Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir
(1932)
Nouveau Renoir, et nouvelle déception vu la réputation abusée du film (pas considéré comme un chef-d’œuvre, mais régulièrement cité dans les meilleurs films français de la période). Comme d’habitude avec ce réalisateur, c’est loin d’être mauvais, mais c’est aussi loin d’être marquant, et ça manque clairement d’un petit quelque chose pour faire toute la différence. Ici, Renoir signe un film qu’on peut qualifier aisément de comédie satirique, puisqu’on y suit l’histoire d’un clochard qui, après avoir été sauvé de la noyade par un bourgeois, va dynamiter peu à peu le quotidien de ce dernier. Forcément, comme souvent avec Renoir, nous ne sommes pas devant du simple divertissement : on sent que le réalisateur cherche à dresser un constat sur son époque, sur le rapport des richesses, des classes sociales, et globalement sur une France qui a envie de dire merde à la minorité financièrement aisée.
Mais cela se fait au prix d’un film qui n’a justement que son message, et bien que le métrage soit drôle à plusieurs reprises (bon, c’est plus du sourire esquissé que du rire, mais tout de même) ça n’empêche pas les personnages et les situations de paraître beaucoup trop froides (même si le rôle va comme un gant à un Michel Simon qui, de toute évidence, s’éclate), mais là encore, c’est une habitude chez Renoir. Bref, ça manque d’un scénariste comme Prévert pour venir apporter un peu d’humanité à l’ensemble, et même formellement j’ai toujours beaucoup de mal à voir le grand réalisateur qu’on évoque souvent avec le nom de Renoir. Comme toujours devant ses films, je me dis que des mecs comme Duvivier et Carné n’avaient absolument rien à lui envier, alors qu’ils étaient beaucoup moins populaires. De Renoir, il me reste encore La chienne et Les bas-fonds qui me tentent, mais après je pense que j’arrêterais les frais.
5/10