Je me souviens avoir vu il y a longtemps plusieurs extraits du film, notamment l’évasion du centre militaire dans le désert, mais du coup c’était la première fois que je le voyais en entier. Pour un premier blockbuster américain de la part de Ang Lee, je m’attendais à pire, mais c’est clairement à ranger parmi ce qu’il a fait de moins bien dans sa carrière. C’était le début des années 2000, les adaptations super-héroïques se cherchaient encore, et autant
X-Men et
Spider-Man tiraient leur épingle du jeu, autant
Hulk est à ranger parmi les très nombreuses tentatives de l’époque qui ont échoué à se poser comme des réussites. Alors déjà, Hulk est pour moi un personnage auquel il faut un certain traitement, surtout si on veut l’aborder au premier degré (pas comme récemment chez Marvel donc où il est plus utilisé comme un ressort comique), et clairement le fait de vouloir faire un film d’action friqué n’est pas, à mon sens, la direction à suivre. Là où il aurait fallu quelque chose de plus intimiste, plus porté vers la filiation avec Jekyll/Hyde, ici on tente de faire du grand spectacle avec des scènes d’action pourtant assez rares.
Le film dure quasiment deux heures et demie
, et c’est vraiment beaucoup trop long pour ce que ça raconte : autant la première heure passe bien puisque ça permet de poser les personnages, autant ces derniers sont sacrifiés sur le reste du film, avec notamment Connelly (toujours aussi belle, il faut le préciser
) qui devient juste une love-interest basique, Eric Bana qui semble ne pas croire à son personnage, et surtout Nick Nolte qui devient de plus en plus ridicule au fur et à mesure que le film avance
. Difficile de savoir quelle a été la marge de manœuvre artistique d’Ang Lee sur un tel projet, même si on se doute qu’il en avait forcément moins que sur ses précédents métrages (et possiblement aussi les suivants), mais c’est étonnant de constater qu’en termes de mise en scène,
Hulk va à l’opposé des mouvances de l’époque. Pas de recherche de réalisme, on assume pleinement le côté kitsch du projet/personnage, et surtout on embrasse complètement le rapport au comic-book, avec l’absence de scope pour épouser la forme d’une case de BD, et un montage qui refuse autant que possible le cut pour partir dans quelque chose parfois à la limite de l’expérimental. Le résultat n’est visuellement pas parfait, surtout avec des effets visuels qui soufflent le chaud et le froid (Hulk peut être saisissant sur un plan, puis affreusement moche dans le suivant), mais au moins il y a des tentatives de faire quelque chose de rarement vu dans une production de cette ampleur (le combat final, tout en concepts étranges et sous-exposition, est toujours aussi étonnant à voir aujourd’hui). Un résultat pas honteux donc (c’est pas
Catwoman) mais pas réussi pour autant.