Bac nord de Cédric Jimenez
(2021)
Sympathique film que voilà, alors c’est ni un grand film ni même un tract pour l’extrême droite comme certaines personnes peuvent le penser, mais c’est ni plus ni moins qu’un polar assez solide et qui fait plaisir à voir. Forcément, on pense un peu aux Misérables avec cette confrontation montrée rapidement entre forces de l’ordre et habitants des cités de Marseille, mais là où le film de Ladj Ly cherchaient constamment à montrer les deux camps, ici ça prend le parti d’être vraiment centré sur les flics, notamment dans leur galère de chaque jour pour pouvoir avancer. Du coup, si ça ne dresse pas un portrait reluisant des cités, ça ne le fait pas non plus pour les policiers, obligés d’enfreindre les lois pour arriver à quelque chose, avec des supérieurs qui les lâchent au moment critique, et ça permet d’avoir un film assez ambiguë sur les personnages dépeints, car même s'ils sont sympathiques et même s’ils ont des bonnes raisons, on a bien conscience qu’ils ont franchis le pas de trop. Globalement, le film se tient très bien, et même si on a jamais de séquences qui sortent du lot durant la première heure, c’est vite contrebalancé par la grosse séquence d’assaut dans la cité qui en vraiment top en termes de tension et qui s’avère être le pic d’intensité du métrage.
Dommage toutefois que le film perde de sa superbe sur la suite, car même si elle se suit sans problème, la partie carcérale est nettement moins bien gérée que ce qui a précédé, notamment en termes d’écriture où ça devient plus consensuel et attendu. Même côté réal, ce dernier acte fait un peu tâche : jusque là le film arrivait à faire quelque chose à mi-chemin entre French Connection et Les Misérables, mais ensuite ça fait bien plus générique et avec des influences hors-propos (citer Casino et sa déchéance des personnages avec House of the rising sun, why not mais quel est le rapport avec ce film ?). Ceci dit, cette dernière partie n’empêche pas le métrage de laisser un feeling plutôt positif, et ça doit pas mal aux acteurs qui font très bien le job : Civil et Leklou confirment qu’ils font partie des jeunes acteurs français à suivre, et Lellouche s’en sort très bien dans un rôle qu’on pourrait qualifier de contre-emploi. Adèle Exarchopoulos a peu de scènes, et a un personnage finalement très secondaire, mais ça fait plaisir de la voir de nouveau dans un bon film car mine de rien depuis sa révélation c’était franchement pas la joie. Au final, c’est pas un film qui laisse un souvenir impérissable, mais ça fait une bonne séance et ça pourrait même se revoir sans problème à l’avenir. Ça a le mérite aussi de me rendre curieux vis à vis des autres films du réal, qui ont des sujets et castings pas dégueux.
7/10