[Alegas] Mes Critiques en 2021

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar caducia » Mer 03 Nov 2021, 16:26

Intéressant, je vais essayer de faire une critique, c'est pas gagné.

les dérives que peut apporter le choix du silence dans une affaire où il faudrait informer de sa situation


tu parles de quel personnage ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 03 Nov 2021, 17:19

Attention gros spoiler ne lisez pas si vous avez pas vu le film.

Je parle du perso de Diana Rigg : son silence lors de sa jeunesse a participé au fait qu'elle devienne une psychopathe cherchant uniquement la vengeance. Nul doute que si elle avait accepté la main tendue du flic ou si elle avait été les voir lors de son exploitation, ça n'aurait pas tourné comme ça.

Du coup, je pense que ce n'est pas anodin de la part de Wright de parler de ça : faire la comparaison entre la condition féminine dans les années 60 et celle d'aujourd'hui permet d'avoir deux personnages qui réagissent différemment, l'une se complaît dans le silence mordide pendant que l'autre informe dès qu'elle peut son entourage qu'il y a un problème. Et on peut même voir une évolution du person de McKenzie à ce propos (elle cache à sa grand-mère ses problèmes, mais se rend compte plus tard que lui en parler la soulage d'un poids).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar caducia » Mer 03 Nov 2021, 18:29

Merci pour la clarification.

d'un autre côté, tu veux qu'elle dise quoi vis à vis de sa situation ? Soit elle accepte d'être dans le système en espérant gravir des échelons (et encore) et de le subir, soit elle le quitte. Dans les sixties, tu avais juste le choix de fermer ta gueule. Tu veux qu'elle dénonce les maltraitances à une époque il était bon ton de remettre une femme à sa place.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 03 Nov 2021, 18:45

J'en sais rien j'étais pas dans les 60's, mais elle n'arrange clairement pas les choses en restant dans ce système. Le fait qu'elle ne considère même pas un seul instant l'idée de se casser de la ville ou d'aller chez les flics (alors que, encore une fois, un flic lui propose de l'aider, c'est pas comme si on montrait une scène où les flics n'en ont rien à battre) montre bien qu'elle cautionne en partie ce qui lui arrive en restant complètement inactive, pour le simple espoir de chanter sur scène.
Mais again, c'est là où ça rend le propos intéressant, ça montre qu'il y a eu une évolution sur le sujet en plus de 50 ans, et ça permet à l'héroïne de relativiser l'idéalisation du passé.
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Cría cuervos - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mer 03 Nov 2021, 19:58

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Cría cuervos de Carlos Saura
(1976)


Je m’attendais à beaucoup mieux vu la réputation, c’est souvent cité parmi les meilleurs films de l’histoire du cinéma espagnol et autant j’aime beaucoup le traitement du sujet autant je pige vraiment pas en quoi c’est un grand film, mais peut-être que c’est à remettre dans le contexte de la production nationale de l’époque. Tout le film suit une gamine qui vient de perdre son père, alors qu’elle avait déjà vu sa mère mourir un peu auparavant. Gardée par sa tante avec ses deux sœurs, elle va peu à peu se réfugier dans ses souvenirs et fantasmes, qui vont lui permettre de faire face à la mort, qu’elle ne comprend pas encore complètement. Ça a beau avoir une certaine naïveté, point de vue enfantin oblige, ça reste quand même un film assez noir où on évoque des sujets franchement pas réjouissants, avec notamment des désirs de mort de la part de la gamine parce qu’elle ne saisit pas le caractère irréversible de la chose.

Un traitement assez direct, qui n’exclut toutefois pas les quelques moments plus légers et/ou poétiques (chaque fois que la chanson Porque te vas passe sur le tourne-disque), et qui me plaît bien, mais à côté de ça faut se taper un rythme deux de tension et une absence de péripéties qui font qu’on a un peu l’impression de voir la même chose tout le long. Pour le coup, c’est clairement un film qui, à mon sens, aurait été bien plus efficace en moyen-métrage, mais qui perd peu à peu de son intérêt à vouloir durer trop longtemps (et pourtant ça dure moins d’une heure et demie). En plus, j'ai vraiment l'impression que le film se termine de façon hyper abrupte, genre j'ai pas spécialement eu la sensation que l'arc narratif principal était bouclé. Du coup, avec le traitement et le point de vue choisi, c’est les gamines que je retiendrais le plus de cette vision, avec notamment Ana Torrent qui porte le film sur ses épaules (j’ignorais qu’elle avait eu une carrière aussi précoce). Il y a aussi Géraldine Chaplin au casting, mais autant j’aime bien l’actrice autant là je trouve qu’elle ne sert à pas grand chose : avoir l’héroïne adulte racontant l’histoire c’est pas la meilleure idée du film. Au final, c’est pas un film sur lequel j’ai envie de cracher car là j’ai bien conscience que c’est sans doute moi qui suis passé à côté, mais du coup c’est une déception en ce qui me concerne.


5,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar osorojo » Mer 03 Nov 2021, 20:05

Je l'ai vu il y a une semaine également, et j'en ai pensé la même chose. On sent que Saura était quand même un peu à court d'idées par moment, il y a des scènes qui ne font que rallonger le temps d'antenne et ne servent pas à grand chose. Ok les trucs de gosses au début, c'est sympa pour souligner le fait que les 3 frangines sont complices, mais au bout d'un moment, les gamines écoutent de la musique, dansent ensemble, jouent dans les bois, passent à table, prennent le bain, se font coiffer... ça finit par gaver.

D'accord pour la petiote qui aimerait embaucher un hitman pour la débarrasser de sa tante après avoir filé du bicarbonate de soude à tout ceux qui l'ennuient, c'est inattendu et bien vu.
Mais comme tu dis, c'est trop peu présent, j'ai aussi trouvé le temps long.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar caducia » Mer 03 Nov 2021, 20:13

Alegas a écrit:
J'en sais rien j'étais pas dans les 60's, mais elle n'arrange clairement pas les choses en restant dans ce système. Le fait qu'elle ne considère même pas un seul instant l'idée de se casser de la ville ou d'aller chez les flics (alors que, encore une fois, un flic lui propose de l'aider, c'est pas comme si on montrait une scène où les flics n'en ont rien à battre) montre bien qu'elle cautionne en partie ce qui lui arrive en restant complètement inactive, pour le simple espoir de chanter sur scène.
Mais again, c'est là où ça rend le propos intéressant, ça montre qu'il y a eu une évolution sur le sujet en plus de 50 ans, et ça permet à l'héroïne de relativiser l'idéalisation du passé.


Je ne sais pas s'il y a eu une "évolution" dans le système, mais dans les 60's, la place de la femme était assez limitée professionnellement . Quand tu vois que le système d'emprise persiste avec les prédateurs sexuels surtout dans les milieux artistiques, étant donné la précarité de la plupart des starlettes, je te laisse imaginer leur unique monnaie d'échange. Tu peux extrapoler ça au monde contemporain où des gens font des métiers de merde avec la boule au ventre car ils n'ont pas le choix. (Au JT de ce matin des pères Afghans qui vendent leur gamine à des vieux, ils cautionnent une tradition ? c'est juste qu'ils sont dans une impasse). Après le fait qu'elle reste sous l'emprise de son mac et qu'elle ne cherche pas à s'en sortir montre une fragilité psychologique de départ qui évolue en mal. Et comme elle se veut une femme forte et "indépendante", elle reste dans ce microcosme malsain sans en parler. Dommage que Wright reste en surface là dessus car on ne connait pas le vrai passé de Sandy.
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Julie (en 12 chapitres) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 04 Nov 2021, 11:54

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Verdens verste menneske (Julie (en 12 chapitres) ) de Joachim Trier
(2021)


Après une incursion réussie dans le cinéma de genre il y a un peu moins de cinq ans, Joachim Trier revient au drame façon Oslo, 31 août, autant dire que c’était pas gagné en ce qui me concerne vu que j’ai tendance à trouver ses films sympa mais pas top, et malheureusement ça se confirme ici. Bon déjà je vais aborder les bons points du film, car il y en a pas mal, à commencer par cette actrice qui mérite amplement son prix d’interprétation cannois. C’est pas de la performance in your face, mais c’est toujours juste, subtil, et la réussite du film repose en grande partie sur ses épaules tant c’est elle, et pas forcément l’écriture, qui arrive à rendre son personnage aussi attachant et authentique. Le reste du casting ne démérite pas, même si j’ai tendance à trouver que l’acteur principal de Oslo ressort un peu toujours le même jeu : dans tous ses films, que ce soit chez Trier ou ailleurs, il se contente souvent de faire la gueule.

Formellement, Trier confirme son amélioration de film en film, et autant je trouvais ça assez anecdotique dans Oslo, autant là on sent que le bonhomme a des envies de signer des séquences visuellement inspirées (l’arrêt du temps pour une journée :love: , les deux amants se partageant la fumée d’une cigarette, le trip sous champis), et nul doute que l’expérience Thelma a dû bien aider de ce côté là. Sinon, je mentirais si je disais que je ne trouvais pas la première moitié du métrage réussie, et globalement jusqu’à la séparation du premier couple j’étais vraiment parti pour apprécier le film, ce qui rend d’autant plus dommageable ce qui suit. Car clairement, à partir du moment où le second couple se forme, j’ai vraiment la sensation que l’écriture jusqu’ici assez juste devient tout ce qu’il y a de plus attendue et de forcée, le point le plus représentatif étant toute la storyline autour du cancer qui est clairement pas subtile pour un sou : dès que ça arrive on sait très bien où ça va se diriger et le film ne fait que confirmer ça par la suite. A cela s’ajoute l’impression globale d’un film qui veut être plus grand qu’il ne l’est, en souhaitant parler d’un maximum de choses, sans pour autant se donner le temps de le faire. Résultat : le film est bourré de petites séquences où on aborde des sujets à la mode (#MeToo, le fait de parler des menstruations en société, est-ce qu’une œuvre d’art/un artiste doit être cancel lorsqu’il offense certaines personnes, est-ce qu’une femme contemporaine peut avoir du plaisir en faisant une fellation forcée, etc…) mais le problème c’est que ça reste juste l’affaire de quelques minutes, et après on passe à autre chose. Ces scènes m’ont vraiment donné la sensation d’un film qui essaye de caser un maximum de choses pour montrer qu’il est à la page, mais que ça reste juste traité en surface.

A cela s’ajoute le découpage en chapitres dont je ne suis pas particulièrement fan : de la même manière que c’est gadget dans certains Tarantino, c’est ici rarement justifié, et franchement si on virait ces cartons ça donnerait exactement la même chose. Bref, j’ai un peu la sensation d’un bon film loupé : sur la première moitié j’étais à 7/10, mais après ça ne fait que perdre des points, et je me détache de cette héroïne qui à laquelle j’étais pourtant attaché quelques scènes auparavant. Au final, c’est toujours pas avec ce film que je serais convaincu par ce réal, et je préfèrerais largement le revoir tenter un autre film de genre (ou alors quelque chose de complètement différent).


5,5/10
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Tabou - 5/10

Messagepar Alegas » Jeu 04 Nov 2021, 15:00

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Tabu (Tabou) de Friedrich Wilhelm Murnau
(1931)


Vraiment déçu pour le coup : outre le fait que ce soit le dernier film d’un des plus grands réalisateurs du muet (Murnau mourra à l’âge de 42 ans un peu avant la sortie), le métrage a quand même une jolie réputation et du coup j'espérais vraiment un dernier grand film. Tabou est clairement une œuvre qui témoigne du mouvement naturaliste de Murnau, mouvement qu’il avait débuté avec L’Aurore et qu’il continuera sur City Girl, mais pour le coup déjà je sentais un peu les limites sur ce dernier, et là ça ne loupe pas : je trouve que Murnau n’y est vraiment pas à son aise. Sur ce projet, il cherche définitivement à s’éloigner du contrôle hollywoodien en tournant son film entièrement sur les îles de la Polynésie française, et de ce côté là le film a vraiment de quoi susciter l’admiration : tout est tourné avec des décors naturels, les scènes sur et sous l’eau sont nombreuses, on cherche clairement l’authenticité. Le problème, c’est que ça se fait au détriment du travail visuel à mon sens, et pour le coup des films de Murnau que j’ai pu voir c’est vraiment celui qui, outre sa volonté naturaliste, paraît vraiment le plus quelconque. Il ne faut pas chercher dans ce film les envolées formelles d’un Faust ou de L’Aurore : ici on cherche à raconter l’histoire de façon assez fonctionnelle, et du coup les scènes visuellement marquantes se font très rares (le premier quart d’heure, la scène sous-marine avec le requin).

Nul doute que le tournage chaotique joue sûrement sur cet aspect (un an et demi à Bora-Bora pour le terminer, des accidents en pagaille style noyade, intoxications, un chaman qui aurait maudit l’équipe, etc…) mais le problème c’est que même sur ce que ça raconte c’est pas spécialement passionnant. On va suivre deux jeunes amants qu’on veut séparer mais qui vont s’enfuir pour tenter de vivre ensemble à l’écart de leur tribu et… c’est tout :| . J’espérais que ce serait le point de départ de quelque chose de plus dense, genre une chasse à l’homme, mais même pas : pendant une heure de film ou presque c’est vraiment les deux protagonistes qui vivent leur vie pendant que la tribu les cherchent, et autant la fin vient mettre un peu de piquant dans tout ça, autant je mentirais si je disais que je ne me suis pas fait chier pendant tout le milieu du film. Bref, pour le dernier film d’un très grand cinéaste, c’est une sacrée douche froide, malgré des qualités évidentes.


5/10
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Même les souris vont au paradis - 5,5/10

Messagepar Alegas » Ven 05 Nov 2021, 11:06

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Myši patří do nebe (Même les souris vont au paradis) de Denisa Grimmová Abrhámová & Jan Bubeníček
(2021)


En passant quelques jours à Annecy en juin dernier, une exposition temporaire au musée du cinéma de l’animation m’a permis d’apprendre l’existence de ce petit film tchèque, dont la particularité est d’être composé quasi intégralement de stop-motion très rough, chose finalement assez rare depuis plusieurs années, à l’heure où des studios comme Aardman et surtout Laïka cherchent au contraire une animation sans aucun défauts. Le genre de petit projet que j’aime soutenir donc, d’autant qu’ici il y avait la promesse d’une histoire pas que pour les plus jeunes (ça raconte quand même l’histoire d’une souris et d’un renard qui, après avoir été fauchés par une voiture, se retrouvent au paradis). A l’arrivée, petite déception sur un point : malgré les sujets abordés (mort, deuil, solitude, etc…), ça reste quand même un film à destination des petits en termes d’écriture, avec une psychologie de personnages assez basique et des évolutions qui se voient venir bien à l’avance, bref tout est sur des rails et il n’y a pas vraiment de surprises de ce côté là.

En revanche, formellement, c’est vraiment bien foutu avec des décors inspirés où on sent les heures de travail, et même si le côté rough de la stop-motion n’est pas forcément justifiée, ça permet de se rappeler qu’on a pas forcément besoin d’avoir une animation lissée pour croire à un univers, une histoire et des personnages. Le character-design volontairement simple n’est pas mal du tout non plus, là aussi on sent qu’il y a l’envie de montrer qu’on peut faire de l’efficace avec pas grand chose, mais par contre ça a un défaut réel qui est la limitation des expressions des personnages. Au final, il y a un joli petit film, mignon mais oubliable, à conseiller davantage aux plus jeunes.


5,5/10
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Vampyr - 4/10

Messagepar Alegas » Ven 05 Nov 2021, 22:31

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Vampyr - Der Traum des Allan Grey (Vampyr) de Carl Theodor Dreyer
(1932)


Voilà un film que j’aurais voulu apprécier, car sur le papier c’est vraiment tout ce que je peux aimer, mais à l’arrivée c’est un métrage tellement focalisé sur son aspect formel qu’il en oublie complètement son spectateur, et ça le transforme en film particulièrement pénible à suivre. Dreyer, c’est pas un réal dont je suis spécialement convaincu par la réputation, son Procès de Jeanne d’Arc s’impose à mes yeux comme un film très surcoté, mais je ne peux pas lui enlever le fait que le bonhomme savait filmer comme peu à l’époque, et ici c’est facilement le film le plus moderne que j’ai pu voir de lui. On va donc avoir une histoire de vampire (no shit :mrgreen: ) avec un héros qui arrive dans un village où une créature habite et...et...et bah je serais bien en peine de raconter ce qu’il se passe par la suite, pas parce que c’est mal raconté, mais tout simplement parce que ce n’est pas raconté :eheh: .

Il faut le voir pour le croire : passée la situation initiale, Vampyr consiste à suivre un héros qui évolue de décor en décor, sans but ni enjeu, avec un air complètement ahuri, et quand une histoire se met vaguement en place ça n’est jamais par l’action, mais par des cartons ou des longs plans sur des pages de bouquin :evil: . Une volonté de narration qui doit sûrement beaucoup à un tournage pas des plus évidents (chaque plan dialogué à été tourné trois fois : en anglais, en français et en allemand) et qui a forcé Dreyer a utilisé le moins de paroles possibles alors que c’est son premier film parlant, mais du coup, à côté de ça, le mec utilise les plus grosses ficelles de la narration muette pour faire fonctionner son film, et ça rend le truc indigeste. D’autant qu’au final, on se rend bien compte que l’histoire n’intéresse guère Dreyer, qui l’utilise plus comme un prétexte pour aligner les séquences étranges et les plans travaillés.

De ce côté là, Vampyr est une pure réussite : on a l’impression d’évoluer dans un rêve torturé, et nombreux sont les plans complètement dingues, que ce soit par leurs trucages étonnants (les jeux d’ombre alors que le personnage ne bouge pas, le reflet d’un personnage dans l’eau alors qu’on ne le voit pas sur la rive :shock: , etc…), leur puissance visuelle (quasiment chaque plan avec le porteur de la faux) ou tout simplement leur modernité affolante (le procession mortuaire vue à travers les yeux du cadavre dans le cercueil, c’est du génie pur à ce stade :love: ). Dommage que tout ce travail formel, encore une fois complètement dingue pour l’époque, soit au service de quasiment rien du tout, et du coup ça donne un film bien lourdingue à regarder, où on se réveille parfois devant les étonnantes propositions visuelles. Le film montre vraiment à mon sens les limites extrêmes de l’expressionnisme allemand : à trop vouloir faire un film en se reposant juste sur l’aspect formel, on en oublie que ce n’est pas ça qui rend un long-métrage regardable.


4/10
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Empty man (The) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 06 Nov 2021, 19:10

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The Empty Man de David Prior
(2021)


Je ne m’étais pas spécialement intéressé au film jusqu’à lire l’avis de Heatmann sur les réseaux sociaux, et du coup merci à lui d’avoir mis en lumière un film qui, à mon sens, passe beaucoup trop inaperçu alors qu’il possède des qualités indéniables. On a donc ici un métrage qui a subi de plein fouet deux gros problèmes : le rachat de 20th Century Fox (qui le produisait) par Disney, et la pandémie mondiale qui fait qu’il est sorti dans l’anonymat le plus total. Il n’est pas difficile, à la vue du film, d’imaginer ce que les exécutifs de Disney ont pensé en voyant ce film leur arriver sur les bras : un film horrifique à mi-chemin entre Lovecraft et L’échelle de Jacob, le tout sous influence Fincher (Prior est un pote à lui, et a réalisé quasiment chacun des making-of de ses films) à l’ambiance dark et au final pessimiste, c’est pas vraiment le genre de trucs qu’ils ont l’habitude de vendre :mrgreen: . Du coup, le COVID a réglé le problème, et après trois ans au placard (le tournage était terminé milieu 2017) Disney a sorti ça sans aucune campagne marketing, alors que clairement c’est un film qui avait du potentiel si il avait été vendu par Blumhouse ou A24 (bref des compagnies qui savent faire des promos intelligentes).

C’est d’autant plus dommage que The Empty Man est un pur film d’ambiance, qu’on sent taillé pour la salle de cinéma, et même si il a ses défauts ça reste du niveau assez étonnant quand on se rappelle que c’est un premier long-métrage, le genre qui donne sérieusement envie de voir ce que le réal va faire par la suite. Sans trop spoiler, après une introduction d’une vingtaine de minutes qui pose un certain contexte, le film se concentre sur une enquête solitaire sur une société/culte pour le moins étrange. Même si l’écriture s’avère inégale, notamment avec un dernier acte qui tombe un peu à plat à mon sens (en gros dès qu’on arrive à l’hôpital), le film est bourré de passages absolument monstrueux en termes d’ambiance : la découverte de la grotte (putain ce design complètement dingo de la statue :love: ), la scène sous le pont :shock: :shock: , le meurtre dans le sauna, le héros qui s’enfonce dans les profondeurs des archives de la société, le passage nocturne dans les bois :shock: , etc…

Le tout a en plus un rythme et une mise en scène très proches des productions A24 : ça prend son temps, ça ne cherche pas à satisfaire l’ado en manque d’épouvante, encore une fois tout est fait pour servir l’ambiance, en témoigne aussi le score de Christopher Young, à la limite de l’expérimental (gros travail sur le son globalement sur le film entier, ces murmures à l’oreille ont de quoi hanter les nuits :shock: ). Le casting en impose bien malgré le fait qu’il n’y ait aucun acteur bankable, James Badge Dale porte le film sur ses épaules et mériterait d’être plus souvent vu en lead. Bref, autant de qualités qui poussent à l’indulgence malgré les défauts réels du métrage (le dernier acte donc, mais aussi des CG pas fameux, genre tout le début ça pue le décor en studio à plein nez :evil: ) et qui rendent sacrément curieux pour l’avenir de David Prior en tant que réalisateur, car il semblerait que le sort de The Empty Man ne l’ait pas empêché de trouver de quoi financer un second long-métrage.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar angel.heart » Sam 06 Nov 2021, 21:28

Très mitigé sur celui-là.

Il y a de bonnes choses et parfois une sacrée ambiance à mi-chemin entre The ring et les thrillers horrifique façon Angel heart ou L'échelle de Jacob, mais la dernière partie ne fonctionne pas et plombe quand-même bien le truc.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Sam 06 Nov 2021, 21:44

Oui c'est vraiment ce que je lui reproche le plus. Dès qu'il retrouve le mec à l'hôpital tout semble aller sur des rails, et on n'a plus le parfum de mystère qu'on avait jusqu'ici et qui faisait le sel du film. Je pense que Prior a visé trop haut en se mettant aussi scénariste unique de son premier long.

Son prochain film a l'air d'être un film de requin, avec une scénariste à la barre, y'a ptet moyen que ça se tienne mieux sur la longueur.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Sam 06 Nov 2021, 21:46

un film de requin


Un genre riche en réussites :chut:
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