La promo du film avait beau ne pas me passionner des masses, j’avais tout de même envie d’y croire. Surtout que bon, avoir un réalisateur comme Verhoeven financé en France sur un sujet pareil, ça n’arrive pas chaque jour, et du coup je caressais l’espoir que ça se rapproche plus d’un
Black Book que d’un
Elle qualitativement parlant, et malheureusement c’est très loin d’être le cas. Alors déjà, manque de bol, c’est vraiment à bien des égards une version religieuse de
Flesh and Blood, au point d’en reprendre certains éléments scénaristiques (la peste qu’on utilise comme arme pour détruire de l’intérieur un lieu fortifié), et vu que je n’aime pas des masses le film de base, ça n’aide pas vraiment. Mais pour le coup, ce qui me gêne dans Benedetta, c’est vraiment cette impression de voir un traitement grossier et raté dans ce qu’il entreprend, aussi bien sur la storyline principale que sur la façon de retranscrire une époque.
Comme souvent avec Verhoeven, c’est très loin de rechercher la subtilité : pour signifier le fait l’époque était dégueulasse, on montre dès les quinze premières minutes un mec qui enflamme ses pets plusieurs fois de suite en public, puis une nonne qui chie bruyamment, le niveau de l’écriture est déjà posé
. Mais le pire, c’est probablement tout l’équilibre que tente de créer Verhoeven entre son contexte réaliste et le fait que Benedetta soit, au choix, une folle ou une possédée. Cela donne des séquences autres, qui donnent l’impression de venir d’un autre film, je pense notamment à chacune des apparitions christiques qui sont bien nawak dans leur genre. Ça apporte au film un côté ridicule malgré lui dont il n’avait franchement pas besoin, et alors qu’on devrait prendre assez sérieusement ces visions, ça provoque plus le rire qu’autre chose au final (non mais sérieux, Jésus qui prend l’épée pour défendre Benedetta qui va se faire violer, on a l’impression que ça va se transformer en Jésus 2 le retour d’une minute à l’autre
). Cela découle d’une part d’un souci d’écriture, mais aussi à mon sens d’un problème d’interprétation, et pour le coup j’ai beau apprécier Virginie Efira (et sa très jolie plastique
), je trouve qu’elle montre clairement ses limites d’actrice dans ce film, où elle surjoue dès qu’elle part dans la folie ou l’autorité
. Pour le coup, le reste du casting féminin est bien meilleur, que ce soit Rampling ou le doublé Daphné Patakia/Louise Chevillotte que je ne connaissais pas. Lambert Wilson fait un peu peine à voir, faut dire que le rôle qu’il a n’aide pas, mais heureusement il est bien moins présent que ce que je redoutais.
Tout le questionnement autour de est-ce que Efira est folle, possédée ou simplement manipulatrice aurait pu donner un truc vraiment bien, mais malheureusement je ne peux m’empêcher de comparer avec
Black Death où il y avait plus ou moins la même chose avec le personnage de Carice Van Houten, et pour le coup chez Smith ça marchait réellement alors que là ça n’apporte pas grand chose, en plus de dévaloriser d’autres aspects qui auraient pu être bien plus mis en avant (les sentiments entre Benedetta et Bartolomeo notamment, sacrifiés pour le rapport à la manipulation). Formellement, j’irais pas jusqu’à dire que c’est moche, car on sent un certain travail dans la reconstitution, mais très franchement ça pourrait être réalisé par un nobody français qu’on ne verrait pas la différence, le résultat est plat, peu de plans flattent la rétine (et quand ça tente ça marche qu’à moitié, genre la scène de la comète), les CG sont limites, c’est dommage. Bref, c’est pas aussi nul qu’
Elle, mais c’est pas réussi pour autant.