[Alegas] Mes Critiques en 2021

[Mark Chopper]

Il y a prescription.

[Scalp]

C'est comme pour le viol, y a plus prescription.

[Alegas]

Love affair (Elle et lui) de Leo McCarey
(1939)

Premier film de McCarey que je découvre et c’est vraiment la grosse déception vu le statut du film. Pourtant, sur le papier, il y avait moyen d’avoir quelque chose qui se rapproche du Brief encounter de David Lean : un homme et une femme se rencontre sur un bateau voguant vers New York, et les deux tombent amoureux alors que chacun d’eux ont quelqu’un qui les attends à l’arrivée du voyage. Conscients de leur amour, mais résolus à ne pas se précipiter, ils décident de se donner rendez-vous six mois plus tard au sommet de l’Empire State Building pour confirmer ou non leur relation. Un joli pitch mélodramatique qui, malheureusement, ne donne pas un bon récit, la faute à une écriture qui se veut beaucoup trop simpliste et qui tombe facilement dans la mièvrerie absolue.

Le point qui choque le plus, c’est qu’on a beau avoir cette histoire d’amour au centre de l’histoire, jamais on y croit, jamais on ne ressent la passion dévorante qui remet tout en question, et pour le coup sur ce point on peut d’une part pointer du doigt l’écriture, mais c’est aussi à mon sens un problème de casting avec ce duo d’acteurs où l’alchimie entre eux n’existe tout simplement pas. Du coup, ça donne un film particulièrement plat, pénible à suivre malgré sa courte durée (moins de une heure et demie), quasiment sans émotion (le seul moment qui marche sur ce point est toute la storyline avec la grand-mère), et avec des passages particulièrement pénibles qui donnent l’impression d’être là pour du remplissage (putain cet arc narratif avec les gamins de l’orphelinat, mais quelle horreur à suivre). Non vraiment pour le coup c’est du film romantique bien loupé, et c’est dommage car à côté de ça faut avouer que c’est plutôt bien emballé (y’a plein de jolies idées, le reflet de l’Empire State Building dans la porte vitrée qu’on ouvre, l’attente de Charles Boyer au sommet avec les ellipses, etc…). Pour ma part, c’est vite oublié, et j’espère que le remake du même McCarey avec Cary Grant se révélera bien meilleur.

4/10

[Mark Chopper]

j’espère que le remake du même McCarey avec Cary Grant se révélera bien meilleur.

Rom com classique et gentillette, mais efficace. Pas un grand film.

[Alegas]

Cool, verdict samedi normalement : les deux versions sont ressorties au ciné récemment.

[Val]

Val...

Euh... tu ressors vraiment un truc que j'ai écrit quand j'avais 18 ans, en surnotant à l'évidence, et où j'avais clairement écrit qu'il s'agissait d'un mauvais film ?

[Alegas]

D'ailleurs, tu concèdes direct après ta critique que tu surnotes grave. Way fait pareil dans la sienne.

[Alegas]

Johnny Guitar de Nicholas Ray
(1954)

C’était sympa mais par contre c’est clairement pas à la hauteur de sa réputation (souvent cité comme l’un des meilleurs westerns jamais faits), d’ailleurs si on enlève le personnage de femme forte au centre du récit, je ne vois vraiment pas en quoi ça se démarque spécialement du reste de la production de l’époque (à la limite l’utilisation du Trucolor, et encore). On va donc avoir une histoire assez classique, avec une nana qui possède un saloon sur un endroit stratégique, des villageois qui s’énervent facilement, et une bande de brigands qui vont faire un coup ayant de lourdes répercussions, autant dire qu’on est en terrain connu, et que c’est plutôt la personnalité des personnages et la tournure tragique du récit qui vont faire la différence.

Du coup, la véritable force du film se trouve vraiment à mon sens dans le personnage de Joan Crawford, excellente, et dans les relations entre les protagonistes qui vont donner de l’épaisseur à l’ensemble (la relation haine/amour de Mercedes McCambridge par exemple). La première moitié du film se suit très bien, et globalement jusqu’à l’incendie du saloon j’étais prêt à partir sur une note plus haute, mais dommage que cette séquence d’incendie/pendaison soit le réel climax du film, le reste étant plus anecdotique (bon par contre le final a le mérite d’avoir un bodycount assez élevé, quasiment tous les personnages importants crèvent). Formellement, j’ai jamais trouvé que Nicholas Ray avait de quoi le distinguer d’autres faiseurs de son époque, et ça se confirme à nouveau ici. Bref, c’est un western sympathique avec plein de qualités, mais y’a pas le petit truc en plus qui en fera un très bon western à mes yeux.

6,5/10

[Mr Jack]

Val...

Euh... tu ressors vraiment un truc que j'ai écrit quand j'avais 18 ans, en surnotant à l'évidence, et où j'avais clairement écrit qu'il s'agissait d'un mauvais film ?

Remercie Alegas, c'est lui qui se farcit des navets sur son temps libre.

[Alegas]

[Alegas]

Стачка (La Grève) de Sergueï Eisenstein
(1925)

Vu le titre et le pitch, j’avais un peu peur d’un film beaucoup trop propagandiste, et pourtant même si c’est en grande partie le cas ça reste quand même très bien, à l’image du Cuirassé Potemkine que j’avais découvert il y a une dizaine d’années. Alors clairement, l’histoire ne fait pas dans la subtilité : on va juste suivre la grève d’une importante usine en pleine URSS, ce qui la provoque jusqu’à sa fin particulièrement violente, le tout en suivant plusieurs points de vue, celui de nombreux travailleurs évidemment, mais aussi celui du patron, du conseil d’administration, des forces de l’ordre, etc… Mais là où j’ai été assez surpris, c’est que outre le fait que le film entier soit un énorme tract pour le prolétariat, c’est aussi une dénonciation bien virulente du pouvoir : ça ne cherche pas à représenter une grève dans un pays qui va l’accepter, bien au contraire. Ça va donner un film assez percutant, et qui du coup fait passer crème son message pourtant tout sauf subtil : à partir du moment où on accepte le fait qu’Eisenstein se serve d’un film de propagande pour démontrer ce qu’il est capable de faire formellement, le métrage devient passionnant à suivre.

A l’instar du Cuirassé Potemkine, c’est clairement un film où la forme est souvent plus intéressante que le fond, et ça n’est jamais gênant car pour peu qu’on le replace dans le contexte de l’époque on se rend vite compte que Eisenstein avait des années d’avance sur la quasi-totalité du cinéma de l’époque. La Grève est tout simplement une leçon de montage, autant sur le rythme que dans le sens qu’il est capable de créer avec peu de choses (le final avec les mouvements de foule et les cuts sur une bête à l’abattoir, ou comment tout dire sans le moindre mot), mais aussi une leçon de mise en scène, avec notamment un gros travail sur le placement de la caméra et les compositions, mais aussi sur certains effets encore aujourd’hui bluffant (l’album photo qui devient habité par des acteurs en un cut, je ne m’en remets pas ). Pour un premier film, c’est juste incroyable, n’ayons pas peur des mots. Une leçon de cinéma donc, dont les seuls défauts peuvent se trouver dans certaines parties moins intéressantes, ou dans la limite de l’exercice du film propagandiste. Pour le reste, ça mérite amplement son statut de gros classique, et c’est clairement le genre de film que n’importe quel cinéphile devrait voir au moins une fois dans sa vie.

7,5/10

[Alegas]

Le sang à la tête de Gilles Grangier
(1956)

La première demi-heure laisse envisager un film vraiment intéressant, avec Gabin qui joue un chef d’entreprise dont la femme disparaît mystérieusement au cours d’une journée normale. Pendant tout le début de cette intrigue, on ne sait pas trop où le film va aller, et malheureusement j’ai vraiment la sensation que le script fait les pires choix possibles alors qu’il y avait moyen d’avoir des pistes vraiment intéressantes. La meilleure façon de résumer le film, c’est quand même d’utiliser l’expression, que je n’aime pas spécialement d’habitude, de cinéma à papa. Ici on est complètement dans ça : toute l’intrigue consiste à suivre Gabin qui va d’un endroit à l’autre poser des questions avec le bon mot habituel (Audiard aux dialogues, encore et toujours), mais d’une part ça ne décolle jamais vraiment (et quand ça essaye de faire de l’action, c’est vraiment pas glorieux, le climax d’intensité du film c’est une baston entre deux mecs dans le sable) et d’autre part il y a vraiment l’impression de voir une intrigue sur laquelle les actions de Gabin n’ont jamais vraiment une répercussion : ses allers et venues ne déclenchent pas grand chose, et pire encore la fin signifie clairement qu’il aurait très bien pu rester chez lui les bras croisés : il se serait passé exactement la même chose au final !

Du coup, le film ne tient que sur trois choses : Gabin évidemment, fidèle à lui-même, le fait d’avoir ce personnage de patron self made man obligé de revenir à ses origines modestes pour enquêter (encore que cet aspect aurait pu nettement être plus poussé, ça ne fait qu’effleurer ici), et enfin la perspective d’avoir un film tourné à La Rochelle, ce qui, pour quelqu’un comme moi ayant vécu quelques mois là-bas, est vraiment l’opportunité de revoir plein de lieux connus et de voir à quel point la ville a énormément changée en un demi-siècle. Dans la salle où j’ai vu le film, un vieux cinéphile disait à sa compagne qu’il considérait Le sang à la tête comme l’un des moins bons films de la carrière de Grangier, j’espère sincèrement qu’il a raison car vu le nombre de fois où il a fait jouer Gabin je suis parti pour m’en faire un bon paquet.

5/10

[Mark Chopper]

Le sang à la tête comme l’un des moins bons films de la carrière de Grangier, j’espère sincèrement qu’il a raison car vu le nombre de fois où il a fait jouer Gabin je suis parti pour m’en faire un bon paquet

Il a fait largement pire. Et quand il a fait mieux, c'était toujours grâce aux acteurs.

Niveau formel, c'est toujours du cinéma à la papa. J'ai vu 13 films au total.

[Alegas]

Les Morfalous de Henri Verneuil
(1984)

Critique rapide de celui-là, comme ça je pourrais l’effacer de ma mémoire aussi vite que possible. De tous les films de Verneuil que j’ai pu voir, c’est sans conteste le plus nul, et quand bien même je m’attendais à quelque chose de pas glorieux à la base, j’espérais néanmoins quelques éléments potables qui rendraient la vision un minimum intéressante. Ce n’est clairement pas le cas : tout est naze, de l’histoire à la reconstitution (jamais vu une WWII aussi mal représentée à l’écran ), en passant par la mise en scène et le casting, c’est vraiment chaud de voir à quel niveau Verneuil est tombé. Tout l’aspect comédie sur fond de contexte guerrier ne marche pas du tout : au mieux quelques répliques d’Audiard font mouche (celle de la femme après l’électrocution de son mari vaut son pesant de cacahuètes ) mais pour le reste c’est vraiment pénible à suivre, surtout avec des personnages aussi antipathiques.

C’est pas aidé par le fait que c’est surjoué à mort, le meilleur exemple étant évidemment Belmondo qui laisse la subtilité au placard pour aller à fond dans le guignolesque, et globalement on a l’impression que la direction d’acteurs n’existe tout simplement pas sur ce film, il suffit de voir dès le début comment réagissent les soldats alors qu’ils sont attaqués, c’est d’un ridicule sans nom . Même formellement c’est d’une pauvreté absolue, outre la reconstitution foirée déjà abordée il y a clairement un gros manque d’implication de Verneuil qui emballe ça de la façon la plus plate qui soit : je n’exagère pas en disant que ça ressemble à du mauvais téléfilm. Bref, c’est tout nul, et je vois mal comment on peut défendre un truc pareil même en étant fan de Verneuil et/ou Belmondo.

1/10

[ril]

Vu une seule fois il y a très longtemps et je ne me souviens que de " c'est bien la 1ere fois qu'il fait des étincelles avec sa bite"