[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Bataille d'Alger (La) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 03 Aoû 2021, 15:49

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La battaglia di Algeri (La bataille d'Alger) de Gillo Pontecorvo
(1966)


Pas mal du tout ce film, j’ai beau ne pas l’avoir trouvé à la hauteur de son élogieuse réputation, ça reste quand même un sacré morceau de cinéma politiquement engagé. J’avais déjà vu un film de Pontecorvo durant mes années étudiantes avec Kapo, que j’avais apprécié sans réel plus, mais là on est clairement un cran au-dessus, d’autant qu’à mon sens on est vraiment dans quelque chose comme du Costa-Gavras avant l’heure (ça fait beaucoup penser à Z notamment). On va donc avoir un film qui va s’intéresser à la violente lutte entre le FLN et les militaires français au sein de la ville d’Alger, le tout dans un traitement très documentariste : on sent que la volonté première est de regarder ça comme si on le vivait au plus près des évènements, et ça marche complètement. Malgré le fait que le récit soit très axé anti-impérialisme et anti-colonialisme, on a quand même quelque chose qui évite plutôt bien le manichéisme. Du coup, on a beau avoir comme personnage principal l’une des figures montantes du FLN, on a aussi quelques contrepoints qui montrent qu’il y a du bon et du mauvais de chaque côté : les attentats du FLN sont montrés de façon à ce qu’on comprenne bien que ce sont des innocents qui les subissent de plein fouet, pendant que les actions très limites des militaires (on y évoque à plusieurs reprises la torture) sont mises en opposition avec le personnage du colonel, un gars qui fait le sale boulot mais dont on sent bien qu’il aimerait éviter de le faire autant que possible.

Plus qu’un métrage sur un affrontement historique pour l’indépendance d’un pays, c’est surtout à mon sens un récit sur l’escalade de la violence entre deux camps qui ne cherchent pas à se comprendre, et malgré le fait qu’on discerne bien que le réalisateur a un point de vue qui n’est pas neutre, ça n’hésite pas à égratigner l’image de chacun. Formellement, compte tenu du fait que le tournage n’a pas dû être facile, avec des acteurs amateurs pour la plupart, une caméra à l’épaule omniprésente, le tout sur les véritables lieux moins de dix ans après, faut avouer que c’est vraiment bien foutu, le noir et blanc aidant beaucoup à rendre visuellement attractif un film qui aurait sûrement fait plus cheap en couleurs. Du film engagé recommandable donc, à la modernité évidente, mais qui me paraît un peu trop froid (un peu comme Z d'ailleurs) pour me convaincre de son statut de grand film.


7/10
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Désigné coupable - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 04 Aoû 2021, 17:07

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The Mauritanian (Désigné coupable) de Kevin Macdonald
(2021)


Retour au film de fiction pour Kevin Macdonald, qu’il avait abandonné suite au flop (injustifié) de Black Sea sept ans auparavant, et même si il revient avec ce qui est l’un de ses films les plus faibles, ça fait quand même plaisir de voir qu’il est capable de réunir autour de lui un casting intéressant sur un sujet qui lui sied à merveille. Ici donc, il s’intéresse à un persionnier mauritanien qui est resté en captivité à Guantanamo pendant plus d’une décennie, pour la simple raison qu’il était soupçonné d’être un recruteur des terroristes du 11 septembre, alors qu’il n’en était rien. Une histoire captivante, d’autant qu’on va suivre ça à travers la tentative en justice de le faire libérer, et on va avoir d’un côté le combat de l’avocate face à un gouvernement qui multiplie les bâtons dans les roues sous raison de secret défense, et de l’autre le prisonnier qui revient peu à peu sur tout ce qu’il a subi depuis l’arrivée dans la prison.

Le traitement est malheureusement un peu trop classique pour convaincre pleinement : avec Macdonald il y avait généralement dans ses autres films un point de vue ou un choix d’écriture qui rendait l’histoire un minimum originale, alors que là c’est comme si il cherchait à prendre le moins de risques possible. Il y a bien la dénonciation virulente et graphique des sévices subis par le prisonnier, mais ça reste quand même assez sage je trouve : après The Mark of Cain ou Zero Dark Thirty, on commence à connaître ce genre de séquences. Du coup, c’est plutôt dans l’interprétation que le film se démarque, et pour le coup Tahar Rahim vole clairement chaque scène où il apparaît, d’autant qu’il a l’air d’avoir donné beaucoup de sa personne pour le rôle, notamment côté physique où il apparaît très diminué. Ça fait plaisir de revoir Jodie Foster à l’écran, c’est une super actrice qui se fait malheureusement trop rare ces derniers temps. Cumberbatch a un rôle plus en retrait mais il assure toujours. Par contre, j’ai toujours autant de mal avec Shailene Woodley qui n’a jamais vraiment confirmé à mon sens depuis The Descendants. Bref, c’est un film qui se regarde sans ennui, et qui arrive même souvent à intéresser par son sujet, mais on sent que Macdonald a pris le moins de risques possibles, et j’ose espérer que ses films suivants seront un cran au-dessus de celui-là.


6/10
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Auteur: Scalp

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Oxygène - 4/10

Messagepar Alegas » Jeu 05 Aoû 2021, 15:42

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Oxygène de Alexandre Aja
(2021)


Après un Crawl qui était facilement son meilleur film depuis longtemps, Aja déçoit de nouveau avec ce huis-clos hyper moyen. Le gros défaut du film, c’est de forcément subir la comparaison avec Buried, dont il reprend non seulement le concept, mais aussi quelques tournures de script, mais il n’y a jamais un moment où on se dit que ça approche du niveau du film de Rodrigo Cortés, et c’est même plutôt l’inverse qui se produit. Mélanie Laurent en seul personnage à l’écran, c’est une idée qui ne fonctionne pas du tout. L’actrice montre clairement ses limites en termes de jeu, et transforme souvent le film en expérience pénible à suivre dès qu’elle hurle et/ou s’énerve.

Et puis côté script autant c’est intéressant quand on ne sait absolument rien et qu’on devine indice par indice, mais dès que l’histoire se lâche avec un gros twist aux deux tiers du film, ça s’effondre complètement et le reste du métrage n’offre que peu d’intérêt. Il y a un côté vain qui ressort du film une fois le générique de fin qui défile, une impression de tout ça pour ça, pas aidé par le fait que, visuellement, ça montre les limites du budget dès que ça révèle ce qu’il y a autour du caisson. Aja fait ce qu’il peut en termes de mise en scène, mais soit c’est trop faiblard, soit c’est complètement grillé qu’il a repris l’idée dans Buried, autant dire que c’est pas spécialement stimulant. Après, le film n’est pas emmerdant et peut passer en divertissement court et à concept, mais très franchement autant voir ou revoir Buried qui l’explose complètement sur chaque aspect.


4/10
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Auteur: Scalp

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Jessie - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 08 Aoû 2021, 10:25

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Gerald's game (Jessie) de Mike Flanagan
(2017)


Première adaptation de Stephen King pour Flanagan, et déjà on sentait que le bonhomme avait compris comment bien adapter l’auteur à l’écran. Les films concepts de ce style, avec un seul lieu et une poignée de personnages pour faire exister le récit, c’est quand même souvent casse-gueule, mais force est de constater que ça marche ici très bien. Alors oui, on a vu mieux ailleurs, et c’est loin d’être le meilleur film de Flanagan, mais l’important est que ça fonctionne, alors que le même concept chez un autre aurait pu se révéler terriblement lourdingue (coucou 127 heures). On va donc suivre une femme malheureuse dans son mariage qui, lors d’un jeu sexuel avec son mari pour pimenter leur vie de couple, va se trouver menottée au lit alors que son homme vient de succomber à une crise cardiaque. Tout l’enjeu du film va donc être de devoir trouver comment s’échapper, d’autant qu’un chien errant attiré par la chair humaine est aussi de la partie, et si on ajoute à ça des apparitions qui vont en révéler plus sur la psychologie du personnage, autant dire qu’on est clairement dans du King pur jus, c’est du terrain connu.

Le récit a bien quelques lourdeurs, notamment dans le trauma ou dans la révélation de ce qu’est vraiment le fantôme apparaissant dans la pièce, mais j’ai l’impression pour le coup que c’était déjà comme ça dans l’histoire de base. Ça n’empêche toutefois pas Flanagan de se faire plaisir formellement en mettant en image certaines scènes comme celle de l’éclipse, le reste est carré comme à son habitude, avec un montage très précis et une caméra qui sait se faire oublier derrière l’histoire. Le film doit beaucoup à ses deux acteurs principaux : Carla Gugino prouve qu’elle est capable de tenir un film sur ses épaules, et ça fait toujours plaisir de voir Bruce Greenwood bien utilisé, notamment dans les dialogues intérieurs que Flanagan décide de matérialiser à l’écran. Un film à ranger dans les bonnes adaptations de King, et qui aura permis de se rendre compte qu’avec Frank Darabont, Flanagan est sans doute l’un des réals/scénaristes les plus doués pour adapter le célèbre auteur sur grand écran de façon très fidèle.


6,5/10
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Usure du temps (L') - 7,5/10

Messagepar Alegas » Lun 09 Aoû 2021, 14:30

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Shoot the moon (L'usure du temps) de Alan Parker
(1982)


Décidément, le Alan Parker des années 80, c’était quelque chose. Et on peut comprendre pourquoi Ridley Scott l’a longtemps jalousé tant le bonhomme avait réussi à faire son nid rapidement à Hollywood, en enchaînant les projets sans jamais se répéter. Entre deux films musicaux, Parker signe donc un beau drame familial qui se repose sur un concept simple : analyser les étapes du divorce mouvementé d’un couple ayant quatre enfants. Le résultat est à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’un film de Parker de cette époque : c’est beau, touchant, et quand bien même le film possède quelques défauts j’aurais tendance à dire que c’est un des films les plus réussis sur le sujet tant ça conserve une certaine justesse qui me paraît indispensable. Ici donc, il n’est jamais question de juger les personnages, et on a beau avoir un mari qui n’hésite pas à tromper sa femme, ou cette dernière qui veut recommencer sa vie le plus vite possible avec le premier beau mec venu, ça reste aux yeux de Parker des êtres humains perdus, en manque de tendresse, et qui font leur possible pour mettre de l’ordre dans leur vie et leurs sentiments tout en s’occupant du mieux possible de leurs filles.

Le récit est parsemé de jolies scènes, en particulier celles où Finney force l’entrée de la baraque pour pouvoir donner un cadeau d’anniversaire à sa fille qui ne veut plus le voir :| , dommage toutefois que le film termine sur une note étrange : un final qui me paraît complètement précipité au point que ça donne l’impression que Parker ne savait pas comment le terminer (un peu comme Birdy d’ailleurs, mais pour le coup celle de Shoot the moon gâche moins ce qui a précédé). Le métrage doit beaucoup à l'interprétation des deux têtes d’affiche : Albert Finney est excellent comme d’habitude (sauf erreur, je ne l’ai jamais vu mauvais), et Diane Keaton est parfaite en femme délaissée qui fait son possible pour tenir la barque. On a aussi vite fait Karen Allen dans le rôle de la maîtresse, mais elle a finalement peu de scènes alors que je m’attendais à ce qu’elle soit un personnage central. Formellement, c’est du Parker tout craché : ça se fait oublier derrière le récit, mais il y a tout de même un traitement de choix pour l’esthétique du film, on a pas l’impression de mater un téléfilm quoi. Sinon, Parker fait un clin d’œil à la fois à Fame et à Pink Floyd : The Wall durant le film, choix plutôt curieux vu que ça ne sert à rien mais il y a peut-être une raison derrière tout ça. Bref, un beau film sur une famille qui se déchire, dans la lignée qualitative du début de carrière de son réalisateur.


7,5/10
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Dimanche à la campagne (Un) - 5/10

Messagepar Alegas » Lun 09 Aoû 2021, 17:39

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Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier
(1984)


J’avais de gros espoirs sur celui-là vu qu’il est quand même pas mal réputé, mais au final c’est clairement un film qui n’est pas fait pour moi : je pige bien les intentions, mais je ne suis vraiment pas le public ciblé. Pour le coup, tout est question d’influences, car ici de toute évidence Tavernier cherche à rendre un grand hommage à Renoir père et fils qui sont deux artistes qu’il appréciait beaucoup. Et autant tout ce qui touche à l’hommage à la peinture me parle bien, d’autant qu’ici ça ressort en un fabuleux travail de photographie et d’ambiance (le directeur photo n’a pas volé son César pour le coup), autant tout l’hommage à Jean Renoir me passe un peu par-dessus, moi qui n’ait pas vraiment d’affinités avec ce réalisateur, comme j’ai pu souvent le répéter ici au fil de mes découvertes.

A l’arrivée, ça donne un film qui, sur le papier, me donne envie de l’apprécier, mais au final j’ai du mal à y voir autre chose qu’un beau film assez vide. Je ne m’attache à aucun personnage (au mieux, à celui de Sabine Azéma, et encore), le temps paraît bien long devant l’absence d’enjeux et d’intrigue à proprement parler, la voix-off (de Tavernier himself) me donne l’impression de dire des choses que l’on sait déjà, bref j’ai l’impression de voir du beau cinéma désincarné et trop littéraire, exactement l’effet qu’un film de Renoir me fait généralement. Donc voilà, je ne peux clairement pas dire que c’est un mauvais film, loin de là, ça a des qualités formelles indiscutables, mais ce n’est tout simplement pas ma came.


5/10
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Amants du Tage (Les) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Aoû 2021, 09:44

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Les amants du Tage de Henri Verneuil
(1955)


Probablement le film qui a permis à Henri Verneuil de devenir le grand réalisateur qu’il est désormais. Jusqu’ici cantonné aux films avec Fernandel, Les amants du Tage fait office d’exception dans le début de carrière du cinéaste, et pourtant on y trouve à peu près tout ce qui va faire le succès du reste de sa carrière. On va suivre l’histoire d’un jeune français qui a tué sa femme à la Libération après s’être rendu compte qu’elle le trompait pendant son absence, et qui se retrouve gracié parce qu’il était justement combattant. S’infligeant à lui-même une punition qui ne viendra pas des autres, il s’exile à Lisbonne, où il va tomber amoureux d’une riche femme soupçonnée d’avoir tué son mari, et poursuivi par un inspecteur de Scotland Yard. Un pitch prometteur qui se révèle souvent à la hauteur de ses promesses : on est autant dans l’histoire d’amour tragique façon réalisme poétique (la fin renvoie clairement à des films comme Quai des brumes ou Pépé le moko) que dans le thriller psychologique, avec notamment toute la question de est-ce que la femme a bien tué son mari. Ça donne un film particulièrement intéressant sur ce qui peut rapprocher les êtres, comme ce qui peut les séparer (alors qu’il a tué par passion, le héros a du mal à imaginer que son nouvel amour ait pu tuer pour de purs intérêts financiers), et surtout un gros jeu de manipulation dans lequel l’inspecteur anglais a une place prédominante.

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D’une séquence à l’autre, on change d’avis sur un personnage, on doute sur une simple réplique, on questionne les intentions, et autant le film peut être un peu lourd par moment (les explications entre les deux amants sont clairement pas du grand niveau d’écriture), autant il arrive quand même à livrer des pures scènes de dialogue, je pense notamment à celle entre le héros et l’inspecteur dans le hamam, où Verneuil fait des merveilles en termes de composition de cadre. Le film a d’autres grandes qualités, comme sa façon de dépeindre Lisbonne qui devient un personnage un personnage à part entière, les personnages secondaires comme le gamin très attachant (dommage qu’il ne soit pas plus important d’ailleurs dans l’intrigue), ou encore ce final radical qui fait l’effet d’un uppercut. Et puis il y a la mise en scène de Verneuil, et même si il a fait bien mieux par la suite, on voyait déjà qu’il était un sacré formaliste, en témoigne la séquence du baiser sur la plage qui renvoie probablement à celle de From here to eternity. Côté casting, Françoise Arnoul vole le film avec sa beauté de chaque instant, faut dire aussi que Verneuil ne se lasse apparemment pas de la filmer sous toutes les coutures, notamment dans une scène où on remonte le long de son corps pour étudier ses formes. Et puis il y a Trevor Howard dont le choix n’est sûrement pas anodin (on ne fait pas un film d’amour en prenant l’acteur fétiche des romances de David Lean par coïncidence) et qui se débrouille super bien en français, il apporte sa classe naturelle à chaque scène où il apparaît et bonifie clairement le métrage. Par contre, petit bémol sur Daniel Gélin qui n’est pas mauvais en soi, mais qui manque d’une présence pour être le lead que mérite le film. Un bon Verneuil un peu trop méconnu à mon sens, car ça a beau être mineur en comparant à l’ensemble de sa filmographie, ça reste quand même un film important vu que c’est sûrement l’étape décisive qui permettra la suite de sa carrière.


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6,5/10
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In the mood for love - 8/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Aoû 2021, 10:59

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Fa yeung nin wa (In the mood for love) de Wong Kar-wai
(2000)


Voilà un film que j’aurais pu aisément détester avec le temps, et pour cause : parce que sa “suite” 2046 était au programme du Bac cinéma l’année où je le passais, j’ai dû me farcir moult projections et analyses du film pendant deux ans, de quoi dégoûter n’importe quel cinéphile d’un bon film :mrgreen: . C’est peut-être d’ailleurs pour cela que je ne l’avais pas revu depuis quinze ans, et ce n’est pas plus mal car cela m’a permis de redécouvrir en partie le métrage dont j’avais zappé plusieurs points. Comme souvent (toujours ? :mrgreen: ) avec Wong Kar-wai, le produit final est très loin d’être ce qui était prévu au départ : ici donc il était question d’une grande fresque de l’histoire chinoise contemporaine à travers trois relations amoureuses et une filiation avec l’évolution de la cuisine, ce qui explique en partie pourquoi, dans le film qu’on a aujourd’hui, on se focalise parfois étrangement sur un rice cooker ou sur le fait d’aller chercher des nouilles au coin de la rue. Un projet qui a largement évolué donc, pour le meilleur à mon sens car au final cela a permis au réalisateur de se concentrer sur un récit plus intimiste et propice à ses dérives formelles, et donc on se concentre là sur une romance adultère qui n’aboutit jamais vraiment, entre deux personnes cocufiés (c’est jamais réellement prouvé, mais les indices sont là). Il en résulte un métrage très prude, tout en délicatesse, poésie et lenteur, un mélange qui aurait pu me gonfler chez d’autres mais qui fonctionne ici très bien.

A la revoyure, c’est un poil moins ultime que dans mes souvenirs, je trouve que le film a quelques petites longueurs, mais pour le reste je peux très bien comprendre qu’on puisse considérer In the mood for love comme un des plus beaux films d’amour jamais réalisés (ce final avec l’histoire du secret raconté dans un trou du temple d’Angkor, c’est juste sublime :cry: ). Côté casting c’est clairement pas dans ce film que le talent de Tony Leung ou de Maggie Cheung peut exploser à l’écran, puisque l’intention du métrage est justement de jouer la retenue quasi absolue, mais dans ce registre les deux s’en sortent à merveille, et ont assez de présence pour convaincre de bout en bout. Formellement, c’est clairement un cap dans la mise en scène de Wong Kar-wai qui délaisse un peu plus les expérimentations in your face pour aller dans quelque chose de plus posé et carré. Ça donne un film esthétiquement superbe, avec un travail sur les couleurs hallucinant, et avec un travail sur le cadre particulièrement intéressant, que ce soit dans l’approche du hors-champ ou dans la façon de créer un décadrage ou un surcadrage avec des éléments du décor (aspect qui sera encore plus poussé dans le film suivant). Wong Kar-wai confirme aussi au passage son bon goût certain pour les bandes-son de qualité, ici avec la reprise d’un thème d’Umebayashi qui donne envie de marcher au ralenti, ou le Quizas, quizas, quizas de Nat King Cole. Encore aujourd’hui, ça reste mon film préféré de Wong Kar-Wai so far, et il faudrait que je revois 2046 pour confirmer les bons souvenirs que j’en garde.


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mer 11 Aoû 2021, 14:11

Étrangement, je n'ai jamais osé me lancer dans ce film par peur d'un truc méga chiant... Je n'ai jamais vu la bande annonce et mon avis se base uniquement sur les différentes photos issues du film (c'est dire l'à priori !).
Vu ta critique, peut-être que je tenterai le visionnage avec la sortie prochaine de l'uhd.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 11 Aoû 2021, 14:54

On adhère ou pas au style de WKW, c'est un réalisateur avec un style et univers particulier. Mais si je devais en conseiller un pour débuter, ce serait probablement celui que je choisirais avec Chuncking Express.

Et vu tes goûts, je t'imagine mal rejeter en bloc la proposition. Je pense que tu y trouveras ton compte, même si tu n'y vois pas forcément un grand film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mer 11 Aoû 2021, 17:53

J'avais tenté My Blueberry Nights, mais j'avais stoppé au bout d'une demi-heure de mémoire (et aucun souvenir du film ni de ce qui me posait problème). C'est peut-être ce qui explique en partie mon inquiétude vis à vis de In The Mood...
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 11 Aoû 2021, 18:07

J'avais trouvé sympa sans plus My blueberry nights, mais c'est clairement pas le plus représentatif, tant c'est souvent une copie plus fadasse de ce qu'il a pu faire dans son pays.
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Titane - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mer 11 Aoû 2021, 18:10

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Titane de Julia Ducournau
(2021)


Lorsque je suis sorti de la salle après la projection, j’ai dit à ceux qui m'accompagnaient que j’avais apprécié la séance, mais que je n’étais pas trop sûr de pouvoir dire pourquoi. Presque un mois après la découverte de Titane, j’en suis un peu toujours au même point : j’ai clairement conscience que le film possède ses défauts et qu’il est souvent inégal, mais à côté de ça l’expérience du film était tellement bienvenue que ça m’a suffi. Vient d’abord la question de la confirmation d’un talent, car effectivement après Grave (que j'ai revu pour l'occasion et qui est toujours aussi bien) on était en droit d’attendre Ducournau à un stade supérieur, et pour le coup je suis assez partagé : la miss a clairement passé un level sur le plan formel, en revanche je suis bien moins convaincu par la construction de son film et ce qu’il cherche à dire en sous-texte. Titane m’a souvent donné l’impression de voir plusieurs films en un : d’un côté une sorte de slasher contemporain, de l’autre un drame sur le deuil, d’un côté un gros hommage au body-horror façon Cronenberg, de l’autre un film sur la pertinence de l’identité, bref il y a un mélange intéressant mais qui ne prend pas toujours, la preuve ultime étant à mon sens le violent décalage qu’on a en milieu de film, à partir du moment où l’héroïne change de vie.

Pour le coup, autant j’avais trouvé la première moitié du film jolie mais vaine, autant à partir du moment où Vincent Lindon entre en scène le métrage a pris une direction qui m’a bien plus convaincu. Encore une fois, le résultat est loin d’être sans défaut, mais on sent que Ducournau a quelque chose à dire derrière, et il en découle une flopée de scènes intéressantes, souvent en équilibre entre le ridicule et le too-much, mais sans jamais tomber dans l’un des deux (la danse sur le camion évidemment, mais aussi et surtout cette façon plutôt originale d’inclure la macarena dans un contexte on ne peut plus sérieux :eheh: ). Et quand bien même je ne saurais expliquer en détail ce que raconte le film, notamment dans son approche fantastique qui me paraît encore très floue (qu’est-ce que ça veut dire bordel ?? :mrgreen: ), c’est encore une fois l’aspect fascinant de l’ensemble qui me fait dire que ça n’a finalement pas tant d’importance.

Formellement donc, Ducournau passe à la vitesse supérieure : elle refait son plan-séquence de Grave en plus beau et plus maîtrisé, elle balance une photo sublime dès que c’est possible, et puis elle est clairement forte pour créer des moments qui donne envie de détourner le regard (après Grave et la scène de l’épilation et du bouffage de doigt, je dois avouer que le passage de l’auto-fracassage de nez sur le lavabo ne m’a pas laissé insensible :chut: ). Et puis elle a clairement un truc pour choisir ses actrices principales : Agathe Rouselle a beau être une révélation moins percutante que celle de Garance Marillier, ça reste quand même de l’interprétation qui marque. Ça fait plaisir aussi de voir Vincent Lindon dans un tel film, ce qui me conforte qu’il gagnerait vraiment à prendre plus de risques dans sa filmographie car là il est vraiment excellent en personnage borderline mais touchant. Bref, c’est pas un film à mettre devant tout le monde, et je comprends aisément qu’on puisse faire un rejet devant. Est-ce que ça mérite une Palme d’Or ? Probablement pas, mais on peut dire ça de 90% des Palmes d’Or de toute façon :mrgreen: , mais si ça peut permettre temporairement la mise en avant d’un cinéma français différent à l’international, pourquoi pas après tout.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar osorojo » Mer 11 Aoû 2021, 19:49

La question que je me suis très clairement posée perso, c'est jusqu'où doit-on la réussite technique de Grave et Titane à la réalisatrice. Même DP pour les deux films, école belge. J'ai toujours du mal à savoir sur quel pied danser à ce niveau là, même si je suis souvent le premier à attribuer la réussite esthétique d'un film à son/sa réalisateur/trice, là c'est tellement marqué par une recherche sur la lumière et la couleur, tellement personnel...

J'ai mis la moyenne à ce film parce que clairement, tant niveau image que son c'est une dinguerie.

Mais alors, je suis passé totalement à côté de tout le reste. Même si Lindon donne tout, j'ai été moins convaincu par Agathe Roussel (qui donne tout aussi hein..), ce côté too much que tu évoques, je l'ai très clairement ressenti. La dernière scène sur le plumard, j'avais la paume sur la tronche :mrgreen: A mon sens, il manque à toute cette débauche d'énergie un fil rouge et une logique de tonalité, là tout s'enchaîne de manière chaotique, un coup on est en mode Michael Youn, le reste du temps c'est dépressif à souhait, on passe du coq à l'âne en permanence, comme pour passer des checkpoints qui conduisent au final. L'introduction dans le film de Lindon par exemple, c'est carton rouge je trouve :eheh:
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Croods 2 : Une nouvelle ère (Les) - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 12 Aoû 2021, 11:03

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The Croods : A new age (Les Croods 2 : Une nouvelle ère) de Joel Crawford
(2020)


Je n’espérais pas grand chose de ce film, d’une part parce qu’elle n’était pas nécessaire (le premier film se suffisait amplement à lui-même), mais aussi et surtout parce que Dreamworks, a de très rares exceptions, n’a jamais prouvé un certain talent concernant les suites de ses succès. Ça se confirme plus ou moins ici : le résultat a beau être sympathique à bien des égards, on est tout de même plusieurs crans en-dessous du premier opus, qui avait pour lui non seulement le fait d’être un divertissement de premier ordre à la mise en scène inspirée, mais qui était surtout un beau film sur la famille, l’unité, la nécessité de ne pas s’enfermer dans ses principes, etc… Ici donc, on est en face d’une suite qu’on pourrait qualifier aisément de facile : on reprend les mêmes personnages, on en ajoute d’autres pour la nouveauté, on relance un peu les cartes pour les enjeux tout en répétant certains thèmes du premier film, et roule ma poule. Le résultat, sans être honteux, montre toutefois parfois ses limites : cette suite a beau être divertissante et souvent drôle, on est bien loin du beau récit d’aventure que Chris Sanders et Kirk De Micco, dont l’absence se fait cruellement sentir, et on est plus proche de l’esprit d’un Shrek, que ce soit dans l’approche de l’humour, le propos ou l'évolution des personnages (dont la plupart se contentent de faire du surplace). Je ne serais pas surpris d’apprendre que la production du film a été chaotique, ce qui expliquerais le long délai entre le premier et le second film. C’est donc loin de la catastrophe que je craignais, le divertissement est honorable et se suit sans déplaisir, mais franchement autant revoir The Croods premier du nom.


6/10
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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