[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

À bout de course - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 09 Juin 2021, 15:53

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Running on empty (À bout de course) de Sidney Lumet
(1988)


Voilà un Lumet assez peu cité quand il s’agit de parler de ses réussites, et c’est bien dommage car ça fait du bien de le voir hors de sa zone de confort. On est ici dans un pur drame familial avec un pitch assez étonnant : une famille en cavale, pourchassée depuis des années par le FBI à cause d’un attentat commis par les deux parents, et dont les deux enfants n’ont jamais connu une vie normale, passant d’école en école, de maison en maison, sans jamais se poser plus de quelques mois. Le contexte est assez vite posé dès le début du métrage avec un nouveau départ pour la famille, et l’élément déclencheur va être évidemment le fait que l’aîné des enfants arrive à l’âge où il peut choisir sa propre voie, ce qui va remettre en question tout le train de vie que connaît la famille depuis des années. Le récit va suivre le point de vue de l’adolescent qui va découvrir dans sa nouvelle école un premier amour ainsi que la possibilité d’un bel avenir professionnel dans le monde de la musique, tout en l’opposant avec sa famille qui cherche à maintenir un quotidien où tout peut être abandonné d’une minute à l’autre pour recommencer sa vie.

Cela donne un beau portrait d’adolescent, auquel River Phoenix donne juste ce qu’il faut d’épaisseur et de fragilité, doublé d’un éveil à ce que la vie peut accorder, mais aussi toute une réflexion sur l’héritage des parents qui ont des répercussions sur leurs enfants, qui aboutit sur une dernière demi-heure très chargée en émotion (la rencontre entre la mère et le grand-père c’est très fort, et je ne parle même pas de la toute dernière scène :cry: ). Comme souvent chez Lumet, le rythme est assez lent, et ça se ressent pas mal en milieu de film où on a envie que ça s’accélère un peu, mais au moins le développement des personnages y gagne, et ça donne lieu à un paquet de scènes familiales qui fonctionnent réellement, on ressent l’intimité de cette famille (l’anniversaire, le père bourré, etc…). Les deux acteurs qui jouent les parents sont très bons alors qu’ils sont loin d’être connus (Hirsch a eu quelques rôles, mais pas une grosse carrière), Lumet savait dénicher les bons comédiens. Formellement, c’est du Lumet très sage, où tout est très fonctionnel, il n’y a pas de plans qui ressortent par rapport aux autres, tout est fait pour que ce soit réaliste et que ça s’efface derrière l’histoire. Un très beau drame intimiste qui prouve encore une fois que Lumet savait très bien s’adapter à des genres différents.


7,5/10
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Wicker man (The) (1973) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 11 Juin 2021, 14:46

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The Wicker Man de Robin Hardy
(1973)


Cela faisait des années que j’avais envie de découvrir le film, et c’est pas plus mal d’avoir attendu car le voir pour la première fois en salle dans sa version Final Cut était probablement la meilleure des conditions. Voilà un bien étrange film, dont la particularité est d’appartenir à plein de genres différents (horreur, comédie, film musical, enquête, thriller psychologique) sans jamais réellement rentrer dans une case en particulier, ce qui donne un côté un peu foutraque à l’ensemble, mais aussi très riche. On suit un flic très sûr de lui qui va enquêter sur la disparition d’une jeune fille dans un île isolée près de la côte anglaise, et il va se retrouver dans une situation assez étrange car l’île a beau avoir l’air parfaite et ses habitants ont beau dire ne rien savoir de la disparue, une ambiance très louche se ressent dès le début, et va aboutir sur des révélations particulièrement étranges. Si on a déjà vu Hot Fuzz et Midsommar, on navigue en terrain connu, The Wicker Man ayant été une référence direction pour Wright et Aster, et on retrouve cette même construction avec le héros qui découvre peu à peu des éléments troublants dont le sens vont complètement lui échapper, jusqu’à la révélation finale qui arrive d’un coup sec. Dommage que j’ai été spoilé sur le final du film plusieurs mois auparavant, car j’imagine que ne rien savoir décuple l’effet, mais ça reste quand même bien cruel dans son genre :o .

Même si le film a quelques problèmes de rythme (c’est pas toujours fascinant à suivre, ça fait souvent déconstruit), le récit a le mérite d’être parsemé de scènes bien marquantes : le flic qui déambule dans le parc où tout le monde copule, la danse nocturne de Britt Ekland :love: , la chanson dans le bar, les villageois qui observent le héros avec des masques d’animaux, la célébration finale, etc… Là où le film me déçoit un peu, c’est sur son aspect religieux : je vois pas trop ce qu’apporte le fait d’avoir le christiannisme du policier autant mis en avant, alors que j’ai l’impression que c’est un aspect assez essentiel du propos (le film débute dans une église), mais peut-être que je suis passé à côté. Edward Woodward (que Edgar Wright reprendra dans Hot Fuzz) est plutôt bon dans un rôle pas évident, mais c’est surtout Christopher Lee dans ses quelques apparitions qui marque le plus vu qu’il a l’air de s’éclater à jouer ce leader à la coupe de cheveux improbable (la danse finale :eheh: ). Il y a aussi Britt Ekland à poil, bonus toujours appréciable :mrgreen: . Formellement, c’est pas là où le film est le plus impressionnant, c’est peu de le dire. On devine un budget serré, et du coup ça joue énormément sur le fonctionnel et c’est davantage l’ambiance et quelques effets de montage qui portent le film. Contrairement à d’autres, je n’y voie pas un grand film, mais c’est clairement une grosse influence atypique d’un pan du cinéma d’horreur british (et désormais mondial). Maintenant, il va falloir que je réponde à ma curiosité malsaine en matant le remake avec Nicolas Cage :mrgreen: .


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Ven 11 Juin 2021, 15:37

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Daft Punk's Electroma - 5,5/10

Messagepar Alegas » Lun 14 Juin 2021, 15:59

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Electroma (Daft Punk's Electroma) de Thomas Bangalter & Guy-Manuel De Homem-Christo
(2006)


C’est un peu compliqué de faire une critique de ce film, mais on va quand même essayer. Ce n’est pas trop une surprise de voir les Daft Punk tenter de diriger un long-métrage, tant ces derniers ont toujours eu un lien particulier avec le 7ème Art : renommé de certains réalisateurs de leurs clips, composition de bande-originale, caméos, et puis évidemment la collaboration Matsumoto pour l'excellent Interstella 5555. Mais c’est tout de même étonnant de les voir prendre un virage filmique qui est tout sauf grand public : le duo aurait pu jouer la carte de la facilité en optant pour un film musical rythmé au son de leurs chansons, mais il n’en est rien. Electroma s’apparente à un gros hommage à ce qui semble être un film fétiche du groupe, à savoir le Gerry de Gus Van Sant. On y retrouve plus ou moins le même pitch : un duo de personnages traverse des paysages américains, d’abord en voiture, puis à pied dans le désert, dans une sorte de quête existentialiste, auquel vont venir se greffer quelques thèmes de Daft Punk, notamment la volonté de sortir de la normalité quel que soit le prix.

Le résultat est pour le moins déroutant, mais pas inintéressant : Electroma a des partis-pris extrêmes qui méritent d’être salués, que ce soit son absence totale de dialogue ou l’épure totale d’enjeux, mais à côté de ça il faut reconnaître que l’ensemble a un côté un peu trop poseur, maniéré et donc froid, pour convaincre réellement. Le rythme particulièrement lent a en plus tendance à donner l’impression d’être là pour permettre au métrage de durer plus d’une heure, et quand on se tape des dizaines de plans différents d’une voiture qui roule dans un paysage désert on a envie de dire stop, ça fait durer les situations juste pour faire durer. Surtout que même en termes de feeling, le film remplit pas spécialement son office, et il faut attendre le final dans le désert pour avoir un minimum d’empathie avec les personnages. Visuellement, j'espérais mieux : c’est très quelconque à quelques passages près, et ce n’est pas les quelques citations (Zabriskie Point notamment au détour d'une scène importante) qui viennent changer ça. Au final, Electroma a beau ne pas être désagréable, ça reste quand même plus une curiosité pour les fans à regarder une fois qu’autre chose.


5,5/10
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Sacrifice (Le) - 2/10

Messagepar Alegas » Mer 16 Juin 2021, 10:18

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Offret (Le Sacrifice) de Andreï Tarkovski
(1986)


Le dernier film de Tarkovski, et accessoirement le dernier qu’il me restait à voir. Je pensais avoir passé le pire avec le trio Stalker/Andrei Roublev/Nostalghia, mais non : c’est devant celui-là que j’ai le plus souffert, même si ça se joue à pas grand chose. En fait, le film synthétise la plupart des aspects que je ne supporte pas chez ce réalisateur, à commencer par cette constante impression de voir non pas un film philosophique, mais plutôt un philosophe qui tenterait de faire passer ses idées/pensées par le cinéma. La première heure synthétise bien ce problème : sur des longs plans qui durent plus que de raison, ça ne fait que parler pour ne rien dire. Sans exagérer, cette première partie du métrage c’est du monologue quasiment ininterrompu, et on aura beau me dire que c’est le sujet du film qui veut ça (ça parle de la faculté de l’homme à prendre la parole et ses nombreuses manières de l’utiliser) ça reste quand même un traitement bien paresseux.

Du coup, c’est tout le film qui donne l’impression d’être un cours de philosophie, avec une mise en scène qui est plus là pour la pose qu’autre chose (ou alors j’ai raté un truc, mais j’ai jamais eu l’impression que les longs plans servaient à quelque chose, comme dans Nostalghia), et c’est pas aidé par des acteurs qui, comme souvent chez Tarkovski, récitent leur texte sans réelle implication et se déplacent dans le cadre comme des robots. A un seul moment j’ai eu l’impression de voir du vrai cinéma : le passage avec la catastrophe qui arrive et la caméra qui se rapproche du meuble qui tremble, le reste j’ai trouvé ça soit d’un ennui mortel, soit j’ai eu l’impression de voir Tarkovski se répéter (la lévitation au-dessus du lit repris du Miroir). Du coup, encore une grosse incompréhension devant l’engouement que peut provoquer ce film chez une certaine branche de cinéphiles, mais clairement ça confirme pour de bon que Tarkovski n’a jamais été aussi bon que quand il faisait des films courts et qui allaient droit au but, car là ça fait vraiment film-branlette par excellence.


2/10
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Note: 8,5/10
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Love and monsters - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mer 16 Juin 2021, 16:32

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Love and monsters de Michael Matthews
(2020)


Autant le concept post-apo n'est pas spécialement ce qu’il y a de plus encourageant ou original, autant le traitement léger fait que ça se regarde sans trop d’ennui, c’est au film de monstre ce que Zombieland peut être au film de zombie. On a donc un post-apo qui se transforme en road-movie, et qui flirte souvent avec le teen-movie (le héros a les caractéristiques d’un ado au début, mais va apprendre à devenir un adulte), le tout avec beaucoup d’humour et d’aventure, et y’a pas à dire la recette fonctionne plutôt bien. Le souci, c’est vraiment qu’il n’y a pas de scènes qui ressortent par rapport aux autres, quasiment tout le film est très plat, sans moments marquants, l’exception étant peut-être la discussion avec le robot qui fonctionne très bien car très mélancolique. J’ai tendance à trouver que le film s’effondre une fois que la nana est retrouvée : le film n’a plus grand chose à dire à partir de là, devient très conventionnel en termes d’écriture (l'important c'est la famille, sérieux on pouvait pas trouver mieux comme message ?), et livre un climax vraiment pas fameux.

Visuellement, c’est un film qui s’en sort vraiment bien pour un budget assez petit pour le genre (30 millions) mais par contre à côté de ça on a une réal tout ce qu’il y a de plus conventionnel : à part le ralenti lors de l’explosion d’un monstre je serais bien en peine de citer le moindre plan du métrage. Idem côté casting, à part le duo de survivants qui accompagne le héros sur une partie du voyage c’est l'encéphalogramme plat. Le délire des monstres insectes est sympathique, surtout que ça utilise pas mal d’effets pratiques et pas que du CG, mais j’ai pas l’impression que ce soit pleinement exploité, et surtout l’univers a jamais l’air vraiment dangereux mais ça vient sans doute de l’orientation légère du film. Bref, une séance sympa sur le moment, mais le film est complètement oubliable au final : quelques jours après la vision il n’y a plus grand chose qui reste.


5,5/10
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Film: Love and monsters
Note: 6,5/10
Auteur: Scalp

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Val » Lun 21 Juin 2021, 01:01

236 : La Roue, Abel Gance, 1923, Truc VF : 7/10


:super:
Quelle expérience !
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Lun 21 Juin 2021, 06:39

Un peu longuet par moment, j'aurais été curieux de voir les cuts plus courts faits pour l'exploitation à l'époque (j'ai entendu dire qu'il y en avait un de deux heures et un autre de quatre heures) mais sinon ouais c'est assez magistral dans son genre. Ça explose une très grande partie de la production de l'époque d'un point de vue formel (ces fondus ! ces surimpressions !), et j'avoue beaucoup aimer le lyrisme qui a l'air propre à Gance.

Faut que je me fasse sa seconde version de J'accuse. Pour Napoléon, j'aimerais attendre la prochaine restauration pour le découvrir en salle.
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Maison du diable (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 21 Juin 2021, 11:10

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The Haunting (La Maison du Diable) de Robert Wise
(1963)


Assez déçu vu la grosse réputation que le film possède dans le paysage du cinéma d’horreur. J’en ressors mitigé car autant l’histoire et le côté flippe ne m’ont pas convaincu, autant tout ce qui touche à l’enrobage formel m’a ébloui du début jusqu’à la fin. Avant même de le lancer, Robert Wise oblige, on sait que ça va être bien réalisé, mais j’avoue que je ne m’attendais pas que ce le soit à ce point là. C’est formellement magnifique, magnifié par un scope super bien géré, un noir et blanc contrasté, et des jeux de focales qui viennent déformer une maison déjà assez terrifiante en apparence. Quand la caméra se pose, c’est pour avoir des angles de vues variés faisant souvent perdre les repères géographiques d’un spectateur qui sera du coup aussi perdu que le personnage principal, et quand la caméra se déplace, ça donne du mouvement comme seuls quelques réalisateurs touchés par la grâce savaient le faire à l’époque. Donc voilà, rien que sur la réalisation, c’est un film qui mérite d’être vu, à peu près autant que The Innocents de Jack Clayton, sorti deux ans plus tôt, dont il s’est sûrement pas mal inspiré.

Le souci, c’est que contrairement au Clayton ça suit beaucoup moins au niveau de l’histoire. Le fait d’avoir vu l’adaptation récente par Mike Flanagan de la même histoire n’a sûrement pas aidé : les personnages sont bien plus insipides, les choix de narration pas très heureux (le coup des pensées en voix-off, c’est une idée complètement naze, il faut bien le dire :evil: ), et même l’aspect horreur ne rattrape pas ça car ça se limite très vite à juste des bruits, des rires, des portes qui claquent, bref de l’horreur très light. On sent que le film veut plus virer vers le psychologique, mais du coup les personnages sont tellement plats que ça ne fonctionne guère, à l’exception peut-être de Theo dont les allusions sur son homosexualité permettent d’avoir un protagoniste qui ne dit pas tout et qui permet d’avoir un petit sous-texte lors de quelques scènes. Heureusement, ça se réveille sur la dernière demi-heure qui captive un peu plus, mais toute l’heure qui précède à base de discussions entre deux nuits mouvementées c’est franchement pas très passionnant. Le même film sans Wise aux commandes n’aurait sûrement pas eu la moyenne, mais pour le coup le réal sublime tellement son film que ça le transcende en grande partie.


6/10
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Crime de monsieur Lange (Le) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 21 Juin 2021, 11:48

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Le crime de monsieur Lange de Jean Renoir
(1936)


Le cinéma de Renoir a beau ne pas être ma tasse de thé à l’exception de La grande illusion, j’avais tout de même envie de voir ce film pour deux raisons : d’une part il a la réputation d’avoir des mouvements de caméra parmi les plus célèbres et analysés du cinéma français, mais surtout c’est la seule collaboration existante entre Renoir et Jacques Prévert, qui écrit donc le script et les dialogues. A la vue du film, on peut clairement regretter que le duo n’ait pas récidivé, tant Prévert semble apporter ce qui manque généralement dans la plupart des films de Renoir, à savoir de l’humanité, de l’humour et de la chaleur. On a donc un film qui pourrait ressembler sur quelques aspects à du Carné, la poésie en moins, et tout le principe du métrage va être de suivre un flashback qui va nous faire comprendre pourquoi un couple cherche à traverser la frontière après avoir tué un homme. Prévert oblige, surtout à cette époque, on baigne complètement dans un propos anti-patrons, où les ouvriers et les petites gens sont particulièrement bien mis en valeur pendant que monsieur Lange, future victime, se révèle être le patron magouilleur et démoniaque par excellence (formidablement interprété par Jules Berry AKA le meilleur bad-guy français des années 30-40 8), le genre qu'on adore détester).

Heureusement, cet aspect n’est pas non plus ce qu’il y a de plus envahissant, et Prévert parvient à remettre toujours ses personnages au centre de son histoire, le propos sociopolitique étant finalement plus un bonus qu’autre chose. L’histoire se veut assez simple à suivre, et comme souvent Prévert met l’accent sur l’interaction entre les personnages, et plus particulièrement via les dialogues, et de ce côté là le film est un festival de punchlines et de bons mots :love: . Côté mise en scène, ce n’est toujours pas ce film qui va me faire comprendre la très haute réputation que peut avoir Renoir, mais par contre c’est évident qu’il y a quelques beaux morceaux de réalisation, je pense notamment aux célèbres mouvements de grue dans la cour de l’immeuble qui passent d’une fenêtre à l’autre sur plusieurs étages. Bref, c’est pas du niveau de La grande illusion, mais j’ai trouvé ça bien meilleur que certains autres Renoir bien plus réputés (oui, La règle du jeu, La bête humaine et French Cancan, c’est bien de vous que je parle).


6,5/10
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Épouvantail (L') - 5,5/10

Messagepar Alegas » Lun 21 Juin 2021, 14:23

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Scarecrow (L'épouvantail) de Jerry Schatzberg
(1973)


Grosse déception pour le coup, un road-movie avec Hackman et Pacino en lead ça me vendait du rêve, et au final c’est un film qui m’a pas mal ennuyé malgré les performances de son duo. Globalement, je ne suis pas certain d’avoir compris l’intérêt du récit, on suit juste deux vagabonds dont l’un a l’ascendant sur l’autre, dans une suite de petits périples qui sont censés les mener à la création de leur propre boîte. L’histoire est très déconstruite, il n’y a pas de film rouge à proprement parler, et du coup à part le fait de est-ce qu’ils vont réussir à trouver l’argent pour réaliser leur rêve on peut dire qu’il n’y a pas vraiment d’autres enjeux, ce qui fait un peu maigre, d’autant que les péripéties sont pas des plus passionnantes à quelques exceptions près (le passage en prison est pas mal, mais le reste ennuie plus qu’autre chose). L’écriture des personnages ne rattrape pas vraiment ça : le début pose bien le niveau avec l’amitié qui se construit d’une minute à l’autre sans que ce ne soit convaincant, et tout le reste du film est comme ça, notamment le personnage de Pacino qui évolue plusieurs fois de façon très soudaine pendant que Hackman reste le même jusqu’à la fin.

J’ai vraiment eu un gros manque d’implication pour être intéressé par ce qu’on me racontait, et au final je ne garde que quelques scènes en tête plusieurs jours après le visionnage, que ce soit le passage en prison déjà évoqué ou le final avec la discussion téléphonique de Pacino et ses conséquences. Côté réal, rien de bien foufou, c’est du Nouvel Hollywood très classique formellement, et sans la photo de Zsigmond j’aurais même tendance à dire que c’est assez anecdotique. Le film doit beaucoup à Hackman et Pacino : les personnages ont beau ne pas être toujours intéressants à suivre, ça reste quand même de l'acting de qualité. Un peu du mal à comprendre le fait que le film ait reçu une Palme d’Or à l’époque, mais bon c’est pas comme si ce phénomène était nouveau :mrgreen: .


5,5/10
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Film: Épouvantail (L')
Note: 8/10
Auteur: versus

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar pabelbaba » Lun 21 Juin 2021, 14:35

J'avais bien aimé celui-ci, un faux air de Macadam Cowboy avec des relations étonnantes entre les deux persos.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Lun 21 Juin 2021, 14:40

Perso je suis avec Alegas, il m'avait pas mal ennuyé ce film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar angel.heart » Lun 21 Juin 2021, 19:53

pabelbaba a écrit:J'avais bien aimé celui-ci, un faux air de Macadam Cowboy avec des relations étonnantes entre les deux persos.


+ 1

Et les dernières minutes m'avaient misent une bonne claque.

Sinon, sans le partager, je comprends bien ton ressenti pour le Wise.
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Récif de corail (Le) - 4/10

Messagepar Alegas » Mar 22 Juin 2021, 17:12

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Le récif de corail de Maurice Gleize
(1939)


Sur le papier c’était carrément tentant : un film longtemps réputé perdu et finalement retrouvé il y a une vingtaine d’années, et qui s’avère être une nouvelle collaboration entre Jean Gabin et Michèle Morgan à l’écran, entre Quai des Brumes et Remorques. J’aimerais dire que c’est un grand film méconnu, mais malheureusement c’est clairement la moins bonne rencontre des deux acteurs que j’ai pu voir jusqu’ici (sauf erreur il me reste seulement un film où ils jouent ensemble), et ça donne souvent l’impression d’essayer de faire quelque chose de l’ordre du Carné précédemment cité ou de Pépé le Moko, sans y arriver. Pourtant, ça commence bien avec une introduction plutôt cool (dont le postulat de départ fait étrangement penser à celui du Jour se lève sorti la même année), notamment une utilisation de mouvements de grues très élégants, mais rapidement on déchante tant tout ce que raconte le métrage n’offre que peu d’intérêt. La première demi-heure sur le bateau ne sert à rien, j’ai l’impression qu’on pourrait la virer du film sans que ça ne dérange quoi que ce soit, et il faut attendre quasiment une heure pour avoir le cœur du récit qui arrive avec Michèle Morgan et la relation qu’elle va créer avec Gabin.

Manque de bol, à ce moment là il reste seulement trente minutes de film, et du coup jamais cette relation ne va jamais vraiment décoller, tout ça pour arriver à un final qui ressemble à celui de Quai des Brumes sauf que cette fois on laisse le happy-ending, mais de façon assez artificielle car pour le coup j’ai bien du mal à comprendre pourquoi le flic laisse s’échapper Morgan (ou alors il manque l’épaisseur nécessaire pour que ce soit compréhensible). On passera sur tout ce qui est choix des lieux de l’histoire, car ça apporte plus du comique involontaire qu’autre chose : vouloir filmer en Allemagne un film qui se déroule majoritairement en Australie, c’est pas très intelligent, surtout quand le film pourrait se passer n’importe où ailleurs sans problème. Qu’est-ce qu’il reste du film donc à part les cinq premières minutes ? Et bien Gabin et Morgan. Ça paraît peu, mais c’est déjà beaucoup. Alors certes Gabin a été bien meilleur avant et après, mais son alchimie avec Morgan marche complètement et ça me suffit. Et puis Morgan est toujours aussi belle, il suffit d’un gros plan sur son visage pour que ses yeux fassent oublier qu’on mate un film pas terrible. Un Gabin très mineur coincé dans une période où il enchaînait les grands films.


4/10
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