Échec au porteur de Gilles Grangier
(1958)
(1958)
Encore un Grangier, et pour le coup celui-là est une surprise presque aussi bonne que celle qu’avait été 125 rue Montmartre. C’est clairement un cran en dessous de ce dernier, mais on a la même impression de voir Grangier lorgner vers du Hitchcock, ce qui s’avère plutôt réussi. Ici donc, on va aussi avoir un script qu’aurait pu réaliser le gros Alfred : un ballon servant habituellement de cache pour de la drogue devient, le temps d’un règlement de comptes entre dealers, une bombe à retardement. Forcément, par un malheureux concours de circonstances va faire que le ballon va se retrouver entre les mains d’un gamin de la banlieue parisienne, et à partir de là on va suivre toute l’intrigue policière qui va amener à la traque de la bombe avant qu’elle n’explose.
Un pitch vraiment sympathique qui cache pourtant bien son jeu dans ses vingt premières minutes, où Grangier nous laisse penser que le film va être focalisé sur un univers précis (les passeurs de drogues) et sur des personnages présentés comme principaux (Serge Reggiani est introduit comme tel, et on initie même une storyline avec Jeanne Moreau qui va s’avérer être aussi une fausse piste), et du coup l’arc du ballon perdu qui devient l’enjeu réel du métrage surprend carrément, pour le meilleur à mon sens. D’autant qu’après, toute l’enquête pour trouver l’emplacement de la bombe est plutôt bien écrite, et on va suivre chacun des éléments qui va permettre de trouver une piste qui va ensuite permettre à la traque de continuer. Le seul gros défaut que je pointerais, c’est que globalement ça reste du sous-Hitchcock, et autant Grangier permet à son film d’avoir une forme visuelle carrée et efficace, autant ça manque clairement de tension (on ne doute jamais que la bombe va être trouvée) et d’un petit quelque chose en plus pour transformer le métrage en film particulièrement marquant, genre le fait que ça ne joue pas assez avec son sujet alors qu'il y a pourtant matière. Et puis il y a toujours les faiblesses de Grangier dès qu’il faut filmer l’action (il y a une mise à mort dans un terrain vague au milieu du film, même à l’époque ça devait pas être spécialement convaincant ). La filiation avec Hitchcock se retrouve aussi dans le final avec la maison assiégée, scène qui rappelle forcément beaucoup le climax de la première version de L’homme qui en savait trop.
Le casting est prestigieux, mais faut vraiment pas que ce soit la principale motivation pour regarder le film sous peine d'être déçu : Reggiani disparaît vite de l’intrigue, Jeanne Moreau a genre deux scènes, et même si Paul Meurisse se tape la part du lion, il a un rôle d’inspecteur très classique qui l’empêche de livrer une prestation plus que sympathique. Sinon, il y a aussi Goldfinger en bad-guy, et ça c’est cool . Un autre point que j’aime beaucoup dans Échec au porteur : le fait d’avoir l’action qui se déroule quasi intégralement dans les quartiers de banlieues parisiennes (Asnières, Gennevilliers et Saint-Denis notamment) à une époque où ça commençait à se transformer, du coup, pour quelqu’un comme moi qui vais souvent là-bas, ça fait bizarre de constater qu’il y a un peu plus de cinquante ans c’était juste des barres HLM perdues dans des terrains vagues ou des petites communes . Bref, c’est du Grangier très sympa, mais auquel il manque une tension omniprésente et une mise en scène plus inspirée pour en faire un titre aussi recommandable que 125 rue Montmartre.
Un pitch vraiment sympathique qui cache pourtant bien son jeu dans ses vingt premières minutes, où Grangier nous laisse penser que le film va être focalisé sur un univers précis (les passeurs de drogues) et sur des personnages présentés comme principaux (Serge Reggiani est introduit comme tel, et on initie même une storyline avec Jeanne Moreau qui va s’avérer être aussi une fausse piste), et du coup l’arc du ballon perdu qui devient l’enjeu réel du métrage surprend carrément, pour le meilleur à mon sens. D’autant qu’après, toute l’enquête pour trouver l’emplacement de la bombe est plutôt bien écrite, et on va suivre chacun des éléments qui va permettre de trouver une piste qui va ensuite permettre à la traque de continuer. Le seul gros défaut que je pointerais, c’est que globalement ça reste du sous-Hitchcock, et autant Grangier permet à son film d’avoir une forme visuelle carrée et efficace, autant ça manque clairement de tension (on ne doute jamais que la bombe va être trouvée) et d’un petit quelque chose en plus pour transformer le métrage en film particulièrement marquant, genre le fait que ça ne joue pas assez avec son sujet alors qu'il y a pourtant matière. Et puis il y a toujours les faiblesses de Grangier dès qu’il faut filmer l’action (il y a une mise à mort dans un terrain vague au milieu du film, même à l’époque ça devait pas être spécialement convaincant ). La filiation avec Hitchcock se retrouve aussi dans le final avec la maison assiégée, scène qui rappelle forcément beaucoup le climax de la première version de L’homme qui en savait trop.
Le casting est prestigieux, mais faut vraiment pas que ce soit la principale motivation pour regarder le film sous peine d'être déçu : Reggiani disparaît vite de l’intrigue, Jeanne Moreau a genre deux scènes, et même si Paul Meurisse se tape la part du lion, il a un rôle d’inspecteur très classique qui l’empêche de livrer une prestation plus que sympathique. Sinon, il y a aussi Goldfinger en bad-guy, et ça c’est cool . Un autre point que j’aime beaucoup dans Échec au porteur : le fait d’avoir l’action qui se déroule quasi intégralement dans les quartiers de banlieues parisiennes (Asnières, Gennevilliers et Saint-Denis notamment) à une époque où ça commençait à se transformer, du coup, pour quelqu’un comme moi qui vais souvent là-bas, ça fait bizarre de constater qu’il y a un peu plus de cinquante ans c’était juste des barres HLM perdues dans des terrains vagues ou des petites communes . Bref, c’est du Grangier très sympa, mais auquel il manque une tension omniprésente et une mise en scène plus inspirée pour en faire un titre aussi recommandable que 125 rue Montmartre.
7/10