J’attendais de pied ferme ce film, pour la simple et bonne raison que c’est le retour de Wan à un cinéma qui n’est ni un blockbuster impersonnel, ni une suite d’un de ses précédents succès, car mine de rien ça faisait depuis
The Conjuring, son dernier bon film en date, qu’il n’était pas retourné à ses racines. Du coup, la déception n’en est que plus grande. Présenté à la base comme un petit projet fait à la va-vite entre deux épisodes d’Aquaman, le film devient peu à peu, avec les ambitions grandissantes de Wan, une sorte de projet schizophrène qui commence comme un petit film d’horreur classique façon maison hantée, puis qui se termine comme un gros film d’action où Wan retrouve le nawak qu’il épousait avec son film de super-héros. Le problème, c’est qu’aucune de ces deux moitiés ne fonctionne, et ce serait injuste d’accuser juste le script pour ce défaut car globalement c’est à peu près tout ce qu’il y a dans le film qui ne fonctionne pas
.
Néanmoins, le scénario a quand même une grosse part de culpabilité : c’est juste terriblement mauvais, au point que le film est réellement pénible à suivre dans sa majorité. L’enquête ne fonctionne pas du tout, on suit avec très peu d’intérêt l’évolution de l’histoire, la faute à des rebondissements hyper classiques, mais aussi à des personnages terriblement creux (les flics, mon dieu…
) voire carrément inutiles (la scientifique qui a un crush sur le détective, elle sert à quelque chose ?
). Mais vient la dernière demi-heure, et là pour le coup on peut dire que ça réveille de la torpeur dans laquelle on était plongé. Car si on se doute qu’il y a un twist, ce dernier se révèle tellement WTF, et expliqué avec tellement de sérieux, qu’il m’a fait rire à gorge déployée. Il faut le voir pour le croire. A partir de là, le film enchaîne les séquences facepalmesques avec beaucoup de générosité, entre le description d’une cellule de prison pour femmes
, un combat quasiment kung fu dans un commissariat (où on éventre des nobodys, mais on balance juste une chaise en bois sur le flic qui suit l’enquête
) puis un final dans un hôpital qui plonge complètement dans le ridicule. Globalement, c’est tout le film qui est imprégné dans une ambiance à la limite du nanar, souvent à cause de petits détails rigolos (la vieille scientifique obligée de ressortir le dossier pour se souvenir de Gabriel
), mais il faut avouer que le mélange giallo/ghost movie sous speed qui se transforme en film d’action n’aide pas non plus.
Côté casting, tout le monde est mauvais, mention spéciale au flic avec zéro charisme, mais aussi à Annabelle Wallis dont j’avais déjà critiqué en ces lieux son non-jeu absolu, et qui est censée porter le film sur ses épaules. J’aimerais pouvoir dire que la mise en scène de Wan sauve le métrage, mais non : le mec sait filmer, mais il en a tellement conscience qu’il passe le film entier à faire le petit malin, à multiplier les mouvements de caméra complexes mais inutiles, au point d’oublier ce qu’il est censé livrer (le film ne fait JAMAIS peur). Du coup, je comprends mieux pourquoi la Warner a très peu communiqué sur
Malignant, car clairement si je me retrouvais avec un film pareil entre les mains, je ne saurais pas du tout comment le vendre. Le film est nul, mais à côté de ça, je ne peux m’empêcher d’éprouver, dans une certaine mesure, une admiration pour un objet filmique aussi WTF en 2021, nul doute qu’on ne trouvera pas de film à gros budget aussi étrange cette année.