par maltese » Mar 22 Juin 2021, 20:13
Quand je parlais du fait qu'Astier repousserait les limites de la série, ça ne devait pas se comprendre spécialement à un point de vue de mise en scène léchée, de réalisation plus spectaculaire ou autre. Il y a d'autres moyens "d'innover" (par rapport à sa série).
Kaamelott, c'est tout de même une série qui a commencé avec des épisodes de 3,5 minutes sans continuité. Mais Astier a fait évoluer son format peu à peu, introduisant, dans un format hyper calibré et qui ne laisse a priori pas tellement de place à l'ambition, des éléments de narration de plus en plus audacieux (encore une fois, audacieux pour ce que sa série aurait dû être pour sa chaîne, à savoir sans doute quelque chose pour remplacer Caméra Café). De la continuité, des double-épisodes, des drames, un cliffhanger (le final du livre III quoi!), des épisodes franchement émouvants voire déprimants, et puis de vraies longues intrigues (en fait, le livre IV a beau poursuivre le format "épisodes de 3,5 minutes", finalement il n'y a quasi plus d'épisode indépendant). Et puis le livre V qui passe au format long, où ça tâtonne clairement un peu sur ce nouveau format (on sent que l'aspect scénette parasite parfois un peu la narration), pour aboutir au livre VI où Astier réinvente carrément toute sa mythologie avec ce préquel génial et inventif qui représente le meilleur de ce qu'il avait à offrir. A ce moment-là, la série semble tellement différente de ce qu'elle était à l'origine, et pourtant, Astier conserve encore son style "théâtral", qui repose toujours entièrement sur des petites scènes avec un ou deux décors et des personnages qui parlent. Malgré tous les changements apportés à la série, Astier n'a jamais changé cela : ce qui compte avant tout, ce sont ses acteurs et ce qu'ils vont dire.
Pour ce passage au cinéma, je ne m'attends donc pas à des bouleversements niveau mise en scène, malgré le plus gros budget qu devrait permettre plus de libertés. Parce que ce n'est pas l'essence du style d'Astier, et que oui, la suite de sa série, ce sera sans doute toujours beaucoup de scènes avec des gens qui parlent - évidemment, on peut faire de la grande mise en scène même avec ça, on n'est pas obligés de rester plan-plan. Sans que ce soit son gros point fort bien sûr, Astier a cela dit montré quelques belles choses à ce niveau dans le livre VI par exemple (je pense à la dernière scène dialoguée du personnage de Pierre Mondy, à certaines scènes à la caserne...). Il devrait y avoir de ça aussi dans ce film. Il tentera sûrement des plans d'ensemble plus impressionnants, enfin j'imagine.
Mais ce que j'attends surtout, c'est de voir comment Astier va s'adapter au format de narration "film", pour raconter une histoire d'à peu près deux heures qui tienne la route et condense tout ce qu'il développait sur plusieurs heures en une saison. Et qui s'adapte sans doute un minimum à un public qui n'est pas forcément familier de la série (ce serait étonnant que le film ne s'adresse qu'aux fans). Là je suis curieux.