même un peu sévère quand tu dis que le film est à ranger parmi les œuvres mineures de Spielberg. C'est un peu atypique pour du Spielberg peut-être, mais je trouve l'angle choisi passionnant, et pour comparer avec ses autres films "bavards", je le trouve supérieur à The Post et largement au-dessus d'Amistad.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Jeu 25 Nov 2021, 16:57

Ah bah tu vois je préfère largement The Post de mon côté.

Lincoln, ça reste à mes yeux, avec The BFG, le moins bon Spielberg de la décennie passée. C'est un film qui transpire la maîtrise sur bien des points, mais ça reste quand même bien fainéant pour du Spielberg.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Jeu 25 Nov 2021, 17:18

"Fainéant", comme tu y vas :mrgreen: on peut trouver ça trop appliqué ou trop sérieux, peut-être, mais le boulot derrière est énorme pour rendre dynamiques et prenants ces jeux politiques, et ce sans Sorkin au scénario :chut: et je comprends qu'on n'adhère pas, mais il y a une manière de réfléchir et de jouer avec le personnage Lincoln que je trouve intéressante.

Dans The Post, je bloque tout de même sur le "traitement" du personnage de Nixon, traitement que je trouve assez grossier pour le coup... mais il faudrait aussi que je le retente à l'occasion celui-là.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Jeu 25 Nov 2021, 18:15

Je suis pas certain de comprendre ton smiley derrière le nom de Sorkin. :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Jeu 25 Nov 2021, 18:22

Je voulais mettre le smiley qui rigole à la base, j'ai tapé à côté :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Jeu 25 Nov 2021, 18:28

Je rejoints Maltese, c'est cool d'avoir redonné une chance à ce film. Perso, j'en garde un très bon souvenir :super:
Après, est-ce qu'il est à ranger dans les films mineures du réalisateur, je sais pas... Mais vu la filmo du gars, c'est loin d'être péjoratif en soit. Ça restera une affaire de goût je pense.
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Tokyo ! - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 26 Nov 2021, 15:16

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Tokyo ! de Michel Gondry, Leos Carax & Bong Joon-ho
(2008)


Un film à sketches dont j’ai longtemps retardé la vision, sans trop savoir pourquoi, mais au final ce n’est pas plus mal car ça m’a permis entre-temps de découvrir le cinéma de Leos Carax. Alors forcément, qui dit film à sketches dit film inégal, c’est une habitude avec ce genre de projet, et ce Tokyo ! ne fait pas exception. On commence d’abord par le segment signé Michel Gondry qui se révèle assez vite prometteur, notamment par sa volonté de mettre en image un mal-être qui est celui de commencer dans la vie active et de ne pas trouver un habitat correct pour se sentir bien. Gondry emballe ça plutôt bien et en posant bien sa patte (la transformation en chaise, dans la façon dont c’est foutu, c’est typiquement Gondry), mais le problème est qu’il y a un côté tout ça pour ça à la fin, ça manque d’une conclusion forte pour marquer durablement.

Vient ensuite le segment de Carax qui est clairement le plus faible du métrage. Alors déjà que ce court-métrage donne l’impression de ne jamais exploiter la ville à laquelle le film est dédié pose forcément problème (sérieux, ça pourrait se passer dans n’importe quelle ville, ça ne changerait rien), mais il y a aussi la désagréable impression que Carax a saisi l’opportunité pour faire son truc à lui plutôt que de se plier aux règles de l’exercice (chose qu’il concède volontiers en interview). Du coup, ça donne un segment dont on peine à saisir la pertinence, qui tire trop en longueur pour ce qu’il raconte (le procès avec les traductions successives, une horreur à subir :evil: ), parfois moche (l’attentat provoqué par Lavant) et qui ne vaut que pour son final énigmatique.

Heureusement, le meilleur est gardé pour la fin, et Bong Joon-ho nous lave les yeux et le cerveau avec un segment quasiment aussi réussi que les longs-métrages du bonhomme. Déjà, c’est formellement léché comme souvent chez le réalisateur coréen, mais il y a aussi une vraie pertinence dans le propos traité qui colle très bien avec Tokyo et le peuple japonais en général, puisqu’il y est question de l’isolement que l’on se crée alors que, paradoxalement, rarement une ville n’aura été aussi peuplée. Le court est ponctué de bonnes idées et de petits moments de grâce qui font que c’est le film qu’on retient le plus des trois. Au final, Tokyo ! est exactement ce qu’on peut espérer d’un tel film : il y a de la force de proposition, mais forcément elles ne se valent pas toutes.


6,5/10
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Lust, Caution - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 27 Nov 2021, 10:22

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Sè, Jiè (Lust, Caution) de Ang Lee
(2007)


Un film que j’avais envie de voir depuis sa sortie sans jamais en avoir eu l’occasion, et même si ce n’est pas complètement à la hauteur de mes attentes (est-ce que ça méritait vraiment un Lion d’Or ?) c’est tout de même un énième film qui montre à quel point Ang Lee est un touche-à-tout efficace. Auréolé du succès critique et public de Brokeback Mountain, Lee décide de revenir le temps d’un film en Asie pour y tourner un mélange d’histoire d’amour et de film d’espionnage, où on va suivre une jeune femme contrainte de vivre sous une fausse identité pour infiltrer le quotidien d’un politicien influent, sauf qu’elle va tomber amoureux de ce dernier, ce qui va donc compliquer grandement sa tâche et bouleverser ses convictions. Le film est découpé en deux grosses parties : une première à la fin des années 30 où va plus être dans une forme d’apprentissage avec les débuts de l’apprentie-espionne, et qui va se conclure avec la perte définitive de l’innocence de ses compagnons (super scène de meurtre qui arrive sans prévenir, où chacun d’eux apprend que tuer un homme n’a rien de facile), puis une seconde dans les années 40 où on rentre clairement plus dans l’histoire d’amour, amour jamais clairement explicité car au final tout passe à travers un aspect charnel très prononcé.

Pour le coup, autant l’aspect espionnage du film n’est pas ce qu’il y a de plus réussi (plus le film avance, plus on se rend compte que l’intérêt ne se trouve pas là), autant la partie psychologique avec cette jeune femme pris entre deux feux, tiraillé par des extrêmes (même la love-story, on a l’impression qu’elle déteste autant qu’elle aime le mec) est clairement ce qui élève le métrage. Dommage toutefois que le film manque de scènes marquantes (Lee s’efface un peu trop derrière son sujet à mon goût) et souffre d’une longueur un peu trop abusée, c’est clairement ce qui empêche Lust, Caution de s’élever au niveau des meilleurs films de son réalisateur. Tang Wei porte le film sur ses épaules (sacrée prestation pour un premier film), pendant que Tony Leung apporte son charisme habituel, et à noter qu’on a une très jolie composition de Alexandre Desplat, dans une de ses premières grosses collaborations internationales. Un beau film, pas dénué de défauts, mais où les qualités l’emportent.


6,5/10
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Fiancées en folie (Les) - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 28 Nov 2021, 17:30

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Seven chances (Les fiancées en folie) de Buster Keaton
(1925)


Très sympa ce Keaton que je rangerais facile dans ses cinq meilleurs films. Pourtant, sur le papier, tout laisse supposer un énième film avec Keaton et son physique désavantageux qui va l’empêcher de séduire aussi facilement qu’il le voudrait, mais le script rajoute une idée bien ludique à ça : le héros a quelques heures pour trouver une femme qui accepte de l’épouser, sans quoi il passe à côté d’un héritage qui le rendrait très riche. Une idée de départ qui va donner, comme on le suppose, une sorte de course contre-la-montre pour essayer de séduire/convaincre une femme aussi vite que possible, et forcément ça va donner lieu à une avalanche de gags qui sont, comme souvent chez Keaton, particulièrement réussis (mention spéciale au running-gag de la meuf qui rigole dès qu’elle aperçoit le héros :mrgreen: ).

Alors clairement, ce n’est pas une comédie qui révolutionne quoi que ce soit, et c’est même un film qui pourra paraître un peu répétitif quand on s’enchaîne plusieurs films de l’acteur comme j’ai pu le faire cette année, mais le fait est que c’est un film qui se tient très bien, avec un sens du rythme admirable (bien aidé par sa courte durée : un peu moins d’une heure), et qui a pour lui quelques scènes mémorables (la descente de la colline à la fin, avec des dizaines de rochers qui dévalent la pente juste derrière Keaton, est encore une fois la preuve que le mec savait signer des cascades d’exception :love: ). Bref, de l’efficacité pure au service d’un script drôle et ludique, que demander de plus ?


7/10
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Charlatan (Le) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 29 Nov 2021, 16:09

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Nightmare Alley (Le charlatan) de Edmund Goulding
(1947)


Je l’ai lancé en me disant que pour que ce soit un projet que Guillermo Del Toro souhaite remaker, ça devait être un minimum bien, et effectivement c’est bourré de qualités, mais c’est aussi un film qui souffre à mon sens d’une écriture qui n’a pas assez conscience de l’or qu’elle a entre les mains, et qui du coup n’en profite pas assez. Bref, un film parfait à refaire donc, et nul doute qu’avec Del Toro aux commandes ça surpassera le film d’origine. On va suivre l’histoire d’un mec partant d’origines modestes (il commence comme homme à tout faire dans un cirque) mais à l’ambition telle qu’il fera tout pour élever sa condition et monter un spectacle où il se fera passer pour quelqu’un capable de lire dans les pensées de son public et de communiquer avec les morts. La majorité du récit va donc se concentrer sur toute cette ascension, avec un personnage charismatique et particulièrement malin, capable d’embobiner les gens comme personne (la scène du flic le montre bien), mais avec aussi des limites morales quasiment inexistantes : il vole les idées des autres, se sépare de ses collaborateurs quand il n’ont plus d’utilité pour lui, et il y a même un meurtre indirect où on se demande s’il n’avait pas été souhaité inconsciemment.

Bref, la grande qualité du film va venir du cadre et de ce personnage moralement douteux mais qu’on est tout de même forcé à suivre, jusque dans sa chute qui va arriver sur le dernier tiers du métrage. Et c’est là que le film perd des points à mon sens : la chute est tellement prometteuse, et ressemble tellement à une descente aux enfers (le dialogue avec la psy qui se révèle plus douée que lui ! :o ) qu’on en vient à regretter que ça n’occupe pas une partie plus importante du film. Franchement, il y avait matière à mieux exploiter le piège du personnage d’Helen Walker, et le film aurait été bien mieux sans ces ultimes minutes qui font un peu happy-end forcée par un producteur (et si je comprends bien, c’était effectivement le cas :| ). Sans ce dernier tiers quelque peu décevant, ça aurait pu prétendre à plus qu’un film sympathique. Heureusement, les bons points l’emportent avec un Tyrone Power vraiment convaincant, des personnages féminins intéressants, et une ambiance film noir réussie, ça manque juste d’une mise en scène un peu plus inspirée pour exploiter le cadre du crique. Un film intéressant à plus d’un titre donc, et qui réhausse d’un cran mes espoirs sur le remake à venir.


6,5/10
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Silencieux (Le) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 30 Nov 2021, 19:04

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Le Silencieux de Claude Pinoteau
(1973)


Je n’étais pas spécialement confiant à la base : un film d’espionnage par le réalisateur de La Boum, même avec Lino Ventura en lead, ça n’inspire pas spécialement la confiance :mrgreen: . Mais j’ai bien fait de tenter quand même car ça mérite clairement le coup d’œil, et j’oserais même dire que ça mérite un peu de réhabilitation car j’ai vraiment l’impression que c’est un film assez méconnu alors que ça se range facilement dans les jolies réussites françaises de l’époque. Déjà, pour un premier long, je trouve ça particulièrement ambitieux : un thriller d’espionnage se déroulant dans trois pays, sous forme d’une chasse à l’homme qui durera tout le long du métrage, il n’y a pas beaucoup de réalisateurs qui seraient capables de faire ça dès le premier essai, et le moins qu’on puisse dire c’est que Pinoteau s’en sort avec les honneurs.

On va donc suivre tout le long du métrage Ventura, qui joue un scientifique enlevé par le KGB, puis fait passer pour mort pour le MI5, et qui est forcé de collaborer avec ces derniers le temps d’une info à soutirer. Problème : le MI5 le lâche dans la nature ensuite, et le héros doit donc fuir aussi vite que possible, sachant pertinemment que le KGB fera tout pour le tuer. Ça rentre direct dans le vif du sujet pour ne plus lâcher le spectateur, et sur ce point Le Silencieux est vraiment admirable : à part peut-être la partie où Ventura tente de revoir son ex-femme, c’est vraiment un film à la tension permanente, où on montre bien que le héros n’est jamais à l’abri et que la mort peut frapper à n’importe quel moment (et tant pis pour les victimes collatérales, la scène dans le premier motel le montre bien :shock: ). Ventura porte le film sur ses épaules avec une économie de mots et d’expressions qui rappelle un peu le style melvillien, mais là où le film m’a le plus bluffé c’est vraiment dans la mise en scène, un aspect où j’en attendais strictement rien.

Vu le nom du réal, je pensais voir quelque chose au mieux juste fonctionnel, au pire téléfilmesque, mais je ne pouvais pas plus me tromper vu que Pinoteau a été à bonne école (assistant-réal chez Verneuil, Ophüls, Melville, Clair et Clément, la grosse classe 8) ) et qu’il le montre bien. Ça a vraiment la gueule d’un premier film sur lequel le réal donne tout pour montrer qu’il en a dans le pantalon, et ça marche : la tension est maîtrisée, ça ne manque pas de scènes mémorables (le passage à contre-sens sur l’autoroute :shock: , la fuite du train :o ), ça sait gérer l’économie pour l’efficacité, et il y a même des idées de narration hyper bien trouvées (les plans sur la machine comme seule réelle vision du KGB, c’est fort, c’est une idée dont la froideur pourrait venir d’un film de Costa-Gavras :love: ).

Alors oui, on sent parfois quelques faiblesses, notamment dans l’action, mais pour un premier film ça reste vraiment top, et puis quand vient ce climax final avec le montage parallèle avec la fuite de Ventura et le concert symphonique, puis le coup de feu, le ralenti sur Ventura et la fin qu’on assène tel un coup de marteau sec et violent, ça fait clairement oublier les réserves qu’on pouvait avoir avant :love: . Même niveau écriture c’est bien géré, le seul reproche que je peux faire venant d’une facilité qui pourrait ne pas en être une (j’ai peut-être loupé une info à un moment, mais ça me paraît hyper gros que Ventura capte direct que le chef d’orchestre soit forcément là aussi pour des raisons d’espionnage :? ). Une très belle surprise qui s’inscrit facilement parmi les réussites françaises du genre, à ranger à côté d’un film comme I comme Icare.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 01 Déc 2021, 07:48

BILAN NOVEMBRE 2021


Films vus :

409 : 125, rue Montmartre, Gilles Grangier, 1959, Ciné VF : 7,5/10
410 : Le désordre et la nuit, Gilles Grangier, 1958, Ciné VF : 6,5/10
411 : Midnight in the garden of good and evil, Clint Eastwood, 1997, DVD VOST : 5/10
412 : The French Dispatch, Wes Anderson, 2021, Ciné VOST : 6/10
413 : Vampyr - Der Traum des Allan Grey, Carl Theodor Dreyer, 1932, DVD VOST : 4/10
414 : De nåede færgen, Carl Theodor Dreyer, 1948, DVD VOST : 7/10
415 : The Last Waltz, Martin Scorsese, 1978, DVD VOST : 6/10
416 : Cheun Gwong Tsa Sit, Wong Kar-waï, 1997, Ciné VOST : 6,5/10
417 : Échec au porteur, Gilles Grangier, 1958, Ciné VF : 7/10
418 : The many saints of Newark, Alan Taylor, 2021, Ciné VOST : 6,5/10
419 : The last black man in San Francisco, Joe Talbot, 2019, TV VOST : 6/10
420 : Kung Fu Panda 3, Jennifer Yuh Nelson & Alessandro Carloni, 2016, TV VOST : 6/10
421 : Bringing up Baby, Howard Hawks, 1938, DVD VOST : 7/10
422 : Illusions perdues, Xavier Giannoli, 2021, Ciné VF : 7,5/10
423 : Sur la piste du Marsupilami, Alain Chabat, 2012, TV VF : 3/10
424 : Lincoln, Steven Spielberg, 2012, Truc VOST : 6,5/10
425 : Mr. Smith goes to Washington, Frank Capra, 1939, Blu-Ray VOSTA : 8,5/10
426 : Il grande silenzio, Sergio Corbucci, 1968, Ciné VOST : 5,5/10
427 : Tokyo !, Michel Gondry, Leos Carax & Bong Joon-ho, 2008, TV VOST : 6,5/10
428 : Bridge of spies, Steven Spielberg, 2015, Blu-Ray VOST : 8,5/10
429 : Sè, Jiè, Ang Lee, 2007, TV VOST : 6,5/10
430 : The Matrix Reloaded, Lilly & Lana Wachowski, 2003, Blu-Ray VOST : 9,5/10
431 : Seven chances, Buster Keaton, 1925, Truc VO : 7/10
432 : Nightmare Alley, Edmund Goulding, 1947, Truc VOST : 6,5/10
433 : Le silencieux, Claude Pinoteau, 1973, DVD VF : 7,5/10
434 : La 7ème cible, Claude Pinoteau, 1984, DVD VF : 6/10
435 : Ne nous fâchons pas, Georges Lautner & Michel Audiard, 1966, DVD VF : 4,5/10
436 : Cry Macho, Clint Eastwood, 2021, Ciné VOST : 2,5/10
437 : Umberto D., Vittorio De Sica, 1952, Ciné VOST : 6/10
438 : The Breadwinner, Nora Twomey, 2017, TV VOST : 7,5/10
439 : Ryan's Daughter, David Lean, 1970, Ciné VOST : 7,5/10
440 : Easy A, Will Gluck, 2010, TV VOST : 5,5/10
441 : Finch, Miguel Sapochnik, 2021, Truc VOST : 7/10
442 : Matrix Revolutions, Lilly & Lana Wachowski, 2003, Blu-Ray VOST : 9,5/10
443 : Les Olympiades, Jacques Audiard, 2021, Ciné VF : 6,5/10
444 : Spione, Fritz Lang, 1928, DVD VO : 6,5/10
445 : Antlers, Scott Cooper, 2021, Ciné VOST : 4,5/10
446 : The devil's own, Alan J. Pakula, 1997, TV VOST : 4/10
447 : Encanto, Byron Howard & Jared Bush, 2021, Ciné VOST : 5,5/10


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7ème cible (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 01 Déc 2021, 16:40

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La 7ème cible de Claude Pinoteau
(1984)


Le hasard a voulu que je découvre ce film le lendemain de ma vision du Silencieux, et ce n’est pas plus mal car ça m’a permis de faire une liaison assez pertinente entre les deux, qui ne m’aurait sans doute pas sauté aux yeux en temps normal. Il y a vraiment cette impression de voir Pinoteau tenter de refaire le même film avec une trame différente : le retour de Ventura en lead, ce dernier qui va être en position de faiblesse durant quasiment tout le métrage et dont l’enjeu va être de renverser la tendance, le tournage dans plusieurs pays, la séquence sur la nationale, le final à base de montage alterné sur un concert de musique classique, etc… On va donc ici avoir un point de départ super intéressant : Ventura se fait casser la gueule dès le début du film, sans qu’il ne sache pourquoi, puis va se faire intimider à coup d’embuscades, d'intimidations et d’accidents de bagnole, et il va donc devoir comprendre pourquoi il est pris pour cible afin d’arrêter ça.

Un pitch qui installe un climat paranoïaque vraiment réussi, mais qui malheureusement peine à tenir sur la longueur. Il y a l’impression de voir un film qui donne trop au début et qui ne sait plus trop quoi raconter par la suite (à partir du moment où les flics s’en mêlent, ça perd vraiment en intérêt à mon sens), mais qui se rattrape in extremis avec un final presque aussi réussi que celui du Silencieux, ce qui donne un ensemble assez frustrant car il y avait clairement matière à un meilleur film. Le script est un peu décevant dans sa seconde moitié, comme dit plus haut l’arrivée des flics au centre de l’histoire plombe le côté homme seul contre une menace invisible (et puis on a des ajouts assez étranges, Bacri a l’air de sortir d’un autre film :? idem pour la scène avec les flics qui mitraillent sans sommation une bagnole en plein Paris), l’enquête est pas toujours bien gérée, et puis l’explication finale est trop grosse, ça fait vraiment plan très compliqué pour pas grand chose même s’il y a de l’idée derrière. Malgré le fait que ce soit un film dont je retiens surtout la première demi-heure et la séquence finale, c’est pas désagréable à regarder et ça se suit même plutôt bien.

Ventura trouve là son dernier rôle en tant que lead, trois ans avant sa mort, et ses limites physiques se ressentent notamment dès qu’il y a de l’action (le tabassage dans les premières minutes n’est pas ce qu’il y a de plus convaincant :? avec dix ans de moins ce serait sûrement mieux passé), mais c’est rattrapé par son charisme et son jeu habituel (les scènes avec sa mère :mrgreen: ) et le fait qu’on a très vite de l’empathie pour sa situation. Pinoteau s’en sort bien niveau mise en scène, alors clairement c’est pas dénué de défauts mais il y a des vraies tentatives comme la séquence de l’accident sur la nationale avec un plan à quelques centimètres de la rambarde de sécurité qui fait son petit effet :shock: , et évidemment le climax final que je trouve vraiment très réussi :love: . La composition de Cosma marche bien, notamment le gros morceau final qui est pour beaucoup dans la réussite de la scène. Bref, c’est un film avec des défauts évidents, mais ça reste un divertissement avec des envies de cinéma sur plusieurs séquences marquantes.


6/10
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